Grèce / Europe

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L’austérité, stop ou encore ?

La Grèce vote le week-end prochain. Ce scrutin, et la victoire attendue de Syrisa, vont relancer le débat politique en Europe pour ou contre l’austérité. Entretien avec Anne Sabourin, responsable du PGE, Parti de la Gauche Européenne.

Q : Quels sont les grands débats de la campagne à Athènes ?

Le premier grand débat, c’est quel chemin la Grèce va prendre entre continuer l’austérité, avec l’actuelle coalition au pouvoir, ou prendre une autre voie, celle du développement du pays et c’est ce que propose Syrisa. L’enjeu, c’est : l’austérité, stop ou encore ? Il semble que le peuple grec va trancher pour le stop, et c’est bon signe. Tel est le débat principal qui traversait déjà le pays en 2012, quand il y a eu la fulgurante progression de Syrisa. Depuis, ce débat s’est accentué. Syrisa a beaucoup gagné en crédibilité. Ce parti a mené une bataille dans les médias, et je pense qu’ils l’ont gagnée, pour créditer leur projet, pour montrer que leur objectif européen n’est pas le repli nationaliste, la sortie de l’euro, la sortie de l’UE, mais la

négociation sur la dette, notamment. Et aujourd’hui, tout le monde doit bien reconnaitre que la dette, telle qu’elle est, n’est pas tenable, n’est pas viable et donc ne sera pas remboursée dans sa globalité. Il y a donc une marge de manœuvre pour un gouvernement de gauche sur la dette et je pense que c’est une chose importante qui a été gagnée dans l’opinion publique grecque. Et même dans l’opinion européenne, il y a des progrès ; les arguments qui visaient à discréditer Syrisa -qui continuent certes encore dans une certaine presse –, les menaces de chaos, ce genre d’arguments ne tient plus vraiment. C’est une grosse bataille qu’on a gagné ensemble car on a aussi agi en ce sens dans les médias français, européens. Il y a un deuxième angle pour tenter de discréditer Syrisa, c’est la position du gouvernement français. Il dit : certes le peuple grec est libre de choisir ses gouvernants mais la Grèce a des engagements, elle devra les tenir ! Autrement dit, même un gouvernement de gauche aura les mains liées, et donc Syrisa ne tiendra pas ses engagements ; on a une bataille à mener sur ce thème. Les premières mesures d’un gouvernement Syrisa, ce seront des mesures sociales, par exemple faire que chaque famille puisse se chauffer cet hiver, remettre l’électricité coupée à cause d’impayés, assurer un minimum de revenus pour que les familles puissent manger, tout simplement, faire qu’il y ait du pain sur la table. Ce sont des choses aussi basiques, et pour cela, pour lutter contre la pauvreté, il faudra desserrer l’étau de la dette, de l’austérité et redonner du souffle à l’économie grecque.
Q : Dans l’alternative proposée par Syrisa, il y a aussi un volet institutionnel.
Au niveau des institutions et de l’État grec, il y a beaucoup à construire : lutte contre la corruption, reconstruction de la fonction publique, avec un Etat qui joue son rôle. On voit bien par exemple les difficultés dont a hérité Syrisa qui est à la tête de la région de l’Attique : administration indigente, contrats passés avec des multinationales ou des firmes grecques qui ne sont pas sains mais de l’ordre de la corruption. Il y a donc une bataille d’assainissement, un combat éthique de reconstruction d’un Etat au service de la population.
Q : Cette élection mobilise la gauche d’alternative en Europe.

Si victoire de Syrisa il y a, cela rouvre le débat européen. Syrisa a dit vouloir négocier ; il est seul pour le moment. Il y a donc une bataille à mener dans nos pays en soutien à Syrisa, pour que nos gouvernements ne mettent pas d’obstacle aux négociations mais soient des appuis pour permettre au peuple grec de souffler. L’enjeu pour nous est aussi de faire le lien avec les politiques d’austérité en France et en Europe. C’est de cela dont les gouvernements et les institutions européennes ont le plus peur. Si Syrisa réussit son pari de faire de la relance économique et sociale, c’est une aspiration qui va grandir dans d’autres pays européens. Il faut qu’on soutienne de toutes nos forces cette dynamique là. Il y a eu le meeting de lundi, avec un pannel très large d’invités. Pour la bataille qu’on va mener en France de soutien à un gouvernement de gauche à Athènes, cet élargissement, politique, social, syndical, est très important, c’est le signe d’une dynamique intéressante. Pierre Laurent sera à Athènes pour le meeting final le jeudi 22, pour apporter le soutien du PCF et du Parti de la gauche européenne. Le PGE sera pleinement dans la bataille de solidarité, le groupe au Parlemen européen aussi. Il y a donc cet écho à donner dans nos pays, avant. ET après, il faudra soutenir la Grèce à se libérer de l’austérité. Cette bataille nous aidera nous aussi. Et le Forum des Alternatives à Paris, en mai, sera un atout important. Ce sera le grand rendez-vous, rassembleur, solidaire, de toutes les forces critiques ; on a une obligation de réussite de ce Forum.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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