Syndicalistes et régionales

Elections régionales

Le vote salarié, entre piège FN et engagement de syndicalistes.

Le scrutin du 6 décembre ne peut laisser indifférents les salariés. Si
le FN, boosté par les médias, leur tend un piège, l’engagement
significatif de syndicalistes sur les listes Front de gauche est un
geste fort . Entretien avec Didier LeReste dirigeant national du PCF,
secteur Entreprises.

En quoi les régionales peuvent être un moyen pour les salariés de se
faire entendre ?

Les nouvelles régions vont avoir des pouvoirs renforcés. Est-ce qu’elles
vont étouffer la démocratie locale, servir les seuls intérêts de la
finance ou est-ce qu’elles vont être mises au service des besoins du
plus grand nombre, de l’égalité des territoires ? Les salariés-citoyens
ont tout intérêt à se mobiliser pour faire émerger des politiques
régionales qui fassent du développement économique un outil de création
d’emploi, de réduction des inégalités, du developpement social et de
transition écologique. Le monde du travail, les mouvements sociaux ont
besoin de pouvoir compter sur des élus qui s’opposent résolument et
concrètement aux politiques d’austérité. C’est la stratégie que portent
les listes du Front de gauche avec des solutions novatrices et
audacieuses afin de traiter les questions de logement, d’emploi, de
transport, de politique industrielle, de formation, de solidarité,
d’amélioration de la santé publique, sans oublier éducation et culture.

Sur le vote ouvrier, les médias martèlent que le Front National serait
en embuscade...

Je repartirais des événements survenus à Air France, révélateurs à plus
d’un titre : absence de dialogue social, politiques manageriales qui
culpabilisent plutôt qu’elles aident à résoudre les contentieux,
logiques financières et comptables qui prennent le pas sur tout le
reste, criminalisation de l’action syndicale, judiciarisation même avec
des militants traduits devant les tribunaux. Or, à l’unisson du Medef,
de la droite, de la quasi-totalité des médias, de Valls et de Macron, le
Front National n’a pas manqué de critiquer violemment les salariés et
les syndicats, comme il l’avait fait d’ailleurs en 2010, quand Marine le
Pen avait qualifié « d’émeutiers » les millions de manifestants opposés
à la réforme Fillon des retraites, et elle avait demandé à Sarkozy la
« tolérance zéro ». Donc le FN a récidivé. Et pourquoi ? La crise du
système capitaliste , l’absence de réponse aux questions sociales, tout
ça alimente le terreau favorable au FN, à l’extrême droite. Mais
alertons les salariés sur le fait que, en changeant de discours selon
les saisons et les publics, le FN ne s’oppose jamais ni au capitalisme
mondialisé, ni au libéralisme. Il est et il reste contre la réduction du
temps de travail, contre le code du travail, contre les grèves et les
syndicats, et on peut voir aujourd’hui que ses élus à l’Assemblée
nationale ne portent jamais de propositions en faveur des salariés, que
ce soit sur le SMIC, les retraites, l’éducation, la santé, une fiscalité
plus juste. C’est dire qu’il est aux antipodes d’une société solidaire.
Le projet du Front National aboutit à aggraver la concurrence, à plus de
dumping social et fiscal, à l’exacerbation des tensions xénophobes et
nationalistes. C’est un véritable piège qui est tendu aux salariés.

On note sur les listes Front de gauche la présence d’un certain nombre
de syndicalistes.

Ces dernières années, lors de conflits sociaux importants, notamment
ceux qui portaient des enjeux de société, il est apparu de plus en plus
qu’aussi indispensables et essentielles que sont les luttes sociales,
elles ne trouvent leur pleine efficacité que lorsqu’elles se conjuguent
avec l’action politique pleine et entière. C’est une dimension
fondamentale et je l’ai vécue de près. Dans les grands conflits, les
salariés, les syndicats interpellent les politiques : quelle est la
perspective politique ? Est-ce qu’une autre réforme est possible ?
Aujourd’hui, au moment où il y a de nouvelles attaques contre le code du
travail, contre les retraites, le monde du travail, et les syndicalistes
en premier, ont besoin d’avoir à leurs côtés des élus combattifs qui
luttent contre les politiques d’austérité, qui démontrent, par les
actes, qu’une autre politique est possible. Et donc tout ça est en
résonance avec les attentes sociales et populaires. Je le ressens, et
c’est tant mieux ; nombre de syndicalistes de la CGT, de la FSU, de
Solidaires soutiennent et s’engagent sur les listes du Front de gauche.

C’est parce qu’ils apprécient aussi, et ils le disent, que très souvent,
dans les luttes, sont à leurs côtés les élus, les militants du parti, du
Front de gauche ; et en plus ces élus, ces militants transfèrent dans la
sphère politique les revendications sociales et les attentes populaires.
Il y a une articulation qui respecte l’autonomie et l’indépendance des
uns et des autres mais qui convergent et qui améliorent l’efficacité du
rapport de forces.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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