Le 5 mai

Le 5 mai, l’envie de faire entendre une autre voix

Le calendrier politique est chargé : rassemblements de lutte du 1er mai, grande manifestation nationale du 5 mai, tenue d’assises nationales le 16 juin : le point avec Bob Injey , membre de l’Exécutif, responsable du secteur Communication du PCF.

L’actualité semble bien conforter l’importance de la manif du 5 mai ?

L’actualité, en effet, c’est une crise qui s’aggrave, c’est un gouvernement qui ne veut pas entendre les demandes de la population. Ce qui vient de se passer au Sénat, le refus de prendre en compte les amendements des sénateurs communistes (sur l’ANI) en dit long sur l’acharnement du pouvoir à passer coûte que coûte. Cette obstination est particulièrement inquiétante quand on sait que dans le calendrier sont prévus les débats sur la réforme territoriale puis sur les retraites ! Dans ce contexte d’entêtement des gouvernants à poursuivre sur une logique libérale, l’importance de la manifestation du 5 mai contre l’austérité et pour une une 6e république se trouve confortée, consolidée. Les premiers échos sur sa préparation sont bons, on sent bien que la mobilisation est en train de prendre. Les appels à manifester sont largement diffusés ; ils s’élargissent et vont bien au delà de seules forces du Front de gauche. Des organisations, des associations s’approprient le 5 mai avec leurs mots d’ordre. Nombre de personnalités s’y associent. Les appels se multiplient, au plan national comme localement, s’élargissent ; des centaines, des milliers de personnes les signent. Et on annonce d’ores et déjà la venue de plus d’une centaine de bus, de très nombreuses montées en train. Le 5 mai, ce sera un moment important pour les communistes, non seulement pour mettre en avant la question de la 6è république mais aussi pour porter un certain nombre d’exigences, comme le contrôle des banques, l’urgence de réponses sociales, de renouveau démocratique. La présence des communistes sera fortement marquée par toutes ces revendications. Le 1er mai va servir en quelque sorte de tour de chauffe. J’ajoute que le 5 mai marquera la volonté des forces de gauche de se réapproprier la rue. Depuis des mois, on ne voit que la droite qui se mobilise, sur des thèmes très réactionnaires. Aujourd’hui on a fortement envie de faire résonner sur le pavé, de faire entendre une autre voix.

Vive donc le 5 mai. Et après ?

Le 5 mai est une étape. Le gouvernement est loin de répondre aux attentes, c’est le moins qu’on puisse dire. Il y a besoin de travailler à des solutions alternatives, d’être à l’offensive sur ce que la gauche pourrait porter comme changement. C’est le sens de la proposition du PCF de la tenue d’assises, proposition qui s’adresse au Front de gauche bien sûr et au-delà à toutes celles et tous ceux qui ne se retrouvent pas dans la politique du pouvoir, qui veulent voir se mettre en place une réelle politique de gauche. On est en train de travailler à ces assises, qui vont tourner autour de plusieurs thématiques, l’économie, le social, l’écologie, la démocratie, une série de sujets autour desquels on veut rassembler largement des hommes et des femmes de gauche pour débattre et faire ressortir les arêtes fortes de ce qui devrait constituer une autre politique. Le 5 mai comme le 16 juin, pas question d’en rester simplement au constat, à ce désarroi où se retrouvent tant de progressistes ; il va s’agir d’oeuvrer à des rassemblements possibles et nécessaires, de changer la donne.

De l’importance de la mobilisation ?

Pas question en effet de laisser le peuple de gauche démobilisé. Il faut redonner des repères à ces hommes, ces femmes qui ont voté pour le changement en 2012, redéfinir le contenu d’une vraie politique de gauche. Le 5 mai comme le 16 juin, pas question d’en rester à la seule dénonciation de ce qui se fait - tout le monde ou presque est d’accord pour pointer les insuffisances, critiquer le tournant social-libéral ; il faut refaire la démonstration qu’il est possible d’agir autrement, donner envie à tous ces gens, qui pour l’heure sont tentés de s’abstenir, de se mêler de la vie publique, de prendre le pouvoir. Rien ne changera si le peuple ne s’y met pas, c’est un peu l’enseignement de ces derniers mois. Il est clair que le gouvernement – le Medef aussi - mise sur la passivité, la résignation, le renoncement des couches populaires. Il faut donc que ces hommes, ces femmes se mobilisent, se remobilisent pour imposer d’autres choix.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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