Philias

Plexiglas Antoine Philias
On est dans la périphérie de Cholet. Eliott, le personnage principal, 30 ans, n’a plus de travail. Au début du roman il revient dans sa ville avec une jambe esquintée, suite à une castagne avec la police lors d’une manifestation pour les retraites. Il va peu à peu se faire adopter par la communauté du centre commercial, proche de la maison du grand père qu’il occupe. Une année durant, l’année du confinement, on se familiarise avec les travailleurs de ce site, ceux (…)


Piperno

Aux stands de l’Italie, à l’honneur au Festival du Livre 2023, on trouvait par exemple le dernier Alessandro Piperno. Ce roman a le don d’intriguer dès premières pages. Du narrateur, on sait qu’il est fils unique ; qu’il a grandi à l’est de Rome, entre un père et une mère totalement dissemblables et que ces parents vont vite disparaître. C’est à peu près tout. Le père, représentant d’électroménager, est un homme affectueux, fantasque, dépensier. Une sorte de géant (c’est ainsi que son fils (…)


Ardone

L’Italie encore : le roman « Le train des enfants » est inspiré d’une histoire vraie, comme on dit. De 1946 à 1952, à l’initiative du Parti Communiste Italien ( et de l’Union des femmes communistes), 70 000 enfants du Sud italien vont séjourner, plusieurs mois durant, dans les villes du Nord, réputées plus prospères, en Toscane notamment, où ils profiteront de l’hospitalité de familles rouges, fréquenteront leur école, se familiariseront avec des lieux de culture. Viola Ardone donne à cet (…)


Frappat2

Un texte troublant, dans la forme (des chapitres courts et percutants) , dans le fond : une enquête romancée sur trois stars de Hollywood, Tippi Hedren, Melanie Griffith et Dakota Johnson. Tout le monde les connaît, un peu, beaucoup, passionnément. Tippi Hedren est l’interprète de « Les oiseaux » ou « Pas de printemps pour Marnie ». On a pu voir Melanie Griffith dans « Working girl » ou « Body double ». Et Dakota Johnson est l’héroïne de « cinquante nuances de Grey ». Il s’agit non (…)


Battisti

Adriano fuit le Brésil du Capitaine (Bolsonaro). Au terme d’une éprouvante échappée, il trouve refuge en Bolivie, à Santa Cruz. Refuge ? c’est vite dit. On lui a en fait tendu un piège, les pouvoirs locaux le « vendent » et les services italiens, qui le traquent depuis quarante ans, s’emparent de lui, l’exfiltrent, au mépris du droit d’asile, et le jettent en prison, à vie, en Calabre. Un récit âpre, nourri de chagrin et de peur, de révolte indomptée, une chronique brésilienne passionnante (…)


Streiff

Le sixième volume des enquêtes de Chloé Bourgeade est sorti. En bref : l’archiviste Serge Chapochnikov est retrouvé mort à son bureau. Il était connu pour être la mémoire russe de Paris. La détective Chloé Bourgeade de l’agence « Le Sémaphore » est chargée de l’enquête. Elle se trouve prise dans un carrousel tragi-comique entre Paris d’aujourd’hui et Moscou d’hier, affairistes, popes, nostalgiques déjantés, maîtres chanteurs et autres mafieux. Il y est question de la piscine de Staline, de (…)


Vuillard

A lire, vite, " Une sortie honorable". Un récit impeccable qui raconte la guerre d’Indochine à la manière d’Eric Vuillard. On connaît la méthode de l’auteur ( voir " Congo", " 14 juillet" ou " L’ordre du jour" ) : partir d’anecdotes (apparentes) qui, mises en perspective, prennent une force symbolique et révélent la nature de classe des événements ; des séquences courtes dont la juxtaposition permet de comprendre l’enjeu de l’Histoire. Une forme de narration redoutable qui démasque les (…)


Bouchon-Borie

Enfance saccagée, famille monstrueuse, parcours criminel, case prisons et lente hominisation/conscientisation ; bouleversant ; auteur chroniqueur judiciaire ; excellente critique mais plombé par contexte (pandémie) côté prix ; prix RTBF


Oppel

Reprend son héroïne, quête d’un missile perdu, Allemagne/Alsace


Lulu

Roumanie, métisse roumano-zaïroise, racisme, image de la mère, Paris, Kinshasa


de mulder

violences ados
mai 2020


Charles

Nove Mesta, nouveau lieu ; Baba accouche d’Elena ; Lydmila part en France ; mère d’Anna ; amitiés d’Anna et Elena ; secret de famille. "une beauté à pleurer" dira un critique.


Frappat

Recueil de 14 nouvelles ; comment se construit une histoire ; réel et imaginaire


Raynal

Nice, le lit, la jeune femme morte ; le Nice des années 70, les mais ; les avocats ; l’Italie ; Retrouvailles due l’amante après 40 ans ; Pedinielli


Cayre

Ou comment deux punkettes finiront premières héritières de la famille de Rigny ; polar d’aujourd’hui avec un fascinant retour sur la guerre de 1870 et la Commune de Paris. Ebouriffant.
"La baronne", précédent opus de l’autrice, adapté au cinéma, vient d’être primé.


Vinau

Victor fuit l’apocalypse en se réfugiant dans sa cave avec son chien, son lapin et un kit de "cata" ; loufoque, drôle, stimulant


Adam

Nathan et Jun, un couple franco-japonais ; le jour où Jun repart à Tokyo avec leur fils Léo, l’enfer commence pour l’époux français ; le Japon ignore le partage de parentalité.


Leroy

Roman post-apo (a la JL) où trois personnages (son éditeur, sa fille, une bibliothécaire) se mettent en quête d’un poète disparu, Vivonne


Tavernier

Le jour où Thierry découvre que son voisin, excellent voisin, est un tueur en série ; sidéré, déstabilisé, il se fracture, revisite sa propre histoire et se reconstruit


Curiol

L’année 2015 à Belleville à travers six personnages et à quatre moments (saisons) ; on a comparé à La Comédie Humaine de Blazac...


Lindenberg

Un jeune garçon ballotté entre deux mondes ; vacances d’été, côte normande ; jalousie d’une famille "normale"


Rodier

Où l’on découvre que les violences conjugales touchent tous les milieux, ici la haine bourgeoisie catho de l’ouest parisien ; huis clos familial étouffant


Lancelin

Gilets jaunes, enquête d’une jeune journaliste (conforme), rencontre-complicité avec un gilet jaune du Plateau de Millevaches, fraternisation des ronds points.


Daas

Française d’origine algérienne, la petite dernière, garçon manqué, amour des filles, postface Virginie Descentes ; Veine franco-algérienne


Rouf

Prof de philo le jour, effeuilleuse la nuit ; le corps ; le regard des hommes.


Flahaut

Jura, classe ouvrière, l’usine, générations, frontaliers.


Bonnefoy

La saga de la famille Lonsonier se déploie sur quatre générations entre la France et le Chili. Il y a un siècle, ruiné par le phyloxera, un viticulteur du Jura s’exila au Chili. Là, comme on lui demandait son nom, il comprit : d’où venez vous ? Il répondit Lons-le-Saulnier et devint le premier Lonsonier du Chili. Un superbe roman, jouissif, drôle, tragique, à la sud-américaine. Un imaginaire luxuriant, une totale liberté d’écriture, passant de l’ultra-réalisme à des miracles à répétition. (…)


Chiche

Le roman s’ouvre par un long prologue sur l’agonie du père : la narratrice n’a pas deux ans quand celui-ci décède de leucémie. Une sorte d’avertissement sur le ton qui sera donné au livre. Puis l’histoire commence dans l’Algérie de l’après (seconde) guerre. Une famille de riches médecins va bientôt perdre ses positions avec l’indépendance. Mais le clan a tôt fait de se reconstruire en France, et mener une vie de château (au sens propre). Dans cette tribu, on fait médecine de père en fils. (…)


Meur

Un roman brillant, intelligent, politique. On est vite séduit par l’étrangeté du décor, un pays de brouillard et de montagnes, le Grand Duché d’Eponne, pays imaginaire à mi chemin entre la Suisse et le Luxembourg, avec sa monarchie d’opérette et ses puissances financières. L’autrice y diversifie ses personnages, couples improbables, gourou, militants, intellos, femme de ménage, tous décrits avec une impressionnante justesse. C’est notamment le cas des migrants, nouveaux venus ou installés, (…)


Cohen

Ici les personnages se meuvent dans un monde où tout se règle à coups d’algorithmes, où il est recommandé d’être végane, où tout le monde chuchotte car les caméras et les micros sont partout, où la délation est à la mode (on appelle ça des « dénonciations responsables et citoyennes »), où chaque communauté, chaque clan vivent repliés, où des règles écolos sévères sont la norme, où paradent les gens du ministère de la responsabilité carbone, un monde où la gentillesse est obligatoire, où la (…)


Guène

Une histoire familiale franco-algérienne. Cinq personnages : le père Brahim, la mère Yamina, les trois filles Malika, Hannah, Imane. Mais c’est surtout de la mère Yamina dont il va être question. Dans un premier temps des chapitres alternent pour raconter son histoire entre l’Algérie des années d’après guerre (Yamina est née en 1949) et son installation en France dans les années 80, le mariage, la vie au foyer. On la suit dans son lent et lourd travail de séparation, d’éloignement, d’exil, (…)


Petitmangin

Le narrateur, cheminot, lorrain, engagé à gauche, élève seul ses deux fils, Fouss et Gillou. C’est un père attentif, aimant, présent. Il assure, comme on dit. Les enfants sont aimables, le trio est parfait. Jusqu’au moment où le géniteur s’aperçoit (des voisins lui font la remarque) que Fouss a de « drôles de potes ». Des gens d’extrême droite, polis, froids. Le père est sidéré puis fou de rage. « Comment vivre ensemble avec un facho sans se taper dessus ». Gillou parti suivre ses études à (…)


Incardona

Le monde de la banque suisse, ses liens avec le milieu (corse), ses professionnels et leurs petites faiblesses, une Genève couleur noire comme on la voit rarement. Le livre est sorti au moment du confinement, hélas.Mais le jury du prix littéraire de la chaîne des Relay a couronné cet excellent polar. Au plus près de la machinerie capitaliste. Donc résolument anticapitaliste.


Delfino

La dernière nuit d’Emile Zola. En 1902, l’homme est au zénith, après 25 années d’écriture quotidienne, les 20 volumes des Rougon-Macquart, ses 1200 personnages. Mais Zola n’a pas que des amis. 19 fois sa candidature est refusée par l’Académie française. Les courants nationalistes (Barres, Mauras, Goncourt, Déroulède) et racistes le fustigent, surtout depuis sa prise de position en faveur de l’officier français Dreyfus (J’accuse, 1898).
Cette nuit-là, Zola agonise : une main criminelle a (…)


Dufresne

Le roman des gilets jaunes ; ou plus exactement le roman des violences policières à l’occasion des gilets jaunes. Où l’on va suivre plusieurs personnages, Dardel, reporter, Vicky, activiste et tagueuse, Andras, syndicaliste policier (de l’ultra-droite), et le préfet de police Frederic Dhomme.
Dardel, accro de tweeter et des réseaux, s’est spécialisé dans le dévoilement des violences policières ; il répertorie les blessés des manifs, collectionne les bavures, les signale systématiquement au (…)


Springora

Un récit (et non un roman) sur la vie de la jeune V. (Vanessa). Son enfance dans une famille désunie, et surtout sans père. Jeune fille (14 ans), elle croise, avec les encouragements maternels, M.G. (Gabriel Matznef ), qui a près de quatre fois son âge et une réputation sulfureuse. L’homme insiste, il est habile, la fille est fragile. Il séduit, la mère laisse faire. Que vaut dans ces conditions le consentement ? L’homme exerce son pouvoir sur sa proie. Mais après l’emprise vient la déprise. (…)


Gran

Livre drôle sur sujet grave
Le narrateur est un jeune cadre du KGB, Ivanov, chargé de dévoiler l’identité d’un écrivain soviétique qui se fait publier à l’Ouest. Il lui faudra six ans d’enquête ( donc une compétence très relative) pour identifier Siniavski, qui finira en camp puis expulsé en Occident. C’est surtout l’occasion de raconter de l’intérieur l’URSS des années soixante, celle de Gagarine, du retrait de Staline du mausolée, de la vie de tous les jeours (logement, nourriture, (…)


Tran Huy

Un roman d’amour à la frontière entre réalité et imaginaire, le rêve et la vie. Une citation parfaite en exergue, de Jules Renard : « J’ai bâti de si beaux châteaux que les ruines m’en suffiraient », à prendre aux pieds de la lettre.
Lise, nourrie de contes et de littératures diverses, prompte à inventer des histoires de chevalier et de bergère, tombe follement amoureuse d’un jeune homme parfait, Louis, rencontré à Henri IV. Elle vient de milieux classe moyenne, lui est beau, cultivé, (…)


Loubière

Un thriller psychologique, du côté de Cantal. Où l’on suit, sur plusieurs décennies, Laurence et sa drôle de famille, son rapport singulier à son corps, ses transformations physiques, son passage du monde du sport à celui du jeu. Un roman sur les gens qui se racontent des histoires ; sur les familles bancales ; sur les rapports frère/sœur ; sur le corps et ce qu’on peut lui faire subir ; sur le jeu et les addictions ; sur Internet, les sites pornos et les identités masquées qu’on peut y (…)


Chaudun

Le récit romancé d’une disparition, celle d’un film de Prévert et Carné, La fleur de l’âge, en partie tournée à Belle-Ile-en-mer, en 1947, avec une pléthorique équipe de tournage, une pléiade d’acteurs de renom (Arletty, Régiani..), en partie en hommage à la révolte de jeunes détenus du bagne de l’île (en 1934). L’auteur rencontre le dernier témoin de cette saga, Anouck Aimée (pseudonyme de Claude Dreyfus). Une plongée dans le monde du cinéma avant, pendant et après la (seconde) guerre. Une (…)


Deck

Un couple de quinquas parisiens, les Caradec, rêve d’accéder à la propriété privée. Ils s’installent dans un écoquartier idéal. Le bonheur ? Jusqu’au jour où arrivent dans la maison mitoyenne les Lecoq, Annabelle et Arnaud, couple d’agents immobiliers et là ça se dégrade. Les Caradec vont faire l’expérience que l’enfer, c’est les voisins. Dès la première phrase, on comprend d’ailleurs qu’il y a quelque chose qui cloche : « J’ai pensé que ce serait une erreur de tuer le chat, en général et en (…)


Pauly

La figure du père est un grand classique de la littérature, père mort, père disparu, père haï, père adoré. Voici le père d’Anne Pauly. On est aujourd’hui, en région parisienne. Le père de la narratrice meurt à Poissy ; c’était un géant, programmeur informatique, unijambiste, colérique, alcoolique, veuf éploré, lecteur autodidacte, fana de philosophie orientale. Elle l’appelle « mon roi misanthrope ».
On la suit durant les premières heures, les premiers jours après la mort du père. Dans un (…)


Fouqué

L’adolescence est un des thèmes de la rentrée littéraire. Ici le héros-narrateur est un ado à capuche relevée, le visage masqué, seul sous un Abribus. Au début de l’histoire, ce matin-là, il n’est pas monté dans le car scolaire et il va se raconter tout long de la journée. C’est ce rude monologue qui tient tout le roman. Il y est question d’un paysage entre deux, ni terroir ni bitume mais de la boue ; de souvenirs d’enfance ; de peurs d’ado, celle d’être victime, fragile, souffre douleur, (…)


Koszelyk

Une histoire d’amour singulière ; elles le sont toutes, direz vous, mais celle-ci commence et se termine à…Pripiat qui, comme chacun sait, était ville de résidence des employés de Tchernobyl. 1986, dans ce bout d’Ukraine, à l’ombre de la centrale, deux ados, Léna et Ivan, partagent tout : jeux, histoires, rêves. Survient l’explosion. Léna suit ses parents en France. Ivan, fils de paysan, reste sur ses terres irradiées. Vingt ans plus tard, Lena s’offre un AR, dans la catégorie touriste, à (…)


Message

Cora Salme retrouve son poste au marketing après un congé maternité. Elle travaille dans une grande société d’assurances, une
entreprise familiale rachetée par de nouveaux actionnaires. La firme déménage au 27è étage d’une tour de la Défense : nouveau nom, nouveau siège, nouvelles méthodes.
Un roman qui décrypte comme jamais le milieu de l’entreprise, sujet peu abordé par la littérature. Une bonne description aussi de l’imbrication de la vie privée et de a vie professionnelle dans la vie (…)


Gaudy

Un roman superbe qui raconte une histoire extraordinaire : le 11 juillet 1897, trois Suèdois, Andrée (chef de l’expédition), Fraenkel et Strinberg, s’envolent en ballon pour survoler le pole nord. Le monde entier se passionne pour cette expédition. Or la mongolfière est en mauvais état, l’appareil chute sur la banquise. Les trois hommes vont errer deux mois durant, mourir, disparaître. Leur effacement va nourrir bien des fantasmes. Jusqu’à la découverte de leur corps, en 1930, de leurs (…)


Mas

1885 : Geneviève est chef infirmière, autoritaire et efficace, à La Salpétrière, un asile de « folles » où le professeur Charcot expérimente ses soins (souvent en public) sur ces (ses) « hystériques ». Elle est particulièrement attentive au sort d’Eugénie, fille de bonne famille, internée à la demande de son notable de père car elle prétend échanger avec les « esprits ». Cette malade finira par déstabiliser, dérouter Geneviève. Ce récit se passe lors de la préparation et de la tenue du « (…)


Coher

Le héros de ce court roman s’appelle Abebe Bikila. Ethiopien, il court sous le numéro 11 dans l’épreuve du marathon ; on est à Rome, en septembre 1960. Abebe Bikila, coureur aux pieds nus que personne n’attend, remporte l’épreuve. Un roman de revanche car vingt ans plus tôt l’Ethiopie était une colonie italienne. Un roman emblématique de ces années de la décolonisation. Un roman sur le sport, et sur le corps. Une promenade (façon de parler) sportive dans Rome que l’auteur connaît bien.
Un (…)


Palain

Une histoire sur le quotidien de la Protection judiciaire de la jeunesse, la PJJ où l’on croise des jeunes qui ne sont pas nés « du bon côté de la Seine ». Un roman sous le double signe, de la dureté et de l’humanité. Il met en scène un face à face entre le jeune Wilfried (15 ans), une tête à claques, et une éducatrice, Nina, couturée de partout mais une inépuisable battante.
Un livre servi par une prose ultra réaliste, des dialogues choc, des airs de roman noir. On comprend mieux la (…)


Binet

En 4 de couv, les premières lignes disent le projet du livre : « Vers l’an mille, la fille d’Erik le rouge met cap au sud ; 1492 : Colomb ne découvre pas l’Amérique ; 1531 : les Incas envahissent l’Europe ». Le facétieux Laurent Binet propose un roman uchronique, il réécrit l’Histoire en modifiant le passé.
Et quel passé : ce sont les Incas qui découvrent l’Europe. Un livre en quatre parties : une saga scandinave ; des fragments du journal de Christophe Colomb ; les chroniques d’Atahualpa ; (…)


Monbrun

Scandale au château Montaigne : on retrouve dans la cour de l’illustre demeure, au pied de la fameuse tour où Montaigne a établi son refuge/ bibliothèque le corps d’un stagiaire tombé de haut. Enquête, pistes, fausses pistes et recherche d’un texte inédit (16 feuillets) du philosophe, un supplément à son Voyage en Italie. Promenade aussi dans ce sud ouest gourmand. Rencontre avec de drôles de spécimen du milieu universitaire expert en « montaignerie ». Et surtout une occasion de retrouver (…)


Arnaud

Rose, la narratrice, a 18 ans. Elle a été élevée ( en Ardèche) par son père Emiliano et sa grand mère paternelle. Sa mère en effet a quitté la famille à sa naissance (et s’est enfuie avec un rocker américain). Le jour de ses 18 ans ( on est en 2010), stupeur et tremblement : sa mère (Manette, diminutif de Marie Antoinette) est de retour. Le roman raconte les premiers jours d’épouvante de la jeune fille qui se refuse absolument à saluer/croiser/voir sa génitrice. Mais alors qu’elle manifeste (…)


Bouysse

Un paysan pauvre vend sa très jeune fille à un riche patron de forges, qui vit avec sa mère dans un étrange manoir où passent, furtifs, un palefrenier soumis et un docteur inquiétant. On comprend assez vite que le bourgeois a acheté en fait le ventre de la fille, pour enfanter. On croit savoir comment les choses vont évoluer mais rien ne se passe vraiment comme prévu. La machinerie se détraque, le crime est au rendez-vous. Puis, comme chez Dumas ou Paul Féval (et son bossu), nous voici vingt (…)


Feraga

Le narrateur raconte le voyage qu’il fit, à dix ans, un été, seul avec son père, en Algérie. Il découvre, tardivement, qu’il est en fait l’objet d’une sorte de marché. Son père « offre » en quelque sorte l’enfant aux grands parents pour un rituel ( le cérémonial de la circoncision) afin de compenser (et faire oublier) sa vie française, très éloignée des traditions familiales. Une fête pour le groupe, l’horreur pour l’enfant, agneau expiatoire, fils sacrifié. Un magnifique roman, sur un mode (…)


Reysset

La narratrice, Coralie, se souvient de l’été de ses 18 ans (en 1993). Etudiante, elle accepte l’invitation de son amie Soline en Dordogne. Coralie, réservée, intelligente, est issue d’une famille de petits bourgeois austères et en crise. Les parents de Soline, gens de médias et de la mode, sont des bourgeois bohèmes aisés, à l’esprit potache. C’est peu dire que Coralie est déroutée, séduite puis envieuse de cette faune brillante et arrogante. Durant ces semaines périgourdines, elle découvre (…)


Magellan

Il était une fois, au Havre, Marie, serveuse, jolie, énergique, simple, trop simple, et Alexandre, étudiant en cinéma, intello parfait, passionné d’image (une image vaut 100 mots, dit-il). Entre eux se noue une relation forcément fragile, et violente qui conduit la jeune femme au tribunal. Au contact du juge bougon et (apparemment) rigoureux qui s’occupe de son affaire, Marie est bousculée. Elle pénètre un univers très loin de son monde familial étriqué, elle se transforme. Petit à petit, la (…)


Richard

La narratrice raconte comment au long de sa vie femme se sont formées ses images érotiques, ses fantasmes, son monde pornographique comme elle dit ; comment s’est créé son imaginaire amoureux. Le ton est entre la confidence et l’analyse sur le rôle des images. Où l’on passe de l’adaptation BD (par Crépax) d’ « Histoire d’O » (au temps de l’adolescence) aux images vidéos et au porno en ligne, mondialisé…L’auteure, féministe, se dit partagée, entre la pensée de libération et l’envie de (…)


Jourde

A la mort de sa grand-mère, le narrateur-auteur cède à la demande de sa mère : transporter de canapé-lit de la défunte de Créteil jusqu’à la maison de famille, au fin fond de l’Auvergne. Un « road-movie » de 300 pages pour raconter cette épopée, un carnet de voyage où le conducteur, bavard, parle de tout et rien, des souvenirs provoqués par chaque étape, des
anecdotes sur sa jeunesse, la famille, les voyages, le monde littéraire, l’Académie, l’Auvergne. « C’est pas le sujet qui compte, (…)


Malandrin

Malandrin –le bien nommé- nous narre en 200 pages, dans un style rabelaisien ( tout en excès, en démesure, en drôleries, en exagération, bref avec une belle vitalité), une histoire incroyable. On est Lisbonne en l’an 1488.
Adar et Faustino sont deux enfants de la rue, débrouillards et perpétuels affamés, capables de tout pour vaincre leur faim même de manger un livre, un codex plus exactement, ces manuscrits d’avant le livre moderne, calligraphiés par des moines besogneux sur des peaux (…)


Camut (et N.Hug)

Un roman qui pourrait faire très bien demain l’objet d’une série télé. Le thème du récit est simple si l’histoire est très touffue : est ce qu’on peut supporter que 6000 enfants d’Afrique meurt régulièrement par manque d’eau ou du fait d’eau polluée ; et si c’était 6000 enfants d’Europe ? Autrement dit, dans ce monde de violence, est ce que la seule manière de se faire entendre est une égale violence. Deux personnages clés, deux antagonistes, amis devenus ennemis : Morgan Scali, (…)


Boulais

La narratrice nous raconte ses relations avec un drôle d’oiseau, Foulques, qu’elle côtoie d’abord au temps de leurs communes études : c’est alors un personnage fauché, totalement déphasé, qui a la particularité de vivre la nuit et dormir le jour ; elle le retrouve des années plus tard alors qu’il a hérité et est devenu richissime. Foulques a toujours un mode de vie totalement décalé (il se lève vers 20h et se couche quand les autres prennent leur petit déjeuner). La seule activité de ce (…)


Johannin

Niño (Paradis) est un jeune homme (19 ans), provincial, en galère aujourd’hui à Paris ; son père (marin, Sète) le croit étudiant ; Niño, qui enchaîne des petits boulots invraisemblables, a deux caractéristiques : il est très amoureux de Lale et très accro à toutes les formes de paradis artificiels, vodka-cannabis-cocaïne et autres…
C’est le roman de la précarité dans toute sa splendeur, de la surexploitation et de la combine. Un roman ultra-contemporain qui vaut d’abord pour le style : un (…)


Boyer

Un récit follement romanesque et la dénonciation d’une insupportable injustice, en même temps. Louisa connaît une enfance heureuse… jusqu’au jour où sa mère s’absente. Celle-ci a décidé d’avorter. Elle ne reviendra pas, laissant Louisa seule avec un père dépressif. Louisa « flotte », entame des études de médecine et croise Marthe, Marthe Gautier. Celle-ci, aujourd’hui presque centenaire, a découvert en 1959 le chromosome supplémentaire de trisomie 21 (appelait mongolisme). Mais un certain (…)


Carrese

Rome, mai 1967. Pietrino Belonore, membre d’un groupuscule d’ultragauche (le pouvoir rouge), doit supprimer l’attaché militaire américain. Il rate son attentat car au moment même du passage à l’acte, il tombe amoureux… Chez Carrese, on rit et on pleure en même temps, comme dans les comédies italiennes des années 70.
1967 : la société italienne est à l’aube d’une décennie volcanique. En France, 1968 a duré un mois, en Italie, cela s’est étalé sur dix ans… Sous un ton allègre, on voit dans ce (…)


Brocas

Le narrateur est un romancier au chômage, divorcé ; sa fille Emma a cinq ans quand commence le récit. Il trouve un emploi chez Larcher, groupe tentaculaire qui va de la défense à l’informatique. Embauché comme rédacteur, il commence par écrire le mode d’emploi des produits manufacturés de l’entreprise puis, apprécié, il monte en grade et rédige en complicité avec la « machine » des faits divers puis des scènes de vie.
Larcher possède un océan de documentation, le big data, sur tout et tous (…)


Lunoir

Le journal intime de Marie s’ouvre quand elle apprend que son mari, Paul, se présente à la primaire de son parti ; il s’achève le lendemain du second tour de la présidentielle qu’il a emporté. Naturellement on cherche à retrouver ici des noms connus mais l’auteure brouille les pistes ; et la politique dans ce roman n’est pas ce qui nous intéresse (même si les mécaniques de parti, d’appareil, de communication, de campagne sont bien décrites). Le centre du roman est le portrait d’une femme. (…)


Nathan

La rencontre entre un vieux psychiatre parisien, Elie, revenu de tout, et Youri, un jeune migrant roumain de 10 ans dont on découvre vite qu’il possède des pouvoirs surnaturels.
Elie s’extasie et capte la confiance de l’enfant. Il se servira d’ailleurs de ses dons pour venir en aide au président de la République séquestré par des lycéens salafistes.
Bientôt la réputation de Youri est telle qu’il est l’objet d’un véritable culte, tout Paris défile devant lui et l’implore. Une nouvelle (…)


Chevillard

Le narrateur, au retour de vacances, retrouve sa petite tortue de Floride desséchée ; à peine il la manipule qu’il craque sa carapace. Drame, interrogation, dispute du couple.
Le même narrateur a découvert un auteur méconnu 19è siècle qu’il entend plagier.
On verra au final le rapport entre ces deux histoires…
Chevillard est un auteur à part, entre humour, absurde et moralisme. Lui qui tient une chronique dans le Monde des livres a publié une flopée de romans, toujours chez le même (…)


Zimmer

Zulma a vingt ans en 1909. Cette fille de la campagne arrive à Paris avec un tout petit enfant, dans plus totale misère. Elle se retrouve assez vite en contact avec les milieux anarchistes. Le roman d’une mouvance très influente alors dans le milieu syndical (et dont on accompagne les débats), un roman où l’on chante l’Internationale, un roman féministe où Helene Zimmer se montre très attentive au corps de la femme, à ses différentes épreuves (règles, accouchement, allaitement), aux efforts (…)


Cabanac

Chabrol à Clermont-Ferrand
Clermont-Ferrand et l’Auvergne sont le cadre de ce premier roman de Cécile Cabanac. Il y a quelque chose de malsain dans la famille Renon, des petits bourgeois qui prospèrent dans le bâtiment : haines recuites, héritage confisqué, aïeule tyrannique, demi-frères bâtardisés. Aussi, quand François disparaît, l’aîné queutard et aviné, ce ne sont pas les pistes qui manquent pour Virginie Sevran et Pierre Boitel, du SRPJ local. Un bon polar, classique, chabrolien, (…)


Bayard

Titre implacable, le bas= le bas du corps, le sexe. Roman suffocant, dit la 4 de couv. Dès le premier chapitre, on comprend qu’il n’y a rien ici à espérer, tout va fini dans la tragédie la plus noire. Ainsi avertis, on découvre la vie de Marie, aujourd’hui, à Paris, jeune femme heureuse dans son métier (la banque), dans son couple (aimant et calme), dans sa famille (cossue). Jusqu’à ce soir où son directeur la raccompagne en voiture et la viole.
Marie encaisse et se tait. Enceinte, elle est (…)


Diop

14/18 version tirailleurs sénégalais. Alfa (Ndaye) voit mourir Mademba (Diop), son « plus que frère ». Fou de rage et de culpabilité, il va le venger. A chaque offensive, ilse glisse dans les tranchées des « yeux bleus », tue et revient chez les siens avec une main coupée de l’ennemi comme trophée. Il est d’abord salué en héros puis, comme il répète (sept fois) l’opération, on va le prendre pour un fou.
Un roman sur la guerre, l’amitié, l’humain et inhumain, la raison et la folie, sur (…)


Alaoui

Jmia, 34 ans, prostituée (depuis une vingtaine années) raconte sa vie, à Casablanca, entre 2010 et 2018, à une interlocutrice dont on découvre l’identité au milieu du récit. Jmia est une battante, elle a l’énergie nécessaire pour supporter une vie effarante, nauséeuse, entre viol, mac, hashisch, alcool et télé débile. Jusqu’au jour où elle croise « Bouche de cheval », surnom donné pour dire la dentition un peu forte d’une réalisatrice d’origine marocaine et vivant en Hollande, Bouche de (…)


Taillandier

La tragédie du 11 septembre 2001 vue par trois personnages, trois de ses acteurs, comme seul un romancier ( une romancière) peut se le permettre : Lucy, qui travaille dans une des tours jumelles ; William, son frère, ancien militaire recyclé dans la police de l’aéroport de Boston, d’où sont partis deux des avions suicide ; et…Mohamed Atta, l’Egyptien qui va piloter l’opération si l’on peut dire. Une sorte de roman-essai sur l’attentat. Par cette triple incarnation, on entre au cœur de (…)


Jaspard

Meriem et Franck forment un couple aimant de gitans ( des Yeniches plus exactement) d’Argenteuil, Franck, ferrailleur, se laisse entraîner dans une mauvaise combine qui le conduit au poste puis au tribunal.
C’est là qu’il croise Julien, avocat d’affaire, compagnon de Séverine, auteure de BD. à succès.
Deux mondes, celui de l’avocat et du gitan, fort éloignés et qu’opposent non seulement le mode de vie mais la vie de famille. Meriem n’en finit plus d’être enceinte (7è fois à trente ans) (…)


Beraber

Pour ceux qui aiment être emportés par la grandes bourrasque romanesque, la phrase lyrique (« une écriture exceptionnelle » dit la critique), ce roman de 600 pages est fait pour eux. Le thème est simple : un jeune historien (narrateur) enquête (pour sa thèse), dans les années 1960-80, sur la vie d’un certain Saul Kaloyannis (années trente) ; il va rencontrer une dizaine de témoins (compagnon de l’armée, fidèle, familier…) , dans autant de chapitres ; chacun donnera sa version de la (…)


Camilleri

Le phénomène Camilleri
Dans « nid de vipères », le commissaire Salvo Montalbano est confronté à un double meurtre…sur la même personne. Andrea Camilleri, l’auteur, après une carrière de metteur en scène ( il a notamment adapté Maigret ), a créé, à 70 ans – il en a aujourd’hui 94 - le policier le plus célèbre d’Italie, personnage taciturne, doux et gourmand. Le nom de ce dernier est un hommage à l’écrivain de polars espagnol Manuel Montalban. La saga de Montalbano se passe en Sicile, dans (…)


