Municipales/Bilan

Une force de résistance et de reconstruction à gauche

Comment caractériser le panorama politique aux lendemains de ces municipales ? Comment analyser les résultats du PCF ? Et comment se prépare la marche contre l’austérité du 12 avril ? Entretien avec Jacques Chabalier, responsable du secteur Vie du parti.

Au lendemain de ce second tour, commençons par l’analyse des résultats.

On est encore dans l’analyse « à chaud ». Il va nous falloir approfondir, affiner. On en aura l’occasion lors des réunions du Conseil national du 2 avril puis du 11 avril prochain. D’emblée, je veux souligner l’importance de l’investissement militant des communistes dans cette campagne, quelles qu’aient été les configurations politiques. Un tel investissement, dans un contexte politique difficile, c’est quelque chose qui est porteur d’avenir, c’est de bon augure pour les initiatives politiques à prendre. Je dirai ensuite qu’on se trouve dans une situation politique très grave. Un pas de plus a été franchi dans la crise politique ( abstention, rejet de la politique...). Ce qui est grave, c’est cet écroulement du PS et de l’ensemble de la gauche, qui perd 155 villes de plus de 9000 habitants et 68 de plus de 30 000 ! Ces villes sont perdues pour l’essentiel au profit de la droite. Le FN, même s’il n’a pas obtenu tout ce qu’il voulait, gagne 14 ou 15 villes et a atteint son objectif de gagner en crédibilité au plan local. Conséquences immédiates : beaucoup de Communautés d’agglomération vont basculer à droite. Et cela va entraîner des repercussions graves pour les populations, en termes de restrictions budgétaires, de logiques d’austérité, d’attaques contre les services publics.

Et le score du PCF ?

Le Pcf n’échappe pas totalement à la poussée de la droite, même s’il a fait la preuve, dans cette campagne, y compris dans les villes perdues, d’une réelle capacité de mobilisation, de résistance. Les chiffres ? On avait 184 villes de plus de 3500 habitants gérées par un maire communiste ; on en perd 48 ; on en garde 136 ; et on en gagne 11, avec deux villes de plus de 30 000 habitants, dont une de plus de 100 000, Montreuil. Mais je répète : on n’a pas encore de bilan complet. On va perdre des élus, pas seulement dans les villes dirigées par un maire communiste et qu’on a perdues mais aussi dans ces villes qui basculent de gauche à droite, et où nous avions des responsabilités dans l’exécutif. Voilà des points d’appui politiques en diminution. On va analyser cette situation département par département. Dans ce contexte, il y a deux priorités. Premièrement se tourner vers les populations, avec nos militants, nos élus, les mobiliser pour résister aux politiques locales austéritaires. La seconde priorité est d’ordre plus « national » : s’exprimer sur l’attente de changements que ces élections ont montrée. La politique gouvernementale a été sanctionnée. On disait avant ce scrutin que Hollande n’avait pas de majorité sur sa politique, c’est encore plus vrai aujourd’hui. On va nous parler de remaniement ministeriel, pour mettre en œuvre le pacte de responsabilité. Mais aujourd’hui, la question qui se pose, c’est celle d’un changement de politique. L’austérité mène l’ensemble de la gauche dans le mur. C’est une autre politique qui est nécessaire, voilà ce qu’il faut faire venir en débat. Les réponses que Hollande a l’intention d’apporter vont aggraver encore le choc politique. Il n’a pas l’intention d’entendre ce qu’ont dit les électeurs. Dans ce cadre, on va être mieux une force de résistance et une force de reconstruction à gauche, ce qui n’est pas encore assez bien perçue. Une force qui, dans le débat politique à venir, donne à voir quatre ou cinq grands thèmes, les salaires, la réorientation des politiques européennes, etc.

Quelles initiatives prendre ?

On compte s’adresser au pays, à tous les électeurs de gauche aujourd’hui démobilisés ou abasourdis. Le 12 avril fait partie de ces initiatives ; il s’agira d’une marche, le 12 avril après midi, de République à Nation. Cette action tombe bien, d’une certaine manière ; il y a necessité d’une réorientation complète des choix politiques et cette manifestation y travaille. On l’a préparée avec un appel large, de personnalités, de responsables d’associations, de partis politiques. On n’a pas levé tous les obstacles, il y a des débats politiques au sein des organisations mais aujourd’hui cet appel correspond bien aux exigences de la situation. Signé par plus de 200 noms, très divers, il parle de riposte face à la droite ; il dénonce les politiques d’austérité et surtout il porte la necessité d’une alternative. L’heure est à la mobilisation, dans les fédérations, chez les communistes, pour réussir cette marche. Ce sera un défi. Mais la manière dont cette action s’est préparée fait penser qu’il est possible de réussir quelque chose d’important. Le 12 avril doit permettre un réel sursaut à gauche, elle doit être aussi un tremplin pour la campagne, courte, des élections européennes dans laquelle nous allons très vite nous engager.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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