Préface/Bombay

Préface pour le livre de Rémy Bombay, Du jazz ? d’accord mais... (Editions R&B)

Il y a trois bonnes raisons d’aimer cet ouvrage de Rémy Bombay.
D’abord, ses textes sont bons. Comment définir un bon texte ? Vaste question. Jacques Sadoul, mon maître es critique, disait qu’un texte était bon quand les personnages avaient une vraie vie, quand on les sentait exister ; un texte était bon quand l’auteur faisait dire aux mots plus que ce qu’on en attend habituellement, quand il créait une petite musique qui allait nous accompagner pendant la lecture ; un texte était bon, enfin, quand le livre refermé, il nous restait en tête un petit quelque chose que nous ne possédions pas avant de le connaître.
Rémy Bombay remplit ces trois conditions : ses personnages nous parlent, sa musique des mots est délicieuse, et, le livre lu, on reste tout un temps avec lui, dans l’avion vers la Martinique par exemple ou dans l’écoute de ses drôles de voisins.
Et puis Rémy Bombay est un partisan de la nouvelle, du texte court, bref, dont il sait parler avec bonheur et justesse. Le court, c’est tout un art, qui n’a pas encore la place qu’il mérite dans le monde de la littérature. C’est l’histoire du monde ramassée en trois pages, c’est une école d’écriture sans pareille. Et un homme qui milite pour la nouvelle mérite notre respect.
Enfin Rémy Bombay est à contre-courant et il a raison : le monde n’a jamais été aussi maussade, lui est allègre ; tout nous pousse à la résignation, à rester « à fond de cale », lui se bat (« l’écriture est un sport de combat » écrit-il justement) ; la mode est au chacun-pour-soi, lui, généreux, nous offre un livre. Lisez Bombay, c’est non seulement un bon auteur, c’est un homme bien.

Gérard Streiff
Journaliste, écrivain

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