Piersanti

Mario, 10 ans, espionne - avec un ami - son voisin M. Ruper, homme maniaque qui chaque soir prend soin de sa jolie femme. Jusqu’à ce qu’il découvre, Mario, que cette femme est une poupée gonflable. L’histoire s’emballe, l’ami de Mario va mourir (tué ?) alors que le sinistre voisin courtise la mère du jeune garçon.
Ce thème premier d’Illusion tragique, qui se développe sur plusieurs années, alterne avec un autre récit où la narratrice, l’auteure, raconte son travail d’écriture, ses sources (…)


Baufane

Une plongée dans un quartier populaire de Casablanca avec deux personnages très forts, Sese, migrant congolais débrouillard et Ichrak, jolie jeune marocaine, fille d’une cartomancienne, fille libre, effrontée, trop effrontée. Un roman superbement écrit ( et truffé d’expression « kiné » - u Congo Kinshasa) sur le Maroc fu fric et de la corruption, sur la résistance d’un quartier à la pression immobilière (et saoudienne), sur les rapports hommes/femmes et l’implacable logique de prédation des (…)


Sansal

Roman épistolaire, articulé en deux parties bien distinctes.
Ute Von Ebert, dirigeante d’un puissant groupe allemand, écrit à sa fille, lui
raconte l’histoire de sa propre famille ( migrants européens partis faire fortune aux USA), la vie aussi de la petite ville d’Erlingen encerclée par un ennemi invisible, la lacheté des élus, l’attente d’un train qui pourrait « exfiltrer » la population.
Deuxième partie : la fille d’une prof de Seine-St-Denis raconte l’agression de sa mère au retour (…)


Albecker

Un roman historique, un genre qui a ses inconditionnels. On est en Angleterre, au 14è siècle, en 1381 très exactement. Harassés par les demandes fiscales incessantes de magistrats, les paysans de l’Essex et du Kent manifestent leur colère. Heurts, mouvements de foule, prise d’un château. Les protestataires convergent sur Londres en mass, on parle de 40 000 personnes. Les armées du roi occupées dans le nord du pays, la capitale est rapidement prise, pillée. Il s’agit, selon l’auteur, de la (…)


Jacob

La narratrice est « une femme plaquée », quinqua, sexagénaire. Une
femme dépitée mais qui réagit avec vitalité, humour, une fausse désinvolture. Elle se souvient du temps où les hommes l’abordaient, de leur grossièreté mais aussi de la fierté d’être vue, reconnue. Des souvenirs de moments plutôt heureux, des témoignages d’amies, de connaissances et de leur rapport au corps. Le corps, la femme, l’âge. La rue hier et aujourd’hui. Un éloge de la rue joyeuse d’antan…
« Corps » était (…)


Dessaint

Chaud devant !
« En attendant Bukovski » est un recueil de nouvelles noires de Pascal Dessaint, fougueux toulousain (mais né à Dunkerque…), une des plus belles plumes du polar français. Il aligne ici onze nouvelles, « les plus sulfureuses, fin du monde, punk, hot ! Attention danger ! » dit avec raison la 4 de couv, qui rajoute « Public averti ». Nous voici donc prévenus. C’est tout à la fois tendre et violent, érotique et pudique, hurlé et chuchoté, écolo et radical. Pourquoi est-ce qu’il (…)


Joncour

Franck et Lise louent une maison dans le Lot pour les vacances. Une demeure isolée, au bout du bout, perdue dans un océan de verdure. C’est le choix de Lise, être loin du monde. Franck s’y résigne mais panique quand il découvre tout à la fois qu’il n’y a pas de réseau internet dans le coin, que la nature, et les animaux, lui sont décidément étrangers, et surtout que la demeure qu’il loue a une drôle d’histoire, celle d’un dompteur allemand arrivé là avec ses lions en août 1914, alors que se (…)


Villard

Roman noir, et court, sur le quart monde parisien. L’héroïne, Cécile, travaille pour le Samu social ; la nuit, elle maraude, pour donner un petit coup de main aux sdf ; elle aide l’un d’eux (Samouraï) que l’on retrouvera mort (par overdose provoquée) peu après. Plus tard, Cécile change de boulot, aide les biffins, ces vendeurs à la sauvette aux Puces de St Ouen. C’est là qu’elle comprend les raisons de la mort du Sdf de la Goutte d’Or. Une intrigue qui est surtout prétexte à une virée très (…)


Mougin

La vie romancée de Thomas Kiss, dit Tomy, fils d’un tailleur juif d’une petite ville de Hongrie. On le découvre au début du livre adolescent espiègle, toujours en conflit avec son père avant qu’il ne connaisse la descente aux enfers (Auschwitz, Birkenau, Buchenwald, Dora, Bergen Belsen…). On a déjà tous lu des récits nécessaires sur cette apocalypse mais Véronique Mougin renouvelle le genre, si l’on peut dire, par sa façon de raconter, d’être très près de son personnage, par l’extrême (…)


Land

La vie quotidienne, et romancée, d’une jeune Rom, Katarina, aujourd’hui à Paris. Son « campement » en grande banlieue ; sa famille de musiciens (père, frères) ; sa cousine intégrée ; les spectacles musicaux qu’ils organisent ; ses gardes d’enfants ; son image de la France ; ses soirées drague ; ses rapports aux hommes ; sa découverte de milieux bobos.
Une histoire simple servie par une écriture vive, nerveuse, sauvage par moments.
Ce texte fait suite (même s’il a son autonomie) à « Gadji ! (…)


Bouissoux

Janvier est employé d’une grande société parisienne. Son bureau se trouve dans une minuscule impasse de la capitale, loin du siège central. Si bien que le jour où un plan social ravage son service, on l’oublie. Et cet oubli va durer, des années alors qu’il est toujours salarié. Il se laisse faire, continue de fréquenter le local … et se met à rêver, de poésie, de voyages, de plante verte…Il aspire à ne rien faire. Le bonheur du rien. En ces temps où tout doit concourir à l’efficacité, lui se (…)


Garcin

Las Vegas, côté coulisses. Le héros, Hoyt, ancien du Vietnam, vit dans les égouts de la ville lumière, ville du vide et fric, de la démesure. Il cohabite avec McMulligan et Meyers, anciens d’Afghanistan ou d’Irak, des vétérans revenus déglingués de leurs expéditions guerrières.
Des paumés qui fuient le présent dans des rêveries futuristes ou dans la nostalgie d’une Amérique des années cinquante.
On retiendra aussi les dix dernières pages, un morceau d’anthologie sur la guerre du Vietnam, (…)


Izaguirre

Le Madrid des années 50. Une « étrangère », Alice, franco-anglaise, sympathise avec un couple de jeunes libraires, Lola et Matias. Leur magasin est minuscule mais Alice fournit des ouvrages de sa propre bibliothèque, notamment un récit (La fille aux cheveux de lin) que les deux femmes (Alice et Lola) vont lire ensemble, au fil des jours, chapitre après chapitre, par jeu, par plaisir et ce récit restera ouvert dans la vitrine, à la disposition de passants/lecteurs. Alice en fait est l’auteure (…)


de Prada

Roman historique flamboyant sur un épisode de la guerre d’indépendance des Philippines, alors colonie espagnole (1898/1899). Un groupe de soldats espagnols va résister une année, au fin fond d’un village, alors que la guerre était terminée. Histoire d’amours contrariés, roman d’aventures, c’est aussi un grand texte politique sur l’ « âme » espagnole (sens de l’honneur, goût de l’idéal, impétuosité, religiosité…). Le fantôme de don Quichotte revient régulièrement.
Une écriture brillante, un (…)


Montero

Soledad, sexagénaire madrilène, seule, est commissaire d’exposition. Pour épater son ex amant, elle sort un soir avec un gigolo, Adam, très jeune et beau russe dont elle tombe amoureuse.
Ce récit est l’histoire de ce couple improbable, la liaison durable avec un prostitué, l’histoire surtout de Soledad, femme tourmentée (elle prépare une exposition sur les écrivains maudits), harceleuse ( elle flique son jeune amant), au bord de la folie (où sa sœur jumelle a sombré).


Cabre

Une quinzaine de nouvelles qui reprennent le titre d’une œuvre de Franz Schubert, 24 lieder pour piano et voix, enjoués ou austères. C’est le as des nouvelles, vives ou mélancoliques, allègres ou dramatiques, insolites ou fantastiques.
Dans une postface, l’auteur (p287/288) explique comment il a écrit ces nouvelles.
Né en1947 à Barcelone. Il est publié chez
Actes sud. A retenir « Confiteor » ( 2013), couvert de prix ; « L’ombre de l’eunuque » et « Sa seigneurie ».


Mendoza

Eduardo Mendoza a créé un détective fou, qui n’a pas de nom, et auquel il arrive naturellement les aventures les plus loufoques possibles.
Sortant d’un asile, le héros est mordu par un chien et l’incident lui rappelle une histoire vieille de 30 ans, où il se trouve accusé du meurtre d’une jeune mannequin, Olga Baxter. Les deux récits se superposent et c’est l’occasion pour Mendoza d’évoquer sa ville, Barcelone, à trente ans de distance, une cité où tout change hormis la corruption.
Un (…)


Chaillou

« Marie-Hélène Coulanges, dite Marilène, est née le 18 juillet 1964 à Pouzauges . » Ainsi commence ce petit roman percutant de Stéphanie Chaillou. L’héroïne est fille de paysans pauvres. L’école ( l’école primaire puis le lycée puis une classe « préparatoire ») va lui ouvrir les portes d’un monde inconnu qui la fascine et la terrifie tout à la fois. Le poids de l’univers familial (et le sentiment de honte qui la travaille) est cependant trop lourd. Dans un premier temps, elle ne peut s’en (…)


Bartlett

Alicia Gimenez Bartlett est une fameuse auteure espagnole de polar. Dans sa série Delicado, du nom de son enquêtrice l’inspectrice Petra Delicado, « Le silence des cloîtres » narre l’assassinat d’un moine dans un couvent de Barcelone. La victime y avait été invité pour restaurer la tombe d’un saint médiéval ; il en est mort et la sainte momie a disparu. Enquête compliquée dans un monde fermé (stricte discipline des sœurs, hiérarchie implacable, frontière entre civils et religieux, (…)


Vidal

Puzzle noir
Dans « Ciel de traîne », il y a Josy, qui disparaît, puis Antoine Rouvier, son compagnon qui se rend compte alors qu’il ne connaissait rien ou presque de sa compagne ; il y a Franck Kamensky, un flic brouillardeux et sagace à la fois ; il y a Vincent Appert qui vient d’hériter d’une bien étrange maison ; il y a des antiquités aux tiroirs secrets et un cadavre qui tient serré dans sa main un os d’oiseau ; il y a un espagnol avec une Mercédès et une voix désincarnée qui délivre (…)


Blanchard

Une vie à Fresnes
Jefferson Petitbois doit être guillotiné pour sa participation à une série de crimes épouvantables (dont on ne connaîtra la nature que très progressivement). Mais, avec l’abolition de la peine de mort en 1981, le voici condamné à la perpétuité. Le roman, sorte de journal de bord, raconte l’interminable attente entre quatre murs, la survie à Fresnes vingt ans durant, l’implacable solitude, l’improbable travail sur soi. Et miracle : au fin fond des ténèbres passent quelques (…)


Rondeau

Le roman du monde comme il va (ou plutôt comme il ne va pas), roman de notre crise et du terrorisme. Entre roman noir, polar et ce qu’on a appelé roman d’espionnage ( ou encore géostratégique). L’histoire se passe entre la grande
banlieue d’Ile de France, la Tunisie/Lybie et Malte. Les principaux personnages : le narrateur, archéologue et trafiquant sur les bords, croisant les margoulins lybiens et observant les terroristes islamistes de l’intérieur ; un flic incertain, chargé d’infiltrer (…)


Stefanini

Un roman sur l’Algerie de Ben Bella, soit les années 1962/65. Alors que le contingent est rentré en France, nombre de jeunes Français partent en Algérie pour soutenir le nouveau pays. On les appellera les pieds-rouges. La narratrice en fait partie. D’emblée on comprend que l’histoire va mal tourner : au début du livre, en effet, elle est en cellule et doit s’expliquer à un homme de la Sécurité militaire algérienne sur son séjour, ses relations, ses convictions
Le roman s’articule autour des (…)


Corenblit

Beau roman sur l’école. Emma, jeune institutrice, débute comme remplaçante ( on est dans la région de Toulouse) alors qu’elle prend ses marques dans la vie (amants, famille…).
Puis elle va découvrir sa classe, 26 élèves de CM2 de l’école des acacias. « La première fois qu’elle l’a vue, cette école, elle a eu envie de s’enfuir ». Quartier rude, milieux compliqués mais, tenace, lucide et motivée, Emma « travaille » sa classe avec empathie. Les tensions ne manquent pas, les moments de grâce (…)


Dufourmantelle

Le livre débute avec cette précision de l’éditeur : « Ce texte est la version définitive remise par l’auteur sans qu’elle ait ou la relire avant sa disparition prématurée ». Anne Dufourmantelle en juillet dernier remet son texte à l’éditeur avant de descendre sur la plage ; elle voit un enfant qui risque de se noyer, elle périt en voulant le sauver.
L’auteure était philosophe et psychanalyste, elle travaillait volontiers avec Jacques Derrida. Le journal La Croix croit savoir qu’elle avait (…)


Ciriez

La guerre dans le milieu de la critique littéraire. Première partie : lui est un quinqua, critique installé, collaborateur du Monde, elle est une jeune banlieusarde, youtubeuse en vogue. Il a la légitimité, elle a le public. Entre eux, c’est attirance/répulsion. Ils vont se séduire. Deuxième partie : longue scène de sexe au cœur du récit. Problème : ce moment va se retrouver sur la toile. Troisième partie : plainte, procès, tribunaux, raconté sur un mode documentaire.
Ce livre a été écrit (…)


Rondeau

Le roman du monde comme il va (ou plutôt comme il ne va pas), roman de notre crise et du terrorisme. Entre roman noir, polar et ce qu’on a appelé roman d’espionnage ( ou encore géostratégique). L’histoire se passe entre la grande
banlieue d’Ile de France, la Tunisie/Lybie et Malte. Les principaux personnages : le narrateur, archéologue et trafiquant sur les bords, croisant les margoulins lybiens et observant les terroristes islamistes de l’intérieur ; un flic incertain, chargé d’infiltrer (…)


Jaenada

Le destin de Georges Arnaud
Le livre de Philippe Jaenada, prix Femina, est un pavé de presque 700 pages qui se lit comme un polar. Dans ce texte qui est tout à la fois récit, roman, autofiction et enquête policière, l’auteur nous raconte l’histoire de Georges Arnaud. Ce dernier est universellement connu comme l’auteur, entre autres, de « Le salaire de la peur », devenu un film culte, comme on dit, de Clouzot avec Montand et Vanel. Or ce même Arnaud fut accusé, en 1941, d’avoir massacré sa (…)


La gloire des femmes libresVingt nouvelles...

La gloire des femmes libres
Vingt nouvelles de Marie Sizun sur le couple. Il s’agit parfois de couples lumineux mais le plus souvent ce sont des couples en crise, où l’homme a la mauvaise part. Il est râleur, violent, indécis ; la femme patiente puis résiste, réagit et se libère.
Se succèdent au fil des pages un couple en guerre permanente mais qui s’aime malgré tout ; un couple éteint ; un couple équivoque ; un couple fragilisé qui explose...
Ce recueil à la gloire des femmes libres (…)


Adimi

L’Algérie, encore et toujours l’Algérie, éternel sujet (et regret) français. A travers une aventure épatante, la vie romancée d’un libraire du nom d’Edmond Charlot qui ouvre, en 1936, à Alger, une minuscule librairie nommée « Les vraies richesses ». Dans la vitrine, un mot d’ordre : « Un homme qui lit en vaut deux ».
Charlot part de rien mais sait s’entourer des meilleurs. Il est le premier à publier Camus, il bénéficie de la complicité de Giono. Son local sera le lieu de rendez-vous de (…)


Spitzer

La vie et la mort de Magda Goebbels, la femme la plus célèbre du Reich. Grande, blonde, parfaite incarnation de la « race » nouvelle en gestation, elle fut sur toutes les photos de gloire du nazisme. Elle était la mère de six enfants blonds, forcément blonds, conçus avec Mr Propagande de Hitler, Goebbels, qui lui était petit, boiteux, avec une tête de rat. Enfant balloté d’une mère fragile, Magda aura pour père (sans doute biologique, en tout cas père de cœur) un homme fortuné et juif. Elle (…)


Lacoche

Un roman drolatique sur la nostalgie et dont la morale est simple : c’était mieux avant.
Chaunier est journaliste. Il adore son métier mais ne supporte pas l’informatique, les technologies nouvelles, les mises en page automatiques, les portables, les techniques digitales, les GPS, etc.
C’est un journaliste à l’ancienne qui rêve du bon temps d’avant, de l’imprimerie au plomb, des petites cases, de Gutenberg. La modernité l’étouffe.
Un jour il découvre qu’il existe au fin fond d’une (…)


Sizun

Vingt nouvelles sur le couple. Il s’agit parfois de couples lumineux mais le plus souvent ce sont des couples en crise, où l’homme a la mauvaise part, râleur, violent, indécis et où la femme patiente puis résiste, réagit, se libère.
Se succèdent un couple en guerre permanente mais qui s’aime malgré tout ; un couple éteint ; un couple équivoque ; un couple fragilisé qui explose...
Ce recueil à la gloire des femmes libres est constitué de textes courts, c’est le propre de la nouvelle, avec (…)


Favier

Roman étrange et attirant. Où est-on ? A quelle époque ? Un village de montagne. Aujourd’hui ? Etrangeté du cadre donc, temps improbable. Etrangeté du thème aussi : un homme venu de nulle part frappe un jour à la porte de la première maison de cette bourgade pour demander l’adresse du chef du village ; derrière cette porte un personnage bourru, genre célibataire endurci, le reçoit. Et on découvre, assez vite, qu’ils sont l’un et l’autre, l’une et l’autre, deux femmes ! La première –Manouche- (…)


Lopez

L’histoire d’un groupe amis, des jeunes adultes ou de vieux ados, qui portent encore la capuche. Ils s’appellent Jonas, Untel, Poto, Ixe, Sucré ou Habib. Ils sont du même quartier, c’est leur « fief », leur territoire, leur petit monde. Ils ont du mal à le quitter : le monde, lui, leur fait peur, l’avenir aussi. Ils s’ennuient un peu, ils jouent aux cartes, ils fument, draguent. Jonas, le narrateur, qui pratique la boxe, rêve de victoire, mais ne s’en donne pas les moyens. Ils refusent de (…)


Pair

Bons baisers de Guadeloupe
Stéphane Pair, d’origine créole, est journaliste à France Info. « Elastique nègre », son premier roman, est une réussite. Sur fond de trafic de drogue dans les Caraïbes, il plante le décor : la mangrove, du côté de Vieux-Bourg, les squats de Pointe-à-Pitre, mais aussi le volcan de Montserrat, Key West, Sainte-Lucie, « une région peu explorée par la littérature » note l’éditeur. Les personnages sont solides : le lieutenant-colonel Gardé, Vegeta, un jeune dealer (…)


Vuillard

Un for-mi-da-ble récit/roman historique qui nous redit avec la vigueur d’un grand écrivain la crapulerie nazie, l’intimité entre le régime de Hitler et les grands industriels/financiers allemands (et pas que…).
Seize chapitres courts, seize tableaux autour essentiellement de deux événements : la rencontre secrète du 20 février 1933 où Hitler amène les 24 plus grands dominants à un pacte, vous me financez et vous n’aurez pas à vous plaindre. Puis la mise en scène de l’Anschluss, l’invasion (…)


Souchon

Un livre coup de poing, un roman pétulant, poignant. Pierre est à l’HP. Pour le deuxième fois de sa jeune vie. Il a expérimenté le lieu à la fin de l’adolescence, il replonge alors qu’il n’est que trentenaire. Il est ce qu’on appelle un « bipolaire », terme un peu galvaudé ces dernières années mais qui désigne un trouble grave du comportement qui fait passer le malade de phases de dépression profonde à d’autres d’exaltation phénoménale. Un roman écrit par un « malade » qui accepte finalement (…)


Azzedine

Marie-adélaïde est née sous X, ces petites croix qu’on mentionne sur un certificat de naissance pour cacher le patronyme des parents. Cette jeune femme (28 ans) est douée, rebelle, cynique et provocatrice. Au fil des pages, on découvre (dans le désordre) sa bio, une première famille adoptive qui la rejette, des familles diverses et mal aimantes, un parcours chaotique où on la retrouve en prison puis vendeuse dans une boulangerie mais aussi dame (ou demoiselle) de compagnie d’une riche veuve (…)


Delsaux

L’auteur, dans ce gros roman (près 600pages), est ambitieux : raconter sur plusieurs années la vie d’un hameau quelque part entre Grenoble et Lyon, la vie surtout des résidents d’un lotissement de maisons bon marché, ceux que les politologues appellent les « péri-urbains » (mi ville mi campagne ou ni ville ni campagne), des gens, dit on volontiers, attirés par la droite extrême. On va les voir bouger, évoluer, régresser, sur une demi douzaine d’années. Les personnages sont nombreux, quelques (…)


Giraud

Un regard de femme sur la guerre d’Algérie. On est en 1960. Lila apprend qu’elle est enceinte alors qu’Antoine part en Algérie pour une guerre qui ne dit pas son nom.Antoine ne veut pas porter d’armes ; on le prend comme infirmier. Il pense éviter la guerre, il la découvre de plein fouet. Lila ne supporte pas la séparation et vient s’installer près de son hôpital, dans l’ouest algérien.Elle comprend vite que son Antoine est partagé, entre le plaisir du couple retrouvé et le rituel de guerre, (…)


Piacentini

Une affaire de flair
Auteure de polars appréciée depuis une dizaine d’années, Elena Piacentini, qui fait son entrée aux éditions Fleuve noir, nous propose un roman noir totalement intrigant, comme on les aime. Une femme assassinée, un bébé disparu et un mari pas très net. Pistes, fausses pistes, apparences et illusions, monstre ordinaire, mobiles limite ésotériques. Et de très puissants portraits de flics, telle la capitaine Mathilde Sénéchal, de la DIPJ de Lille (ville de l’auteure, corse (…)


Delahaye

Lyon noir
Greg est grapheur. Il a l’idée de décorer, de nuit, un pont de Lyon d’un gigantesque « Merci qui ? », clin d’œil narquois sans doute aux autorités de la ville et à leur compromission avec le lobby religieux. Mauvaise idée car le jeune homme et son aide sont pris à partie par des militants d’extrême droite. C’est le début d’une course poursuite à travers la ville où l’auteur use habilement de plusieurs points de vue (celui des protagonistes ou du service des Urgences mais aussi (…)


Dreyfus

Mai 68 au palace
La rentrée littéraire sera bien fournie, comme d’habitude : près de 600 romans dont 400 français. Vaste choix, et parions déjà qu’un des livres les plus cocasses sera certainement « Le déjeuner des barricades » de Pauline Dreyfus. Elle y romance la journée du 22 mai 1968 vue de l’hôtel Meurice, un des grands palaces parisiens. Comme ses concurrents George-V ou Plaza, la résidence de luxe n’échappe pas à l’air du temps ; le personnel, gagné par la contestation ambiante, se (…)


Lesbre

L’auteure évoque, sous la forme d’une lettre, la vie de Marion du Faouet, son héroïne (18è siècle), sa sœur qu’elle tutoie par empathie, par complicité. La bretonne Marion du Faouet est de l’époque – et de la trempe- d’un Cartouche, d’un Mandrin, ces rebelles et robins des bois qui prenaient aux riches et donnaient aux pauvres, dit-on. A la tete d’une bande de voleurs, Marion rackettait les riches marchands lors de leur déplacement. Marion, c’est l’anti-Becassine, pauvre bretonne bêta et (…)


Chalumeau

Un paparazzo traque une star du show biz, une pipole de chez pipole, et la surprend dans son intimité un soir où elle est braquée par deux loubards, quand surgit l’amant, un officiel tout ce qu’il y a d’officiel et son agent se sécurité ; et là tout dégénère.
Le photographe sent que ses images sont invendables ; c’est trop ; trop lourd pour lui ; il tente de s’en débarrasser en les fourguant à un site internet ; mais il est dans le collimateur des « services » et tout explose. Un pur régal, (…)


Israel

L’écrivain Maurice Sachs (1906/1945) fut un « paradoxe vivant » : juif converti et collabo, homosexuel marié, écrivain qui s’interdit d’écrire, engagé au STO, travaillant pour la Gestapo et finissant en camp de concentration. Proche de Cocteau, Max Jacob, d’autres, il vola sans vergogne ses proches et trahit toutes ses amitiés.
Avide, jouisseur, libidineux, amoral, voleur, traître, froid, indifférent, le dossier du personnage est lourd.
L’auteur reconstitue les différentes étapes de sa (…)


Robin

Un roman d’une extrême méticulosité pour écrire, décortiquer comment un couple se fait et se défait. Un couple (qui se connaît depuis l’école) s’installe dans les années 80 dans un village au fin fond des Alpes, de jeunes gens plutôt misanthropes, fuyant tout le côté spectacle de la société. Et partant de l’idée : pour vivre heureux, vivons cachés. La municipalité leur loue une vaste maison à rénover. Lui, sorte d’ours impavide, est élagueur (d’arbres), singulier métier qui permet de (…)


Raufast

Le roman le plus loufoque du semestre. Tout commence par une histoire de mer. ACTE 1 : le héros, Richeville, jeune diplômé d’une école commerciale, en plein spleen, s’engage par curiosité sur un baleinier, en Alaska. Petite embarcation, petit équipage (quatre personnages, lui compris). Objectif : retrouver la fameuse baleine bleue égarée au fin fond des océans, dans un but hautement écologique. L’opération est pilotée par une ONG du Brésil. La traversée est longue, chacun raconte des (…)


Manfredi

Du roman noir, du noir serré. L’histoire en somme d’un couple impossible. Lui, c’est Lazlo Kovak, beau gosse, pervers, enfant d’un coup de foudre, est séducteur, intelligent et glandeur ; il prend goût à la violence puis aux meurtres, de filles, évidemment. C’est un frimeur qui tue en laissant traîner des poèmes surréalistes sur les lieux du crime.
Elle, c’est Alice Casabelle, fille d’un docker havrais et de parents très amoureux eux aussi ; mais sa mère suicidée, elle est chapeauté par un (…)


Rinkel

Une jeune auteure entreprend le portrait de sa mère. La fille est « intello », parisienne. La mère est prof retraitée, bretonne. Un récit intimiste, lucide et affectueux, moqueur et empathique à la fois. La mère, Jeanine, divorcée, vit à Rezé, seule. Issue de la paysannerie pauvre, elle manifeste d’ordinaire un manque d’assurance et d’ambition ( d’où le titre) ; c’est en même temps une femme qui a trouvé un rythme et un sens de vie, et dont l’existence est pleinement cohérente. Femme « (…)


Oppel

Les dessous du CAC 40
Faire de la spéculation boursière un sujet de polar, il fallait oser. Mais Oppel l’a fait. Cela donne ce récit à quatre voix, qui alternent (et convergent au final), celle de Mister K., une sorte de lanceur d’alerte qui diffuse régulièrement sa newsletter d’imprécateur en s’invitant sur toutes les messageries qui comptent ; Falcon, un tueur à gages qui tient à ce qu’on l’appelle un assassin professionnel, que l’on croise à Bogota puis à Londres, via les USA ; Lucy (…)


Lighieri

On pense d’abord à un « livre de vacances » ; ça sent la mer, les embruns, les grosses vagues, le surf…Mais tout cela est prétexte pour nourrir un puissant récit dramatique.
Nous voici dans une famille de la bonne bourgeoisie Biarritz, des bierrois comme on dit. Le papa est un pharmacien prospère, la
mère une femme au foyer comblé ; trois superbes enfants : Thadée, 22 ans, sûr de lui et dominateur, Zachée cadet 20, deux géants blonds, bronzés et fous de surf et une petite sœur 12 ans (…)


Lacasse

Les amours saphiques de Françoise Sagan, plus particulièrement le portrait romancé de Peggy Roche, qui fut 20 ans l’amante de l’écrivain.
Celle-ci était mannequin, styliste, modiste, et travaillait notamment pour revue Elle. Incarnation de l’élégance, deux fois mariée ( avec une personnalité de la Résistance puis avec Claude Brasseur), elle se met en couple avec Sagan à l’âge de 45 ans. Sagan, qui se marie et divorce souvent, la cache.
Un livre forcément sur Sagan, son œuvre, son monde, (…)


Bamberger

Un roman sur le couple (classique), sur la crise (on connaît aussi), sur l’industrie et l’usine ( voilà des sujets peu traités par la littérature), sur la désindustrialisation (là c’est rarissime). Un couple dans la crise sociale.
Thomas et Olivia sont mari et femme. Ils sont, au tout début du roman, dans une chambre d’hôpital : Thomas est dans le coma, en réanimation, et Olivia est à son chevet. Le couple a quinze ans d’âge, et des enfants de 10 ans.
Le roman se déroule sur plusieurs (…)


Ségur

Le narrateur, M. Dechine, que sa femme, Betty, appelle don Dechine, est prof et rêve d’écrire ; elle rêve de finir sa thèse. Ils se promettent de s’y mettre, chaque jour, mais il y a des entraves : leurs rites, leur voisinages…
Alors, ils décident de quitter la ville, de s’installer à la campagne. Ils découvrent le monde de l’immobilier. Les professionnels de la vente, de l’achat, les banques et le fameux « prix du marché ».
A mesure qu’avance l’histoire, la vue du narrateur s’obscurcit. (…)


Tassel

La première phrase est forte : « J’ai 42 ans et je rentre chez ma mère. » On avait connu les « Tanguy », ces ados prolongés qui refusent de quitter le nid parental, voici en quelque sorte le père de Tanguy contraint de retourner vivre chez sa propre mère ! Le narrateur, un urbain, profite de l’été pour rendre visite à sa mère, à la campagne. Sa femme et ses deux jeunes enfants sont partis, eux, chez les parents de l’épouse. Le fils fait plus que passer ; il s’installe. Il retrouve sa (…)


Eschenbrenner

L’Indiana est cet Etat américain bordé à l’Est par l’Ohio, à l’Ouest par l’Illinois et au sud par le Kentucky. Un territoire jadis peuplé par les Shawnees, les Miamis et les Illinois nous apprend ce roman, cette novella noire plus exactement. Un océan de maïs où un milliardaire mégalo construit une espèce de chateau en expulsant les résicants du coin. La narratrice, française, embauchée comme décoratrice, raconte la vie quotidienne du chantier, la violence des rapports humains, le vide (…)


Maleski

Franck, homme au foyer, s’occupe (bien) de ses trois (petites) filles et de son jardin. Il rêvait d’être écrivain mais a finalement renoncé à cette ambition. Il mène une vie paisible, un brin nonchalante, jusqu’au jour où une lettre anonyme lui annonce que sa femme, qui travaille (beaucoup) dans un cabinet de vétérinaires, le trompe.
Il n’est pas particulièrement abattu par la nouvelle, agacé cependant. Et voici qu’il se dit : et pourquoi pas moi ? On va le voir apprendre le B A BA de (…)


Pennac

Revoici les Malaussène, le père, le fils et toute la sainte famille, famille nombreuse on le sait. Ils sont revenus, ils sont tous là, ils ont tous pris un petit coup de vieux, une trentaine d’années de plus mais ce sont bien les mêmes (que dans les années 80). Ce livre, annoncé comme le premier d’une série, commence par l’enlèvement d’un affairiste qui vient toucher un parachute doré. Ses ravisseurs exigent une rançon équivalente à la prime, 22 millions d’euros. La magistrate chargée de (…)


Barraud

Marie Barraud avait un grand père héros mais personne ne voulait en parler dans la famille. La grand mère s’était barricadée dans sa douleur de veuve. Son père, dont elle est « amoureuse » (pages épatantes pp 22/24), garde le silence. Car lui même voulait un père et non un héros. Absent. Mort. Jusqu’au jour où il lui transmet un carton d’archives.
Le grand père était médecin à l’hôpital St André de Bordeaux, lieu de résistance. Dénoncé, il est déporté. L’auteure – et héroïne de son propre (…)


Detambel (2)

L’auteure s’attaque à la vie amoureuse d’August Strinberg (1849/1912), homme théâtre suédois, écrivain, peintre, entre autres.
Stringberg et ses 3 femmes, Siri, Frida et Harriet, racontés en trois parties, respectivement intitulées Noces de cuir, Noces de plomb et Noces de feu.
Chaque fois, cela se passe très mal.
On y découvre un personnage immature, névrosé, instable,
alcoolique de surcroit.
Un créateur féroce, un génie pervers qui transforme en acte poétique son propre malheur à (…)


Prudhomme

Il y a ici deux romans en un. Le premier évoque l’amitié, aujourd’hui, entre Nel et Matt. Nel, fils et petit fils de berger devenu photographe ; Matt, touche à tout, réalisateur à ses heures. On est au pays de Crau, sorte d’espace lunaire, de désert autour d’Arles et on y parle d’histoires de bergers, de retour d’estive, de grande transhumance, de gestes qui se répètent depuis la nuit des temps.
Et puis –roman dans le roman- Matt découvre que Nel avait deux cousins dont il hésite à parler (…)


