Kanapa/Chine

En 1957, le mouvement communiste international se dote d’une revue commune, la Nouvelle revue Internationale, dont le siège est à Prague. Jean Kanapa (1921/1978) quitte la rédaction en chef de La nouvelle Critique pour représenter le PCF à la rédaction pragoise. Il est membre suppléant du Comité central. Ce sont pour l’essentiel les Soviétiques et les Chinois qui financent la revue. Kanapa s’y montre très actif, on dit alors qu’il « règne » sur la rédaction. Mais les relations entre le PCUS et le PCC, tendues depuis le XXe congrès soviétique, se détériorent vite. Les divergences portent tout à la fois sur la déstalinisation, la voie (démocratique ou armée) au socialisme, l’indépendance des partis, la coexistence pacifique, la guerre et la paix, bref tout un éventail de questions clés. Thorez, un temps, n’est pas insensible aux arguments de Mao, mais il se retrouve sur l’orientation majoritaire du mouvement, aux côtés de Moscou. En 1960, il charge Jean Kanapa, témoin privilégié de ce conflit, de venir présenter les termes du débat devant le Comité central. La direction est abasourdie, pour la plupart de ses membres, c’est une révélation. La crise, longtemps interne au mouvement communiste, devient publique.

Nommé en 1973 à la tête du secteur international du PCF, la Polex, Kanapa, qui ne s’est jamais résigné à cette division du mouvement, encourage sa section de travail à mieux comprendre et analyser la réalité chinoise. Alors que les tensions entre PCF et PCUS s’avivent, il milite pour une normalisation des rapports entre communistes français et communistes chinois. Ces derniers sont d’ailleurs invités au XXIIe congrès du PCF en 1976 ; ils n’y assisteront pas mais réservent un accueil intéressé, attentif au représentant du PCF venu leur transmettre l’invitation. Jean Kanapa est bien déterminé à renouer les liens entre les deux partis. Malade, alité, durant l’été 1978, il entame même un ouvrage de présentation de la Chine mais il est foudroyé par le cancer. C’est quatre ans plus tard, en 1982, que Georges Marchais signe cette reprise des relations à l’occasion d’un voyage remarqué à Pékin. Au printemps suivant, un correspondant de L’Humanité s’installait en Chine.
 
Gérard Streiff



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