Libérons les medias

Exiger notre part légitime d’antenne

Le PCF lance, en cette rentrée, une campagne « Libérons les médias ». L’information pluraliste en effet a vécu. La finance a fait main basse sur la presse et l’audiovisuel. Les voix alternatives sont effacées du paysage. Il est urgent de réagir. Le point avec Bob Injey, responsable du secteur Communication.

L’état des lieux ?

On assiste de plus en plus à une impressionnante concentration de tous les grands médias aux mains de quelques groupes capitalistes. Les patrons du CAC 40, de Drahi à Bolloré, de Lagardère à Arnault, du trio Berger-Niels-Pigasse à Dassault ou Bouygues, tous ont décidé de mettre la main tant sur la presse écrite que sur les médias radio et télé. On le voit bien sur Canal+ : on assiste à une véritable mise au pas des médias, sans doute dans la perspective de 2017, quand on connaît par exemple les liens entre Bolloré et Sarkozy. Certes, il y a aujourd’hui une crise de la presse écrite, certes l’opinion exprime une certaine méfiance à l’égard des grands médias. N’empêche, ce sont en même temps ces grands médias qui formatent cette même opinion publique, qui pèsent de tout leur poids dans la bataille d’idées. On mesure, à chaque moment crucial que vit notre pays, le rôle joué par ces médias, un rôle qui ne cesse de se renforcer avec cette concentration aux mains de quelques-uns.

C’est toujours les mêmes qu’on voit et toujours les mêmes qu’on écarte ?

En effet, dans un tel contexte, la voix du parti communiste par exemple est largement minimisée par rapport à ce qu’il représente réellement dans le pays. On prétend
effacer les communistes mais aussi tous ceux, toutes celles qui portent une alternative dans le pays. Le Président du Parlement européen, cet été, parlant de la situation grecque, disait sa crainte de voir le phénomène Syriza se propager à travers l’Europe. Un des moyens qu’il utilise, lui et les siens, pour éviter cette propagation, c’est véritablement de mettre les médias aux ordres et imposer leur discours dominant. On a donc décidé de mener campagne sur l’idée de libérer les médias, sur la possibilité pour toutes les forces politiques d’avoir un accès équilibré aux médias, et en particulier aux médias publics.

Concrètement, quelle campagne ?

La campagne va se décliner de plusieurs manières. Il y a une affiche nationale qui est sortie, qui est disponible dans les fédérations. Il y a un tract, national, qui rappelle un certain nombre de propositions que porte le parti communiste sur la question des médias, sur cet enjeu de démocratie. Et puis il y a toutes les initiatives qui vont pouvoir se mener sur le terrain pour faire respecter ce pluralisme. Une occaion, immédiate, va nous être donnée pour mener en grand cette campagne, ce sont les élections régionales de décembre. On pose la question : pour ce scrutin, le service public va-t-il jouer son rôle et donner à voir le débat démocratique ? Il y a toute une série de grandes émissions politiques, sur des chaînes publiques ou privées, où il n’y a pas, ou peu, d’invités du parti communiste, dirigeants ou parlementaires. On va batailler pour fin à cet ostracisme. Il ne s’agit pas de se contenter de faire le constat qu’on est baillonnés, qu’on est interdits d’antenne ; aujourd’hui on a décidé de revendiquer notre part légitime d’antenne. Dans chaque fédération, cela va être aussi l’occasion de prendre des initiatives pour que vive le pluralisme.

Par exemple ?

La campagne ne fait que se lancer mais disons qu’on va vers des rassemblements devant les agences locales de FR3, devant des rédactions, devant des sièges de grands médias. On considère que la démocratie est sérieusement amputée dans sa dimension pluraliste. Il y aura donc toute une série d’initiatives qui vont se mener sur le terrain en lien avec cette bataille-là. J’ajoute que les journalistes, souvent, dans leurs propres médias, subissent la pression de leurs chefs de rédaction ; on ne va pas confondre les journalistes, souvent victimes d’une mise au pas, et leurs chefs de rédaction.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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