Manoukian

Karim, le héros du roman, monteur à la télé, est très amoureux de Charlotte. Ce soir là, Charlotte va prendre un verre, entre filles, dans un bar branché –qui pourrait très bien être le Bataclan- quand deux cinglés y font un carnage. Charlotte fait partie des victimes. Karim, submergé de chagrin, veut d’abord se venger puis il se dit que malheur des autres ne calmera pas son propre malheur. Alors il veut comprendre. Il va rencontrer la mère d’un des tueurs, un converti, Aurelien, découvrir (…)


Percin

Bertrand est directeur général (DG) d’une entreprise familiale de cognac, à Cognac : conseil administration, chauffeur, château, où il vit seul avec sa fille et ses domestiques, le personnage est assez classique. A ce détail près que Bertrand n’est pas à ce qu’il fait, comme on dit. Il est ailleurs, dans une perpétuelle rêverie. Alors qu’on le presse de répondre aux exigences du marché et de la mondialisation, Bertrand a bien du mal à se concentrer sur ses affaires. Il songe à la biche (…)


Mavrikakis

Roman d’anticipation. On est vers 2070/2100. Les très riches ont pris partout le pouvoir, créé un Etat mondial (américanisé) à leur service. Ils sont en guerre contre les très pauvres, armée de vermines vouée à l’extinction.
L’histoire se situe à Montréal. Deux personnages dominants permettent, durant tout le récit, deux points de vue opposés. Oscar de profundis est une rock-star mondiale, artiste dans les nuages (et les drogues). Il n’aime pas le monde tel qu’il est devenu mais il se (…)


Seyvos

Une famille bourgeoise lyonnaise, guindée, froide, aux rapports compliqués. Suzanne et Thomas, frère et sœur, passent, enfants, leurs vacances dans une maison aux pieds d’une petite montagne, près d’un lac, une maison un peu inquiétante, comme un « animal assoupi ». L’atmosphère y est confinée, l’éducation pleine d’interdits religieux. Il y a une violence latente (et très civilisée) dans les rapports entre résidants, la grand mère, « aussi molle et paresseuse que la peau du coude », la (…)


Arditi

La Grèce d’aujourd’hui mise en roman à travers trois personnages, un décor grandiose et un enjeu immobilier.
Les trois personnages sont Eliott (Mavropoulos), architecte américain d’origine grecque et de retour au pays ; Maraki, femme pêcheur, mère courage ; et Yannis, fils de Maraki, adolescent autiste et très doué.
Le décor : l’île (fictive) de Kalamaki, proche du Péloponèse ( Le Pirée, Athènes).
L’enjeu : des hommes d’affaires grecs souhaitent construire dans la plus belle crique de (…)


Appanah

Le département de Mayotte (une des îles de Comores) est en fait le personnage principal de ce roman. Pays des hibiscus, des frangipaniers, des lauriers-roses et des bougainvillées, c’est aussi un territoire où la crise (française) est spectaculairement amplifiée. L’auteur met en scène cette île à travers le destin de plusieurs personnages : Marie, infirmière venue du continent, ne pouvait pas avoir d’enfant ; elle croise au dispensaire une jeune comorienne, arrivée clandestinement, qui lui (…)


Slocombe

Un salaud ordinaire
Romain Slocombe poursuit ses enquêtes dans la France de l’occupation. Après « Monsieur le commandant » (2011), voici « L’affaire Léon Sadorski ». Paris, 1942. Léon Sadorski est inspecteur principal adjoint aux renseignements généraux. C’est un fonctionnaire modèle, un mari attentif, il est très attaché à Pétain et totalement antisémite. On va le suivre dans ses relations compliquées avec les Allemands puis dans sa traque des juifs et des résistants. Slocombe, qui est un (…)


Gros

L’ histoire des sœurs ursulines de Loudun, possédées disait-on par le démon et qui dénoncèrent le curé de la cité, le curé Grandier, broyé dans un règlement de comptes politiques qui lui échappa. On est dans le Poitou, au milieu du 17è siècle, au temps de Louis 13 et de Richelieu, tout occupés à imposer la primauté de la monarchie et de l’Etat (raser les châteaux forts, les féodalités et Loudun en est une) et à marginaliser les huguenots, très présents dans la région. Grandier est le (…)


Boris

Ceci n’est pas un polar mais un roman psychologique, un huis clos, dans une voiture de patrouille de police. Trois flics, Virginie, Aristide et Erik, policiers de terrain, doivent conduire un expulsé du centre de rétention de Vincennes à l’aéroport de Roissy. Le roman raconte les quelques heures de ce trajet, de nuit, Paris-Vincennes-Roissy (et retour). Hugo Boris a le sens du portrait. Virginie n’est pas au mieux de sa forme ; des rapports familiaux tendus ; enceinte, elle doit le (…)


Slimani

Leila Slimani Chanson douce Gallimard
Un livre terrible, et glaçant, sur le pire des crimes, le meurtre d’enfants ; un livre sur les nounous d’enfants ; un livre dont on connaît la fin dès les premiers mots : « Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. Le médecin a assuré qu’il n’avait pas souffert. » Mais livre qu’on ne lache pas, pris par une terrible tension.
On est à Paris, aujourd’hui ; un couple de jeunes gens, Myriam et Paul. Lui est musicien, elle est mère au foyer, deux (…)


Llorca

François, le héros, est correcteur dans une revue. Son bureau est dans un open-space, qu’il partage avec la directrice, Reine, une quadra, femme qu’il trouve désirable par ailleurs, et un collègue, Tapoin, qui a le don de lui taper sur les nerfs. Dès les premières lignes du récit, on comprend le problème : François retrouve dans les textes qu’il a pourtant soigneusement corrigés des fautes nouvelles, des coquilles ; et pas n’importe quelle coquille ; par ex coulure est devenu roulure ! satin (…)


Makine

Un court récit qui a tout du roman d’aventures. Sibérie extrême-orientale, 1952. Un prisonnier s’est évadé d’un camp, un groupe de poursuivants le traque, cinq militaires. Outre ces six individus, un autre personnage est la taïga, océan végétal, ondoiement incessant de petites collines, traversé de torrents, territoire inhabité, rude mais vivable pour qui sait y faire. C’est un roman qui sent bon l’humus, la mousse, les champignons. Très vite poursuivi et poursuivants seront en contact, ils (…)


Djavadi

Télescopages
Une jeune femme patiente dans la salle d’attente de l’Hôpital Cochin, au service de Procréation médicalement assistée ; elle patiente et se souvient. De l’histoire de sa famille iranienne sur quatre générations, en commençant par l’incroyable arrière grand père Montazemolmolk, prince aux 52 épouses, perché au fin fond du Mazandaran. Voici les grands parents, et puis les oncles, si nombreux qu’on leur donnait un numéro, et le
Père, Darius Sadr, journaliste, figure de la (…)


Guittaut

Un polar campagnard. Fabrice Remageon est gendarme, major. Personnage ombrageux et fougueux, il est nommé (retrogradé ?) à la tête d’une brigade dans un petit village de Sologne. Retour aux sources pour lui : il est originaire de ce territoire qu’il avait fui, ainsi que sa famille de tarés. Son père était rebouteux, autant dire sorcier ! On disait du géniteur qu’il était « leveur de sorts », et qu’il avait « le sang fort ». Un gendarme, fils de rebouteux ? Bizarre, non ?
Comment Remageon, (…)


Mondoloni

« Fleur de rage » ou Le Roman de mai, chez Arcane 17, est la réédition d’un texte de Jacques Mondoloni, publié en 1995 au Temps des Cerises. C’est la chronique de mai 68 raconté par un galérien du spectacle : l’auteur était alors le responsable son d’une idole des jeunes de l’époque. Entre tournées (chahutées) en province et visites des hauts lieux de la « révolution » ( la Sorbonne, l’Odéon, l’Opéra…), ce texte crépite et swingue comme la chanson de Nougaro, « Mai Paris mai » que l’auteur (…)


Bourdeaut

Un petit miracle : ce premier roman, d’un trentenaire, publié chez un petit éditeur (de Bordeaux), a vite atteint une vente record et se trouve multi-primé. Une histoire parfaite, celle d’une petite famille vraiment pas comme les autres, un trio, père, mère, jeune enfant, qui s’aime très fort ; un couple très amoureux, vivant dans la plus totale fantaisie. On boit un peu et on danse, le plus souvent possible. L’âme du groupe, c’et elle : “ Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la (…)


Poulain

Un roman puissant, étrange, dérangeant. Lili, la narratrice, est une toute jeune française qui a decide d’aller au bout du monde, d’atteindre la “dernière frontière”, l’Alaska ; elle veut se faire embaucher sur un bateau de pêcheurs. C’est son rêve, son obsession. Elle a tout contre elle dans ce monde d’hommes, froid et dangereux mais elle s’accroche et réussit à rejoindre un equipage sur bateau au nom qui lui va bien, Rebel. Elle découvre un monde d’un rare violence, une sorte d’usine (…)


Niel

Ce polar se passe en Guyane française, plus précisément à St Laurent du Maroni, dans une région frontalière avec le Surinam. Un lieu d’échanges et de trafics, de passages et de crimes, où la mémoire de la récente guerre civile (dans le pays voisin) reste vivace. Autant d’ingrédients que Colin Niel utilise pour construire ce roman dont le fil conducteur est une histoire de mules, ces gens qui transportent dans leur corps de la drogue. On va suivre le destin de trois jeunes gens, de trois (…)


Fleutiaux

Ce livre raconte la rencontre d’une parisienne, Anne, et d’une migrante, Destiny. Tout commence dans le métro, la migrante enceinte, semble en difficulté, la parisienne lui offre son bras pour l’accompagner à un centre de santé. Le récit va évoquer les deux années au cours desquelles ces femmes seront appelées à se revoir.
Sur ce sujet, on peut s’attendre à tout, au pire et au meilleur, à l’étalement de bons sentiments faciles, sur un mode convenu ; ou au discours glauque sur l’identité (…)


des Mazery

Paris, 1838. Prison de la petite roquette. Cet établissement est aujourd’hui rasé. On sait un peu qu’il a été une prison de femmes ; ce qu’on sait moins, c’est qu’il fut auparavant un bagne pour enfants. C’est à ces enfants oubliés des Mazery consacre ce roman. Jacques, le héros central, fils de notaire, a été placé là par “correction paternelle” ; il suffisait alors au père de signaler aux autorités un enfant pénible et celui-ci était interné.
Un roman construit sur une forte (…)


Laurrent

À lire autant pour la forme que pour le fond, pour le style que pour l’histoire. On part d’une affiche d’une jeune fille, Nicole, au mur d’une cellule de prison et l’on va décrire l’arbre généalogique de sa famille, un peu genre “Affreux, sales et méchants” d’Etore Scola (1976). A lire donc pour l’écriture ebourifante. C’est un peu
Marcel proust qui raconterait la vie des Tenardier.
Phrases longues, longuissimes, (plusieurs pages parfois) pleines de parentheses, dans lesquelles d’autres (…)


Andras

On est à Alger, en 1956. Fernand Iveton, ouvrier, communiste, partisan de l’indépendance algérienne et rallié au FLN, pose une bombe dans son usine. Elle devait exploser dans un local à l’écart. Pour marquer les esprits, pas les corps. Il est arrêté avant que l’engin n’explose. Coupable donc de la seule intention de sabotage, il est cependant condamné à mort. Il est guillotiné le 11 février 1957. C’est le seul Européen exécuté par la justice de l’Etat français durant cette guerre. Son (…)


Reed

« Bohême, vagabond, aventurier, séducteur, poète, reporter, correspondant de guerre, militant révolutionnaire, auteur de grandes fresques sur les convulsions du XXè siècle naissant, John Reed fut certainement l’un des écrivains les plus prometteurs de son temps » écrivent les éditeurs dans un avant-propos enthousiaste et fort documenté. L’Américain John Reed fut une sorte d’ogre rouge, on pense à ce propos à quelqu’un comme Paul Vaillant-Couturier. De Reed, on connaît assez bien « Dix jours (…)


Message

Le titre est tiré d’un extrait du “discours de la méthode” de Descartes où le philosophe assurait que l’homme allait bientôt devenir le maître et le possesseur de la nature. “La défaîie des maîtres” résonne donc comme un message, écologique. Dans ce roman d’anticipation, le monde est dirigé par une nouvelle espèce venue d’ailleurs, convaincue d’avoir sauvé la planète de la destruction à laquelle la conduisait l’humanité. Et cette espèce, très proche pourtant de la “nôtre", colonise la terre (…)


Sorente

Beau roman qui nous permet à la fois de suivre sur près de trente ans l’amitié, la complicité (et l’incompréhension aussi) entre deux femmes, et de participer à la jubilation de l’auteure en train de construire ses personnages…
L’histoire se passe entre 1988 et 2014. Quand elle commence, Mina, la narratrice, lycéenne surdouée, donne des cours particuliers de maths à Lucie, très jeune fille d’une lumineuse beauté, jamais sûre d’elle et hypersensible. Min est fascinée par Lucie, réservée et (…)


Josse

Le centre de ce roman est le tableau du lorrain Georges de La Tour, Saint Sébastien soigné par Irène (1639). Ce tableau sidère la narratrice qui le découvre au musée de Rouen. Elle y voit une allégorie de sa propre histoire amoureuse, sa passion pour un homme qui la fascina, un homme douloureux, qu’elle tenta d’aider, d’aimer ; elle crut réussir, elle se trompa.
Le roman est un double récit, parallèle : celui de la progressive realisation du tableau (racontée par le peintre lui meme ou son (…)


Ladjali

Un roman militant, et poétique, pour le langage, et contre l’ illettrisme. Léo a vingt ans, il travaille dans une imprimerie et vit du côté de la porte de St Ouen. Léo est beau gosse, il pourrait séduire mais il vit dans une permanente appréhension du monde. Léo a un secret, il est illettré. Comment est ce possible ? Ses parents disparurent de sa vie quand il avait six ans ; il fut élevé par une grand mère aimante mais manipulatirce, qui le tint à distance de ce qui pouvait troubler leur (…)


Picard

Un roman joyeux, traversé de bout en bout par la bonne humeur. Le sage des bois est un jeune homme, en l’occurrence le narrateur, qui dit avoir compris où se trouvent la liberté et l’indépendance : dans une cabane construite au fond des bois, suivant l’enseignement du poète américain Henry David Thoreau.
On voit ici le narrateur préparer sa retraite du monde , tenter l’expérience… et revenir. Toutes ces pages sont d’une
drôlerie délicieuse et philosophique. Ce récit facétieux est une (…)


Trouillot

La chronique d’un quartier populaire de Port-au-Prince, écrite avec malice, vivacité et en totale empathie, à travers le destin de cinq jeunes gens, tous issus de la rue de l’enterrement. L’un d’eux, le petit dernier, tient un journal ; et raconte ce que ces jeunes sont devenus sur 10/15 ans, comment leur idéal commun s’est effrité, comment ils se sont divisés. Le roman tourne autour du Kannjawou, nom d’un bar restaurant dancing (et aussi, dans la langue populaire, synonyme d’une grosse (…)


Vidal

Vers les étoiles
Gilles Vidal tricote dans ce polar une double histoire, celle du californien Harry Pitman, qui se met à la recherche de son père biologique, une quête qui va le conduire jusqu’en Pologne ; et celle de Paul Massat, nouveau responsable du commissariat d’une petite ville des Vosges, Solieu, qui s’intéresse à la mort troublante d’un notable. Les deux récits sont aux antipodes mais ils finiront pourtant par se croiser, dans l’Est de la France ; le dénouement de l’intrigue (…)


Laurens

Un roman gigogne. Dans un premier récit, Claire parle à son psy, à l’HP. Cette quinqua a voulu piéger son amant, trentenaire, en contactant son meilleur ami sur le Net, et en s’inventant une fausse identité, de jeune femme, sur Facebook. Mais l’ami, Chris, se prend au jeu, tombe amoureux de la fausse Claire, veut la recontrer ; elle fuit ; il se suicide ; elle tombe folle. Deuxième récit : le psy de Claire s’explique devant ses pairs ; il donne un texte issu d’un atelier d’écriture à l’HP où (…)


Berest

Un roman féministe, une « fable moderne sur la quête de perfection dans laquelle se perdent les femmes ». La narratrice, photographe, décide de réaliser un recueil de femmes parfaites.
Voici la femme modèle...en dépression ; la sainte...tourmentée ; la séductrice, passionnée des amours saphiques ; « mademoiselle », styliste qui fut call girl ; etc.
Ou de l’alienation des femmes de 2016.
De beaux passages sur l’imaginaire masculin des lectures féminines ; la mode ; l’effacement du travail (…)


Garcin

La vie romancée d’un Américain qui voyagea beaucoup, Jeremiah Reynolds. On est dans la première moitié du 19é siècle. L’homme partage la théorie selon laquelle la terre était creuse, et l’entrée de sous-monde du côté du Pôle sud. Il participe à une expédition vers l’Antartique, frôle le naufrage, vivite le Chili, se met au service des indiens mapuche, s’offre un quasi tour du monde. Puis écrira.
Ses écrits, son expérience influenceront peu ou prou les plus grands romans d’aventure de la (…)


d’Ormesson

Un écrivain au soir de sa vie fait le bilan. L’homme est connu pour sa tendance au narcissisme, à l’autosatisfaction, sa préciosité parfois. Reste que c’est un pan (pas que paon, donc) de la littérature française, un écrivain érudit, charmeur qui a une plume parfaitement classique et très agréable. Un homme qui a tout vu ou presque et qui adore raconter des histoires. Un homme contradictoire : très marqué à droite, il met au panthéon Aragon dont il tire le titre de ce livre. L’ouvrage se (…)


Kernel

On a retrouvé Agatha Christie
Dans la biographie d’Agatha Christie, la reine du crime, il y a un trou, un blanc, une lacune, un manque. Une dizaine de jours, fin 1926, où l’auteure, alors épouse du colonel Christie, disparaît. Elle était là, elle n’est plus là. L’affaire fait du bruit, et les gros titres de la presse. La dame a-t-elle été kidnappée ? Est-ce un tour de passe-passe de son débonnaire Hercule Poirot ? Mystère et boule de gomme. Un jour, la dame réapparait, sans commentaire. (…)


Embareck

Diversier ou fait-diversier : se dit d’un journaliste qui tient la chronique des faits divers. Michel Embareck fut longtemps fait-diversier dans un grand quotidien régional. C’est une position privilégiée pour observer de près les dessous d’une société, le monde des escrocs, des carambouilleurs, des filous, des branquignols, celui de la police aussi, de la magistrature, notamment. Forcément, ça donne des idées. Et l’envie de raconter des histoires. Quant au style d’Embareck, c’est (en gros) (…)


Dessaint

Retour à la nature
Pascal Dessaint est un des (jeunes) grands maîtres de la littérature policière française. Ses récits se caractérisent par des ambiances sombres, une sensualité vive, la parfaite mise en scène de milieux populaires ( ce toulousain est lui-même issu d’une famille ouvrière, nombreuse, de Dunkerque), sa forte sensibilité écologique, son style exigeant. Au fil de son œuvre (Bouche d’ombre, Du bruit sous le silence, Loin des humains…), il collectionne les prix. C’est encore le (…)


Boltanski

L’auteur a trouvé une manière étonnante d’évoquer l’histoire de sa famille, de ses grands-parents et plus exactement encore de sa grand-mère, non pas selon un ordre chronologique ni une galerie de portraits mais en passant en revue les pièces de l’appartement de la rue de Grenelle où ils vivaient.
Le grand-père était toubib à Laennec, la grand-mère auteure sous pseudo. Décrivant avec minutie chaque pièce et espace, le roman fonctionne à l’association d’idées, qui permettra de raconter les (…)


Stibbe

Un court roman sur un crève-coeur : Florange ! Les aciéries de Florange. Comme quoi la littérature peut aborder aussi bien l’histoire des parents de Christine Angot que le destin des mettalurgistes de Moselle. Le titre est inspiré d’un poème de Pablo Neruda : « Nos ennemis peuvent couper toutes les fleurs mais ils ne seront jamais les maîtres du printemps. » Et l’éditeur, en 4 de couv, annonce : un texte magistral qui réjouira les lecteurs de Hugo, de Zola, de Vailland ou d’Aragon. Comment (…)


Fel

Une construction apparemment éclatée, 13 prénoms pour intituler les 13 chapitres, où l’on passe du Kansas à la région d’Annecy en passant par la Californie : on est dans un livre gigogne, où les récits s’emboitent autour d’une figure du mal (et d’un certain Walter). Tout commence dans les années 70 dans une ferme du Kansas où un garçon mettre feu à sa ferme, et à ses parents. C’est ce fils maudit qui, 40 ans plus tard, devenu « self made man », sera le fil rouge des autres nouvelles, sa (…)


Marienske

Clarisse est psy ; elle traite les addictions, comme on dit aujourd’hui, cad les états de dépendance, ces envies répétées et irrepressibles ; il y a des addictions de toute sorte, au travail, au tabac, etc . Clarisse pense qu’au lieu de traiter ces malades séparément, elle pourrait instituer un groupe d’échange où ces gens croiseraient leur expérience. Et découvriraient l’origine commune de leur mal, sans doute une blessure narcissique.
Défilent dans de courts portraits les futurs héros, (…)


Viguier

L’héroïne ( on ne saura jamais son nom ni son prénom), c’est « elle », une très jeune femme quand commence le récit, 22 ans. Charmante, tranquille et vide. La voici stagiaire dans un hypermarché, machine très ordonnée, hierarchisée, codifiée, une grande machine à manipuler et à vendre, et où ve se dérouler toute l’histoire.
Elle va réussir à monter dans la hierarchie, un peu parce qu’elle le veut, un peu par chance. Elle comprend assez les mécanismes du pouvoir, elle est assez maline pour (…)


Frain

Marie Curie, tout le monde connaît. La femme de génie, la mère du radium et de la radioactivité, double prix Nobel, une icône indiscutée et panthéonisée. Tout le monde connaît aussi, peu ou prou, l’image de la dame austère, grave, robe noire et chignon sage, derrière ses éprouvettes : la science incarnée. La réalité est plus riche ; et la manière dont Marie Curie fut traitée, en France, tout un temps, est plus problématique aussi. Veuve de Pierre Curie, elle tomba amoureuse de Paul (…)


Oster

En rentrant chez lui, dans une petite maison de la périphérie de la ville, Simon trouve le cadavre d’un homme. Sa femme, elle, est en train de prendre un bain, mutique. C’est probablement elle qui a poussé l’homme par dessus la balustrade de la mezzanine. La femme se tait puis s’en va. Simon se retrouve seul avec le corps ; il s’inquiète mais ne s’énerve pas. Que faire ? Aller à la police ? Il ne veut pas que sa femme soit inquiétée ; il ne veut pas non plus avoir de problèmes. Il va cacher (…)


Mabanckou

Le récit commence à l’orphelinat de Loanga, Congo-Brazzaville. Petit piment, 13 ans, y a été déposé à la naissance. Adolescent malicieux, il s’affronte volontiers aux jumeaux Songi Songi et Tala Tala. Le directeur, Dieudonné, est un opportuniste, un méchant homme qui case ses proches dans l’administration. Le héros a de bons rapports avec Papa Moupelo, un religieux non conformiste qui lui apprend la morale et … la danse zaïroise. Arrive la révolution. Le directeur monte en grade, Moupelo (…)


de Vigan

Le livre commence par cette phrase : « Quelques mois après la parution de mon dernier roman, j’ai cessé d’écrire. Pendant presque trois années, je n’ai pas écrit une ligne. » Le roman explique ce silence, qui semble provoqué par une rencontre. La narratrice, alors destabilisée, fait en effet la connaissance lors d’une soirée d’une femme brillante, disponible, L.( on ne saura jamais son nom). L. sait tout de la narratrice. Toujours disponible, attentive, intuitive, elle va prendre une place (…)


Monnin

Ce livre est tout à la fois un roman, un album de photos, une enquête et un CD. En 2012, l’auteure achète un lot de 250 photos de famille sur internet. Une famille banale, des photos ordinaires. L’auteure se lance un double défi : inventer une histoire à ces personnages, une fiction ; puis se mettre à leur recherche.
Elle donne vie à une jeune fille, baptisée Laurence qui vit, seule, avec son père ; la mère, ouvrière, est partie avec un bel argentin, horatio ; plus tard, Laurence partira (…)


Mordillat

Le dernier opus de Gérard Mordillat nous parle de « la période dégueulasse que nous vivons », des médias manipulateurs et d’une façon (radicale) de faire taire tous ces gourous qui, à longueur d’antennes, nous donnent des leçons d’austérité (pour les autres, jamais pour eux).
Des anciens d’une équipe de hand, du temps du lycée, se retrouvent, 30 ans après un match qui fut historique. Ces sept quadras sont tous plus ou moins cabossés par la vie, des rebelles, en colère contre la société, et (…)


Collectif d’auteurs

No pasaran
Il y a quarante ans, en novembre 1975, Franco mourait. Le tyran d’Espagne passait l’arme à gauche ( ?) dans son lit. Certes, sur la fin, une armada de toubibs aux ordres veilla à le garder « vivant », le temps que ses proches (la famille, le parti franquiste, l’Eglise, le clan royal…) s’accordent sur l’héritage. Mais le dictateur est mort plutôt peinard. Au chaud. Chez lui. Lui le putschiste, l’assassin de la République, l’ami de Hitler et de Mussolini, lui qui fit bombarder, (…)


Perrignon

Un poète très encadré
Mai 1885 : Victor Hugo se meurt. La famille l’entoure. Le public s’émeut. Les rouges se préparent. Les autorités s’inquiètent. Le souvenir de la Commune et de la semaine sanglante est encore dans toutes les têtes. Et si ses funérailles tournaient à l’émeute ? La foule, immense, océanique, sera au rendez-vous mais la police veillera, la cérémonie sera cadrée et Paris quadrillée. Judith Perrignon a construit son superbe roman notamment à partir des archives de la (…)


Chiarello

Deux femmes dans l’Angleterre de 1947. Fennella est domestique dans une grande maison de l’aristocratie britannique, elle est muette. Jeanette, femme de chambre dans un grand hôtel de Brighton, est une veuve inconsolable. Andrew, son époux adoré, est mort sur le front, en France ; elle est malade de douleur, définitivement fragile. D’un chapitre à l’autre, on passe du point de vue de Fennella à celui de Jeannette. Deux femmes prisonnières d’un rôle, rôle social ou rôle affectif.
Une lettre (…)


Bataille

On est en 1961. Le narrateur est un soldat sanctionné, qui se retrouve au trou. On lui propose d’en sortir s’il accepte de participer à une expérience ultrasecrète. Avec une poignée d’autres militaires sous ses ordres, il va devenir un cobaye humain pour tester les effets de la bombe atomique explosée dans l’atmosphère, à Reggane, dans le sud saharien. Ces hommes sont stationnés dans une tranchée à un kilomètre de l’explosion ; près d’eux, mais en surface, se trouve une petite ménagerie, des (…)


Baqué

Nous sommes dans le cerveau d’un trader. Le titre, la salle, fait référence à la salle des marchés. On pense souvent à Jérôme Kerviel.
L’auteur vouvoie son personnage et, comme dit un critique, ce « vous » « donne un effet de dédoublement qui rend fou ».
Et c’est de folie dont il est question ici. Notre héros n’a le sentiment de vivre pleinement que dans la salle ; ailleurs, il s’ennuie, il décroche. La salle, « c’est l’espace où l’énorme pression du fric permet l’émergence d’architectures (…)


Humbert

Eden utopie Fabrice Humbert Gallimard
Le roman d’une famille française. Le récit débute en 1946, à Clamart. Plusieurs famille du cru, protestantes, rêvent d’un lieu d’échange, de communauté, de partage et construisent l’immeuble dit « La fraternité », ou la Frater pour les intimes, une sorte d’abbaye de Thélème de Rabelais remis au goût de la Libération. Au coeur du roman, deux familles essentiellement, incarnées par deux cousines, Sarah Coutris, et Madeleine Meslé. Deux cousines qui, leur (…)


Didier

Titre énigmatique tiré d’une phrase disant à peu près : tout au long de ma vie, j’ai fait des rencontres d’hommes, de femmes qui m’ont un peu-beaucoup-passionément marquée et qui ont probablement changé mon existence ; oui mais, ces gens-là, « ils ne l’ont jamais su ».
A différents moment d’une vie, des gens comptent sans le savoir : l’idée est stimulante. Autrement dit, à quoi tient un destin ?pourquoi on est ce qu’on est ? Pourquoi on a refusé tel choix à tel moment et qu’est ce qu’on (…)


Bronnec

Un polar à Bercy.
Belle scène d’ouverture : une jeune femme pénètre, tard, dans Bercy ; elle a un passe, elle est de la maison ; elle grimpe au dernier étage, monte sur la plateforme de l’héliport et...se précipite dans la vide, s’écrasant dans la cour de l’Hôtel des ministres ; dans sa main, fermée, elle a gardé une clef.
Bon roman noir sur la guerre que mène le fric contre tout ce qui le contrarie, sa capacité à tout acheter, la soumission du politique, la solidarité de caste des très (…)


Bragance

Un roman de femme sur la question des femmes battues. L’auteure donne la parole, successivement, à deux personnages : Camille, un ado, qui voit défiler les amants de sa mère, tous plus machos et brutaux les uns que les autres ; ulcéré, il se jure de se venger, le prochain, il lui cassera la tête, pense-til ; et Mathilde, la mère, qui travaille dans les milieux littéraires ; Mathilde semble attirée par ses prédateurs, aliénée par des rapports où alternent séduction et violence. Une première (…)


Amand

Ecrire une nouvelle est tout un art ; il faut vite planter le décor, vite caractériser les personnages, vite montrer l’intrigue et susciter l’intérêt…et vite conclure. Patrick Amand, dans son recueil de nouvelles noires « Omaha blues et autres nouvelles » réussit parfaitement l’exercice. La douzaine d’histoires qu’il nous raconte ici autour du débarquement de Normandie sont cruelles, drôles, sanglantes ou nostalgiques. La nouvelle « Obama blues », qui a donné le titre au recueil, est (…)


Loubière

Un road-movie très contemporain où un grand-père, François, et son petit fils, Antoine, que tout oppose, traversent la France dans une antique Volvo. Dans cet aller-retour Paris / Villefranche-de-Rouergue / Paris, à fond la caisse, c’est le cas de le dire, on se dispute beaucoup, on apprend à se connaître, un peu et surtout on découvre une terrible page d’histoire de l’Aveyron : dans la nuit du 16 au 17 septembre 1943, le 13è bataillon SS de la division Handjar se mutine. Il s’agit de jeunes (…)


Ferrat

Pour le cinquième anniversaire de la mort du chanteur, Colette Ferrat consacre à son époux un livre-album intitulé « Jean, un homme qui chante dans mon cœur », aux éditions Michel Lafon. L’ouvrage parle du village ardéchois d’adoption du chanteur, Antraigues, de son art, de ses amis (Gérard Meys, Michel Drucker, Edmonde Charles-Roux…), de sa famille (son père, notamment), de son savoir-faire en cuisine, de sa maladie, de sa correspondance ; il intègre des photos de Jean Ferrat au quotidien, (…)


Fort

Un Ivryen de l’Affiche rouge
L’Affiche rouge fut placardée au plus noir de l’Occupation. Vichy et les nazis, en y exhibant des membres du groupe Manouchian, FTP-MOI ( Francs Tireurs Partisans/ Main d’oeuvre immigrée), jouaient sur un réflexe raciste pour tenter de discréditer la Résistance, qualifiée d’« armée du crime ». Il y avait trois Ivryens parmi les 10 portraits de l’affiche, Witchitz, « juif polonais, 15 attentats » disait le texte, Wajsbrot, « juif polonais, 1 attentat, 3 (…)


Millar

Noir celtique
L’Irlande, on connaît tous un peu, ses monastères, ses légendes, sa musique, sa dette publique ; on connaît moins ses polars et c’est dommage. Ils sont moins à la mode que les romans policiers scandinaves mais ils valent le détour. Comme l’écrit le critique Jean-Marc Laherrère, « ils arrivent à nous faire sourire et espérer en la vie et en l’être humain au moment même où ils nous racontent des horreurs. » A lire notamment Sam Millar. Cet
Irlandais du nord, né en1958, (…)


de St Pern

Karen Blixen est cette baronne danoise qui écrivit, sous le nom d’Isak Dinese, « La ferme africaine », notamment, d’abord publié dans sa version américaine, sous le titre « Out of Africa ». Puis adapté au cinéma en 1984 par Sydney Pollack avec Meryl Streep et Robert Redford. Dominique de St Pern nous propose une biographie romancée de cette grande dame : sa jeunesse, un père mélancolique et suicidé, son mariage à 30 ans avec un baron qui lui lègue un titre et la syphilis , sa vie africaine (…)


Murzeau

Antoine et Mélanie forme un couple de jeunes cadres dynamiques ; le roman leur donne alternativement la parole. Antoine, qui se croyait appelé à de hautes fonctions dans son entreprise, se fait virer, comme un malpropre. Cassé, ravagé de honte, il se terre ; il n’ose pas parler de son drame à ses amis, il se replie sur l’appartement. Neurasthénie, alcool, chute libre. Le couple, qui était déjà en équilibre instable, va souffrir, entre Antoine qui culpabilise et Mélanie qui ne sait jamais (…)


