Pacte de compétitivité

Europe/ Pacte Sarkozy-Merckel
Exposé de Francis Wurtz sur le « pacte européen de compétitivité » devant la commission Entreprises.

La dernière réunion de la commission nationale Entreprises – lieux de travail, animée par Eric Corbeaux, avait mis à son ordre du jour l’Europe. Invité : Francis Wurtz. Avec sa pédagogie coutumière, l’ex-député européen explique qu’une offensive structurelle est en cours dans les instances dirigeantes de l’Union européenne, pilotée tout particulièrement par l ’Allemagne de Mme Merckel, avec la complicité de Sarkozy. L’affaire est grave ; elle s’annonce à long terme mais pourrait avoir des implications rapides ; elle vise à rassurer les marchés et s’intitule « une réponse globale à la crise », ce qui dit à la fois l’ambition du projet et son immodestie.... Ce plan est articulé en trois volets.
UN : la consolidation budgétaire
Il s’agit, dit Francis Wurtz, de réduire les déficits publics à 3% du PIB en trois ans ; et d’alléger la dette publique ( -5% par an de la partie dépassant le niveau « autorisé » de 60% du PIB). Dans le même temps, l’accent est toujours mis sur le poursuite des « réformes ». Voir par exemple la sortie de Trichet sur le thème : en France, le marché de l’emploi n’est pas assez flexible ; l’ouverture du secteur des services à la concurrence est insuffisante ; et surtout il convient de ne pas augmenter les salaires, même si l’inflation augmente ; il a d’ailleurs brandi la menace de relever les taux d’intérêt en cas de dérapage...
DEUX : réforme de la « gouvernance économique européenne »
Pour Francis Wurtz, cette expression signifie tout à la fois renforcement du pacte de stabilité ( plus de discipline, de sanctions, de surveillance macro-économique, etc) ; adoption d’ici juillet de six propositions de directives ou de règlements en ce sens au Parlement européen ; examen au Conseil des ministres européens des budgets nationaux avant leur discussion devant les parlements de chaque pays ; inscription dans les Constitutions de l’obligation de limiter les déficits publics ; etc.
TROIS : le « pacte de compétitivité »
C’est, précise l’ancien parlementaire européen, la dernière exigence d’Angela Merckel, avec le soutien de Sarkozy. Elle suscite à ce stade beaucoup de réticences, jusqu’au sein du Conseil. « Le raisonnement qui sous-tend ce projet est simple voire simpliste : si on a une monnaie unique, il faut une politique économique unique et notamment les coûts de production ne doivent pas diverger. Les références à suivre doivent être celles du pays le plus performant : l’Allemagne. Et ce sur le coût du travail, l’âge de la retraite, la fiscalité pour les entreprises, la stabilité budgétaire. A ce titre, Merckel s’insurge contre toute indexation des salaires sur les prix, plaide pour la généralisation de la retraite à 67 ans, demande que « nous comparions nos systèmes sociaux (pour les harmoniser vers le bas..) et que nous nous engagions sur la stabilité de nos budgets » et propose de fixer un taux minimum d’impôt sur les sociétés. »
Francis Wurtz ajoute cette anecdote : Merckel s’est rendu en Espagne, où Zapatero a fait adopter le principe de la retraite à 67 ans pour féliciter ce dernier pour « avoir fait ses devoirs » !

Cette véritable offensive provoque un tollé, de la part de certains gouvernements et surtout de la part des syndicats. Pour le responsable communiste, « il faut être vent debout contre cette réponse globale à la crise et alerter les citoyens sur la portée de ces mesures, qui équivalent à une rupture avec des acquis sociaux et démocratiques essentiels. Montrons aussi les contradictions que suscite cette offensive. La décision doit être prise les 24 et 25 mars au Conseil européen. Mais la bataille ne s’arrêtera pas ce jour-là. Elle devra se poursuivre et s’amplifier pour refuser ces mesures, pour informer, expliquer, proposer une loi alternative, pour impliquer les citoyens dans des actions concrètes allant dans le sens d’une transformation de la construction européenne. »
C’est d’ailleurs le sens de l’initiative du PGE (Parti de la Gauche Européenne) sur proposition du PCF : récolter un million de signatures à l’échelle d’au moins sept pays européens en faveur de la création d’un « Fonds européen de développement social » destiné à financer à taux très bas ou nuls des investissements publics créateurs d’emplois, développant la formation, la recherche, les services publics, les réalisations en matière d’environnement. Pour Francis Wurtz, ce fonds ne doit pas dépendre des marchés financiers mais bénéficier notamment du pouvoir de la BCE, la Banque centrale européenne, de créer de la monnaie sans avoir à se soumettre aux exigences spéculatives des investisseurs.

G.S.



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