Congrès14

Congrès / Table ronde
La crise, son issue

Comment analyser la crise ? Quelles luttes développer ? Quelles brèches ouvrir ? Echange autour de ces questions de la « fenêtre 1 » de la Base commune du 36e congrès entre trois dirigeant(e) communistes : Eliane Assassi, Yves Dimicoli et Alain Obadia.

Alain Obadia :
Si le déclencheur de la crise de 2007-2008 se situe dans la sphère financière spéculative, ses racines sont beaucoup plus profondes. En réalité, nous vivons un télescopage brutal entre le capitalisme contemporain globalisé et financiarisé et les potentialités qu’ouvre, pour le progrès humain durable, la révolution informationnelle et ses différentes ramifications dans l’ensemble du champ des technologies. En s’appuyant sur elles, l’humanité pourrait utiliser les gains immenses de productivité du travail pour améliorer le sort de tous, pour coopérer et, dans cette logique, pour mieux affronter les défis sociaux et écologiques qu’elle doit surmonter. Une ère nouvelle de la démocratie pourrait être à portée de main. C’est pourtant l’inverse qui se déroule car les rapports sociaux façonnés par la domination du capital, ne peuvent que générer la guerre économique, la concurrence sans fin de chacun contre tous, le déni démocratique de plus en plus pesant pour assurer la domination de l’oligarchie, l’opposition des nations voire des civilisations par l’utilisation des poisons du racisme et de la xénophobie. La domination de la logique du profit et de la marchandisation généralisée est telle qu’elle touche toutes les sphères de l’activité humaine. Sommation nous est faite de réduire notre complexité créative à une seule dimension : celle de l’homo oeconomicus imbécile dont le seul moteur est l’avidité. Tout cela est à la racine d’une crise de civilisation que l’humanité doit absolument surmonter si nous ne voulons pas que son avenir soit désastreux.
Cette analyse montre le niveau d’ambition qui doit être le nôtre. Nous devons partir du souhaitable pour le devenir du progrès humain et ne pas nous laisser enfermer dans ce que la chape de plomb de la pensée dominante considère comme le possible étriqué d’aujourd’hui. Cette ambition n’ a rien d’irréaliste. Le niveau du souhaitable se manifeste, par exemple, au travers des exigences populaires qui s’expriment notamment dans les luttes et les mobilisations. Elles sont en réalité l’écho des potentialités que recèle la libération des forces créatives de notre époque. Faire de la satisfaction des besoins le moteur de l’économie, remettre l’argent à sa vraie place au service de l’activité humaine, relocaliser les productions et développer les services publics, ouvrir grand les portes d’une nouvelle ère de démocratie, de culture et de coopération sont quelques grands axes permettant de nourrir l’action inlassable que nous voulons mener pour rassembler, agir et lutter.

Yves Dimicoli :
La gravité de la crise sert de prétexte à Hollande pour prétendre qu’il faut rassurer les marchés financiers et faire des sacrifices. Or, cela renforce la crise avec l’austérité. Il faudrait, au contraire, maîtriser les marchés en mobilisant les financements pour développer les capacités humaines.
Pour cela, il ne suffit pas de proclamer de façon générale, lyrique, qu’il faut faire autrement, ce dont se contente trop le projet actuel de base commune. Il faudrait, en liaison avec les luttes, aider les salariés, les citoyens à exiger des avancées précises immédiates. Contre la « flexicurité » et la baisse du « coût du travail », ouvrons des chantiers de sécurisation de l’emploi, de la formation et du revenu : Un grand progrès de l’indemnisation des chômeurs et de leur insertion dans l’emploi ; l’affiliation de chacun-e, dés la fin de scolarité, à un service public d’emploi et de formation ; l’interdiction des « licenciements boursiers » et des pouvoirs de veto et contre-proposition des salariés ; la généralisation de la mise en formation avec conservation du salaire en vue d’un reclassement choisi ; de nouveaux contrats de travail sécurisés ; des Conférences régionales et nationales pour sécuriser l’ emploi et la formation. Contre le TSCG et les privatisations, l’expansion de tous les services et entreprises publics est nécessaire pour répondre aux besoins, soutenir la demande, consolider l’offre. Développons et faisons converger les luttes pour les services publics. Cela exige de nouveaux financements. Finissons-en avec le dogme interdisant à la BCE de soutenir la dépense publique. Elle doit monétiser des dettes publiques et financer la croissance de chaque service public, via un « Fonds social, solidaire et écologique européen ». Et son taux d’intérêt doit être d’autant plus abaissé, pour refinancer les crédits bancaires, que ceux-ci serviraient à des investissements programmant plus d’emplois et de formation. Sans attendre, exigeons des Fonds publics régionaux pour moduler ainsi le taux des crédits pour les investissements des entreprises. C’est cette sélectivité nouvelle, abaissant le coût du capital, que devrait porter un pôle bancaire public, au lieu de ce que fera la Banque publique d’investissement. Autant d’axes pour une intervention autonome du PCF dans le Front de gauche.



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