Roux

Le roman de la génération Mitterrand, de 1981 à 2012, à travers quatre portraits, ou plutôt trois itinéraires symboliques, le symbole de la politique, du fric et de l’art, racontés par un quatrième personnage. L’auteur divise son récit en deux grands blocs, les années 81, soit la présidentielle gagnée par Mitterrand et ses suites ; les années 2009 et suivantes, celles de la « crise ».
Voici Benoît, breton, fils de paysans, amateurs de photographies ; Rodolphe, brillant, militant (…)


Pluyette

Ce court roman, original, a l’apparence d’un roman policier : Odile a disparu pendant son jogging ; le policier Rivière soupçonne le mari, Francis, d’autant que le mari passe aux aveux ; il était un rêveur, sa femme trop prosaïque, il l’a tué ! Mais le mari ment (pour d’obscures raisons), l’assassin, le vrai, échappe au châtiment, c’est un certain Legousse, éleveur de porc, un solitaire complètement siphonné, un fermier taiseux qui vit cloitré chez lui avec ses quatre poupées gonflables (…)


Risser

Anna est banquière, quadra décidée, financière méticuleuse ; mariée, deux enfants. Hélène est journaliste, chargée d’écrire la vie d’Anna, femme d’argent exemplaire.
Or Anna ne parle que de sa vie privée, entravée. Hélène lui conseille de prendre un amant. Anna cède et pour ne pas prendre trop de risques, elle va appliquer pour le choix de ses amants les méthodes qu’elle expérimente à la banque pour ses investissements. Elle va mettre en fiche, évaluer, équilibrer… C’est le jeu de l’amour (…)


Menegoz

Un grand roman d’aventures, Prix Interallié mérité, avec lequel on traverse l’Europe centrale, vers 1830 : Alexandre Korvany, aristocrate psycho-rigide, quitte Vienne pour la Transylvanie. Il entend faire revivre le château de famille, terre des ancêtres, au fin fond des Carpathes. Dans ce bout du monde, carrefour de trois empires, l’austro-hongrois, le turc et le russe, cohabitent, plus ou moins bien, des communautés susceptibles. Il suffit de peu pour bousculer le fragile équilibre (…)


Frioux

« Incidents voyageurs » est une forme de roman d’anticipation. Une rame du RER de la ligne EMOI, rame bondée, 2000 personnes, est immobilisée dans un tunnel. Que du banal, dira-t-on ; oui mais ici la rame est arrêtée... depuis deux ans ! Et depuis deux ans, les passagers sont là, debout, attendant. Impossible de sortir, plus de contact avec la surface.
Cette histoire d’apocalypse est racontée par trois narrateurs, qui alternent un chapitre sur l’autre ; ils évoquent leur cauchemar mais (…)


Brocas

La famille Palin se retrouve réunie, dans les Landes, pour le décès d’Alice, l’arrière grand-mère de la narratrice. Il s’agit surtout d’une réunion de femmes, pas d’hommes ou alors si peu présents. Il y a là Sol, Solange, la grand-mère, retaitée énergique, dynamique, assez froide ; Agnès, la mère, archéologue, toujours entre deux missions ; Lia, la fille, la narratrice, 20 ans. Et puis Marie, vieille amie d’Alice.
Quand l’histoire commence, on répète volontiers l’itinéraire d’Alice, épouse (…)


Martin-Chauffier

L’héroïne, Marge, dit « la baronne », anglaise, fait le choix de vivre et de se marier en Bretagne, à l’Ile-aux-moines, dans le golfe du Morbihan, proche de Vannes. Arrivé là sur le bateau de son père, elle découvre un lieu de grande douceur et deux hommes qui l’attirent : Blaise, élégant, discret et son ami Mathias, physique, fonceur. Elle épouse Blaise et vit sous le regard méprisant de la belle-mère. On est en 1939 : la guerre, la défaite, de Gaulle… Blaise part Londres. Elle, l’Anglaise, (…)


Tran Huy

Un hommage de l’auteure à son père à travers l’évocation de voyageurs fameux, voyageurs maladifs ou forcés. Le plus insolite dans cette galerie est un certain Albert Dadas (1860-1907), ouvrier bordelais atteint d’un mal extraordinaire : quand il entendait parler d’une ville, d’un pays, il fallait qu’il s’y rende illico, laissant tout en plan. Il était assez lucide pour réussir son déplacement, assez fou pour oublier pourquoi, comment, avec qui. On dit qu’il était atteint d’une maladie (…)


Coquet

Comment survivre, caissière de grand magasin, au niveau moins 1, quand on a bac +7 ?
L’héroïne, la narratrice, est embauchée dans un grand magasin de l’Ouest parisien cossu ; elle tient la caisse, en sous sol, du rayon des jeux pour enfants ; elle était pourtant devenue experte (sur l’enluminure picarde du 13e siècle) mais cette expertise ne lui servant à rien, la voilà contrainte à un « travail alimentaire ».
Sa vie amoureuse n’est guère plus fournie, comme si précarité sociale et (…)


Lang

L’histoire (courte et dense) commence dans une petite gare du côté d’Orchies, dans le Nord. Le narrateur, Frédéric, est venu chercher du travail comme conducteur d’arracheuse de betteraves. Il porte le même prénom que son oncle, artiste jazz, et comme lui, il rêve de devenir saxophoniste. Il trimballe d’ailleurs son instrument mais « principe de réalité oblige », pour l’heure le voilà plongé dans les terres grasses du Nord, influencé aussi par un couple envahissant, Therese et Lucien, qui (…)


Divry

Revoilà Madame Bovary, modèle 2014. L’héroïne n’est nommée que par ses initiales, M.A. (=Emma...). Cette dame âgée, qui se souvient et passe en revue son existence, l’auteure la tutoie ( « Tu t’ennuyais beaucoup quand tu étais petite »). Le récit est chronologique. Une première partie évoque l’enfance, la jeunesse, jusqu’au mariage. M.A. est née au milieu des années 50, famille modeste ;enfance normale, plutôt solitaire. Dans la deuxième partie, voici le mari, le pavillon, les objets. Autant (…)


Blas de Roblès

Un récit où alterne, d’un chapitre sur l’autre : *une saga, sous forme de poursuite où l’on fait un véritable tour du monde à la recherche d’un bijou volé et de son voleur, des côtes bretonnes, à l’Angleterre, à Moscou, puis sur le transsibérien vers Pékin, et de là dans une montgolfière jusqu’en Australie, puis un bateau vers un lieu improbable, le point némo et son île qui n’existe probablement pas... *la vie d’une usine de montage de liseuses numériques, ici et maintenant, usine du (…)


Bosc

Octobre 1949, un Constellation d’Air France quitte Le Bourget avec à son bord, notamment, le boxeur Marcel Cerdan, pressé par Edith Piaf de la rejoindre à New York. Quelques heures plus tard, le Constellation s’écrase sur une des îles des Açores. Il n’y a pas de survivant. L’accident est devenu un mythe, un peu comme le naufrage du Titanic ou l’incendie du zeppelin Hindenburg. Il faut avoir le culot d’une jeune romancier, et une sorte de regard d’enfant, pour s’attaquer à un tel sujet. Bosc (…)


Abécassis

On est en 1938, à Vienne. L’Autriche est annexée, la ville est en voie de nazification, et la famille Freud est sous pression. Le patriarche Sigmund a conseillé aux siens de s’expatrier, lui reste, avec sa garde rapprochée, sa fille, sa femme. Il faudra notamment l’intervention pressante de Marie Bonaparte, analysée et futur analyste, pour pousser le père de la psychanalyse à fuir à son tour. Si Freud s’attarde, c’est notamment parce qu’il veut récupérer un lot de lettres adressées, jadis, à (…)


Mathieu

Excellent roman policier pour son ancrage dans le territoire des Vosges ( il y a là des pages sublimes sur les Vosges l’hiver, région qui a déjà un grand ancien, Pierre Pelot) ; pour son propos social ( c’est histoire d’un plan social, comme on dit, euphémisme pour parler de liquidation d’entreprise) ; pour la mise en scène, polyphonique, des différents héros, Martel, le syndicaliste, battant mais qui s’est mis dans une sale embrouille ; Rita, inspectrice du travail, redoutée des patrons (…)


Brisac

Un beau roman sur les années 70, décennie de colère et de révolte. Les héroïnes sont deux sœurs, Anna et Molly (et accessoirement leur mère, Mélini). Le récit fonctionne sur deux temps : aujourd’hui et les années 70, dans une sorte de va-et-vient que permet la consultation d’anciens carnets intimes. Aujourd’hui,donc, Anna est écrivaine, un peu perdue et beaucoup oubliée, elle a eu son heure de gloire, elle est en panne, hébergée chez sa sœur Molly, médecin dans un centre de santé. Anna et (…)


Delteil

Un peu à la manière de James Ellroy qui nous racontait, sur un mode policier, des pans entiers de l’histoire contemporaine américaine, Gérard Delteil, dans « Les années rouge et noir », évoque toute une séquence de l’histoire française, de 1942 à 1978. L’Occupation, la Résistance puis les « Trente Glorieuses » sont ici traitées sous la forme d’un thriller politique, à travers quelques personnages récurrents qui vont traverser toute cette saga, Anne Laborde, une gaulliste qui fera carrière, (…)


Bron

« L’idéologie du chiffre avant tout avait tracé son chemin silencieusement, de mois en mois, sans aucune réaction visible. Et tout d’un coup... » Le roman noir d’Alain Bron, dont est extraite cette citation, s’intitule « Vingt-sixième étage ». C’est l’étage de la direction, de l’encadrement, des chefs d’une puissante firme multinationale installée à la Défense. Un plan social vient d’être décidé alors que l’entreprise prospère. Bron nous fait vivre ce drame à hauteur de cadres, notamment de (…)


Le Corre

« Après la guerre, parfois la guerre continue » écrit ( page 475) Hervé Le Corre dans ce magistral opus noir, qui a obtenu Prix « Le point » du polar européen 2014. On est à Bordeaux à la fin des années cinquante. Deux histoires s’y croisent. Celle de Jean, le père, graine de voyou avant guerre (la seconde), déporté, puis oublieux des siens jusqu’à ce qu’il se décide à revenir au pays, pour régler quelques comptes. Et celle de Daniel, le fils, orphelin de fait, jeune mécano appelé à (…)


Lorrain

On est en 1949. Le cinéaste Roberto Rossellini tourne un film sur les flancs du volcan Stromboli avec l’actrice Ingrid Bergman, ils sont amants. Rosselini sort d’une fougeuse passion avec Anna Magnani, troisième personnage du livre. Trois personnages puissants : Rosselini, génial et manipulateur, extravagant, inspiré, improvisant en permanence, séducteur,menteur, ambigu ; il fricota avec les fascistes sous Mussolini, il réalisera le premier grand film antifasciste de l’après guerre, Rome (…)


Richard

Le récit de vacances en famille à l’Ile de Ré, le voyage, l’arrivée, l’installation, le séjour, le retour, évoqué, en alternance, par un narrateur extérieur et une jeune adolescente.
Cet été là, l’héroïne ne pense qu’à ça, approcher les garçons, oser les regarder, les contacter, les frôler, les embrasser ; mais cette approche lui semble une aventure terriblement compliquée, voire mission impossible. Belle mise en mots de l’adolescence, de son hyper sensibilité, de sa susceptibilité, de (…)


Collette

Malo, le grand frère, impulsif, et Camille, la sœur cadette, plus intello, vont faire les vendanges en Champagne. La petite communauté des vendangeurs se retrouve dans un domaine dirigé par un étrange duo, Octave et Andreas ; les deux sont mal remis d’un accident de la route (qui ouvre le roman) au cours duquel la jeune femme d’Andreas meurt. Octave, couturé de partout, marche avec une canne, sort peu, délègue tout à son gérant, Lubin ; quant à Andréas, il n’a plus jamais quitté sa chambre, (…)


Paris

Victor, du haut de ses neuf ans, le héros, narrateur, raconte ses souvenirs d’un été riche en rencontres, ses vacances du côté de Roquebrune-Cap Martin, une commune des Alpes maritimes, près de Monaco, un superbe balcon (blanc) sur la mer (bleue). Quand commencent ses vacances, Victor est avec sa grande sœur et ses deux mamans, Claire, libraire, et sa compagne Pilar, argentine, peintre. Le papa, photographe, est resté à Paris ; la maison méditerranéenne, pourtant, est à lui mais il la fuit (…)


Ruben

Un roman élégant, mystérieux, désinvolte et dramatique à la fois, qui participe de cette envie du « grand Nord » très forte dans la littérature aujourd’hui. Nous voici dans une région un peu en marge, les pays baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie) transformés pour les besoins du récit en un pays imaginaire, la Grande Baronnie. Le héros-narrateur, 24-25 ans, grand voyageur, volontaire international, se retrouve affecté pour un an dans une petite ambassade française en pays balte, donc. (…)


Markaris

Ce polar s’ouvre sur une citation de Brecht (dans L’Opéra de quat’sous) : « Qui est le plus grand criminel : celui qui vole une banque ou celui qui en fonde une ? » Nous voilà mis en appétit. « Liquidations à la grecque » est un roman policier bien branché sur la vie, la crise, la corruption des uns, la souffrance des autres, dans la grande tradition (européenne) du néo-polar ( Montalban, Mankel, Daeninckx…).
On retrouve, décapités, aux quatre coins d’Athènes, l’ancien patron de la Banque (…)


Eschenbrenner

Un roman composé de courtes scènes sur le New York des années 80, quartier de Spanih Harlem. L’héroïne, Corinne, jeune française, raconte son existence : Spike, son amant rocker, Brad, le co-localaire, son travail comme serveuse de restaurant puis conseillère dans une agence de voyage. Des scènes de la vie quotidienne, au boulot, au pajot, dans le métro, la rue, la laverie, dans des soirées ; des personnages défilent, les dialogues sont vifs. Le texte est rapide, sec, efficace, écrit à (…)


Audin

Contraintes et écriture
« Cent vingt et un jours » de Michèle Audin est un peu une histoire des Mathématiques au cours du siècle dernier, par le biais des destins entrecroisés de trois mathématiciens, Mortfraus, Gorenstein et Silberberg. L’un collaborera avec l’occupant nazi, l’autre sera durablement interné dans un asile psychiatrique (à St Maurice), le dernier sera déporté. Roman épatant pour ces personnages-là. Et bluffant pour sa forme : l’auteur change de genre à chaque chapitre, il y (…)


Lafon (2)

Epatant roman sur Nadia Comanecci, gymnaste roumaine qui triompha aux JO de Montréal de1976. A ces jeux, la prestation parfaite de cette petite fée bouleversa la planète. Elle exécutait avec une grâce souveraine et un sérieux total ses gestes à la poutre, aux barres parallèles, au sol... Avec Lola Lafon, on retrouve l’enfance de Comanecci, son rapport d’obéissance avec l’entraîneur, son existence de bosseuse, d’ascete, de taiseuse, totalement prise par son art. L’élégance de l’écriture de (…)


Alard

Ce prix Interalliés traite de la passion amoureuse, de couple en difficulté, d’adultère et de femme trompée. C’est l’histoire de Juliette et d’Olivier ; parisiens, ils ont acheté dans le 19e, du côté de Stalingrad, du temps où c’était encore possible pour un couple « moyen » ; ils sont ensemble depuis une dizaine d’années, deux enfants ; elle est cadre (scientifique), il est journaliste ( à Libération ?). Un jour, on est 2003 ( année de l’affaire Cantat qui sert de toile de fond), Olivier (…)


Puertolas

Roman au titre étonnant, chez un éditeur quasi-inconnu imprimé en gros caractères, et qui a le culot d’utiliser une marque en vogue, un roman sans com, sans critique, qui a fait, l’ hiver dernier, son chemin jusqu’à figurer dans certains sélections de prix ; il s’est très bien vendu et a été traduit dans quantité de pays. Un peitit miracle comme on en croise de temps en temps dans l’univers de l’édition. C’est une farce qui raconte les aventures du fakir AJATASHATRU, venu d’Inde à Paris pour (…)


Zalberg

Un père s’adresse à sa fille, Adama, qui passe sa première nuit en prison : elle a mis le feu à un immeuble de la cité dans laquelle ils vivent, en exil. Ce feu répond, en quelque sorte, à un autre feu : ces deux-là en effet sont partis d’Afrique – le Rwanda ?- suite à l’incendie de leur village par une bande armée ; le père raconte ce saccage, la fuite avec le bébé, la survie, la traversée de la mer, Lampedusa...Ils arrivent en Europe mais l’Europe de leurs rêves ne tient pas ses promesses (…)


Grainville

Les aventures du peintre George Catlin, entre Missouri et Mississipi, aux alentours de 1830. Fasciné par la civilisation indienne, Catlin décide d’immortaliser sur ses toiles les tribus sioux dont il pressent la fin imminente.
Catlin quitte tout pour crapahuter, de tribu en tribu, dans la vaste plaine ; il peint, il écrit, il recueille les objets avec le désir de créer un musée de l’indien ; plus tard il se rendra en Europe pour exhiber ses collections qui feront l’admiration, à Paris, de (…)


Quiriny

Le village de Chatillon est une bourgade active, entre Morvan et Auvergne, plaisante et ordinaire. Un jour, une nuit plutôt, de septembre 2012, le village se retrouve isolé du monde. Impossible d’en sortir ni d’y entrer. Plus de réseaux non plus avec le reste du monde ! On ne sort plus du village, on n’y entre plus non plus.
Après de premières heures de désarroi et de panique, les autorités, le maire, le gendarme, assument. Les problèmes s’accumulent : quel approvisionnement ? Quel (…)


Colin

Dans « Ta mort sera la mienne » de Fabrice Colin, trois personnages interviennent alternativement : Karen, faussement baba, mystique sur les bords, et qui fut une victime consentante d’une secte redoutable ; Troy, jeune garçon totalement fracassé de l’intérieur, esclavagisé dans sa petite enfance et qui a une sacrée revanche à prendre sur le monde ; et Donald, flic au physique de phoque, dont le bourdon est aussi massif que le tour de taille. Ces trois-là, qu’un lien atroce unit, vont se (…)


Giebel (2)

Thriller, nom masculin, vient de l’anglais, dit Le Larousse. Origine : vers 1927. Signifie : qui effraie. Désigna d’abord un genre cinématographique puis littéraire. Karine Giebel est une reine du thriller à la française et manipule avec talent crimes parfaits et meurtres gratuits. Cette « sudiste » fut deux fois lauréate du prix marseillais du Polar : en 2005 pour « Terminus Elicius » et en 2012 pour « Juste une ombre », également primé à Cognac. Son troisième roman « Les morsures de (…)


Truc

Ce roman récolte tous les prix polars, ces derniers temps : Prix Quais du polar, Prix Mystère de la critique, Prix du salon de Montigny. Le succès de « Le dernier lapon » d’Olivier Truc est en partie lié à la vague scandinave des romans policiers, mais en partie seulement. Son histoire, écrite par le correspondant français du Monde à Stockholm, est profondément originale. Un éleveur de rennes a été assassiné, ses oreilles coupées. La « police des rennes », qui existe bel et bien, mène (…)


Finnegan

Jamais trop tard pour bien faire : je découvre Robert Finnegan (pseudo de W.R. Ryan), auteur américain de polars, mort d’un cancer foudroyant en 1947, il avait à peine 40 ans. Un auteur engagé, militant du PC américain, chroniqueur pour le mouvement syndical. Dans "Tu mens, Beth !" (titre original "Femmes menteuses"), un vagabond (Finnegan le fut du temps de la crise de 1929) est accusé, par mépris de classe en fait, d’un meurtre. Dan Banion, journaliste sagace, mène l’enquête. (…)


Minard

Au début ,on est dans un grand espace vide, l’immense plaine de l’ouest américain ; apparaissent des personnages ou des groupes, isolés, dans des chapitres courts, comme de brefs tableaux. On saute de l’un à l’autre, on suit leur itinéraire singulier, leurs aventures. Et puis on se demande : vont-ils se rencontrer ? Oui, car voici la ville en gestation qui les attire tous. Pour l’heure, c’est surtout une ville de tentes avec quelques bâtiments en dur (le bar qui fait bordel). Et nos (…)


Seksik

Cette biographie romancée du fils cadet d’Einstein, Eduard, s’ouvre à la clinique Burghôlzli, un hopital psychiatrique de Zurich, en 1930 . Mileva Einstein y laisse son fils de 20 ans ; il va y passer la majeure partie de sa vie ; atteint de schizophrénie, disent les toubibs, un fou comme on dit. Puis le livre donne la parole aux trois personnages, le fils, Eduard, la mère, Mileva, le père, Albert. Eduard est révolté, enfermé dans son incompréhension du monde, sa haine, sa souffrance et (…)


Bonnie

Un roman sur le corps des femme à partir d’une double histoire, celle d’une (jeune) danseuse de cabaret qui s’épanouit en se dévoilant et celle d’une aide puéricultrice (quadra) qui assiste des femmes venant d’accoucher, le plus souvent dans des conditions difficiles. Double histoire pour une seule et même personne, Béatrice. D’un chapitre sur l’autre alternent des témoignages poignants sur la maternité (l’institution) et des séquences infiniment nostalgiques sur la vie d’une troupe de (…)


Reverdy

Kaze, employé japonais modèle, quinqua, décide de quitter les siens, pour les protéger en fait de représailles de la mafia ; il « s’évapore » dans la nuit de Tokyo, s’emploie avec méthode à changer d’identité, de vie sociale, s’installe comme récupérateur d’ordures ( ou d’encombrants) ; croise et emploie le jeune Akainu, un sans abri.
Yukiko, la fille de Kaze, vit aux USA quand elle apprend la disparition de son père et retourne au pays, accompagné de son ex amant Richard, un privé (…)


de Recondo

On est en 1505 à Carrare, Toscane. Michel Ange vient chercher là les blocs de marbre les plus parfaits possibles pour réaliser son œuvre magistrale, le futur tombeau du pape Jules 2 dont on vient de lui passer commande. Michel Ange a 30 ans ; il est fameux puisqu’il a déjà réalisé ces chefs d’oeuvre que sont La pieta et David. C’est un homme plein d’orgueil, irascible, colérique, misanthrope que l’on trouve en ce début de récit. Il balance entre la hantise de la mort et des joies violentes. (…)


Haenel

Vivement la révolution, vive le Paris de la Commune, vive les sans-papiers et les anonymous, acteurs de l’insurrection à venir, en train de venir ! Tels pourraient être les messages de ce roman-poème de Yannick Haenel. Dans une première partie - on est le soir du deuxième tour de la présidentielle 2007 -, Jean Deichel, chômeur, 43 ans, vient de se faire expulser de son logement ; il perd ses droits au chomage. En fait, il rompt avec le monde. Fini Pole emploi, fini le travail, fini le vote. (…)


Le roman noir de 14/18

Bien avant le dernier Goncourt (« Au revoir là-haut » de Pierre Lemaître, voir la chronique de novembre), le polar s’est occupé de la Grande guerre. Evidemment à sa manière, plutôt irrévérencieuse, et pacifiste sur les bords. On citera ici par exemple « Ras le casque » ou « L’Unijambiste de la cote 284 » de Pierre Siniac, « Le boucher des Hurlus » de Jean Amila, « Le Der des ders » de Didier Daeninckx, « La vigie » de Thierry Jonquet (une nouvelle), « Un long dimanche de fiançailles » de (…)


Garcia

Le récit met en scène un trio, Madeleine, Faber et Basile qui se sont connus sur les bancs de l’école de Mornay ( ville imaginaire, symbolique de la province) à la fin des années 80. Faber ( du nom de ses premiers parents adoptifs, en fait il est d’origine algérienne et se prénomme Mehdi) est beau, brillant, intelligent, manipulateur ; Madeleine la rebelle est conquise ; Basile, incertain, suit le mouvement. Cette inséparable troïka va vivre intensément le mouvement social de 1995, leur mai (…)


Coulon

1075 est un jeune flic chargé du contrôle social de ses concitoyens dans un pays innommé, dirigé par un tyran dit « Le grand ». 1075, sans nom ni prénom, fait partie d’une certaine élite, proche du pouvoir, bien payée, nourrie-logée mais elle aussi surveillée par des super-contrôleurs. 1075 vient de loin, de paysans pauvres ; pour accéder à son poste, il a du suivre un entraînement redoutable et surtout être analphabète. Car les gens en charge de la sécurité ne doivent pas savoir lire ; le (…)


Rolin

Une plongée dans la fournaise du golfe persique ou du golfe arabo-persique ou du golfe arabique ou tout simplement du golfe (depuis la fameuse guerre du même nom), bordée par l’Iran, l’Irak, le Koweit, les émirats, le Qatar, le Barhein, Oman, Dubai, des noms devenus familiers et étranges pourtant. A mi parcours, le golfe se rétrécit (ou s’étrangle) : c’est le détroit d’Ormuz. Wax, héros du récit, est un personnage fantasque, dandy, espion peut être ; il veut traverser le détroit à la nage (…)


Miano

On est en Afrique occidentale, à l’intérieur des terres, chez les Mulongo, une communauté paisible, isolée et solidaire, au 17e siècle. Or les tranquilles Mulongo viennent de connaître une nuit d’enfer, un grand incendie a ravagé les maisons et 12 hommes ont disparus. Cette disparition est un mystère. On va culpabiliser les mères, les mettre en quarantaine dans une maison retirée. C’est de leur faute ? Ce sont sorcières ? Pourtant l’explication ne tient pas ; elle est peut être qu’extérieure (…)


Gunzig

Le plus loufoque des romans de la rentrée 2013, une sorte de pamphlet, à la mode surréaliste – et belge, contre la société de consommation et la marchandisation ambiante. Un scénario noir qui n’en finit pas de tourner autour d’un centre commercial : une manipulation de DRH contre une caissière tourne au vinaigre et déclenche une course poursuite entre quatre loubards ( des loups, de fait !) et des commerciaux dépassés.
Où l’on décortique, sur un ton polar, les mécanismes de la grande (…)


Lemaître

Novembre 1918.L’armistice approche. Le front se calme. Mais le fringant lieutenant Henri d’Aulnay-Pradelle veut à tout prix lancer une dernière offensive. Pour la gloire, pour sa gloire. Deux de ses hommes, Albert Maillard, timoré mais tenace, et Edouard Péricourt, gosse de riche et âme d’artiste, vont ce jour-là frôler de très près la mort et sortir cassés de l’enfer. Le hasard faisant bien les choses, ces trois-là, revenus à la vie civile, comme on dit, vont se recroiser, en 1919/1920, (…)


Garde

Philippe Zafar est « curateur aux documents privés », soit archiviste des familles ; il s’occupe de la succession de son client 106, Thomas Colbert, un patron du commerce maritime. L’archiviste tombe sur un curieux manuscrit, écrit à la première personne, où il est dit qu’un matelot jeune
et vigoureux a été chargé d’inséminer, sous contrôle médical, une femme
masquée ; pour l’acte, il a touché trois couronnes d’or. C’est quoi ce texte ? Une fiction ? une confession masquée ? Zafar (…)


Goby

Après « L’espèce humaine » de Robert Antelme, après Primo Levy, après Jorge Semprun, un grand livre sur les camps. Un sujet à reprendre sans cesse car, comme disait Gide, « Tout a déjà été dit mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer ». Un livre de femme sur un camp de femmes, Ravensbruck, littéralement le pont des corbeaux. Valentine Goby a le mot juste, direct, efficace, pour parler de l’enfer, des corps en enfer. Voici l’histoire de Mila, très jeune parisienne qui (…)


Astier

Paris noir
Un flic et un braqueur prennent tour à tour la parole au fil des chapitres de ce roman très parisien : l’essentiel de l’action se situe entre le quartier Stalingrad (19è) et Aubervilliers, avec des échappées du côté de la Seine. Les plans d’Aubervilliers et des ponts de Paris figurent d’ailleurs en tête du roman, un peu comme les schémas des maisons du crime dans les anciens Agatha Christie. Un polar très pointilleux sur le mode opératoire des voyous, et sur la procédure (…)


Peyrebonne

Un petit livre étonnant, drôle, culotté, une sorte d’éloge de la paresse, en complet décalage avec un air du temps stressant, productif, managé, organisé, rentable, efficace. Avec des personnages qui sortent de leur routine, qui ne jouent plus le jeu social attendu d’eux, qui goûtent une liberté nouvelle. On est dans un pays où tout tourne de travers, tout déraille, comme si une épidémie de langueur, de faiblesse, une gigantesque panne le traversait, un pays traversé par une révolte douce, (…)


Garcin

Le narrateur, un certain Louis Gémon, double de l’auteur, se retrouve dans les tranchées lors du deuxième semestre 1914 ; il se lie d’amitié avec le poète bordelais Jean de la Ville de Mirmont. Si Gémon est un personnage fictif, le poète a bel et bien existé. Avant d’être pulvérisé par un obus allemand. Gémon va passer le reste de sa vie à oeuvrer pour qu’on connaisse et reconnaisse l’oeuvre balbutiante de son ami mort.
Un récit sur 1914/1918 (dont le centenaire devrait être l’occasion (…)


Le Callet

L’auteure est partie de l’idée de faire vivre, revivre des inscriptions funéraires ; elle explique en fin d’ouvrage qu’un jour, au musée archéologique de Lyon, elle est tombée sur une longue inscription, du 2e siècle, d’un certain Pompeius Catussa terrassé de douleurs pour la perte d’une « épouse incomparable », morte à 18 ans. Cette déclaration d’amour vieille de près de 2000 ans l’a poussée à redonner vie aux personnages de deux amants dans une des dix nouvelles. Les autres textes évoquent (…)


Blanc

Un auteur qui mérité d’être connu pour son style, son imaginaire, son humour. Ce roman, sous l’apparence d’une très sérieuse monographie historique, est une pure fantaisie de 450 pages. Blanc y narre l’histoire d’une dynastie d’industriels sur quatre générations sur fond d’histoire de France, quatre figures de patrons, les Le Briet, le paternaliste, l’organisateur, le gestionnaire à l’américaine, le spéculateur (et bien sûr, puisque patron il y a, il y a aussi les salariés, les syndicats, (…)


Zeniter

À travers le personnage d’Imre Mandy, son histoire et celle de sa famille, ces 50 dernières années, une fresque bouleversante, et d’une grande liberté de ton, sur la Hongrie contemporaine. Imre Mandy est un jeune homme en 1989 quand tombe le « rideau de fer » ; il appartient à une longue lignée d’Imre Mandy, puisque, de génération en génération, on porte le même prénom dans cette tribu (sauf le père du héros, né en 44 : Pal). Les Mandy vivent dans une maison de bois en plein Budapest, plutôt (…)


Sard

Le long des voies du RER, direction Versailles, un camp de fortune abrite une demi douzaine de SDF : Capo, le boss, alcoolo à ses heures, Krishna, le lunaire, Boc, le cuistot du collectif, Boop, la teigne, Môme, qui perd la tête. Cette phalange survit, elle dure et c’est déjà pas mal. Jusqu’au jour où Luigi, sorti de prison, il y payait un meurtre improbable, réintègre le groupe. Trois assassinats de femmes interviennent sur la voie ferrée proche. Du grand spectacle : les femmes sont (…)


Ledun

Le management qui tue
Carole est médecin du travail. Elle sait tout de la vie du centre d’appels de Valence où elle est salariée depuis longtemps : surexploitation, course à la rentabilité, stress, gestion à la menace, poids de la hiérarchie… Avec son cortège de lassitudes, de souffrances, de dépressions, de suicides. Quand elle comprend qu’elle est devenue un pion de ce management qui tue, elle décide de régler ses comptes. D’une étrange manière. « Personne ne croit ce genre d’histoires (…)


Hein

Très beau portrait de femme. Et remarquable plongée dans l’histoire de la RDA. Paula veut devenir peintre et montre pour cela une détermination féroce ; contre l’avis des siens, elle fera les Beaux arts, puis assurera (durement) sa carrière. Le décor politique est très distant, Paula semble indifférente à la vie publique, obstinée à construire sa vie de femme libre.
Trois thèmes omniprésents dans ce superbe roman : le poids de la famille (un père tyran, une mère malheureuse et alcoolo, une (…)


Neuhaus

Le récit se passe sur une dizaine de jours, en novembre, un novembre froid, pluvieux, déprimant, dans un village des environs de Francfort. Tobias revient au pays après 10 ans de prison. Il a été accusé du meurtre de deux jeunes filles ; lui dit ne se souvenir de rien. Le retour est rude : sa famille a été spoliée, humiliée, le village lui est hostile, tout lui fait guerre, tout est cachotteries et secrets. Comme si sa réapparition dérangeait tout un équilibre social, comme si tout un (…)


von Schirach

Un recueil de nouvelles noires. Le narrateur est souvent un avocat qui hérite de dossiers chauds. La nouvelle commence en douceur, puis une petite musique s’installe pour nous prévenir que l’affaire n’est pas banale et on en prend plein la vue au moment de la chute !
La nouvelle peut être diabolique, elle peut être loufoque comme « La clé » : le héros est un malfrat qui semble limité du bocal ; son compère et chef, qui doit s’absenter, lui a confié une tâche précise et limitée, rester (…)


Kehlman

Le roman débute en 1828, à Berlin : Gauss, surnommé le prince des mathématiciens, rencontre Humboldt, explorateur, géographe, naturaliste. Deux génies, génie du chiffre pour l’un, de la découverte pour l’autre, deux savants un peu lunaires, deux énergies dont la vie est une lutte contre tous les obscurantismes ; mais deux individus très dissemblables, deux tempéraments : Gauss eut une enfance pauvre, il tire toujours le diable par la queue, il est surdoué, bougon et séducteur. Le comte (…)


Wolf

Christa Wolf (1929- 2011) est une grande dame de la littérature allemande. Elle a 15 ans à la fin de la guerre, emplie de culpabilité pour ce qu’avaient fait l’Allemagne. Elle réside en zone soviétique qui deviendra la RDA, où elle veut voir l’espoir d’une autre Allemagne. Premier texte en 1963, « Le ciel partagé ». Une production considérable, qui tourne beaucoup auteur de la femme, de l’héroïsme féminin, sous forme de récit contemporain, ou de mythes antiques revisités. A partir de 1968, (…)


Ferey

« On peut dire ce qu’on veut du génie humain, à force de gratifier les mâles dominants, les forts en fer, les mangeurs d’os, de laisser les vainqueurs écrire l’histoire et les marchands s’emparer du vivant avec une marge de quinze pour cent pour les actionnaires, le résultat n’est pas bien marrant. » Ainsi commence « Petit éloge de l’excès », un court recueil de textes où l’auteur s’en prend à « la barbarie banalisée ». Caryl Férey que le Parisien qualifiait récemment de « roi du polar (…)


Zeh

Le livre s’ouvre et se ferme sur les commentaires perplexes d’une juge confrontée à un procès hors norme. Dans un lycée privé de Bonn, voici Ada, 15 ans, érudite, violente, un bloc de rage, Alev, 18ans, grand manipulateur, tous deux surdoués, amoraux, et Smutek, leur prof d’allemand, polonais assez fraîchement installé à l’ouest. Il est aussi limpide qu’ils sont pervers. Les jeunes gens attirent, par jeu, leur maître dans un piège : Ada séduit Smutek, Alev filme leurs ébats et ils se (…)


Bonnot

Xavier-Marie Bonnot, qui publie dans la prestigieuse collection Actes noires ( d’Actes Sud), est un auteur de polar remarqué, à l’imaginaire puissant et à l’âme généreuse. Son personnage de flic, Michel de Palma, dit le Baron, marseillais comme l’auteur, flic idéaliste et amateur d’opéra, s’attaque d’ordinaire à des enquêtes haut de gamme. Dans un précédent opus, « Le pays oublié du temps », on suivait le dit Baron en Papouasie-Nouvelle Guinée mais les pistes conduisaient aussi du côté de (…)


Nimier (2)

Je suis un homme dit le personnage principal, Alexis Leriche, un macho ordinaire, la preuve regardez moi faire. Je suis un homme dit Marie Nimier, je me suis amusée à entrer dans la peau d’un homme, regardez moi ce mâle comme on en voit tant, drôle de bête non ?
Alexis leriche est fils de boucher ; cette origine le hante,il en ressent une vive humiliation sociale ; son père (une brute avec une voix de miel, dit-il) avait un côté hâbleur (le genre à dire bien haut : nous, on est pas des (…)


Reza

Ceci est un roman, une histoire de groupe contrairement à l’impression que donne d’abord sa construction ; les critiques disent volontiers « un choeur ». Le livre se présente comme une vingtaine de portraits-témoignages d’autant de personnages qui tous disent « je », une vingtaine de voix et de chapitres autonomes. Mais on comprend vite que tous ces gens sont liés, d’une manière ou d’une autre, ils ont tous des « relations » : de couples, ou de famille, ou d’amis, ou de connaissances, ou (…)


Larnaudie

Muller est une plume, la plume d¹un homme politique ; il était payé pour écrire ses discours ; quand le ministre a chuté, Muller a été viré. Il a quitté la ville et s¹est installé à la campagne, une maison dans un coin perdu à retaper ; depuis, il rêve d¹écrire LE discours politique modèle (dans la filiation d’un Cicéron, d’un Aristote), un discours qui le vengera, qui sera sa gloire. Au fond de son jardin, il y a un aqueduc romain, un monument de haute taille, vestige d’une civilisation (…)


Petersen

Gary Montaigu est un écrivain en vue ; il vient de recevoir à New York un prix prestigieux et il est approché par un producteur d’une émission de télé-réalité qui s’intitule « un écrivain, un vrai » ; l’émission consiste à filmer 24h sur 24 un auteur, une des caméras va le traquer à sa table de travail ; chaque jour les internautes devenus des télélecteurs vont se prononcer sur les pages qu’il vient de noircir en votant « j’aime, jepartage » car le livre devient un roman participatif. Le (…)


Dicker

Marc est un jeune auteur à succès, son premier livre a été un triomphe, il peine sur le second ; alors il se tourne vers son ancien maître de l’université, Harry (Québert), trouve refuge dans sa somptueuse villa (du côté de Boston, côte Est). Coup de théâtre : on retrouve dans le jardin de la villa le squelette d’une femme, probablement là depuis plusieurs dizaines d’années. Le récit se construit sur deux plans : 2008, avec Marc plongé dans une enquête sans le vouloir, cherchant à sauver (…)


Assouline

Rien d’un James Bond
« Question d’orgueil » brosse le portrait d’un haut fonctionnaire français qui travailla vingt ans, de 1944 à 1963, pour le KGB : Georges Pâques. Membre de cabinets ministériels, cet employé modèle monte en grade, passe à la Défense nationale puis à l’Otan. Il n’a rien d’un James Bond mais tout d’un personnage de Sempé, plutôt rond, costume gris trois pièces, aux habitudes installées ; il n’espionne pas par idéologie ni pour l’argent ; par antiaméricanisme sans doute, (…)


Duroy

Marc, écrivain, part en Bosnie, chez les Serbes de Bosnie ; il veut voir ce que sont devenus ces gens qu’il a connus quinze ans plus tôt, quand il était correspondant de guerre à Sarajevo. A l’aide d’un jeune traducteur, il passe par Belgrade puis accède à la République Serbe de Bosnie, minuscule enclave indépendante sur les hauteurs de Sarajevo. Il regarde, rencontre, écoute, décrit et ON COMPREND. Ce livre est un bon exemple de la puissance de la littérature qui, seule, nous permet (…)


Cayre

Un genre que les Américains adorent, le polar judiciaire, qui se passe surtout au Palais de justice, où bataillent avocats, juges, jury, etc. L’auteure, avocate pénaliste, connait bien la faune.
Ce roman raconte un procès : il s’agit de rejuger un braqueur de banque tendance Robin des bois, qui porte un nom compliqué ( Abdelkader Fournier) ; lors d’un premier jugement, il a écopé d’une peine minimum, le parquet fait appel. Son nouveau procès est délocalisé au fin fond de la Haute Marne où (…)


Authier

Patrick Berthier est un architecte prospère, quinqua ; il aime sa femme, trouve que ses enfants ont des goûts débiles, un homme normal, quoi, qui mène une vie harmonieuse. Notre héros est nostalgique, en même temps, d’un temps où les choses allaient forcément mieux, le « c’était mieux avant » traité avec humour. Puis, un jour, le coup de pompe, la consultation d’un spécialiste et l’annonce, fatale : il est atteint d’un mal incurable, il ne lui reste qu’une poignée de semaines à vivre. Notre (…)


Hamelin

Un nouveau roman sur la guerre d¹Algérie ; on a envie de dire que la littérature est plus courageuse que la politique : en ce 50e anniversaire de la fin de la guerre, on attendait une avalanche de débats et de commentaires ; il n¹y a pas eu grand chose dans les médias, au parlement, dans les écoles ; mais on parle de 600 ouvrages sur le sujet ( romans, essais, bios, etc).
Ici, on est entre 1955 et 1962 ; dans une famille pied-noire d¹Oran ; deux frères viennent s¹installer à Paris ; (…)


Herzog

Maurice Herzog, le vainqueur de l’Annapurna en 1950, le mutilé de l’aventure, le ministre gaulliste, la gloire fait homme, tout le monde connaît, ou presque. Quelle famille n’a pas eu, après guerre, dans sa bibliothèque son « Annapurna Premier 8000 » ? Voici aujourd’hui le héros vu des coulisses, par sa fille Félicité. Un roman, dit la couverture. Pas vraiment mais une chronique familiale, et d’abord un portrait redoutable du « Momo » en libidineux obsessionnel, père absent, mégalo de (…)


Démoulin

La vie de Marie, ouvrière, entre 1967 et 1978. La très jeune fille de la campagne, du côté de Besançon, réservée mais qui aime bien danser, avec Michel, son cavalier puis amant puis mari. Et voici Marie jeune ouvrière, elle qui rêvait d’ailleurs, du Sud, de la mer, la Grande Bleue, sa grève de 1967 à Rodiaceta, son premier enfant et le rêve d’ailleurs qui reste (et se réalise, un peu, l’été). Marie a 20 ans et sent que déjà la vie lui échappe, faute au travail, à la famille, aux enfants (…)


Deck

Viviane Elisabeth Fauville est une femme déboussolée ; elle a pourtant une identité à rallonge (qui donne le titre du livre), elle a même un nom d’épouse (Mme Hermant ?), un mari prospère, un job assez important ( la com d’une grosse entreprise) ; pourtant V.E.F. ne sait plus très bien où elle habite. Du moins quand commence le roman. La période n’est pas faste : elle a quitté son mari ; elle déménage dans l’Est parisien, un déclassement pour elle, bref elle est dérangée et on s’aperçoit (…)


Djian

Michele, une quinqua, co-dirige une « boite de prod » où elle lit et sélectionne des scénarios pour la télé ; elle réside dans un pavillon de la grande banlieue où elle rentre tard le soir après des journées assommantes de boulot. Divorcée, elle voit son mari, a un fils qui reste un grand enfant, décevant et influençable, une mère de 75 ans à la libido d’enfer, un père sérial killer en prison depuis 30 ans et qu’elle veut oublier, un chat, un amant assez insignifiant, une copine (femme de (…)


Noiville

C’est un peu l’histoire de Lolita vue par Lolita, l’amour entre une très jeune fille, Marie, 17 ans au début de l’aventure, et H., 49 ans. Leur liaison durera 7 ans. On est dans une petite ville de province. Marie est une brillante élève, de milieu bourgeois et H. son prof de lettres. Elle a tout pour plaire, lui est un quinqua sans qualité particulière, l’air bonhomme, un physique plutôt lourd mais un pédagogue flamboyant et un homme d’une formidable culture.
La fille de Marie, Anna, au (…)


Hunzinger

Jenny et Sils ont la soixantaine ; leur librairie vient de faire faillite ; c’est la débâcle ; avec pour tout bien leurs livres (rares), un âne et une chienne, ils trouvent refuge dans une ferme, une grange aménagée plutôt, la Survivance, au fin fond des Vosges. C’est là qu’ils avaient déjà vécu, en 1973, amants fantasques, exilés volontaires, révoltés radicaux. Remettre le couvert quarante ans plus tard, est-ce bien raisonnable ? il leur faudra tout réapprendre, construire leur Arche de (…)


Monénembo

Il existe dans plusieurs villages de France une rue Addi-Ba, mais qui se souvient de lui ? L’écrivain guinéen Tierno Monenembo, justement. Ba est né en Guinée en1916 ; il fait partie des « tirailleurs sénégalais » qui participent à la bataille des Ardennes, en 1940. Pendant la débâcle, il réussit à échapper aux Allemands, erre dans le massif des Vosges, se retrouve pris en charge par une institutrice. Adopté par un village, il va devenir le chef local d’un maquis qui comptera jusqu’à 150 (…)


Deville

Voici la vie d’Alexandre Yersine, Suisse devenu Français, né vers 1860, mort en 1943, savant de la bande des pasteuriens, un homme à Pasteur. Un père scientifique qu’il ne connaitra pas ; sa venue à Paris, sa vie à l’Institut, son incroyable inventivité ; mais son envie de bouger aussi, de connaître le monde. Au lieu de faire carrière près de Pasteur, le voici marin/médecin sur la ligne Saigon-Manille puis explorateur au Vietnam puis envoyé spécial à Hongkong où il découvre le bacile de la (…)


Lapaque

Le prétexte de ce livre est une quête amoureuse : Héléna, jeune intello altermondialiste brésilienne, vit à Belem (Amazonie) ; elle quitte Zé -son amoureux- sans raison apparente et Zé va à sa recherche avec patience à Rio. Ce roman est en fait une longue déclaration d’amour à Rio et au Brésil. Zé est un amant plus mélancolique que véritablement inquiet, sa quête est assez improvisée, il se laisse porter par l’air du temps, par ses rencontres dans différents quartiers de la ville. Comme dans (…)


Joncour

Retour à la terre
Franck et Louise traversent, chacun de leur côté, un moment difficile. Ce sont des convalescents, des déboussolés. L’un et l’autre s’apprêtent à passer quelques jours à la campagne. Ils ne se fréquentaient pas mais se retrouvent dans la même ferme familiale, Louise est la veuve du frère cadet de Franck. Joncour nous raconte leur cohabitation prudente avec une infinie délicatesse. La trame est simple , le détail est de qualité (superbe évocation du Lot sous le cagnat), la (…)


Grannec

L’histoire romancée du mathématicien Kurt Gödel, Autrichien venu d’une « bonne » famille catho, naturalisé américain et ami d’Einstein, racontée par sa femme, Adèle. Une histoire d’amour incroyable, dure, dramatique entre un génie, « savant fou », intelligence suprême et maniaque, parano et misanthrope ; et sa femme, danseuse de cabaret, intuitive, attentive, attachée jusqu’au sacrifice à ce drôle de mari. L’épopée d’un couple improbable, de l’Autriche nazifiée à Princeton, pouponnière (…)


Guattari

Délicieux petit roman de la fille de Félix Guattari, grand psy devant l’éternel, animateur d’un établissement près de Blois, la Borde, où le « fou » était libre de vaquer et associé aux travaux de la maison.
Le roman est une série de très courts tableaux, d’une ou deux pages, des flashes, poétiques, intimistes que la toute petite fille de l’époque nous raconte, des souvenirs pleins de grâce, d’amour, de délicatesse : les tracasseries du grand frère ; le singe que voulait héberger le père ; (…)


Zhu Xiao Di

Le polar chinois se porte bien. On y repère au moins deux écoles. L’une met en scène la Chine contemporaine avec des gens comme Qiu Xialong (et son inspecteur Chen), Mi Jianxiu (et son juge Li), Diane Wei Liang (et le privé Wang Mei), Zhang Yu ou He Jiahong (et l’avocat Hong). Il y est beaucoup question de modernité, de démesure, de corruption, d’agitation urbaine aussi. Des livres sensuels et gourmands, souvent. L’autre école est celle du polar historique, rendu célèbre il y a des années (…)


Piacentini

Les éditions « Au delà du raisonnable », un intitulé qui est tout un programme, ont fait leur apparition en 2010. Nouvelle venue dans le monde du roman policier, cette maison vient notamment de mettre à son catalogue « Lignes croisées » de Thierry Crifo, grand maître du polar psychologique ( dont on a apprécié l’adaptation, cet été, sur France2, de son premier opus, noirissime, magistral « La ballade de Kouski »), un roman brillant sur l’écriture et l’autofiction, où se rencontrent deux (…)


Bartelt

Chez Bartelt, l’important c’est le personnage, un personnages ordinaire à qui il arrive des choses extraordinaires. On est ici au fin fond des Ardennes, dans le petit village de Neuville. Un milliardaire américain fait don de sa fortune à cette commune à une condition tout à fait singulière : cet argent va servir à construire un nouveau cimetière où chaque habitant aura droit à sa tombe, une tombe somptueuse, à l’image de la sienne d’ailleurs qui inaugure les locaux. De fait le cimetière (…)


Hug

L’histoire commence en Moselle, à l’automne 44. Alors que les Américains pilonnent cette région allemande, une enfant et sa mère, Rosy et Mutti, trouvent refuge dans une cave. La maison est bombardée et la petite fille, sous les gravats, tétanisée de peur, se raconte ses dernières années dans ce village lorrain. Le récit alterne des séquences de souvenirs et des scènes de survie dans ce sous-sol. Souvenirs : Rosy, la narratrice, une enfant de 10 ans, a suivi sa mère, allemande, Mutti, en (…)


Seigle

Eté 1961, 24 heures dans la vie des Chassaing, dans un petit village du côté de Clermont Ferrand. Le père, Albert, ouvrier chez Michelin, est un géant désespéré ; la mère, Suzanne, une belle femme qui se veut moderne, tout occupée par son grand fils, Henri, parti faire la guerre en Algérie ; le fils cadet, Gilles, héros de l’histoire, sort de l’enfance et tombe dans la littérature.
Ce jour là, le père, qui a choisi d’en finir, confie Gilles à un maître d’école à la retraite, fana de (…)


Giebel

Bon exemple de thriller à la française que l’auteure sait entretenir sur 500 pages, ce qui demande un savoir-faire pervers et on aime ça ! Plusieurs histoires se croisent. Il y a d’abord l’itinéraire d’une jeune femme dynamique, Cloé, cadre appelée aux plus hautes fonctions dans son entreprise ; cette femme de pouvoir est confrontée à de menus incidents qui finissent par la troubler : un homme, sweater et capuche, la croise, la dérange, la provoque. Longtemps, on hésite. Cloé serait-elle (…)


Eddé

Ce livre portait un bandeau de promotion : « le grand roman du Moyen Orient ». C’est assez juste.
Un roman terrible, efficace et bien écrit sur une famille dirigeante de Syrie, les Jann. Le personnage central est Kamal ; devenu avocat d’affaires à New York, c’est l’élément le plus intello, le plus progressiste (droits de l’homme) du clan où gravite l’oncle (Saif Edine), chef de la police politique, un tueur ; Riwaya, la tante, le cynisme faite femme, tout comme Sit Soussou, la grande tante (…)


Rudefoucauld

L’errance d’une bande d’ados, racontée à 100 à l’heure, sur 500 pages. A-hu-ri-ssant. Un style, une musique, un vocabulaire uniques. Région de Bordeaux : la galère de six personnages, Marco, Xavier, Thierry, Sylvie, Manon et Malid, jeunes gens de 15/17 ans, qui ont déjà tous connu la mouise, sont tous en guerre avec l’adulte, les parents.
Une bande qui n’en finit plus de se croiser dans des maisons d’éducation spécialisée, des hôpitaux, des commissariats, des tribunaux. Une description (…)


Khoury-Ghata

Luc, généticien, mena une recherche interminable sur un village italien peuplé d’Albanais, une enquête dont il ne parla jamais à son épouse, Laure. Luc est mort depuis 10 ans, sa documentation encombre toujours le logement parisien. Laure veut comprendre pourquoi il fut si passionné et se rend au village. Ce livre est le récit de son séjour à Malaterra, de ses rencontres avec des personnages tous plus incroyables les uns que autres. Tout dans ce livre étonne. Le pays étonne, les Abruzzes, (…)


Petersen

« Vendredi 13 » est une nouvelle collection de polars dirigée par Patrick Raynal aux Editions La Branche (Attention, jeu de mots !). Les premiers signataires sont des pointures comme Jean-Bernard Pouy (qui n’a pu s’empêcher d’intituler son opus « Samedi 14 »), Jean Marie Laclavetine ou Brigitte Aubert. Dans « Le chien de Don Quichotte » de Pia Petersen, le héros, Hugo, est un tueur professionnel efficace, froid. Porte-flingue d’un PDG de multinationale, il traque une bande de jeunes hackers (…)


Adiga

L’auteur invente une ville, Kittur, en bord de mer, et cette ville imaginaire est un concentré de l’Inde, avec son quartier commerçant, le coin des chrétiens, celui des musulmans, des hindous, la gare routière, le marché central, la citadelle, les locaux du journal local, la cathédrale, le temple, la mosquée et même le proche village. Un roman daté : on est entre 1984 et 1991, soit entre l’assassinat d’Indira Gandhi et celui de son fils, histoire aussi de montrer que cette fameuse démocratie (…)


Etteth

Le titre original de ce roman policier, « Le village des veuves », était sans doute meilleur. Samorin, le héros, qui se comporte en aristocrate déchu, est un esthète qui pratique le kung fu comme un moine. Il traîne une histoire familiale tragique, un père, brillant pilote de chasse, pendu pour avoir tué sa mère. Enfant, il semble suivi comme une ombre par un compagnon féroce, incarnation du mal, Dhiren Das. Les deux se retrouvent des années plus tard, Samorin devenu un dandy inquiet et (…)


Tharoor

Octobre 1989, dans une petite ville de l’Uttar Pradesh, Zalilgarh, une manifestation d’intègristes hindous dégénère ; dans l’affrontement, une jeune coopérante américaine, Priscilla Hart, idéaliste qui s’occupait de planning familial, décède ; ses parents viennent sur place pour savoir. Et l’auteur effectue un retour en arrière, raconte les six mois qui ont précédé l’émeute. Un livre très instructif sur les rapports musulmans-hindous. Un récit original en raison de la diversité des points (…)


Swaminathan

Un livre dans la tradition d’Agatha Christie. L’intrigue est classique : une douzaine de personnages se retrouvent pour un week-end dans une fabuleuse villa restaurée au bord de l’océan, du côté de Bombay. La maîtresse de maison, qui vient d’hériter du lieu, veut en faire un restaurant de qualité. Avec l’aide d’un cuisinier, elle invite des familiers, des professionnels de la cuisine et des personnalités pour tester les mets et le lieu. Evidemment ça se passe mal ; d’abord une tempête se (…)


Sharma

Une dizaine de nouvelles racontant l’histoire de femmes dont la vie commence à 50 ans. On est ici dans le milieu de la bourgeoisie indienne aisée ; ces femmes ont connu une vie protégée ; soumises, elles ont intégré la belle famille, font partie des meubles et leur cinquantenaire est souvent l’occasion d’une prise de conscience, voire d’une remise en cause. Le ton change d’une nouvelle à l’autre, il peut être mélancolique, colérique, poétique, tragique. Voici la femme qui découvre la totale (…)


Nair

Ce beau récit, en Inde du sud, du côté de Bengalore travaille magistralement le thème modernité/tradition. Il raconte le double itinéraire de Mîra et de JAK. Mira est une quadra moderne, résolument moderne, très longtemps conforme et se voulant même un modèle d’épouse et de mère ; elle a d’ailleurs connu un certain succès avec un petit manuel ( Guide de l’épouse, comment une femme de cadre doit recevoir ses amis) ; moderne mais enracinée, vivant en famille dans une belle demeure (…)


Pey

Un recueil de seize nouvelles qui traitent de la guerre d’Espagne après la guerre d’Espagne, les premiers pas des réfugiés en France, la guerilla poursuivie après la défaite, la vie des enfants de républicains. On croit connaître le sujet et pourtant ce livre a l’art de renouveler toutes les thématiques abordées ( répression, torture, résistance, prison, culture, camp, pauvreté, enfance, rêves... ), en utilisant tous les modes de récit, de l’histoire atroce à l’évocation désopilante. Il y a (…)


Battisti (2)

Le dernier livre de Cesare Battisti, « Face au mur », raconte la cavale et l’emprisonnement au Brésil d’un « gringo » prénommé Auguste, sa découverte du pays, son amour contrarié pour Janaïna, ses rapports avec les autres détenus. Un récit écrit directement en français, une belle écriture, très incarnée. Cesare Battisti est cet ancien activiste italien, qui participa, dans les années 70, dites « années de plomb », à la lutte armée et fut poursuivi pour des meurtres qu’il nie avoir commis. Il (…)


Inde

« Quand viennent les cyclones » de la romancière indienne Anita Nair ( « Compartiment pour dames ») raconte le double itinéraire, de Mîra, quadra moderne, résolument moderne, très longtemps conforme et se voulant même un modèle d’épouse et de mère, mais qui vient d’être abandonnée par son (haut) cadre de mari, et de J.A.K., les initiales en fait de M. Krishnamurty, un climatologue de renom, père rongé par la culpabilité devant le sort de sa fille, victime d’une agression sauvage dont (…)


Deloffre

Un premier roman qui nous parle d’un continent disparu, l’Union soviétique, et qui réussit à nous faire sentir l’âme russe ; un roman infiniment doux pour évoquer une épopée tonitruante. En grande partie, l’ouvrage se présente sous forme de correspondances, entre 1987 et 1992, entre Léna, l’héroïne, père russe,mère tsétsène (grand nord sibérien) et ses parents adoptifs, sibériens également, Dimitri et Varvara, lettres suivies des commentaires de la tante et de l’oncle. Derrière l’histoire (…)


Bizot

Paul, à la demande de son frère jumeau, Odd, visite la maison familiale. Odd, qui est le seul à l’occuper, s’est absenté et il n’est pas sûr d’avoir fermé tous les robinets. La maison est isolée, à la campagne, on est en hiver. Paul qui, pourtant, n’est pas très en forme fait 300 km en voiture pour s’exécuter. Sur place une chute de neige abondante va l’immobiliser quelques jours ; le voici obligé de demeurer dans une maison humide qui va devenir en quelque sorte le symbole de la (…)


Davrichewy

Kéthévane Davrichewy
L’amour et la séparation amoureuse ont suscité nombre de livres, l’amitié et la séparation amicale – si l’on peut dire- sont, elles, peu traitées. Voilà un oubli réparé avec « Les séparées ». Le livre commence le 10 mai 81 : deux très jeunes filles, Alice et Cécile, assistent à l’élection de François Mitterrand. Elles sont amies depuis la maternelle puis se sont perdues de vue et retrouvées au collège ; entre elles, c’est une amitié fusionnelle, totalement (…)


Coatalem

Un roman des extrêmes. Dans une minuscule île française des terres australes, Antipodia, cohabitent deux résidents : François Lejodic, 34 ans, dit Jodic, ancien mécanicien de marine, l’ouvrier, et Albert Paulmier de Franville, diplomate dit gouv (gouverneur), le chef. Un poste y a été installé à la fois pour veiller à la météo et, le cas échéant, dépanner tout bateau qui serait en difficulté ; en principe ; en vérité tout ça ne sert à rien. Et les deux hommes se retrouvent dans ce paysage de (…)


Sollers

Allègre et grave à la fois, ce texte est d’une lecture facile, l¹écriture d’un classicisme parfait. L’histoire semble se disperser, elle se décline de trois façons : évocation par l’auteur de sa soeur Anne ; sa vie présente d¹amant ; la peinture ; c’est ce dernier thème qui domine et emporte largement la conviction. Les trois histoires se mélangent dans des chapitres brefs, constitués de paragraphes courts ; on saute en permanence d¹un thème à l¹autre, l’amour/la soeur/la peinture. L’amour (…)


Parot 2

Le commissaire des Lumières
1782 : le fils du tsar, Paul, séjourne à Paris, étape sur son tour d’Europe. Versailles entend cajoler le tsarévitch et Nicolas Le Floch, « le commissaire des Lumières », est chargé tout à la fois de le protéger et de l’amadouer. Or au même moment, un exilé russe est assassiné à Paris. Notre Le Floch mène l’enquête. Et se frotte au monde du jeu, de l’espionnage, de la prostitution. On croise aussi dans ces pages un agent américain à Paris : dans ce qui sera (…)


Gougaud

Henti Gougaud, « notre dernier conteur » selon Bernard Pivot, nous propose un roman médiéval avec enfant perdu, couvent à Pamiers, manuscrit hérétique, prisonnier mystérieux, prieur trop parfait, mendiant fou, troubadour amoureux... Et on aime. On aime ce bras de fer qui traverse l’histoire entre les forces fanatiques, celles de l’inquisition, du devoir maniaque et la résistance tenace que lui opposent la jeunesse, les artistes, un luthier, un copiste notamment, les artisans de (…)


Chalandon

L’histoire de Tyrone Meehan, octogénaire, héros de l’IRA (l’armée républicaine irlandaise) et traître à sa cause.
Tout sa bio défile, l’enfance à Killybegs, le village natal ; le père, alcoolo, brutal, patriote ; l’engagement dans l’IRA, la prison à 17 ans. Une histoire d’une incroyable dureté (la grève de la faim de Bobby Sands, la prison de Long Kesh) où Tyrone est de tous les combats ; il devient un héros vivant mais un jour, par accident, tout bascule, il est retourné par l’ennemi, il (…)


Le Tellier

Deux journalistes parisiens se rendent à Lisbonne, on est en 1985, pour suivre le procès d’un tueur en série ; en fait, du procès, il est à peine question ; on va suivre, pendant une semaine ces deux hommes, Antonio le photographe et Vincent l’homme de plume. Un beau roman sur le rapport aux femmes, sur Lisbonne, ses quartiers, son tramway, notamment la ligne Electrico W . Un récit truffé d’anecdotes, soit la famille de Vincent, ses voyages aux quatre coins du monde, un patchwork (…)


Aguzou

« Les rêves de l’Histoire » est un objet littéraire étrange et séduisant, fantaisiste et documenté. L’auteure imagine que se rencontrent, pour jouer dans une même pièce de théâtre, à Paris, aujourd’hui, Margaret Thatcher, Rosa Luxembourg et Janis Joplin, donc l’ancienne premier ministre britannique, égérie de l’ultralibéralisme, la dirigeante des révolutionnaires spartakistes assassinée en 1919, et la chanteuse rock, morte d’overdose à 27 ans, en1970. Si dans les faits c’est impensable, dans (…)


Schneider (2)

L’auteure part d’un « fait divers » survenu aux USA, à Gloucester, Massachussetts, en 2008 : 17 filles d’un même lycée, de 15 à 16 ans, sont tombées enceintes en même temps. Il n’y a pas eu de véritables explications ; c’est là où la romancière entre en scène. Elle imagine une rencontre entre une journaliste et plusieurs de ces filles. Chacune s’exprime à tour de rôle, dans des chapitres courts ; elles s’adressent à l’intervieweuse qui n’apparaît jamais. Ces filles viennent de milieux (…)


Saintenoy

Juste avant, c’est juste avant de mourir ; triste programme mais très beau livre ; le double monologue d’une aieule, Granny, quasi centenaire, dans sa chambre de maison de retraite, et revisitant son siècle ; et celui de son arrière petite fille, trentenaire, Fanny, qui égrène ses propres souvenirs. Une sorte de dialogue où il va être question de cinq générations de femmes ( les hommes sont ailleurs, ou morts, c’est d’abord une histoire de femmes). Le texte est simple et beau, chacune parle (…)


Varenne

2012 sera, aussi, l’année de l’Algérie avec le cinquantenaire des
accords d’Evian ( et du massacre du métro Charonne, entre autres...).
Cette question algérienne se réinvite dans le roman français. Un nouvel
exemple avec le dernier polar d’Antonin Varenne. 1957 : Pascal Périni,
jeune du contingent, part faire une guerre qu’il ne voulait vraiment pas
faire. Repéré comme réfractaire, il finit dans un D.O.P., centre de
torture de l’armée, installé au fin fond du djebel, du côté (…)


Jenni

Un premier roman, gros volume de 630 pages, qui vient de remporter le Goncourt ! Une sorte d’histoire de France à travers ses guerres coloniales racontée par une plume admirable. Le livre est construit sur deux plans. On suit la vie de Victorien Salagnon, jeune homme pendant l’occupation, qui part dans les chantiers de jeunesse, passe à la Résistance, continue sa guerre (de vingt ans) en Indochine puis en Algérie. Cette histoire est entrecoupée de « commentaires » où le narrateur, biographe (…)


Cossé

Un livre apparemment modeste sur un sujet modeste mais d’une grande générosité, d’une très belle humanité. Edith, parisienne, travaille dans l’édition, elle est traductrice ; cette bourgeoise emploie une femme ménage, une marocaine sexagénaire, Fadila ; cette dernière est analphabète, ne sait ni lire, ni écrire, ne connait pas les chiffres, ne peut pas reconnaître les lignes de métro. Edith lui propose d’apprendre à lire et à écrire ; elle a réussi ça en trois semaines avec son enfant de 4 (…)


Darrieusecq

Clèves est une ville imaginaire où se situe l’action, trois actions, trois parties : les avoir, le faire, le refaire. Les avoir : les règles.Le faire : l’amour. E refaire : l’amour encore. Un roman sur les débuts de la vie sexuelle d’une adolescente.Solange, l’héroïne, dix ans dans la première partie, quinze ans dans les deux autres, assiste à la métamorphose de son corps. Et découvre ses pulsions. Comment en parler ? comment mettre des mots sur ça ?Sur ce qui est à la fois la part la plus (…)


Schneider (1)

Michel, le narrateur, parle de son grand frère, Bernard, décédé au milieu des années 70, un frère oublié qu’il tente de « retrouver », 40 ans après. Le livre est construit sur deux plans : l’enquête où Michel dis « je » ; un récit à la troisième personne sur les deux frères ; les deux textes s’épaulent, se complètent, se contredisent parfois. Retour sur une famille bourgeoise déchue et chaotique ; sur Bernard, séducteur, violent, menteur, désespéré, mutique mais exerçant une influence (…)


Martinez

L’histoire d’une femme qui dit non, en plein Moyen âge. Esclarmonde, 15 ans, doit épouser Lothaire de Montfaucon, noble violent, batailleur, trousseur de filles ; devant l ’hôtel, devant toute la société réunie, elle dit non, déclare appartenir à Dieu, au Christ ; pour marquer sa détermination, elle se tranche l’oreille, refusant de devenir « le pudique récipient du mâle ». Elle est condamnée à être enfermée dans une cellule collée à la chapelle du château mais elle aspirait à cette vie de (…)


Fregni

Un roman sous forme de journal que l’auteur tient sur près d’un an. Pour l’essentiel ses chroniques se passent dans sa maison des Alpes de Haute Provence. Première qualité du texte : il fait vivre avec amour cette région dans ses quatre saisons, l’automne rougeoyant, odorant, plein de feux de sarments, l’hiver redoutablement froid où les corbeaux dans le paysage forment des virgules sur une immense page blanche, le printemps excessif, l’été brûlé de soleil. On retrouve le pays de Giono ( et (…)


Shwartzbrod

L’explosion d’une usine d’armes chimiques (secrète) en Russie contamine un habitant ; celui-ci part néanmoins en pèlerinage à La Mecque et y provoque une épidémie foudroyante. Une rumeur aussitôt s’installe : les juifs auraient empoisonné les puits de La Mecque. Un scénario digne du moyen âge, où parfois on a un peu l’impression de revenir, un drame qui va déclencher une cascade de cataclysmes. Un roman noir très efficace, écrit en séquences courtes et vives, où l’on passe de La Mecque à (…)


Bialot

Siècle rouge
Déporté, libéré par l’Armée Rouge, ouvrier dans le Sentier, Joseph Bialot arrive assez tard (55 ans) à l’écriture ; son premier roman, « Le salon du prêt à saigner », obtient le grand prix de la littérature policière ; il enchaîne avec plusieurs polars fameux ; puis à la fin des années 90, il se lance dans une épatante fresque romanesque en deux livres ( « Le semeur d’étincelles » et « La gare sans nom ») sur l’histoire de la famille Mongeon de Belleville, de 1913 à 1948 ; il (…)


Saumont

De quoi nous parlent, ici, les nouvelles d’Annie Saumont ? Voici un auteur qui dédicace dans une librairie de province, espérant retrouver un lecteur anonyme qui le lit ( et lui écrit) depuis des années ; une femme qui reçoit son amant alors qu’un bébé gazouille dans une pièce proche ; un homme qui reconstitue les derniers moments d’un ami dont l’avion vient de s’écraser ; la mort d’une infirmière dans les quartiers Sud ; une joueur chanceux, dépouillé par son ami ; d’anciens amants au (…)


Sallenave

Café littéraire 2005 ; à faire.


Mordillat

Café littéraire 2005 ; à faire.


Lenoir

Café littéraire 2005 ; à faire.


Fleischer

Café littéraire 2005 ; à faire.


Daeninckx

Café littéraire 2005 ; à faire.


Winckler

Un livre considérable par l’épaisseur (524pages) et par son ambition : il se veut le grand roman des médecins de la fin du Xxe siècle, de l’après 68 ; il l’est. 1973 : Bruno Sachs s’inscrit à la fac de médecine de Tourmens. Sur les traces de son père, Bram Sachs, pour lequel notre héros a une réelle vénération. A la fac, il se fait trois amis, Basile, André, Christophe, inséparables mousquetaires qui se jurent de devenir généralistes.( La référence aux trois mousquetaires, à la Cour, à (…)


Nothomb

Séduisant, léger, allègre. Journal intime où l’on suit l’auteure de l’âge de trois ans à ses 20 ans. Le fil conducteur : la faim, le besoin de manger, un rapport déréglé à la nourriture ; la faim, c’est aussi le besoin de l’autre. A.N. revisite son enfance heureuse, les affres de l’adolescence et la perte passagère du goût de la vie puis sa renaissance ; on y suit sa vie nomade car A.N., fille de consul puis de l’ambassadeur de Belgique, n’en finit plus de bouger à travers le monde. Il y a (…)


Martin L.

Une intrigue qui se passe à Marne la vallée, où il y est beaucoup question du Zaire. Un ton très noir ; des personnages attachants, le commissaire Mangin, policier dépressif, par exemple ; il aurait du comprendre que la série meurtres dans sa ville intéresse les autorités ; d’ailleurs à plusieurs reprises on lui dit de laisser tomber mais Mangin est un obstiné ; il mène
son enquête jusqu’au bout, c’est le cas de le dire. On aime aussi le paysage et sa grisaille. Marne la vallée n’est pas (…)


Lafon L.

L’héroïne, Landra, est une jeune fille sauvage qui est en guerre contre des hommes ; on comprend vite qu’elle a été violée. C’était pourtant une jeune femme heureuse dans le milieu de la chanson ; or elle est violée par un homme propre sur lui, intouchable, un ami sans doute, un « homme insoupçonnable » comme elle dit, dont on tait le nom en devinant qu’il s’agit d’une personnalité connue. Lola Lafon nous parle du viol avec une rage extraordinaire, calme, posée, terrible. Cette jeune femme (…)


Ernaux (2)

Un livre d’entretiens avec Frédéric Yves Jeannet sur l’ œuvre d’A.E., son style (p8), un style d’écriture clinique ou blanche ou plate, un style sans effet de style, sans humour, sans manière, une écriture minérale, sans épanchement, sans métaphore, évitant l’émotion ; un travail autobiographique qui s’éloigne du roman, s’approche du journal ; une écriture risquée où l’auteure s’expose. 1974 : « Les armoires vides ». 1981 : "La femme gelée " ( sa mère). 1984 : "La place", sur une jeune (…)


de Luca

Le titre n’a rien à voir avec les mathématiques, il signifie simplement qu’on atteint la complétude avec l’autre, la rencontre de l’autre, le un + un. Dans ce recueil d’une vingtaine de nouvelles, on retrouve deux thèmes récurrents : la reconstitution de mai 68 en Italie et la haute montagne. Aucun rapport mais dans les deux cas, un bonheur d’écriture. Les Italiens se moquent souvent des Français en disant : "Votre 68 a duré un mois, le nôtre dix ans". C’est un peu rapide mais pas faux. (…)


Rolin

Un des plus forts romans sur 1968. On est à l’aube des années 2000. Une voiture, la nuit, tourne interminablement sur le périphérique, comme un spoutnik autour de sa planète, un insecte autour de la (ville) lumière ; à l’intérieur, un quinqua, qui raconte sa "guerre" de 1968 à une trentenaire, la fille de son meilleur ami de l’époque, "treize" (une histoire de personnage qui n’apparaît pas sur une photo de groupe), disparu ; le héros révèle à la fille de "treize" leur commune histoire. Et (…)


Nemerovsky

Les circonstances qui ont présidé à l’écriture, à la cache, à la sauvegarde de ce manuscrit de 1942 et enfin à son dévoilement en 2004 sont extraordinaires. Le livre se compose de deux parties, « Tempête en juin » Et « Dolce ». La première est une suite de tableaux sur la débâcle de l’été 1940. On suit une demi douzaine de personnages, pendant quelques jours, dans leur fuite sur les routes de province, des gens pour l’essentiel de la bourgeoisie, un milieu que l’auteure connaissait bien. La (…)


Dubois

Prix fémina 2004 L’histoire de Paul Blick, toulousain, l’enfant, petit fils de berger pyrénéen, fils d’une correctrice de presse et d’un concessionnaire Simca du temps de de Gaulle ; puis le jeune homme, l’étudiant, vaguement gauchiste sous Pompidou et Giscard ; le journaliste sportif alors que la France se donne à Mitterrand ; le photographe des arbres sous Mitterrand puis Chirac. Ces noms de présidents sont autant de têtes de chapitres, l’un d’eux sera même un personnage du roman (…)


Jody

Le cauchemar rwandais à la mode polar. Un enquêteur privé, Elias Kinscoff, recherche, du côté de Bruxelles, un clandestin noir, un certain Aimé ; lequel semble intéresser beaucoup de monde, des militaires belges, des mercenaires portugais… Les meurtres s’accumulent, l’histoire s’épaissit. Jody reconstitue les morceaux du puzzle de ce formidable massacre : le racisme des possédants, le fanatisme de l’Eglise catholique, d’où le titre du roman ; les intrigues des puissances ex( (…)


Despentes

Un livre de colère, un pétard, le roman d’une ( jeune) femme qui ne supporte pas qu’on lui dise ce qu’elle doit faire. L’auteure a une réputation sulfureuse, qui complique l’approche de ses écrits ; ce genre de réputation qui agit comme une censure ou qui pousse au contraire à aller y voir de plus près. Livre enragé, "By by Blondie" est pourtant une très belle histoire d’amour. Gloria l’héroine se fait renverser par une voiture ; à son bord Eric, son amour de jeunesse devenu présentateur (…)


Bon

Au départ il y a un scandale et une lutte : Daewoo, multinationale coréenne, s’implante à la fin des années 80 au cœur d’une zone sinistrée de Lorraine ; la firme reçoit un pactole d’aides publiques, près de 50 millions d’euros, pour fabriquer des téléviseurs, des micro-ondes. En 2002, après avoir épuisé cette aide publique, le patron, Kim Woo Choong, liquide le site, met sur le carreau 1200 personnes, des femmes, déménage le matériel à l’étranger et disparaît ! Un escroc notoire et pourtant (…)


Vidal 2

Fanpol
Dans la famille du polar, il y a la tribu des thrillers, du suspense concentré où l’on joue amplement sur la peur. Le dernier ouvrage de Gilles Vidal, Les portes de l’ombre, en est un bon exemple. Il y a même ici un brin de fantastique et l’on pourrait presque parler de « Fanpol », une genre de policier fantastique qui a eu son heure de gloire ( on pense par exemple à Pierre Siniac).
Dans le port de Chanelet, des morts invraisemblables se multiplient et le commissaire Marc (…)


Indridason

Inspecteur à Reykavik, Erlendur (et son équipe) enquête sur le meurtre d’un homme apparemment sans histoire. La photo de la tombe d’une petite fille (morte à 4 ans) retrouvée chez la victime réveille pourtant une affaire vieille de quarante ans. Thèmes du viol, de la génétique.
Beau personnage de flic taciturne, adepte des surgelés et des vieux costumes fripés, souvent encombré d’histoires de famille lourdes ( une fille qui se drogue) ; un adjoint, Sigurdur, qui est son contraire, le (…)


Sjon

Ce court roman commence par une partie de chasse acharnée, une traque méthodique sur une lande enneigée ; le pasteur Baldur Skuggason veut la peau de cette renarde rousse qui lui échappe depuis de longues heures. Et que vient faire dans ce récit cette séquence où un botaniste lettré, Fridrik, cloue le cercueil de sa bien-aimée, Abba l’handicapée, un cercueil qui en fait sera vide ; pourquoi ? Question d’autant plus pertinente que nous retrouverons le pasteur Baldur qui a peut être réussi sa (…)


Minervudottir

Un recueil de nouvelles qui s’inscrivent, apparemment, dans une quotidienneté anodine, presque futile. Mais en y regardant de plus près, ces textes déconnectés se gorgent d’une aura impalpable, quasi féerique, comme lorsqu’une jeune femme attend dans son lit que Dieu vienne lui faire l’amour. Vingt nouvelles sur l’amour, la solitude, le couple, le corps, la jouissance, le ménage et la scène de ménage, le malentendu amoureux
Comme dit la 4 de couv, « l’envers biscornu des vies ordinaires »


Jacobsdottir

Une mère parle de sa fille ; elle l’accompagne en avion au Danemark, à Copenhague ; la fille,encadrée de policiers, va y être jugé ; on l’accuse d’avoir brisé une vitre dans un musée de la capitale danoise pour y voler un vase préhistorique en or. Elle va lui rendre visite en prison, discuter avec l’avocat ; sa fille est elle une terroriste ? Une illuminée ? Une détraquée qui relève de l’HP ? La mère, qui vient de la « bonne » bourgeoisie islandaise, va résider dans un hôtel populaire et (…)


Olafsdottir

Le livre le plus tendre, le plus candide, le plus reposant qu’on puisse imaginer : c’est l’histoire d’un jeune garçon, Arnljotur, 22 ans ; il vit avec un père âgé ; son frère jumeau est autiste. Dans un paysage rude de lave volcanique, couverte neige ou tapissée de mousse, l’été, le garçon a été converti à l’amour de la nature et des fleurs, des légumes, de la cuisine par sa mère qui entretenait avec passion une serre ; pas étonnant que ce jeune homme, pourtant doué en tout, rêve d’être (…)


Pelot

Histoire et polar font bon ménage, c’est bien connu. Ce n’est pas le dernier récit de Pierre Pelot qui va nous démentir. Ce vosgien parle bien de son pays. Avec « Maria », il évoque une double histoire : celle d’une jeune institutrice accusée, en 1944, par la résistance de protéger son bistrotier de mari qui aurait donné aux Allemands la liste des membres du maquis ; violentée, fustigée, elle est mise au ban du village ; on découvrira la véritable histoire de Maria dans les tous derniers (…)


Lalumière

Une histoire de placard, qui pourrait être sinistre mais devient drolatique par la grâce de la littérature, un roman nostalgique et désopilant à la fois.
Le narrateur, qui rêve de voyages, d’espaces, d’explorations, se dit que la carrière diplomatique va lui permettre d’assouvir cette soif d’ailleurs. Il passe et réussit le concours adéquat mais le jour de l’affectation des postes, une maladresse lui vaut l’hostilité de son chef. Le voici chassé du Quai d’Orsay, nommé dans un bureau (…)


Deghelt

Une double histoire d’amour fou, deux romans en un. Le premier se passe aujourd’hui, raconté par la narratrice, Lysange, démographe emportée dans une passion charnelle ravageuse pour un photographe, reporter de guerre, Pierre. Le second est un journal intime où une soeur, soeur Madeleine, il y a bien 40 ans de cela, quitte un monastère français pour accompagner un lot de médicaments jusqu’à une communauté religieuse au fin fond de l’Amazonie ; durant le transfert, elle succombe à la (…)


Chaillou

On est en 1905 ; une jeune nantaise de bonne famille quitte sa vie bourgeoise pour partir sur les routes avec un artiste bohémien qui fait des tours de passe passe. Elle s’appelle Anne Marie Alice Canoby Orliac, elle a 20 ans ; lui est appelé -surnommé- Donval, il a le double. La fille ne connaît pas ce gitan, elle n’est sans doute pas spontanément amoureuse, elle est surtout amoureuse de la route, de l’aventure ; comme l’écrit l’auteur, elle cherche « le large, le large de tout, de rien, le (…)


Coulin

Un beau roman grave sur le destin d’un sans papier. Ce thème des migrants a donné matière ces dernières années à plusieurs romans ; il fait écho à un débat plus ou moins pipé qui traverse la société. Samba Cissé (« un nom qui ressemble à un coup de vent ») est malien ; au terme d’un périple éprouvant, il retrouve son oncle dans un taudis du 18e arrondissement parisien. Il va travailler une dizaine d’années (bâtiment, entretien) jusqu’à ce jour où il vient faire renouveler son autorisation (…)


Kramer

Claude, 50 ans, a du être un bel homme, prof de gym, citoyen actif dans sa ville. Quand s’ouvre le roman, Claude apprend qu’il a le cancer ; il ne veut pas se battre, il attend sa fin, se montre agressif avec les autres, homme égocentrique et amer qui n’aime plus le monde. Les autres, c’est d’abord sa compagne, Simone, assistante médicale, personnage central ; c’est à partir d’elle que fonctionne le roman. Ils ont vécu 10 ans ensemble, une vie « honnête, sans joie ». Claude a déjà été marié, (…)


La Mediathèque d’IVRY a 10 ans !

http://www.youtube.com/watch?v=qi_Npq-blGo&feature=player_embedded


Thorarinsson

Un roman noir désabusé, pétri d’humour, lent, attachant. Journaliste à la dent dure au Journal du Soir et alcoolique "en pause", Einar, le narrateur, est exilé de Reykjavik à Akureyri, la plus grande ville du nord de l’Islande. Arrive la grande fête des commerçants, un week end de beuverie collective comme les aiment ces scandinaves. Dans une grande et vieille maison du centre, à l’abandon mais assez typique pour servir de cadre à un prochain film américain, est retrouvée une jeune (…)


Forest

L’auteur retrace la vie de son père : ce fils de commerçants de Mâcon, né en 1921, devient pilote d’avion. Ode à l’aviation – aux aviateurs -et au rêve de progrès qu’elle incarne, ce livre raconte en fait toute l’histoire du 20e siècle et de ses utopies. Neuf chapitres et autant de dates marquantes de la vie du père fasciné par cette aventure incroyable : voler. Petite histoire, Grande Histoire : la débâcle, son départ pour l’Algérie (suivre des études d’ingénieur), le débarquement allié en (…)


Lyr

Livre remarquable pour son ton.
Judith, 33 ans, la narratrice, vit en marge. Née d’un père voyou, en prison, et d’une mère ( décédée)issue de l’aristocratie décadente. Elle est entre deux classes, deux cultures. Fréquente une bande de marginaux, des clochards qui « ont l’art de convertir l’horreur en supportable ». Judith-moins-que-rien donc, d’où son nom-surnom de « Nothing ». Un jour, pour les obsèques de son grand père maternel, elle se réinvite dans cette autre branche de la famille, où (…)


Parot

Diplomate, écrivain, Jean-François Parot est un spécialiste du 18e siècle. Il est notamment l’auteur ( 1970) d’une étude sur « Les structures sociales des quartiers de Grève, St Avoye et St Antoine entre 1780 et 1785 ». Bref, il sait de quoi il parle lorsqu’il invente le personnage de Nicolas Le Floch, policier du 18è siècle et commissaire au Châtelet, que l’on retrouve dans une série d’enquêtes, un modèle du genre, neuf romans à ce jour.
Le premier (2000) s’intitulait « l’énigme des (…)


Orban

Il est écrit « roman » sur la couverture mais c’est plutôt le récit, par la narratrice, de l’Alzheimer de sa mère ( le mot n’est écrit qu’une fois, en passant). Elle a 73 ans, a été belle, séduisante, riche, futile ; elle vit au Maroc et vient visiter sa fille pour les fêtes. Elle arrive avec un petit singe que les enfants de là bas voulaient tuer ; en vérité, ce n’est qu’une peluche. Un témoignage assez impressionnant sur l’impossibilité de vivre « juste » avec l’autre, le risque d’être (…)


Obliegy

Ce livre ressemble un peu à ces jeux de mots d’enfants que l’on appelle le jeu des kyrielles où on enchaîne des mots ou des expressions en reprenant comme première syllable la dernière syllabe de l’expression précédente comme dans la célèbre comptine : Marabout, bout de ficelle, selle de cheval, cheval’dire à ma mère etc... *Ce livre est donc un immense jeu, un peu comme un long cadavre exquis. Un texte singulier qui enchante ou déroute le lecteur. C’est un peu comme le champagne, on trouve (…)


Vasset

Un court roman où l’héroïne, Elle, est une experte des marchés financiers qui trouve que le réchauffement climatique peut être une excellente affaire. Au pôle nord, en terre arctique, sous la glace de la banquise, il y a du pétrole et tout plein de bonnes choses... Il faut investir dans le réchauffement, c’est tout profit. Sa collaboratrice, A, lui est toute dévouée jusqu’au jour où, formée à bonne école, elle monte à son tour un fonds exploitant le même créneau mais inversant la situation, (…)


Augier

La narratrice est une septuagénaire, installée, vivant à l’Ouest, femme d’un sous-ministre de l’intérieur ; elle mène une vie paisible, les enfants sont élevés, elle est tranquille ; on est bien dans un pays en guerre mais c’est si loin, la guerre. Pourquoi a t il fallu qu’elle offre un jour l’hospitalité à cette jeune femme venue d’ailleurs, une humanitaire, qui elle s’occupe de la guerre, à sa manière ? Les deux femmes doivent sympathiser malgré leur distance ; en tout cas le livre (…)


Heams

Une histoire absurde, poignante et vraie : durant la seconde guerre mondiale, l’Italie de Mussolini traque les Chinois qui sont sur son territoire ( puisque les pays sont en guerre, n’est-ce pas) et les enferme dans un camp dans les Abruzzes : un fait modeste et complètement oublié de la guerre. L’auteur l’a découvert il y a une dizaine d’années, au détour d’une note de bas de page, et a eu depuis envie de raconter cette histoire. Comme il y a peu d’archives, il s’est rendu sur place, à (…)


Jacob

Monika est employée dans un institut de beauté. Elle connaît le corps des femmes et, narratrice, elle présente une série de portraits, leur anatomie, leur vie, leur histoire. Jeunes, moins jeunes, belles ou non, à la vie extraordinaire ou banale. Il y a là Alix, la femme du boucher, créature froide et blanche vissée derrière sa casse au milieu de toute cette viande, une femme vidée de sa substance et de ses rêves ; Adèle, veuve qui connut un Allemand pendant la guerre et fut tondue ; (…)


Walker

« Au malheur des dames » est bien sûr un clin d’oeil au roman de Zola « Au bonheur des dames » qui se passait dans le monde des grands magasins à la fin fin du 19e siècle. Ici, on se trouve aux pieds de la butte Montmartre ( l’éditeur - Parigramme- propose des livres (noirs) qui se promènent dans les différents coins de Paris ), du côté du Marché St Pierre, royaume de l’étoffe, du drap, du tissu, de la soie, du lainage, etc. Une sorte de malédiction plane autour du plus vieux des magasins (…)


Lapeyre

Prix Femina 2010. Une variation sur Manon Lescaut dont M*ontesquieu disait : « c’est un roman dont le héros est un fripon et l’héroïne une catin ». Un trio amoureux avec la belle jeune anglaise Nora, partagée entre Blériot, parisien indécis, velléitaire et Murphy, Américain de Londres, travaillant dans le secteur des marchés financiers ( un profil romanesque désormais très à la mode). Tous deux sont très amoureux, l’un dans l’hésitation permanente, l’autre dans l’attente patiente d’une Nora (…)


Beinstingel

Faire du monde de l’entreprise un sujet romanesque ?! Beau pari pris par Thierry Beinstigel et totalement réusi. On connaissait déjà de lui Central (2000), Composants (2002, mention du prix Wepler), CV Roman (2007) ; son nouvel opus nous parle des gens du téléphone, ces employés d’un centre d’appel, le quotidien de leur exploitation, de leur déshumanisation, leur robotisation. Le personnage principal, le plus souvent nommé « le nouveau venu » et baptisé « Eric » comme nom de travail, ancien (…)


Reyboz

Cinq jours et une nuit de la vie de Lazor Hilaire, un homme devenu étranger à son monde, comme absent à lui même. Entre lui et la vie, les femmes, ses parents, ça ne fonctionne plus ; ce haut cadre se détache de son travail. Il trouve encore un minimum d’intérêt, de lien au monde, comme conseiller dans un prud’hommes mais il a l’impression qu’il est en train de couler ; ses rares moments d’évasion, il les trouve dans le modelage de poupées monstrueuses.
Il faut dire que le monde décrit (…)


Thomas

L’histoire de deux jeunes filles de la petite bourgeoisie bordelaise, Apolline et Ursule, au temps de Louis XV. Leur mère est mystique (tendance « convulsionnaire » !), le père lunaire. Apolline est docile, rêveuse, aimante, imaginative ; promise au couvent, elle se retrouve domestique et finit par s’enfuir à Paris. Ursule, révoltée, passe son enfance à préparer sa disparition ; se liant aux libertins du cru, elle atteint Paris et son but, être la maîtresse du roi. Ces deux histoires se (…)


Echenoz

La vie de Grégor, en fait Nikola Tesla, 1856- 1943, exemple assez parfait de ce qu’on appelle le savant fou, un surdoué, génial, infatigable inventeur, peut être trop savant et pas assez affairiste : il se fera piller l’essentiel de son oeuvre.
L’homme débarque aux USA alors en pleine furie industrialiste et offre ses services à de très riches industriels comme Edison, Westinghouse ( personnage magnifiquement décrit), Morgan ; il inventera le courant alternatif, le néon, l’ancêtre du (…)


Faye

Petit livre, à peine cent pages, petit format, et pourtant l’histoire simple racontée ici vous reste dans la tête longtemps, elle impressionne au sens fort du terme. L’auteur est parti d’un fait divers survenu au Japon : un homme découvre un jour que quelqu’un d’autre demeure dans son appartement, comme le passager clandestin d’un transport. Il installe une webcam dans sa cuisine et de son bureau – il est employé dans une société météorologique – il espionne cette petite case en bas de son (…)


Ferrari

Le capitaine Degorce et le lieutenant Andréani se sont connus en Indochine. Degorce, l’aîné, le résistant déporté, est le modèle d’Andréani. Mais, en ce mois de mars 1957, à Alger, ce sont eux les bourreaux. On suit dans ce récit les tourments de ces deux soldats trois jours durant, de l’arrestation à la mort de Tahar, chef de l’ALN. Tous deux torturent mais ils adoptent deux attitudes différentes : Andréani y voit un mal nécessaire et exécute les ordres. Degorce est angoissé et cherche une (…)


Kuperman

Un des thèmes de cette rentrée littéraire 2010 est la question sociale, traitée sous forme romanesque. En voici un exemple. Nous sommes dans une entreprise de presse jeunesse, Mercandier, rachetée par un nouveau patron, affairiste, Paul Cathéter, un type ambitieux, vulgaire, méprisant ; il veut imposer sa mentalité, ses méthodes, son culte de la rentabilité. Donc restructuration, réduction de la « masse salariale », abandon des locaux historiques.
Le récit se passe sur quelques jours, (…)


Rivoire

Ce roman n’est pas sans courage, au plan humain ( un roman est un mensonge et en même temps on sent l’auteure bien près de la narratrice, comme une mise à nu) et au plan artistique ( écriture vive, audacieuse). Un livre qui sait trouver la bonne distance avec la douleur. Et surtout un livre qui va de la mort vers la vie, c’est un peu ainsi qu’on peut entendre le titre.
L’histoire d’une jeune fille née en 1972 (fille de 68 ?), dans un milieu « bobo » ; enfance marquée par le départ du père, (…)


Adam P.

Une farce sur vieillesse, un texte qui n’a pas peur d’être grotesque pour évoquer les centenaires : dans une maison de retraite cossue, la Résidence du parc, des seniors, increvables, semblent avoir vampirisé le personnel et pris le pouvoir. Des centenaires insupportables, capricieux, libidineux ; tout est exagéré et c’est parfois totalement drôle. Ces anciens font du sport, s’offrent des liftings, ont des rapports sexuels effrénés et même des grossesses. Parfois débarquent un nouveau, une (…)


Livre court, violent, une sorte de fable sur la tyrannie et la rébellion. On est à Zaroffcity ( Zaroff, Les chasses du Conte Zaroff, on a déjà un indice) , pays dirigé par « le grand guide », tyran qui apparaît peu, et par son premier ministre, Karaci (ou la hyène), ancien sous off, sadique, manipulateur. Autour de ce duo, une cour d’opportunistes, puis une femme, apparemment soumise, Una, qui a choisi de se marier à Karaci pour protéger ainsi son père. Una et Karaci : deux personnages, deux (…)


Houellebecq

Livre grave et plein d’humour, une véritable épaisseur derrière une apparence légère ou cynique. La vie, l’oeuvre, la mort de Jed Martin, un artiste qui souhaite que l’écrivain Michel Houellebecq préface son exposition ; rencontre avec l’auteur, en Irlande puis dans le Loiret. Assassinat sauvage du même Houellebecq, dans une troisième partie proche du roman policier. L’histoire se passe entre aujourd’hui et 2020-2030. Derrière un scénario simple, et par moments loufoque, l’auteur se pose et (…)


Enard

Un formidable roman historique qui nous projette à Constantinople au début 16e siècle, à partir d’une histoire survenue à Michel Ange. L’artiste, en froid avec le Pape, est invité par le Sultan. Constantinople le trouble, cité fascinante et incompréhensible ; il y est plutôt mal reçu, logeant chichement chez des marchands italiens ; on lui propose de construire un pont sur la Corne d’or, bras mort du Bosphore...
Roman sur la découverte du monde ottoman par un (le) génie de la Renaissance, (…)


Bertholon

L’histoire à la fois d’un couple mère-fille, Nola la fille, Mira la mère, d’un immeuble, une ruche grise, et d’un été caniculaire, 1998, l’été de la Victoire des Bleus au mondial mais aussi de l’écroulement, de la déchéance de la famille de Nola, la narratrice. Elle a 30 ans quand elle raconte, règle ses comptes avec ses fantômes, sous la forme d’une longue lettre d’amour à son père. 1998 donc. Le père tient un salon de coiffure avec son frère ( et sa femme) quand il tombe sous les coups (…)


Courbet, un homme libre

« A quoi sert la vie si les enfants n’en font pas plus que leurs pères ? » demandait Gustave Courbet (1819-1877).
Les éditions Oskar proposent, à destination de la jeunesse, dans la collection « Culture et société » une biographie romancée du peintre « Courbet. L’anticonformiste ».
L’ouvrage, signée Lucile Chastre, raconte l’histoire de cet artiste libre s’il en fut, sa montée en gloire, ses batailles contres les « Académies », sa participation à la Commune de Paris, le harcèlement (…)


Noir lycée

Dans son dernier roman policier, le dixième, François Joly nous offre une promenade noire, et experte, dans un lycée lyonnais, à l’occasion d’un « fait divers » fracassant : Naïma, très jeune fille fougueuse,, vice-présidente du foyer éducatif et « sex-symbol maghrébin », y est retrouvée morte. Elle se serait balancée d’une fenêtre. « Suicide » dit la police. Edouard Archimbaud, ex-CPE ( traduction : conseiller pédagogique d’établissement) , connaît comme sa poche cet établissement et ses (…)


Korman

Un livre bouleversant, baroque, magique comme la littérature nous en offre de temps en temps ; une épopée , une écriture riche, un imaginaire détonnant. On est au Mexique (et aux Etats-Unis) ; entre 1945 et 1989 ; les héros, le couple Bernache, Georges le Français et Florence l’Américaine , travaillent pour la société Pullmann, énorme multinationale aujourd’hui disparue (transport et pétrole). A Minas Blancas, ils organisent le creusement d’un tunnel pour détourner le pétrole vers les USA, (…)


Ferney

Après dîner, un groupe de familiers, une mère, ses deux fils, les compagnes et amis, se livre à un jeu de société intitulé « Caractère ». Un jeu de la vérité en fait qui va virer à l’aigre, où chacun se dévoile, se révèle et découvre l’autre, le regard de l’autre. Un vrai strip tease psychologique, comme dit un des personnages.
A cette dramatisation croissante des échanges, l’auteur ajoute un double coup de théâtre, qui inscrit ce récit dans le grand cycle de la vie et de la mort. (…)


Battisti

« L’eau du diamant » a pour cadre le « centre », lieu d’internement futuriste, transparent, avec ses murs de cristal, histoire de rendre toute intimité impossible et, de la sorte, mieux éradiquer le mal. Difficile de situer le pays ni même le temps. Un pays du Sud, demain, un lendemain tout proche en fait. Un interné du centre est le prestigieux psychiatre Onno Karo. Un jour, le responsable de la prison lui propose, contre la promesse d’une libération, d’entreprendre l’analyse d’un (…)


Trillard

Eté 2003, celui de la canicule : un campement de tziganes est aménagé par la municipalité, dans la banlieue de Toulouse, sur un parking. Il y a là le vieil Enrique, le patriarche emblématique mais aussi plusieurs dizaines de familles dans autant de caravanes, roms, manouches, gitans, bohémiens, yeniches, gypsies. Et puis Bartolomé, le gardien et employé municipal, substitut de l’auteur et personnage clé du roman dont on sent l’empathie croissante avec les gens qu’il « garde ».
Face (…)


Desbordes

Un livre rare, à lire dans le plus grand silence, avec la plus grande attention, un livre exigeant, l’exemple même de ce que la littérature peut faire de mieux. Un livre d’autant plus singulier que l’auteur, Michele Desbordes, sait qu’il est le dernier qu’elle écrira ( MD est morte en janvier 2006).
L’emprise est une sorte d’autobiographie, qui va des années de la toute petite enfance, pendant la seconde guerre mondiale, dans la région d’Alençon, jusqu’à ces flaneries, ces tout (…)


Dupeyron

1877 : le livre s’ouvre sur le Courbet de la fin. Le peintre a 58 ans, il est usé, malade. Il vit en Suisse où il a dû se réfugier suite aux persécutions que lui a valu son engagement en faveur de la Commune. Il se raconte. Fils d’un paysan de Franche-Comté, ce peintre illustre a été l’avocat d’un réalisme qui, à ses yeux, doit rendre compte de la réalité sociale. Ce proche de Proudhon, de Baudelaire aussi, offre une peinture de la quotidienneté sans pathos, qui enthousiasme mais (…)


Jacques

Le Caire, 1957. Nasser livre un bras de fer avec l’Occident. Les juifs égyptiens, assimilés aux Occidentaux, quittent le pays. Telle est la toile de fond du dernier roman de Paula Jacques, Rachel Rose et l’officier arabe. Salomon (Schlomo) Cohen, commerçant en meubles, n’a pas très envie de partir ; et puis il pense éviter les problèmes en demandant à sa fille aînée, Rose, de calmer Fouad Barkhouk, l’officier arabe. Ce dernier est un homme déroutant, plein de morgue mais aussi de (…)


