Entretien Chassaigne

Retraites, budget, fiscalité
Des parlementaires communistes à l’offensive

Rentrée parlementaire chargée avec une actualité fournie ( retraites, Syrie...), un programme copieux ( le budget), des journées parlementaires en préparation : le point avec ANDRE CHASSAIGNE, responsable du groupe GDR à l’Assemblée nationale.

Que dire du dossier « RETRAITES » au lendemain de la journée du 10 septembre ?

La mobilisation du 10 septembre est la manifestation concrète de l’opposition d’une majorité écrasante de nos concitoyens aux annonces du Gouvernement quant aux contours de son projet de réforme des retraites. Cette réforme est présentée comme la garantie de l’avenir et de la justice de notre système de retraites, alors même qu’elle ne diffère ni dans la forme ni dans le fond des réformes précédentes, pourtant portées par des Gouvernements de droite.
Le calendrier a été choisi pour éviter toute forme de débat national et étouffer dans l’œuf toute velléité de contestation : concertation avec les organisations syndicales pendant la période estivale, présentation du projet de loi en conseil des ministres courant septembre pour une discussion à l’assemblée début octobre. Mais les Français, qu’ils soient retraités, actifs, chômeurs ou étudiants, ne sont pas dupes : ce projet de réforme est socialement injuste et économiquement aberrant. L’enjeu désormais pour les communistes comme pour l’ensemble du Front de Gauche est d’amplifier cette mobilisation, de porter sur tous les fronts les revendications et les propositions du Front de Gauche : la retraite à 60 ans, le calcul de la pension sur les 10 meilleures années d’exercice professionnel, une véritable réforme du financement de notre système de retraites permettant d’assujettir les revenus financiers et d’inciter les entreprises à privilégier l’emploi au détriment de la rémunération du capital, la résorption intégrale des inégalités professionnelles entre femmes et hommes, l’exigence qu’aucune pension ne puisse être inférieure au SMIC.

Comment se présente le débat sur le prochain budget ?

Le gouvernement a fait le choix dans le prochain budget de poursuivre dans la voie de la rigueur. Ce choix se double d’un nouveau transfert de charges des entreprises vers les familles. Les Français attendaient une révolution fiscale, une refonte de notre fiscalité d’envergure dans le sens de la justice et de l’efficacité. Cette grande réforme est tombée aux oubliettes. La réduction des déficits publics et la compétitivité des entreprises sont devenues l’alpha et l’oméga de la politique budgétaire. Le gouvernement annonce pour 2014, 14 milliards d’euros d’économies en dépenses et 6 milliards d’euros de prélèvements obligatoires supplémentaires. Cela va se traduire concrètement par la baisse de 1,5 milliards d’euros des concours de l’Etat aux collectivités locales, par la suppression de 3200 postes de fonctionnaires, par une remise en cause de réduction d’impôts qui bénéficient aux familles et une hausse de la TVA qui vont peser sur le pouvoir d’achat des ménages. L’objectif est notamment d’éponger les quelques 20 milliards d’euros d’aides accordées sans contreparties aux entreprises dans le cadre du fameux « choc de compétitivité ». Une absence de contreparties qui va générer de formidables effets d’aubaine, sans se traduire par plus d’investissements ou d’emplois. Au cours du débat budgétaire de l’automne, nous nous ferons les avocats d’un véritable rééquilibrage fiscal. Nous défendrons le principe d’une modulation de l’imposition des entreprises en fonction de l’emploi qu’elles font de leurs bénéfices, selon que ceux-ci vont à l’investissement et à l’emploi ou servent au contraire à garnir le portefeuille des actionnaires. Nous formulerons également des propositions afin de réduire significativement le coût du capital, qui ronge nos économies bien plus sûrement que le coût du travail, et d’alléger l’imposition des ménages modestes et moyens. Nous estimons enfin qu’il est temps d’ouvrir le vaste chantier de la transition énergétique dont les enjeux sociaux et environnementaux sont considérables : maîtrise publique, réduction de la dépendance extérieure, création d’emplois, réduction de la pollution et de ses effets, limitation des déchets… C’est un débat que l’on ne saurait remettre sans cesse aux calendes.

Que peut-on dire des prochaines journées parlementaires ?
Les journées d’études des Parlementaires Communistes, Républicains, Citoyens et du Parti de gauche se tiendront les mercredi 25 et jeudi 26 septembre à Auray, à l’invitation de Michel LE SCOUARNEC, Sénateur du Morbihan. Cet évènement sera l’occasion pour les parlementaires du Front de gauche, de préparer cette rentrée parlementaires chargée : la réforme des retraites, la situation internationale, l’Europe... Au cours de la première journée, les députés et sénateurs effectueront des ateliers en extérieur, à la rencontre d’acteurs économiques du département. La matinée de travail du jeudi portera sur la session parlementaire et les grands thèmes et les combats que nous continuerons à mener pour cette session à venir : les métropoles, la fraude et l’évasion fiscale, le projet de loi de finances…

Propos recueillis par Gérard Streiff



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