Relancer le Front de gauche

Samedi 6 septembre se tenait à Montreuil l’assemblée de rentrée du Front de gauche. Le point avec Marie-Pierre Vieu, membre de l’Exécutif, responsable du secteur Développement du Front de gauche, sur le pourquoi de cette rencontre ; les débats qui l’ont traversée ; les perspectives ouvertes.

Pourquoi cette réunion ?

Parce que le Front de gauche, même s’il n’est pas en échec – car quand on a fait 11 % et quatre millions de voix à une présidentielle, qu’on continue à être une perspective pour toute une série de personnes et de groupes à gauche, on n’est pas en échec politique - traverse une crise, qui n’a pas débuté aux municipales mais qui a commencé avec notre incapacité à savoir se reconfigurer après l’élection de François Hollande, et à pouvoir décliner concrètement notre utilité pour faire bouger le rapport de forces. Donc il fallait nous retrouver pour acter la situation politique, cet état de crise qu’on n’a jamais connu en France, avec une gauche atomisée, dans sa globalité et dans le pôle alternatif qu’on constitue. Il fallait remettre à plat le Front de gauche, voir comment se relancer, comment modifier, réorienter notre mode d’action, notre mode structurel, afin de reconstruire une gauche d’alternative et une gauche tout court.

Quels sont les débats qui sont venus samedi ?

Il y a entre nous un constat unanime sur la politique du gouvernement et ce qu’elle détruit, en termes de dégâts sociaux et dans la tête des gens ; unanime aussi pour dire qu’on ne s’en sortira pas par une action de sommet. Il y a l’idée qu’il faut tout à la fois créer du rassemblement à l’échelle des forces sociales et politiques qui oeuvrent contre l’austérité mais également l’idée qu’il faut s’adresser directement aux gens, les toucher dans leur vie quotidienne pour les remettre en mouvement. Après, là où on diverge, il faut le dire, c’est dans la réponse stratégique qu’on fait. En gros, quel est notre rapport à l’ensemble de la gauche ? La gauche, c’est dépassé ? ou bien ça reste encore quelque chose d’important dans notre réponse stratégique, dans notre visée, même si on y met un autre contenu que celui du PS et de Hollande. La gauche, ça reste un élément marquant pour bien des gens du Front de gauche. Est-ce que reflechir à l’horizon de la gauche serait une entrave pour reflechir à l’horizon du peuple ?Il faut conjuguer les deux. Autre interrogation : quelles sont les formes d’un rassemblement majoritaire ? ( échéances électorales, questions de premier et de second tour...). Disons que ces questions, il faut se les poser dans l’action, en commençant à créer du rassemblement populaire, citoyen.
Le deuxième thème de débat, c’est celui de l’organisation même du Front de gauche. Il est constitué de forces politiques, de partis mais également de personnes. Et donc comment on le fait évoluer, dans son mode d’organisation, pour qu’il puisse s’élargir à toutes celles et ceux qui veulent en être. C’est le débat sur l’adhésion directe, qui n’est pas notre choix. Ceci étant, il faut trouver une réponse à cette question car on est tous conscients du fait qu’il y a des gens, aujourd’hui, qui ne sont pas dans des partis, ni dans des fronts thématiques et qui veulent de l’action, de la reflexion de la part du Front de gauche. Donc on est obligés de relancer les idées de réseau, de coopérative... Un troisième groupe de débats, qui portent sur l’action immédiate, c’est : par quel bout on fait la relance ? Comment on remet les militants du Front de gauche en mouvement ? Relance des fronts thématiques ? Relance des assemblées citoyennes ? Comment on les fait converger sur des batailles concrètes qui puissent nous identifier, être des repères. On réfléchit par exemple au travail du dimanche, au coût du capital, à la question des chômeurs. Sont montés les problèmes de santé. Il y a les collectifs auxquels on appartient, sur le logement, le TAFTA, il y a la marche qui se prépare ( le 21 septembre) sur les questions du climat, et puis aussi tout l’enjeu de la VIe République.

Ton opinion sur cette rencontre ?

Un double sentiment : il faut acter positivement cette réunion ; elle s’est tenue dans un respect mutuel, avec une affirmation des positions des uns et des autres. Maintenant, il faut qu’elle se concrétise ; on va se revoir en novembre. On ne peut pas rester sur un débat interne du Front de gauche, il nous faut intervenir directement dans le débat politique, dans la société ; il nous faut donc prolonger notre débat.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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