Ben Jelloun

Partir, « brûler » comme on dit là bas, c’est à dire passer clandestinement la mer, venir en Europe, cette envie, cette obsession sont celles de ces marocains poussés par le besoin de survivre, de ces intellos qui ont l’impression de gâcher leur vie au pays, de tous ces papillons fascinés par la lumière du Nord. Partir car il n’y a pas de boulot, pas d’espoir et qu’on ne peut pas passer sa vie à fumer le kif dans un troquet perdu. Partir pour fuir la corruption, le crime organisé, la (…)


Gallay

« Je cherche l’or du temps » est une phrase d’André Breton, inscrite sur sa tombe, au cimetière des Batignoles.
Comme son titre, ce roman est d’une attirante étrangeté.Etrangeté de l’intrigue. On voit se former un drôle de couple.
Lui, le narrateur, jeune intello parisien, est en vacance sur la côte normande avec sa femme et ses deux petites filles, des jumelles. Cet homme semble atteint de langueur, d’une sorte de passivité, d’une incapacité au bonheur ; on le sent étranger à lui (…)


Fradier

Roman noir sur le thème de la pédophilie et des réseaux pédocriminels.
Sujet scabreux sur lequel on peut écrire des choses complaisantes ou se
livrer à des discours moralisateurs. Rien de tel ici. Fradier trousse un
polar rythmé, informé, surprenant. Difficile de résumer. Disons qu’il y
a des mystérieux vengeurs qui utilisent les codes d’une grande saga
hollywoodienne ( La guerre des étoiles pour ne pas la nommer) ; des gens
d’Interpol qui ne manquent pas de nous étonner ; deux (…)


Le Corre

Un excellent polar, original, brillant. Paris 1870 : une série de meurtres sauvages déboussole la police. On est face à un criminel qui se veut artiste ; on comprend assez vite que le bonhomme est fasciné par les écrits d’Isidore Ducasse, comte de Lautréamont dont les « Chants de Maldoror » viennent de sortir, dans la plus grande confidentialité (Ducasse va mourir peu après, à 24 ans !). Notre tueur va mettre en application ces chants d’une violence lyrique extraordinaire.
Le roman (…)


Chambaz

Bernard Chambaz continue d’explorer sur un mode romanesque un thème qu’on pourrait ainsi résumer « le communisme, mon père et moi ». Jacques, le père, est mort en aout 2004. C’était un dirigeant important du PCF, où il s’était occupé de la culture et des intellectuels, poste délicat... Dans « Ghetto », le regard sur ce père est à la fois acéré et tendre, de plus en plus tendre à mesure que le roman avance. Le livre est construit sur trois plans. Il y a la déambulation du fourgon mortuaire en (…)


Monfils

Nadine Monfils, Belge qui vit à Montmartre, a à son actif une trentaine de romans et de pièces de théâtre. Primée à Cognac en 2007, elle a commencé sa carrière avec « Une petite douceur meurtrière » (Série noire, 1995) ; a créé une série avec le personnage du commissaire Léon, un flic qui tricote, présent dans une dizaine de romans, entre 1999 et 2002, aux éditions Vauvenargues.
Téquila frappée : un jour la douce Alice, rentrant chez elle, a la surprise de voir sa maison exploser ; (…)


Constantine

Livre délicieux, généreux où la dureté de la vie est apprivoisée, domptée, où la misère sociale est transformée. On pense à « Dis oui Ninon » de Maud Lethielleux.
Le héros, Tom, a onze ans ; sa mère, Joss, l’a eu alors qu’elle n’avait que 13 ans ; on voit ce couple aujourd’hui dans la débine ( le père bien sûr a disparu) et un gamin,souvent laissé seul, souvent aussi plus mature que sa mère, trop petite pour être vraiment mère. Tous deux vivent dans un mobile-home, à la campagne ; Tom (…)


Franck et Vautrin

Le 6e volume d’une série intitulée « Les aventures de Boro, reporter photographe ». Ce roman écrit à quatre mains est une singularité née voilà vingt ans, en 1987, quand les deux romanciers créèrent « La dame de Berlin ». On y découvrait Blémia Borowicz, alias Boro, jeune immigré hongrois à Paris, photographe portant une canne et un Leica, boiteux, ténébreux, élégant, aventureux, amoureux, antifasciste. Le personnage de Boro était inspiré du reporter Robert Capa.
Dans ce premier (…)


Zenatti

Ce drôle de titre trouve son sens vers la moitié du livre : nous sommes en Israel, début 1991 ; l’héroïne, Constance, une étudiante française, est jusque là peu attentive aux recommandations officielles en vue de se préparer à la guerre, de se défendre contre les bombardements annoncés d’Israel par l’Irak ( masques, isolants contre les gaz…) ; alors que le conflit est sur le point d’éclater, on est à la veille de l’ultimatum, la jeune femme se met enfin à la recherche de ces (…)


Redonnet

Diego Aki est un clandestin qui vient de l’autre côté de la mer, de Tamza, un pays du Sud. Jeune, il a été dans le Mouvement, pour changer les choses. Mais cet engagement lui vaudra de passer la moitié de sa vie en prison.
En France, on va le voir vivre, progresser, chuter, repartir ; croiser Amid qui tient un garage à Loisy, dans le nord de Paris ; Aigle d’or, un ancien révolutionnaire d’Afrique qui squatte une gare désaffectée ; Mateo qui partira bientôt en Amérique du sud ; Ali (…)


Bard

Bard nous promène au Mexique, un pays dont un ancien dictateur disait que son malheur était de vivre si loin de Dieu et si près des Etats-Unis. Le roman se passe précisément le long de la frontière entre Mexique et USA, entre Matamoros à l’Ouest, Ciudad Juarez au centre, Tijuana à l’Est.
Un mur sépare les deux pays ; les hommes ne passent pas, les marchandises, oui. Du côté mexicain sont installées 3000 sociétés occidentales qui usent et abusent d’une main d’œuvre féminisée, (…)


Jélinek

Immigré russe de la première génération, Iouri Voronine vit chichement aux Etats-Unis. A la mort de sa femme, son fils l’invite, l’oblige plutôt, à partager son existence en Californie. Où il perd jusqu’à son identité, adoptant le nouveau patronyme du rejeton, rebaptisé Lincoln !
Le vieil homme, dépaysé dans le monde des fortunés, dans ce ghetto de riches de Beverly Hills, vit une sorte de nouvel exil. Le monde clinquant des milliardaires, avec limousine et chauffeur, toute cette (…)


Peju

Un conte terrible encadre ce livre, celui d’un petit garçon et d’une petite fille, dans un monde en guerre, perdus dans la forêt et emportés par un ogre. C’est sous ce terrible parrainage que nous suivons l’existence de Paul Marleau.
La première partie du livre se passe en Allemagne. Alternent des chapitres où, en 1963, Paul découvre la province allemande, vivant chez son correspondant et d’autres qui mettent en scène l’invasion nazie de l’Ukraine en 1941.
Lors de son séjour, Paul, (…)


Lesbre

Lors d’un déménagement, la narratrice tombe sur une petite boîte qui contient ce qui reste de son père ; il y a là notamment un mot annonçant sa naissance et une montre. A l’image de la petite aiguille, repartie dans sa course sans fin, l’héroïne va se mettre en mouvement, courir d’un rendez-vous à un autre, visiter des maisons mises en vente, dans une sorte de quête.
Le roman commence lors de la visite de la dernière maison, la 30è, une belle demeure en bord de mer, et le récit (…)


Rouaud

Lors d’une traversée des Cévennes, en diligence, en juin 1871, Constance Monastier, femme d’industriel, elle même ornithologue, rencontre Octave Keller, jeune communeux ou communard, qui vient d’échapper à la répression versaillaise et fuit vers le sud, vers un port, vers l’étranger.
A travers les passagers de la calèche, un notaire, un curé, une demi-mondaine, un artiste non-engagé, Rouault évoque cette société étriquée de la fin du 19è siècle, société hypocrite, toute habitée par (…)


Lachaud

Denis Lachaud
Né en 1964, comédien, auteur de quatre romans chez Actes Sud. Ses thèmes : l’enfance, l’identité, l’homosexualité, le travail, la violence.
J’apprends l’allemand, 1998
L’enfance et la jeunesse d’Ernst Wommel, à la recherche de ses origines allemandes et découvrant son homosexualité. Sur la question de la mémoire (et de l’oubli, de l’amnésie). Un roman familial sur l’héritage, la transmission, les secrets. Un roman limpide
La forme profonde, 2000
La forme (…)


Bouraoui

Ecrivaine franco-algérienne ( de père algérien, de mère bretonne), Nina Bouraoui a écrit à 24 ans « La voyeuse interdite », prix du Livre Inter. Une demi-douzaine de romans ont suivi avant « Garçon manqué » (2000) qui raconte la rencontre de ses parents, la fascination de l’Algérie, la rudesse du machisme ambiant, l’hostilité de la belle-famille. Elle revient dans « Mes mauvaises pensées » sur cette histoire, sur un mode plus introspectif. Le texte, qui se présente comme une longue (…)


Thilliez

Franck Thilliez
La maison des morts
Le Passage
Un monstre psychopathe, qui incarne l’ogre des terreurs enfantines, une jeune femme brigadier de police qui essaye d’établir le profil de ce criminel très atypique, des enlèvements d’enfants inexplicables, il y a déjà là les ingrédients d’un bon thriller. Ajoutez l’arrivée dans le paysage de deux personnages qui vont être au centre de l’intrigue mais qui ne comprennent rien à ce qui leur arrive : Sylvain et Vigo, chômeurs. Une nuit, (…)


Desbiolles

Primo
Maryline Desbiolles
Seuil
L’auteure part, dans ce récit doux et triste, à la découverte de son ascendance italienne, de cette grand-mère notamment chez qui elle passait ses vacances, enfant, et dont elle ignore l’histoire.
Elle enquête à Turin, sur les terres de l’Eglise où cette grand mère, pourtant déjà émigrée en France, avait décidé de venir accoucher de son second enfant. C’était en 1930. Mussolini vantait sa politique nataliste, nationaliste, et encourageait ce (…)


Sorman

Joy Sorman
Boys, boys, boys
Gallimard
Ce premier roman, véritable coup de colère d’une jeune auteure sur la place des femmes dans la société, est volontiers présenté comme emblématique d’un nouveau féminisme. Joy Sorman y est sévère pour son propre « camp », celui des femmes ; elle lui reproche sa posture de retrait, son excès de prudence, son mutisme : « Vous n’avez jamais voulu me faire de la peine, vous m’avez protégée parce que c’est ça le boulot des copines. Maintenant je veux (…)


Egloff

Joël Egloff
L’étourdissement
Buchet-Chastel
Voici un livre à la croisée de l’étrange, du loufoque et de la poésie. Où l’on retrouve l’imaginaire singulier d’Egloff, son univers complètement personnel.
Le narrateur raconte son errance dans une friche industrielle. Il vit dans un taudis avec une grand mère acariâtre, travaille à l’abattoir, passe ses dimanche sur une décharge, à deux pas d’un aéroport ; il rêve de partir, ce qu’il ne fera pas. Ajoutons au décor des collègues (…)


Jauffret

Régis Jauffret
Asiles de fous
Gallimard
« Familles, je vous hais ! » disait Gide. On peut dire que c’est un roman gidien que les dames du Femina ont couronné, à l’automne 2005. « Asiles de fous » est le portrait d’une famille (versaillaise) au moment d’une rupture amoureuse. Quatre personnages entrent successivement en scène : Gisèle, surprise lors d’une véritable crise d’hystérie ; Joseph, le beau-père, mesquin, prétextant un problème de robinet pour s’inviter chez elle, lui (…)


Germain

Sylvie Germain
Magnus
Albin Michel
Le héros, Franz-Georg Dunkeltal, est un enfant de cinq ans amnésique. Son plus lointain souvenir est un ourson à l’oreille roussie, appelé ( le nom est cousu) Magnus. Ses parents, Clemens et Thea, vont donc combler le vide, lui raconter les souvenirs manquants. Des parents qui fascinent, le père à la si belle voix, la mère qui a tant de tenue…
C’est donc sur le thème de la mémoire manquante que Sylvie Germain propose un roman plein d’émotion. (…)


Morin

Pascal Morin
L’eau du bain
Editions du Rouergue
Un livre inquiétant qui commence comme une chronique distante de vacances estivales, dans le Sud, pour basculer dans l’horreur. Une horreur froide, sans pathos.
Un jeune homme, intello, urbain, passe l’été dans la ferme familiale. Plus exactement le long de la piscine construite en lieu et place de l’ancien jardin. Autour de lui, on travaille, on sue, on se taît. Et lui paresse, se baigne, bronze. Première incongruité. (…)


Salvayre

Lydie Salvayre
La méthode Mila
Transformer une longue apostrophe à Descartes en roman ? C’est le défi, réussi, que s’est lancée Lydie Salvayre. Fausto, 40 ans, vieux garçon incertain, sans métier, sans amour, est un ratiocineur ; il rêve de philosopher mais peine à trouver son sujet. Puis il récupère chez lui sa vieille mère, grabataire, qu’il doit prendre en charge comme un enfant. La tâche est lourde. L’homme cherche comment la supporter en se plongeant dans la philosophie de (…)


Rufin

Jean-Chritophe Rufin
Globalia
Gallimard
Un beau grand (500 pages) roman d’anticipation. Notre planète dans quelques siècles. Les pays, les Etats ont disparu. Ne subsistent, face à face, qu’une nouvelle civilisation, Globalia, un monde hyper policé, hypersécuritaire, une sorte de civilisation unique qui s’étend à tous les continents, vivant sous une sorte de cloche de verre, un monde préservé comme une serre ; une démocratie idéale mais où 98% des gens s’abstiennent.
Et au delà (…)


Fellous

Aujourd’hui
Colette Fellous
Gallimard
L’écriture de Colette Fellous est pleine de lumières, d’odeurs, de sons. On retrouve dans « Aujourd’hui » cette nostalgie d’une Tunisie perdue, pays de l’enfance. La Tunisie oecuménique de l’avant 1967, quand la « Guerre des six jours » va briser l’harmonie, réelle ou rêvée, et allumer la haine entre juifs et arabes.
La force de l’écriture de Colette Fellous est dans la qualité de ses motifs. Il y a par exemple l’opposition de la chambre et (…)


Laclavetine

Matins bleus
Jean-Marie Laclavetine
Gallimard
Le romancier fait vivre tout un petit monde (passagers, clients, commerçants, badauds…) d’un même lieu, un hall de gare parisienne, et dans un même temps, la journée du 19 mai, entre 6h30 et 17h08.
L’ouvrage met en mots cet incroyable grouillement, cet incessant croisement, ce perpétuel chevauchement qu’est un hall de gare. Il offre une tranche d’humanité de manière drôle, pathétique et surtout : talentueuse. On voit donc s’agiter (…)


Jaouen

Hervé Jaouen
Au-dessous du Calvaire
Terres de France/Presse de la cité
Grand roman historique, évoquant l’Occupation et la Libération, en Bretagne, qui a des allures de roman noir. Jaouen évoque ici un sujet qui n’est pas tabou mais peu évoqué par ailleurs : celui de la collaboration du mouvement nationaliste breton avec l’occupant nazi.
La famille Kermanac’h est une sorte d’allégorie de la Bretagne d’alors, partagée entre résistants, collabos et attentistes. Sur cet enjeu (…)


Olmi

Véronique Olmi
La petite fille aux allumettes
Stock
Andréa est une routarde, une sorte de guerrière égarée sur une plage. Elle regarde les rites de ce monde en vacances, ses jeux, mate cette foule indifférente et heureuse, sonde son corps, « un être mal assemblé », se retrouve en face d’hommes inquiétants, des flics, des gardes, des cerbères, se recueille dans une église, une crypte, s’abandonne à la contemplation du feu, retrouve les images de sa grand mère, le seul être qui (…)


Deforges

Régine Deforges
La hire ou la colère de Jehanne
Fayard
Voilà un livre qui intrigue ! L’histoire de Jeanne d’Arc la pucelle par Régine Deforges, auteure mieux connue pour ses très beaux textes érotiques. Un rapprochement curieux, un oxymoron. Et pourtant ça marche. Ce gros livre est un ravissement. Parce que Deforges a du talent ; parce que Jeanne d’arc est personnage à redécouvrir ; parce que l’héroïne est mise en scène avec son extraordinaire petit monde.
Retour, cinq siècles (…)


Angot

Christine Angot
Les désaxés
Stock
Un livre à la fois simple et déroutant. Un couple d’intellos parisiens, dans le milieu de la littérature et du cinéma, qui s’aime, se déchire, se sépare, se retrouve, s’aime, se déchire, se sépare, se retrouve, etc… Une introspection froide d’un duo où la femme est dangereuse, exigeante, voire hystérique et homme patient, passif, attentiste. En toile de fond, le petit monde parisien de la littérature, du cinéma, des sujets d’actualité ( Affaire (…)


Dugain

La malédiction d’Edgar
Marc Dugain
Gallimard
L’histoire américaine, des années trente à soixante dix, à travers le personnage de John Edgar Hoover, patron du FBI. Chef inamovible durant un demi-siècle de la police fédérale des USA, Hoover exerça un contrôle politique tatillon de ses concitoyens, mit sur fiches tout l’appareil dirigeant, y compris ses présidents
comme Roosevelt, Truman, Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon. Partisan inconditionnel de « la libre entreprise », (…)


Quignard

Villa Amalia
Pascal Quignard
Gallimard
Beau roman, mélancolique, en quatre parties, un peu comme les quatre saisons.
Partie 1, ou l’hiver : Ann, musicienne, pianiste et compositeur, presque quinqua, découvre que son compagnon la trompe ; cette infidélité provoque en elle un séisme d’une force infinie ; elle décide de disparaître, non pas se suicider mais fuir. On assiste à l’entreprise méticuleuse et compliquée qui consiste à réussir une dispararition : quitter son métier, son (…)


Manotti

Le corps noir
Dominique Manotti
Seuil
Beau roman noir sur les derniers jours de l’Occupation, à Paris, durant l’été 44, quand un monde se délite, celui de la collaboration. La SS allemande, appelée le corps noir, et son auxiliaire la gestapo française, règnent encore sur la capitale. Mais la Libération est en marche et chaque chapitre du livre commence par deux ou trois faits du jour qui en rappellent l’inexorable marche.
On y voit parfaitement comment les puissances (…)


Aubert

Brigitte Aubert
Nuits noires
Fayard noir
Un recueil de douze nouvelles noires. Comme toujours avec Brigitte Aubert, gros frissons garantis. Certaines histoires sont bien glauques comme « Soir de fête » ;
le suspense est toujours au rendez-vous, voir « Loup, loup y es tu » ; il y a des affaires qui se règlent à la machette comme « Plus ou moins » ; on y fait, la nuit bien souvent, de drôles de rencontres comme « Le plus jeune métier du monde » ; il y est question d’amour et de (…)


Viel

Tanguy Viel
L’absolue perfection du crime
et
Insoupçonnable
Edition de Minuit
« L’absolue perfection du crime » fait penser à un scenario de vieux polar en noir et blanc, un film de Melville années 60. Il traite d’ un hold up, présenté comme le hold up du siècle, l’absolue perfection du crime, dit le vieux chef du gang, un crime parfait, sans une goutte de sang versé, en principe. Le livre se compose de trois chapitres : la préparation du casse ; le casse ; la vengeance.
On (…)


Pavloff

Franck Pavloff
Le pont de Ran-Mositar
Albin Michel
Dans ce pays jamais nommé, il y eut récemment une guerre civile qui opposa les gens des montagnes et ceux du littoral, les bucherons contre les marins. On est sur les pas de Schwara, forestier ou charpentier, lui même à la recherche d’un homme. Pour l’aider ? Le traquer ?
On va traverser ce pays jamais nommé, remonter le long de la Vidoul, passer par un village de pêcheurs où n’ont survécu que des femmes, croiser un centre de (…)


Clément

Catherine Clément
Les derniers jours de la déesse
Stock
Il était une fois une déesse indienne appelée Amma La Mère. De son vrai nom Rachel Ephraim, cette juive d’Egypte, française de nationalité et ex cantatrice, était devenue au Bengale l’objet d’un culte populaire. Avec son compagnon Mahashina, ex dirigeant nationaliste devenu mystique, ils formèrent deux moitiés d’un même dieu. A la mort de l’époux, elle régna magistralement sur son ashram, entourée de ses disciples. Mais qui (…)


Detambel

Régine Detambel
Pandemonium
Gallimard
Joachim Wagner a été condamné en 1945, avec ses trois frères et leurs quatre épouses, pour extorsion de fonds et voies de fait sur les pensionnaires de la Gloriette, une maison de retraite dans l’Aude qu’il dirigeait, immeuble qui prendra plus tard le nom de Pandemonium, du grec (démon), ou capitale des enfers. Tout un programme. Par la suite, il a lâchement laissé emprisonner sa petite-fille Marie pour le meurtre de son mari, meurtre (…)


Groult

La touche étoile
Benoite Groult
Grasset
Un roman drôle, émouvant, toujours vif, par moment presque un pamphlet jubilatoire sur un sujet pourtant grave : le droit à mourir dans la dignité. Ce n’est pas un essai mais bien un roman, un peu à la gloire des vieux et contre le jeunisme ambiant. Dans le même temps c’est aussi le bilan désabusé d’une féministe de la première heure sur le thème : tout ça pour ça ! Toutes ces batailles pour l’égalité et la dignité, contre le machisme et (…)


Taillandier

Option paradis
et
Telling
François Taillandier
Stock
Francois Taillandier s’est lancé dans un cycle romanesque intitulé « La grande intrigue » qui comportera au total cinq volumes où il explore l’histoire de cinq générations en partant du présent vers le passé et en sautant d’une mémoire à une autre. Deux volumes ont déjà été publiés, « Option paradis » et « Telling ». Son ambition est de « renouveler le roman familial et sociologique ». Vaste programme dont l’auteur (…)


Teulé

Jean Teulé
Je, François Villon
Julliard
Un grand livre, mettant en scène un personnage fabuleux, mythique, méconnu : François Villon, troubadour, né en 1431, mort en 1463, probablement. A 32 ans. On sait peu de choses de l’homme, sinon qu’il a vécu le plus souvent à Paris au temps de Charles 7 puis de Louis 11. Comme il a passé beaucoup de temps en prison, les archives judiciaires et carcérales parlent pour lui. Et puis ses textes, heureusement, sont restés.
Cette absence (…)


Slocombe

Regrets d’hiver
Romain Slocombe
Fayard noir
Gilbert Woodbrooke, insouciant photographe anglais, débarque à Hokkaido, dans l’extrême nord du Japon, avec dans sa valise une sculpture de Gauguin qu’il espère vendre à un industriel multimilliardaire nommé Miyamoto, collectionneur fou de ce peintre. Ce dernier fut témoin et acteur des crimes de guerre commis en Chine par le Japon pendant la seconde guerre mondiale. Dans un face à face tendu avec son visiteur britannique, il va (…)


Benson

Stéphanie Benson
Tolérance zéro
Les contrebandiers
2022, dans les Landes. Une fugueuse croise un couple de médecins. Le couple est assassiné, la fugueuse disparaît. Et les flics d’Epicur, une unité d’élite européenne, se mettent en chasse. Au même moment où la police de Bordeaux trouve qu’il y a un peu trop de cadavres anonymes qui échouent en ville. « Tolérance zéro » nous parle des mafias de la santé, autrement dit des multinationales de la chimie (ici Termite Inc), de la (…)


Benameur

Jeanne Benameur
Présent ?
Denoel
Mon coup de coeur. Enfin un roman généreux, intelligent, juste sur l’école, l’école de banlieue qui plus est. Il se dit tellement d’horreurs et de bêtises sur le sujet, il s’écrit tellement d’essais intolérants, de romans caricaturaux ( voir le dernier Jonquet) qu’un tel livre est vraiment le bienvenu. Une belle réflexion sur l’école sous forme romanesque, donc. Dans un collège de banlieue, le jour du conseil de classe qui doit décider de (…)


Depussé

Marie Depussé
Les morts ne savent rien
POL
Un livre plein de charme, de vie, de poésie, de liberté. Une histoire simple, apparemment, qui raconte l’enfance heureuse dans le Morvan des enfants Dépussé, deux frères, deux soeurs, les parents ; leur déracinement et leur montée à Paris ; puis la mort de la mère qui est au coeur du livre. Pour retrouver la parole perdue de cette mère, Marie, l’aînée, décide de faire parler ses trois frères et soeur. Résultat : « ce texte écrit à 4 voix (…)


Constant

La bête à chagrin
Paule Constant
Gallimard
Un roman bouleversant au titre magnifique. Une tragédie dont le titre est à lire au premier degré : il y est vraiment question d’une bête, d’un chien, incarnation du désespoir, de l’abandon, de la dépendance, mais il désigne aussi des personnages pitoyables et déchirants, à commencer par Cathy et Jeff.
Cathy a tout d’une femme heureuse, un mari charmant, sportif, un bel ado de fils, un travail de cadre, une belle maison en bord de mer, (…)


Aurousseau

Nan Aurousseau
Bleu de chauffe
Stock
Bien que publié dans la « blanche » comme on dit, ce livre est un vrai livre noir. Premier roman d’un titi parisien de 50 ans, un exemple d’écriture populaire ; le style est dru, vif, nerveux, condensé, argotique parfois. Le sujet, ou du moins le cadre, est la vie ouvrière ; notre héros est un plombier, un ouvrier plombier. Déjà cette rareté est une merveille : un héros qui n’est pas avocat ni journaliste ni romancier mais plombier. Et (…)


Quintreau

Laurent Quintreau
Marge brute
Denoel
Quelques heures d’une séance d’un conseil d’administration d’une multinationale ( de la pub ? De la com ?) à travers les ruminations successives des onze cadres supérieurs, hommes et femmes, qui sont autour de la table, leurs monologues intérieurs formant autant de chapitres.
C’est juste, bien vu, méchant, corrosif, drôle, efficace. Pour Quintreau, l’enfer de Dante réside dans un comité de direction d’une grande firme, royaume du dividende, (…)


Desarthe

Agnès Desarthe
Mangez-moi
Olivier
Le titre intrigue. On pense un instant à une sorte de manifeste érotique. Ce n’est pas tout à fait ça. En fait ce livre est assez difficile à résumer. On pourrait dire qu’il s’agit du récit des vies de Myriam : la Myriam d’aujourd’hui qui tente une renaissance, une nouvelle renaissance, en ouvrant un resto en plein Paris, ses histoires, ses déboires, ses fabuleuses recettes ; la Myriam d’hier, désemparé face à la naissance de son fils Hugo, le (…)


Maspéro

François Maspéro
Le vol de la mésange
Seuil
Recueil d’une quinzaine de récits brefs où François Maspéro se met en scène dans des souvenirs anciens ou très récents, sous les pseudos de Manuel, de Luc ou de Gilles, des prénoms qu’on retrouve dans ses autres romans. C’est toujours un peu la même morale, témoigner, donc combattre et espérer, toujours la même exigence intellectuelle, et la fidélité aux idéaux et aux amitiés. C’est parfois drôle comme cette première nouvelle, d’à peine (…)


Bourgeade

Pierre Bourgeade
Ramaruelle
Tristram
Un livre court, rapide. Sept jours de la vie d’une femme, racontés par elle même. Elle s’appelle Françoise d’Elbée, 35 ans, fille de médecins ; elle habite Passy, se trouve « normale » ; cette bourgeoise est mariée à un banquier, a deux enfants ; elle dispose d’un bel appart, d’un maître d’hôtel. L’aisance. Certes elle est froide mais son mari ne lui a jamais fait de remarques. Comme chaque année, elle descend seule, au début de l’été, dans sa (…)


Goffette

Enfance lingère
Guy Goffette
Gallimard
Voici un texte d’une merveilleuse légèreté. Déjà le titre est épatant : enfance lingère ?
on entend enfance légère. De fait, nous avons ici un roman coquin, drôle, érotique, un vrai bonheur de 170 pages qui se déguste en un rien de temps. L’auteur raconte en chapitres très courts, eux même coupés en mini paragraphes, ses premiers pas dans la découverte de sensualité.
Le premier chapitre, d’un humour décapant, est consacré au père, homme (…)


Garat

Anne-Marie Garat
Dans la main du diable
Actes Sud
910 pages
On écrit donc encore des romans à 1000 pages, comme avant. Signe d’une reprise de confiance dans l’écriture romanesque et d’un regain d’intérêt des lecteurs. « Dans la main du diable » se passe en 1913/1914. L’héroine, la jeune Gabrielle, vit dans la nostalgie du bel amant disparu en Orient, Endre Kertescz. Un jour, le ministère des armées lui restitue la malle ayant appartenu au jeune homme. En fait il s’agit d’un (…)


Tuil

Karine Tuil
Douce France
Grasset
Le titre reprend une romance de Trenet, reprise récemment par un groupe de musique en vogue ; on comprend qu’on va parler de la façon dont notre pays accueille l’étranger. Tout commence dans un décor qui ressemble à ce qu’on peut voir sur les quais d’Ivry : un groupe de clandestins venus de l’Est attend pour vendre ses bras. Une jeune femme, notre héroïne, qui a besoin d’aide pour monter sa bibliothèque, passe par là ; arrive des cars de police, (…)


Arsand

Daniel Arsand
Des chevaux noirs
Stock
Un livre à couper le souffle. Un discours d’exaltation, de passion, de furie. Un rythme de sprint ; on se dit qu’à cette allure, l’auteur ne tiendra pas la distance. Il la tient pourtant. Jusqu’à la fin, la fureur est là et nous aussi, lecteurs, on reste là, abasourdis et emportés par une telle énergie. « Des chevaux noirs » revenait systématiquement parmi les nominés de l’automne 2006 ; à l’arrivée il n’a pas obtenu de prix. Dommage car (…)


Mondoloni

Le marchand de tortures
Jacques Mondoloni
Editions Mélis
Toni Benneveine, un bougon pas méchant mais atypique sur les bords, vient de sortir de taule. Au lieu de reprendre une vie normale, jouir des siens et de sa bonne fortune, le voici littéralement obsédé par une idée étrange : il s’est aperçu que l’arrêt de bus qui faisait face à la prison s’intitulait « Rimbaud-Baumettes ». Notre homme trouve insupportable cette association entre le génie des poètes et ce cachot maudit. Il (…)


Garnier

Pascal Garnier
Comment va la douleur ?
Zulma
La rencontre et la brève vie partagée de Simon, Simon Marechal, préretraité cynique, qui a oeuvré toute sa vie dans « l’éradication des nuisibles » et Bernard, jeune homme niais, gentil, limite crétin, un garçon insupportablement bon. Un duo parfait pour aller à la catastrophe. Surtout si l’on prècise que Simon est en fait tueur à gage, que Bernard va lui servir quelques jours de chauffeur, le temps d’expédier un dernier contrat. En (…)


Castillon

On n’empêche pas un petit coeur d’aimer
Claire Castillon
Fayard
Un recueil de nouvelles qui nous donne des nouvelles du couple. La photo
de couverture donne le ton. Une femme est de dos, on devine en face un
homme dont on ne voit que la main droite dans les cheveux de sa
partenaire mais on sent là une telle énergie qu’on ne sait pas s’il
s’agit d’un geste d’amour ou d’une scène de viol. Cette ambivalence,
quelque chose de trouble et d’ambigu, probablement de cruel, (…)


Carrere

Emmanuel Carrere
Un roman russe
POL
Un roman russe, malgré son titre, n’est pas un roman. C’est un objet assez difficile à définir d’ailleurs, récit intime, journal de voyage. Plusieurs histoires ici sont racontées. Le premier récit évoque des voyages, des reportages dans la Russie d’aujourd’hui. Pour Carrère, c’est l’occasion d’un retour à ses racines russes. Fils de l’académicienne Hélène Carrere d’Encausse, l’auteur est le petit fils de Georges Zourabichvili, émigré russe, (…)


Minard

Céline Minard
Le dernier monde
Denoel
Attention : monument !
Un livre sidérant, épique, une hallucination poétique et surrealiste par moments, réalisé par une trentenaire incroyablement cultivée, incroyablement douée et surtout incroyablement libre.
Jaume Roiq Stevens est cosmonaute. Lorsqu’il revient sur terre, il trouve une planète desertée par les hommes, une terre sans humain mais où les animaux eux prospèrent.
Le livre vire à l’épopée, énorme. Stevens prend la tête (…)


Sportes

Maos
Morgan Sportes
Grasset
Mai 68 est un sujet de roman récurrent ces dernières années. On souvient par exemple de « Tigres de papier » d’Olivier Rolin en 2004. Sur un thème proche, Morgan Sportes revisite l’attitude de la Gauche prolétarienne à la fin des années soixante.
Nous sommes au milieu des années 70. Le héros, Jérôme Rouhaut, travaillant dans une grande maison d’édition, va se marier avec la jolie Sylvie, jeune fille de bonne famille. Il fait partie de ces anciens (…)


Levy

Marc Levy
Les enfants de la liberté
Robert Laffont
Un récit en trois temps : l’histoire de la brigade FTP-MOI Marcel Langer, ou les débuts de la résistance armée à Toulouse par de très jeunes gens, juifs ou étrangers pour la plupart (novembre 1940/ decembre 1943) ; l’arrestation du réseau, la vie en prison (jusqu’à juin 1944) ; l’histoire insensée et très probablement véridique du transport de ces prisonniers vers l’Allemagne dans une sorte de train fantôme qui, dans une France (…)


