Alimentation mondiale

Pour une alimentation saine et accessible

Cheval vendu pour du boeuf, affaire Findus, farines animales, régression du budget PAC, sabordage de l’aide alimentaire européenne aux plus démunis : ça chauffe sur le front de l’agro-alimentaire. Entretien avec Xavier Compain, responsable du secteur Agriculture / pêche à la direction du PCF, alors que s’ouvre le salon de l’Agriculture.

Agro-alimentaire, grande distribution : les scandales s’accumulent. Ton opinion ?

Qui du cheval ou du porc est devenu boeuf ? En effet le scandale de la viande traduit une lourde crise, une crise de confiance car il y a eu tricherie de la part de ces géants de l’agroalimentaire, de la grande distribution et de la restauration collective. L’affaire se passe au même moment où l’Union européenne vient une nouvelle fois de saborder le budget de la politique agricole commune, une amputation d’au moins 20% ; et, toujours dans un même mouvement, voilà l’Europe qui signifie la fin du programme d’aide aux plus démunis. C’est donc dans tout ce contexte que s’insère la triche alimentaire. Disons que la responsabilité en incombe aux gouvernements, à tous les gouvernements de ces 20 dernières années qui n’ont pas eu le courage de s’attaquer aux pratiques, et aux marges excessives, de la grande distribution, alors même que les organisations paysannes dans leur diversité, les syndicats de salariés, les organisations de consommateurs revendiquaient relocalisation, traçabilité et qualité. Pour nous, au PCF, il faut stopper la double peine alimentaire des familles modestes, condamnées à se nourrir à bas prix et sans garantie concernant leur assiette. La gauche doit s’engager à garantir une alimentation saine et accessible.

Quelles propositions ?

Un : le PCF estime que s’il y a triche, il doit y avoir condamnation. Deux : à l’Assemblée nationale, André Chassaigne vient de déposer une proposition de loi en faveur de l’indication géographique obligatoire des produits de la mer et de la terre, transformés ou non. Trois : au Sénat, notre élu des Côtes d’Armor, Gérard Le Cam, exige une commission d’enquête sur ce sujet. Le Front de gauche pour sa part propose une véritable rupture : les politiques agricoles doivent être réorientées vers le soutien à une production agricole ainsi qu’une filière agro-alimentaire plus relocalisée, donc mieux maîtrisée, et créatrice d’emplois, qui assure une alimentation de qualité. Dans le cadre de la campagne commune sur l’alternative à l’austérité, il s’agit de faciliter les rassemblements les plus larges.

Et il y a la question des farines animales ?

L’Union européenne en effet vient de décider de réintroduire les farines animales à destination des poissons ; cette histoire de farines nous vient d’une époque où, pour faire de l’argent plus vite, les vaches se mangeaient entre elles, si je peux faire ce raccourci ! D’où le scandale de la vache folle. Depuis 2001, on ne mange plus de farines mais ce n’était qu’un moratoire et non une interdiction ! On en voit le résultat. J’ajoute qu’en agissant ainsi, l’Europe envoie un signal fort, elle veut privilégier le développement de l’aquaculture au détriment de la pêche artisanale. Avec le Parti de la gauche européenne, le PGE, on propose un cahier des charges minimal qui dirait que sur le territoire de l’Union européenne, on doit pouvoir consommer des choses qui soient sans farine animale, sans OGM et sans hormone. Puisque je parle du PGE, le précise qu’une réunion de travail va se tenir à Paris en avril avec l’idée de déboucher, en décembre, au congrès du PGE à Madrid, sur une proposition commune à nos partis pour une future politique agricole et alimentaire européenne.

Au Salon, quel sera le message du PCF ?

Jeudi 28 février, une délégation du PCF, conduite par Pierre Laurent, se rendra au Salon de l’Agriculture. Avec un message : les communiste sont pour une alimentation saine et accessible, une agriculture relocalisée, de qualité et rémunératrice pour ses travailleurs.

Propos recueillis par Gérard Streiff



Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire