Forum européen/suite

Un vrai événement populaire

Le premier Forum européen des alternatives a créé l’événement. Ce fut un succès populaire et une réussite politique. Seul bémol : le boycot de l’audiovisuel. A suivre : des initiatives de solidarité avec la Grèce. Entretien avec Anne Sabourin, membre de l’Exécutif, responsable du secteur Europe.

Quel premier bilan tirer ?

On peut clairement parler de succès. On a réussi à faire vraiment participer 2000 personnes dans les plénières et les ateliers, on a rassemblé environ 5000 personnes, avec les passages et le concert. On a réussi à faire un vrai événement populaire. Au plan politique, on a rassemblé toute la gauche française, avec des débats, mais c’est ce qu’on voulait : un forum avec des discussions. Est venue l’idée qu’ensemble, on a quelque chose à faire pour construire une alternative en Europe. On a noté un élargissement des forces avec lesquelles on travaille au niveau européen. Des forces, qui n’étaient pas dans les instances qu’on a contruites, étaient là. Bref, une participation large de forces politiques européennes, d’associatives. Au total, 80 associations ou représentants d’association, 18 organisations syndicales représentées (elles n’étaient pas toutes organisatrices), 12 organisations de jeunesse, 30 partis politiques venus de 20 pays. Un vrai forum avec un beau pannel d’invités, des ateliers de qualité. Les premiers retours sur les ateliers nous disent que les participants étaient contents à la fois du débat, des positions différentes exprimées et de la volonté en même temps de chercher des solutions communes. Donc, c’est aussi une réussite politique. On a bien travaillé, toutes les plénières étaient pleines, le chapiteau était à trois reprises rempli, cela veut dire près de 1000 personnes chaque fois. Il y a eu le concert ; on tient à remercier les artistes qui ont répondu présents, en solidarité avec les migrants mais aussi pour s’inscrire dans la démarche du forum. Il y a eu une bonne dynamique militante, 300 camarades mobilisés pour qu’on puisse travailler dans de bonnes conditions. Bonne ambiance, bonne atmosphère, positive, dynamique. On a marqué des points sur les réseaux sociaux aussi, et j’ajoute : heureusement ! Car le bémol principal qu’on peut faire, c’est l’absence des médias de l’audiovisuel. Malgré la présence de personnalités médiatiques comme le ministre grec de la fonction publique ou la présidente du Parlement grec, des figures comme Pierre Laurent, Jean-Luc Mélencchon, Emmanuelle Cosse, il n’y a eu aucune image et à peine de son. Il y a eu un peu de presse écrite mais, en gros, l’audiovisuel français n’était pas là. C’est vraiment anormal ; on a réussi un événement politique qui méritait un traitement médiatique, même critique. Or ce fut le black-out. Pierre Laurent a décidé d’écrire au CSA. Au niveau européen, aucune autre démocratie ne pourrait pratiquer un tel black-out. Ailleurs, il y a un minimum de règles qui sont respectées en matière de pluralisme, pas en France. Bref, le forum fut un succès qui gagnerait à être mieux connu. J’ajoute qu’on va solliciter l’avis des participants sur la tenue de l’initiative ; on va procéder à une analyse collective en vue de la rédaction d’une brochure-bilan.

Et les suites ?

C’était une première édition du forum. Il y a matière à élargir encore beaucoup l’arc des forces intéréssées par une telle démarche. Le succès de l’initiative va nous donner du crédit, ça va rendre visible la démarche auprès de nombreuses autres forces. C’est un bon point de départ pour continuer ce travail de rassemblement autour du triple A, « Alliance Against Austerity », l’alliance contre l’austérité au niveau européen. Disons qu’on vient de lancer officiellement ce travail d’alliance. C’est un point de départ aussi pour travailler la question européenne en France. Si on ne déverouille pas le carcan libéral, ça devient vraiment difficile de faire une politique de gauche dans un pays européen. Voir la Grèce. La solidarité avec la Grèce a été très présente dans tout le forum. On va prendre des initiatives. Pierre Laurent a lancé un double appel : le premier pour constituer une délégation de personnalités qui va se rendre à l’Elysée et demander que la France soutienne la Grèce ; le second, en coordination avec toutes les forces progressistes d’Europe, prévoit une semaine de solidarité avec le peuple grec du 20 au 27 juin, avec la tenue d’une grande manifestation à Paris le 20 juin. C’est une échéance cruciale, ce mois de juin, pour la suite des négociations entre la Grèce et l’Europe. Comme le rappelaient nos amis grecs, Athènes a tenu ses engagements à l’égard de ses partenaires européens mais ces partenaires et créanciers, eux, ne jouent pas le jeu. On est dans une situation où l’argent va commencer à manquer, il faut une nouvelle pression des peuples européens en soutien du gouvernement grec.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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