Convention Europe

Convention nationale sur l’Europe

Le nouveau projet européen du Parti Communiste a été discuté ce samedi 16 novembre, place du Colonel Fabien, à Paris, lors de la Convention nationale du PCF sur l’Europe en vue des échéances électorales de 2014 qui réunissait les membres de son Conseil national et les délégués de ses fédérations, soit 180 responsables. Le document intitulé « Refonder l’Europe » a été présenté par le député européen Patrick Le Hyaric. « La question européenne se présente aujourd’hui sous un jour radicalement nouveau par rapport à toutes les périodes passées » rappelle-t-il d’emblée. Pour les communistes, il s’agit de rompre avec les fondements de classe de l’actuelle Union européenne, c’est à dire dénoncer la mise en concurrence généralisée, contester la financiarisation de l’économie, s’attaquer à une construction verticale et antidémocratique. « La question se pose : est-il possible de rompre avec ce type d’Europe sans tomber dans le chacun pour soir ? C’est là un grand combat de classe de notre temps ».
Patrick Le Hyaric répondait ensuite à trois questions : quelle doit être la finalité d’une Europe refondée ? Réponse : un nouveau modèle social et écologique avancé dans la mondialisation. Quelle nouveau type d’Union européenne ? Une union de nations et de peuples libres et associés. Quel chemin pour y parvenir ? Puisque ce sont les peuples qui font l’Histoire, il s’agit de mobiliser et de favoriser les convergnces autour de quelques exigences essentielles comme arrêter l’austérité, libérer les Etats de la toute puissance des marchés financiers, restaurer la démocratie et refuser le traité transatlantique. Le même texte, rappelons-le, aborde ensuite 18 questions et met en débat des propositions sur la démocratie, l’avenir d’un euro mis au service des peuples, la transition écologique.

Auditions et débats

Ensuite, la convention a procédé à deux auditions. Aurélie Trouvé, co-présidente d’ATTAC, a dit partager l’essentiel de la démarche du rapporteur.
On parle volontiers d’erreurs que commetrait le pouvoir mais le bon diagnostic, c’est que les élites ne se trompent pas dans leur choix, il ne s’agit pas d’erreur de leur part mais tout au contraire d ’une politique qui leur réussit, en termes de profits. Sur l’enjeu européen, elle appelle à ne pas retenir un « point de vue souverainiste national de gauche ». Le retour à l’Etat-nation, la sortie de l’UE ou de l’euro n’offrent pas de « solutions coopératives ». Il ne faut pas dédouaner nos gouvernements de leur responsabilité ; ils ne sont pas victimes d’une austérité européenne mais artisans très actifs de ces stratégies au niveau de l’Europe. Le pouvoir français joue même un rôle négatif, freinant de rares avancées possibles en Europe. Aurélie Trouvé plaide pour un projet « alter-européen : (…) il ne faut pas lacher l’espoir d’une autre Europe » ; elle appelle à une refondation démocratique européenne, une refondation d’une Banque centrale européenne sous l’influence des Etats et du Parlement européen ; elle propose un audit de la dette, un désarmement de la finance, une socialisation des banques, la suppression des paradis fiscaux par l’harmonisation fiscale (et sociale) par le haut, une taxe sur les transactions, des liens plus étroits le social et l’écologie, un refus du « marché transatlantique » où il ne s’agit pas d’opposer Europe et Etats -Unis mais les multinationales des deux ensembles contre leurs peuples. Concernant les alliances, elle admet qu’il y a un vrai problème pour fédérer durablement les mouvements alternatifs en Europe. Face au bloc capitaliste dur, il faut un bloc progressiste, dit-elle ; cela ne se fera pas avec une seule force ni derrière un seul homme mais il faut travailler à rassembler toutes les forces, pousser aux luttes sociales, à la coopération dans l’autonomie de chacun.
Le sociologue et enseignant Michel Vakaloulis intervient dans la foulée sur les questions de la jeunesse. S’il rappelle que la jeunesse n’est pas un espace social homogène, que ses tendances ne s’éloignent pas beaucoup de celles des autres générations, elle est tout de même très marquée par l’incertitude ambiante ; elle enttretient des rapports désenchantés avec l’entreprise ; elle souffre de « la précarisation affective du sentiment d’appartenance » (impossibilité par exemple de faire carrière dans une seule entreprise). En même temps, cette jeunesse ne baisse pas les bras, garde espoir dans l’action, pense que la crise est une catastrophe et aussi une occasion unique de tout remettre en cause, pense-t-elle. S’y manifestent des besoins d’entraide, de solidarité, de nouveaux réseaux. Elle se défie de la politique institutionnelle, des partis, éprouve un « désir vague de changement ». Vakaloulis parle de « politisation infra-structurelle. Elle attend du concret, du crédible. Quelles revendications pourraient la motiver à l’échelon européen ? On parle de droit de vote à 16 ans ? De libre accès à toutes les technologies ?
Puis la convention se partage en plusieurs ateliers, plus propices pour l’intervention de chacun ; une synthèse de ces réunions fut présentée en plénière en début d’après midi.



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