Vallet

L’endormeuse
Jacques Vallet
Cherche Midi
Un beau (et gros) roman, s’inscrivant dans ce genre de récits qui manient destin individuel et grande histoire et construit avec une belle originalité. L’histoire apparemment est simple : le héros, peintre parisien sans gloire et désabusé, visite, il a la soixantaine, la petite ville de la Meuse dont sa mère est originaire, histoire de comprendre quelle fut la jeunesse de cette femme renfermée et maussade, avec qui il ne réussit jamais à (…)


Brisac

Geneviève Brisac
52 ou la seconde vie
Olivier
Un recueil de nouvelles, 52 nouvelles pour les 52 semaines d’une année, autant de morceaux de mosaique ou de pièces d’un puzzle et à l’arrivée un roman éclaté mais un roman tout de même.
Ce sont toujours des femmes qui parlent ici, à tour de rôle, à 52 reprises ; elles s’appellent Akka, Nouk, Carlotta, Mélissa, Rétsiné, Tova, Mona ; elles sont pédiatre, professeur de russe, écrivain ou employée de bureau. De quoi parlent-elles ? De (…)


Lépront

Esther Mésopotamie
Catherine Lépront
Seuil
Un roman d’amour, d’une lecture exigeante et d’une énorme délicatesse. Deux femmes, un homme, beaucoup d’amour qui circule mais un amour non dit, non déclaré. Tout est dissimulé et ça va durer, des années et des années. La narratrice est une étudiante qui vit de rédaction et de traduction, une jeune fille affectée d’une légère claudication, une fille mutique, réservée, qui aime sans le dire l’homme qui l’héberge. Lui, c’est Osias (…)


Joly

François Joly
Les fans sans balance
Suite noire/ La branche
Insolite voire obscène le rapprochement de ces deux termes : jazz et Buchenwald, comme la cohabitation de la vie et de la barbarie. C’est pourtant ce que nous propose François Joly dans ce court polar très rythmé qui part de faits avérés : l’internement par les nazis de la musicienne noire américaine Valaida Snow, la présence à Buchenwald du saxophoniste Louis Marcovitch, dit Marco, qui composera le Chant des FTP de (…)


Petitjean - Cerf

Cypora Petitjean – Cerf
Le corps de Liane
Stock
Un roman sur la féminité. Comment devient on femme, comment se constitue une identité de femme lorsqu’on ne vit que dans un monde de femmes ? comment se transmet (ou pas) cette identité entre générations ? Tel est le thème de ce roman d’une pâte humaine formidable, sorte de carnet de bord d’une ado, la jeune Liane, de ses 9 ans à ses 18 ans, aux prises avec les métamorphoses de son corps, avec sa famille (sur quatre générations), (…)


Pujade - Renaud

Le désert de grâce
Claude Pujade-Renaud
Actes Sud
Un nouveau roman sur Port Royal. On connaît tous, plus ou moins, l’histoire de ce courant religieux dit le jansénisme. Au 17è siècle, il traversa l’église catholique et fut qualifié d’hérésie ; on retrouve chez ces gens un peu l’esprit de la « Réforme », une envie de retour aux sources, le choix de la rigueur contre la pompe, le refus des moeurs de la cour. Le roi Louis 14, le pape aussi, leur donneront la chasse.
Claude (…)


Hamon

Paquebot
Hervé Hamon
Panama
A la suite de Hervé Hamon, on embarque, d’un port africain, sur un bon vieux paquebot appelé l’Imperial tsarina, pour une croisière « mystère », mystère car on est censé découvrir le programme et les escales au fur et à mesure du voyage. Un "concept" comme on dit. Le Tsarina n’est pas un bateau hyper-luxueux mais offre un bon confort, une sorte de petite ville cosy de 1000 passagers, 750 touristes, occidentaux, et 250 homes (femmes) d’équipage. On va (…)


Gaudé

Laurent Gaudé
Dans la nuit Mozambique
Actes Sud
Petit recueil de quatre nouvelles d’un très bon romancier, capable en trois mots de nous projeter dans la peau d’un marchand d’esclaves d’il y a quatre siècles ou d’un vieux romancier new yorkais au seuil de la mort ou d’un fou de guerre complètement détraqué par 14-18 et qui hante l’Afrique ou encore d’amis qui ont la religion des histoires.
Le dépaysement est total, les personnages poignants, les intrigues fortes.
« Sang (…)


Chandernagor

Françoise Chandernagor
La voyageuse de nuit
Gallimard
Quatre soeurs et leur mère mourante que les filles accompagnent dans son agonie. L’occasion pour chacune de revisiter le lien maternel et leurs rapports mutuels. Un livre intimiste, douloureux, lucide. Un superbe roman, une histoire d’amour polyphonique.
Il y a Olga, la mère, devenue un véritable despote ; Katia, l’aînée, écrivain qui se sent rejetée ( et la narratrice principale) ; Vera devenue commissaire aux comptes, qui (…)


Germain

Dominique Sylvain
L’absence de l’ogre
Viviane Hamy
« Il y a des moments où l’absence d’ogre se fait cruellement sentir » disait l’humoriste Alphone Allais ; il est significatif que l’auteure soit allée chercher cette maxime pour son exergue. Cela donne le ton du roman, à la fois réaliste mais avec une touche de fantaisie parfois proche de l’absurde.
On y retrouve ce singulier couple d’enquêtrices, Lola et Ingrid, que Dominique Sylvain avait déjà mis en scène dans de précédents (…)


Vallejo

OUEST
François Vallejo
Un livre qui n’a pas hérité de prix prestigieux ( il a toutefois eu coup sur coup le prix du Livre Inter ; le prix du jury Jean Giono ; le prix Millepages) mais qui les méritait bien. De toutes façons, il a rencontré un beau succès auprès des lecteurs.
On est dans la seconde moitié des années 1800, au fin fond de la Normandie, dans le château des Parrières. A ma gauche, Lambert, garde-chasse, homme rude, raide, près de la nature, de ses chiens, de ses (…)


Rosenthal

On n’est pas là pour disparaître
Olivia Rosenthal
Verticales
Un roman ..sur la maladie d’Alzeimer. Drôle de sujet, pensera-t-on, mais pourquoi pas. On romance l’amour, la guerre, pourquoi pas la vieillesse, la démence et cette difficulté d’être un homme (une femme) ? Nommer, mettre en mots, c’est déjà en partie rassurer, maîtriser, resister, s’humaniser.
L’auteur croise un fait divers d’aujourd’hui, un vieil homme poignarde sa femme et ne garde aucun souvenir de l’acte- et (…)


Cathrine

Arnaud Cathrine
La disparition de Richard Taylor
Verticales
On est en Angleterre. Le 16 mai 1998, Richard Taylor a donc a disparu. Qui était-il ? Le roman utilise la méthode du portrait en creux : on ne donne pas directement la parole au « héros » mais on fait parler une série de proches qui témoignent de son existence. En plusieurs séquences : au moment de sa disparition ; ce qu’il est devenu durant les quatre années suivantes ; puis sept ou huit ans après sa « disparition ». (…)


Fuks

Vanessa Fuks
La technique des trois marteaux
Les contrebandiers
L’enquêtrice, Mlle Akiko, trentenaire, mère japonaise, père breton, est de retour en Bretagne, justement, fuie par sa mère trente ans plus tôt. L’affaire dont elle hérite est plutôt impressionnante : un maréchal ferrant est retrouvé mort, sans tête ; décapité à la faux, ce qui évoque l’arme fatale qu’utilise "l’ Ankou", le diable, qui hante la campagne bretonne. Entre Noël et nouvel an, Mlle Akiko, à qui on a confié (…)


Bernard

Maité Bernard
Et toujours en été
Le passage
« Et toujours en été », le titre, reprend un refrain d’une chanson de Nino Ferer : « On dirait le Sud ». Et c’est bien d’un roman du sud qu’il s’agit ici, sud de la France, sud de l’Amérique, l’Argentine. Le cerisier en fleurs que l’on voit sur la couverture ouvre en fait le récit. Thomas, sexagenaire, s’y cache pour éviter une descente de police, dans sa maison près de Sete. On est en 2003. L’homme est réclamé par l’Argentine pour sa (…)


Claudel

Philippe Claudel
Le rapport de Brodeck
Stock
On est dans un petit village de l’Est européen, un pays montagneux, près d’une frontière, lieu de passage entre les plaines de l’est et les ports de l’ouest, dans un temps incertain, un temps d’après guerre, une des nombreuses guerres que connut le pays. Brodeck, le héros, herboriste, fait un peu figure de l’intello du village. Les villageois, justement, le chargent de raconter ce qu’ils viennent de faire : ils viennent de tuer (…)


Barbéris

Quelque chose à cacher
Dominique Barbéris
NRF
Il y a des dates qui inspirent volontiers nos auteurs contemporains (1968, l’Occupation...) ; des lieux emblématiques aussi et parmi eux la Loire. C’est le cas avec « Quelque chose à cacher » : ce roman se passe aujourd’hui, dans un village des bords de Loire, identifiable car proche d’une centrale nucléaire. On est en automne, à la Toussaint. Le premier personnage ( un peu comme la forêt dans « Ouest » de Vallejo) est la Loire à ce (…)


Thobois

Ingrid Thobois
Le roi d’Afghanistan ne nous a pas mariés
Phébus
On dit que le grand amour ressemble à un voyage, on compare souvent un grand voyage à une histoire d’amour. Voici ce double thème évoqué avec beaucoup de talent par Ingrid Thobois. Au fil des pages, on visite l’Afghanistan, de Kaboul à Jelalabad, un Afghanistan intime, certes grêlé par la guerre mais très éloigné de l’imagerie télévisuelle habituelle. L’héroïne, la narratrice, vient donner des cours de Français à la (…)


Graff

Il ne vous reste qu’une photo à prendre
Laurent Graff
Le dilettante
ça commence comme un roman d’amour, de voyage peut être. Le héros, Neigel, est un homme désabusé, calme et jouisseur, qui redécouvre, après la mort de sa femme, un art de vivre auprès de sa nouvelle compagne. Tous deux font un voyage en Italie, à Rome ; elle lui demande d’éterniser ce moment en la photographiant. Cet ancien passionné de photos avait mitraillé sa première amie, surtout quand il sut qu’elle allait (…)


Akkouche

Balle perdue
Mouloud Akkouche
Seuil
Montreuil, octobre 2002 du côté de la place Carnot. Trois personnages habitent ce court récit : Pascal, un étudiant surnommé "l’intello", qui cache son origine maghrébine ( il se prénomme Abdel) ; Violaine, quinqua devenue aveugle à la suite d’un accident sur le périph et en guerre contre les mômes qui l’ont laissée brûler dans sa voiture ; "Rocheteau", un ancien as du ballon, de son vrai nom Mourad, marginal, malade, "un surdoué du malheur". (…)


Vigier

Anne-Constance Vigier
Entre mes mains
Joelle Losfeld
Ne pas se fier à l’image doucereuse de la « Une » : voici un récit court et bouleversant d’un enfanticide. La narratrice, une matheuse brillante, surdouée, y raconte sa pauvre histoire d’amour. En dix chapitres vigoureux, le livre narre sa rencontre ( dans le cadre d’une agence matrimoniale) avec Sylvain, un jeune musicien, un violoniste, qui voue un culte à Bartok, leur première expérience sexuelle dont elle parle avec un (…)


Duteurtre

Benoit Duteurtre
La cité heureuse
Fayard
Une sorte de fable où Duteurtre, à son habitude, se moque de notre monde. Dans une première partie, on découvre une vieille ville au riche patrimoine, à peine sortie du totalitarisme ( on s’imagine dans une capitale de l’Est comme Prague ou Budapest). Cette cité est transformée en parc de loisirs ; le site est privatisée au profit d’une multinationale qui anglicise les lieux ( la ville deviant « Town park »), draîne des foules de touristes (…)


Pécherot

L’histoire commence comme un gag : une bande de malfrats se prépare pour braquer un fourgon bancaire. Pour le chef de la bande, c’est l’affaire du siècle qu’il a minuté à la perfection. Manque de bol : le jour où ils sont sur le point de passer à l’acte, les employés des fourgons se mettent en grève. Il va donc falloir attendre que cette lutte paie (ou non), que les négociations aboutissent pour pouvoir repasser aux choses sérieuses.
Sur cette toile de fond, comme de bien entendu, (…)


Caligaris

OKOSTENIE
Nicole Caligaris
Verticales
Chaque jour, le matricule 53 est extrait de sa cellule pour un interrogatoire. On est dans un pays et une époque qu’on ne précise pas. Ce n’est pas nécessaire. Santiago du Chili, Buenos Aires, Pnom Penh, tout se ressemble un peu. On n’en saura pas plus sur l’identité du 53, du « gros poisson ». On lui réserve un traitement de faveur. Une prolongation infinie dans cette villa qui est un lieu de torture. Alors pour tenir, il doit oublier tout (…)


Adam O.

Olivier Adam
A l¹abri de rien
Olivier
Calais. Des fantômes hantent la ville, dans l¹attente de la traversée vers l¹Angleterre. On les appelle les Kosovars. En fait, ils sont Irakiens, Kurdes, Africains. Traqués par la police, ils se cachent dans les blockhaus du bord de mer, dans les parcs, depuis la disparition du centre d¹accueil de Sangatte. Calais, c¹est aussi la ville de Marie, ex caissière au chômage, mariée, deux enfants. Cette jeune femme dépressive n¹avait jamais vraiment (…)


Bordaçarre

Bordaçarre Olivier
Régime sec
Fayard
Un beau grand roman tout frissonnant de violence, de sensualité, d’humour, une sorte de fable qui se passe en France vers 2010 ; l’auteur pousse au pire les pires logiques à l’oeuvre aujourd’hui et fait de ce pays un régime fachistoïde. Bel esprit critique, grande tonicité, énergie incroyable. Le récit commence par une attaque du siège du parti dominant, dans les quartiers bourgeois ; les « résistants » tombent sur un barrage de police ; un (…)


Lafon M-H

Marie-Helene Lafon
Les derniers indiens
Buchet-Chastel
Après la Creuse de Granotier, voici le Cantal de MH Lafon. Ce texte est un bijou. Si la littérature, ce sont des personnages, une musique, un souvenir qui vous suit une fois le livre refermé, alors, « Les derniers indiens » est de la belle littérature. 200 pages drues, sans respiration, ou presque pendant lesquelles Marie, vieille fille taiseuse, paysanne aigrie, nous parle de ses voisins, également agriculteurs, jeunes, (…)


Granotier

Sylvie Granotier
Belle à tuer
Editions Albin Michel
Pierre Mangin, vieux flic parisien, prend quelques jours de congès au fin fond de la Creuse, verdoyant département rarement mis en scène dans le roman français, encore moins dans le polar. Il est hébergé chez un vieux couple d’ amis, bons bourgeois, deux enfants, étudiants. Notre célibataire de flic est confronté à l’agitation de la vie familiale, aux petits complots et autres tromperies classiques et fait la connaissance d’une (…)


Ernaux

Annie Ernaux
Les années
Gallimard
Un livre qu’on pourra trouver mélancolique au sens où Hugo entendait la mélancolie, c’est à dire le bonheur d’être triste : il y est question du temps qui est passé. Mais il s’agit surtout du livre d’une femme libre.
On connaît plus ou moins Annie Ernaux, auteure d’une quinzaine de romans dont « La place », sur son père (prix Renaudot), « Passion simple », « l’événement » (sur l’avortement), son écriture dite « plate » car sans fioriture mais (…)


Ovaldé

Véronique Ovaldé
Et mon coeur transparent
L’Olivier
Un roman sombre et merveilleux. Sombre car il y est question d’une histoire d’amour dont on sait dès la première ligne qu’elle finit mal, une histoire entre Lancelot et Irina, Lancelot, lecteur – correcteur dans une maison d’édition, un homme plutôt reservé, introverti, patient, passif, qui découvre peu à peu, après la mort d’Irina la double vie de celle ci ; et Irina, explosive, c’est le cas de le dire. Merveilleux car ce (…)


Reinhardt

Eric Reinhardt
Cendrillon
Stock
Un roman fleuve, de près de 600 pages, un livre qui ne ressemble à rien, foisonnant, un labyrinthe mêlant plusieurs histoires, à peu près impossible à résumer, qui donne une impression de « jamais lu », un livre qui a été salué, encensé, qui a failli avoir le prix Renaudot puis le Goncourt mais qui a du agacer aussi certains (dans le milieu de la critique notamment, dont il est abondamment question ici) car « Cendrillon » n’a pas eu de prix, à (…)


Vidal

Gilles Vidal
Sombres héros
L’atelier noir
Ce recueil, au titre en forme de boutade, rassemble un récit, « Cash
back », qui se passe dans les coulisses pas très reluisantes du
football, et une dizaine de nouvelles, intitulées « Articles de la mort
 », des textes noirs ou érotiques, au titre drôlatique et suggestif,
genre « Alléluia jacta west », « Coïtus infernalus » ou « Petit papa
cruel ». C’est nerveux, violent, tonique, mélancolique, argotique ; on y
retrouvre souvent (…)


Fernandez

Dominique Fernandez
Place rouge
Grasset
Raoul, peintre, homosexuel et sa (petite)soeur, Julie se rendent à Moscou pour préparer une exposition de l’artiste. Ils y côtoyeny Irina, galeriste, quadra dynamique en diable, manipulatrice et son (petit) frère Iermolaï, jeune peintre hésitant. « Place rouge », c’est « jeu de doubles et double jeu » dit justement la 4 de couv. Un cinquième personnage, Fredéric, est le narrateur ; ce prof français qui accompagne les voyageurs est expert (…)


Tardieu

Laurence Tardieu
Rêve d’amour
Stock
Un court lamento d’une fille à la recherche de sa mère. « Les mères portent leur enfant, j’ai toujours eu l’impression de porter ma mère » dit l’héroïne, Alice Grangé, 30 ans. Sa vie semble définie d’abord par le vide, le manque créé par l’absence d’une mère morte, Blandine, quand elle n’avait que 5 ans. De sa génitrice, peintre, elle ne garde aucun souvenir ou si peu, à peine une couleur bleu qui devait être celle de sa robe. Alice vécut (…)


Sigaud

Dominique Sigaud
La corpulence du monde
Seuil
Dominique Sigaud est une femme étonnante qui connaît bien le monde et ses folies pour avoir été grand reporter, un peu partout sur la planète et notamment en Algérie, pays qu’elle adore et qui lui fait peur.
Confrontée à la question : « Comment rendre compte au plus juste du monde ? », elle a décidé de passer à la littérature, au mode romanesque, pour mieux se faire comprendre, élargir le public. On en revient à cet enjeu : il faut (…)


Picouly

Daniel Picouly
68 mon amour
Grasset
Un roman plein de fantaisie et d’un peu de nostalgie sur 68. Picouly a décidé de nous raconter par le menu la journée du 29 mai 1968, jour fameux où l’on apprit la disparition du général de Gaulle ; on le retrouvera en fin de journée à Colombey, après une visite qu’il rendit à son ami le général Massu, à Baden Baden. L’auteur tricote une histoire mi réaliste mi fantasque à partir de plusieurs personnages qui sont autant d’observatoires sur les (…)


Gazier

Michele Gazier
Un soupçon d’indigo
Seuil
Un roman déroutant, captivant, sur la disparition d’un homme, Maurice G., sur l’île de Marie Galante, aux Antilles, racontée par trois témoins ; chaque témoignage constitue une des trois parties du livre.
Lucie, sa petite fille, passe quelques jours de vacances sur cette île, à la recherche de ce grand père, nommé directeur d’une raffinerie de rhum, qui s’effaca peu à peu dans le paysage. Héros ? Déserteur ? Elle ne retrouve de lui (…)


Roze

Itsik
Pascale Roze
Stock
Ce roman est inspiré d’une histoire vraie. Itsik, diminutif d’Yitzhok Gersztenfeld (grain d’orge), était fils de cordonnier, né à Varsovie en 1904, dans une famille de neuf enfants ; de tous, c’était le plus doux, le plus solitaire, le plus rêveur. Un silencieux : « parler pour lui, c’était exagérer », une formule délicate à l’image du livre. Ce court récit est organisé en grandes séquences : la vie dans les faubourgs de Varsovie, peu après la première (…)


Amette

Jacques-Pierre Amette
Le lac d’or
Albin Michel
Paris, le quartier chinois. Barbey enquête sur la mort d’une prostituée qui avait été sa maîtresse. Ce flic, paumé, a connu un lent déclassement au commissariat du 13e arrondissement. Il entretient une fausse complicité avec son collègue Ferragus qui mène de fait les investigations. Atmosphère poisseuse du quartier, avec le clan intouchable des « birmans », l’étrange frangin qui nourrit des singes au jardin des plantes, un couple (…)


Ravey

Bambi bar
Yves Ravey
Editions de Minuit
ça commence comme un roman policier mais ce n’est pas un roman policier. Autre fausse piste : on pourrait prendre Léon Rebernak, le narrateur, pour un voyeur. On est dans l’Est ( de la France), dans une ville imprécise. Léon habite en face d’un bar bordel, le Bambi bar, on le sent très intéressé par tous les faits et gestes qui se passent dans cette maison, où il réussit à se faire embaucher. Mais ce n’est pas le voyeurisme qui l’anime, (…)


Biberfeld

Biberfeld Laurence
La vieille au grand chapeau
Série noire
Quatrième roman de Laurence Biberfeld, « La vieille au grand chapeau »
confirme l’originalité de cet auteur, son imaginaire fantasque, ses
personnages si singuliers. Nous voici plongés dans les ex-Républiques
socviétiques d’Asie centrale, entre réseaux de passeurs de clandestins
et mafia des multinationales pharmaceutiques.


Japp

Monestarium
Andrea H Japp
Nous sommes fin 13e siècle - début 14è. Un marchand en Egypte récupère
une besace ; il en mourra. La malédiction autour de cet objet va se
répéter jusqu’à l’abbaye des femmes des Clairets (plan du site au début
du livre)... André H Japp est une grande dame du polar, toxicologue de
formation. Elle a commencé, en 1990, avec des thrillers à l’américaine (
Voir La bostonienne)


Manchette

Manchette Jean Patrick
Oeuvres complètes
Quarto
Hommage à un grand ancien que cette sortie, ( en 2005) dans la
collection Quarto de Gallimard, de tous ses romans noirs : Nada, Le petit
bleu de la côte Ouest, O dingos o chateaux, etc. Un bonheur de lire ces
titres fondateurs du néo-polar, polar de critique sociale de l’après 68.
Publication, ces jours ci, toujours chez Gallimard, de la première
partie du journal de Manchette (1966-1974).


Malte

Marcus Malte
Garden of love
Zulma
Un récit à trois niveaux. Un flic en bout de course reçoit un
manuscrit racontant (et dévoilant parfois) sa propre vie. Ce manuscrit
met en scène, histoire dans l’histoire, un trio d’amis. Un troisième
récit évoque deux enfants. Ces différentes histoires s’imbriquent, se
chevauchent, se compliquent, donnent le vertige. A l’arrivée, une
formidable manipulation, intellectuelle, affective, crapuleuse. Une
construction sophistiquée. Une (…)


Walker

Lalie Walker
L’appel du barge
Baleine
La série du Poulpe est une aventure très française, née en 1995. Elle a
treize ans d’âge donc, 250 titres (et 250 auteurs...). L’éditeur a connu
des vicissitudes. Voici une bonne cuvée avec Lalie Walker qui fait vieillir le
Poulpe de 13 ans ( il était jusque là figé dans ses 35 ans). Quasi
quinqua, il enquête en Bretagne sur une série de suicides de vieux
pêcheurs, alors que croise non loin des côtes le yacht d’un milliardaire
russe. (…)


Giesbert

Franz Olivier Giesbert
Le Huitième prophète ou les aventures extraordinaires d’Amros le celte
Gallimard
Un conte philosophique, entre sexe, violence et saga politique. Tout commence en pays celte, au 5e siècle avant Jésus Christ ; plus exactement, on est en provence, sur les bords de la Durance, au pays des chênes noirs. Le héros s’appelle Amros, une sorte d’Asterix roublard, curieux de tout, batailleur et à l’esprit vif, d’autre lui trouverait plutôt une ressemblance avec Conan (…)


Heidsieck

Emmanuelle Heidsieck
Il risque de pleuvoir
Seuil
Un roman court, tonique, à l’humour malin. Dans la peau d’Antoine Rougemont, on assiste à l’enterrement de son ex belle soeur. Dans une vingtaine de chapitres, alternativement titrés « assis », « debout », « assis » et ainsi de suite, Antoine rumine. Ce haut cadre de l’assurance repére, autour de lui, tous ses familiers, ses collègues de travail, ses proches, scrute, commente, se souvient. Défilent sa vie, privée, professionnelle, (…)


Blocier

Antoine Blocier
Rockquiem
Edition du bout de la rue
Champfleury-sur-Seine, cité (sensible) des Poètes. Samir Nasrédine est
retrouvé mort dans son salon. « La surprenante arme du crime plantée
bien droit dans la poitrine avec juste un filet de sang régulier,
concentrait le regard : une clé de sol en métal d’une vingtaine de
centimètres, prolongée d’une longue lame effilée de même taille ». Beau
début pour un bon polar hanté par un drôle de flic, Tony Berling, dit le (…)


Borzeix

Jean-Marie Borzeix
Jeudi saint
Stock
L’auteur est enfant de Corrèze. Né pendant la guerre, il n’en a rien vu mais il en a beaucoup entendu parler, notamment de ce 6 avril 1944, jour du jeudi saint, où dans son village, les SS traquent les résistants. 4 paysans sont arrêtés et fusillés. De tels crimes eurent lieu dans bien des villages mais Borzeix a voulu raconter ce crime là, en particulier. Il enquête, rencontre, note, raconte. Et découvre que sous ces crimes émergent d’autres (…)


Plantagenet

Anne Plantagenet
Pour les siècles des siècles
Stock
Un recueil de sept nouvelles où les héros sont délibérément inscrits dans la
grande tradition romantique. Ils se prénomment Roméo et Juliette, Paul et
Virginie, Aurélien et Bérénice (un hommage est rendu à Aragon), Albertine
et Marcel (comme chez Proust), Fanny et Marius (Pagnol). Mais ce sont des
histoires d¹amour d¹aujourd¹hui , et racontées tout autrement.
Les cinq nouvelles centrales mettent en scène de jeunes couples à (…)


de Vigan

Delphine de Vigan
No et moi
JC Lattes
Lou, 13 ans, fille de cadres parisiens, une mère dépressive , un père expert
à la bonne humeur feinte, est une lycéenne surdouée, généreuse , lucide et
naïve. No, Nolwenn, 18 ans, est SDF, un chat écorché, cassé avant l¹heure,
abîmée par la vie, asociale, sauvage, rebelle. Leur rencontre improbable
est motivée par le fait que Lou s¹est engagé au lycée à faire un exposé sur
les SDF.
Un sujet scabreux car on pouvait tomber dans un texte (…)


Cusset

Catherine Cusset
Un brillant avenir
Gallimard
Un roman monde, bruissant d’histoires sur plusieurs générations, de nombreux personnages, de nombreux pays aussi, la Roumanie, Israel, l’Italie, les Etats unis, la France. Au centre il y a Elena ou le destin chaotique d’une femme déracinée ; c’est aussi le roman de la difficile construction d’une famille. Née dans la Roumanie de Ceaucescu, Elena a une jeunesse studieuse, opte pour le métier d’ingénieur, tombe amoureuse de Jacob le juif, (…)


Maulin

Olivier Maulin
Les évangiles du lac
L’esprit des péninsules
Drôle, loufoque, inattendu, délirant, ce roman au ton nouveau est un plaisir. Pierre, jeune publiciste désabusé, se laisse entraîné un week-end dans une vallée perdue des Vosges. Les gens qu’il y croise sont pour lui des barjos, des martiens, des décalés de chez décalés, pronant le terrorisme écologique ou un paganisme érotique, parlant de lutins et de fées. Et pourtant ces doux dingues vont le bouleverser, le retourner, au (…)


Rosette

Rosette
Le grand méchant père
Grasset
Petit roman très fort sur le rapport fille/père, catégorie « règlement de comptes ». Un livre court ( une centaine de pages) où chaque chapitre a un titre poétique ( le don, les poules, les orties, l’absence, le magnétophone, le magicien). La première phrase est plutôt nostalgique : « Mon père est mort sur mon épaule un soir de janvier... » mais les 19 chroniques qui suivent crucifient un père violent et alcoolo, un militaire qui exerce par (…)


Boujut

Michel Boujut
La vie de Marie-Thérèse qui bifurqua quand sa passion pour le jazz prit une forme excessive
Rivages/noir, 2008
A la fin des années cinquante, une boîte de jazz toulousaine, « La tournerie des drogueurs » ( contrepetrie pour la droguerie des tourneurs, située sur le même lieu) fut le cadre d¹un fait divers sanglant. Un demi-siècle plus tard, Michel Boujut mène l’enquête. Nulle révélation ici puisque les victimes et les assassins sont connus, le procès a eu lieu, les (…)


Durif

Eugène Durif
Laisse les hommes pleurer
Actes Sud
Un gardien de prison, c’est un peu comme un toubib, il faut se garder de la compassion, sinon on risque de s’identifier à l’autre, de s’abandonner au malheur ambiant. C’est parce qu’il a été compatissant que Léonard, gardien pendant 20 ans, est sanctionné. Il déprime, rêve de retour en arrière, de retrouver un bout de cette enfance quand lui et Sammy avaient été placés chez un fermier creusois, sorte de Thénardier. Lui, le populart, (…)


Nimier (Marie)

Marie Nimier
Les inséparables
Gallimard
L’histoire d’une longue amitié entre l’auteure et Léa, depuis l’école primaire d’un quartier chic, près des Champs Elysées. Léa est aussi vive que la narratrice est discrète ; une amitié construite sur des petits riens, des fous rires, un émerveillement partagé devant la découverte de ce Paris nostalgique des années 60 ; c’est surtout l’histoire d’une glissade, d’un déraillement, d’un basculement d’une amie ; vers 13 ans, Léa change, on ne sait (…)


Ollagnier

Virginie Ollagnier
Toutes ces vies qu’on abandonne
Liana levi
Décembre 1918, Annecy, dans un asilé d’aliénés, un HP de l’époque ; les malades, les souffrants sont pour l’essentiel des soldats ; la guerre vient tout juste de se terminer et beaucoup la continue dans leur tête, leur corps ; aux savants, de tenter de les soigner. On est dans le service du docteur Tournier, médecin alieniste, vieil homme imposant de savoirs, qui expérimente la psychanalyse naissante ; dans son service une (…)


Sautière

Jane Sautière
Nullipare
Verticales
Nullipare : femme qui n’a pas accouché, femme sans enfant, un terme d’origine vétérinaire qui n’a pas d’équivalent pour l’homme !Pas étonnant qu’une femme sans enfant s’empare de ce mot si laid, de ce lexique saugrenu pour en faire un roman, un journal intime, une confession souvent douloureuse, une sorte de récit poétique, lyrique, colérique sur ou contre ce mot. Un texte brulant, vigoureux, sur la filiation, sur le désir « d’interroger (…)


Enthoven

Jean-Paul Enthoven
Ce que nous avons eu de meilleur
Grasset
Le récit d¹une décennie passée, heureuse, et perdue, que le narrateur-auteur, jeune séducteur au moment de l¹histoire, expose sur un mode romanesque et nostalgique. Le cadre est « La zahia », un palace-hôtel du Sud ( Marrakech ?) dont le nom arabe signifie la joie. La zahia est le personnage principal du roman où l’on voit revivre ceux qui l¹ont habité, gens de légende comme Churchill, milliardaires américains(les Guetti), (…)


Ferranti

Marie Ferranti
La cadillac des Montadori
Gallimard
Un roman qui sent bon la Corse, une nouvelle illustration qu¹il n¹y a rien de mieux que le mensonge romanesque pour comprendre le réel. C’est d¹abord une histoire d’amour entre Sandro Riucci et Adriana. Sandro, beau gosse et sale caractère, éternel neurasthénique, est fils de pauvre. Adriana, très jeune beauté sombre, surnommée « l’étrangère », vient du sud de l¹île mais on la prend pour une gitane ou une arabe. Ces deux là s¹adorent ; (…)


Bramly

Serge Bramly
Le premier principe. Le second principe
JC Lattès
Un beau grand roman d¹aventures, 615 pages qui se lisent non seulement sans effort mais dans une surprise heureuse et maintenue. Difficile de comparer, disons que c¹est un peu du John Le Carré à la française. On dira qu¹il s¹agit de l¹histoire des années Mitterrand et de ses suites, à travers le destin de quatre personnages principaux : Jean-Luc Massard, jeune intello socialiste au début de l¹histoire, 1981, collaborateur (…)


Martin R.

Roger Martin
Jusqu’à ce que mort s’ensuive
Cherche midi
Un bon polar, à la fois invention romanesque et enquête, précise, solide, documentée, sur la face caché du racisme dans l’armée américaine en Europe en 1944. Douglas Bradley est un jeune noir qui rêve de devenir officier dans l’armée US ; son père est un cadre commercial qui a réussi, il occupe une place reconnue dans l’empire Coca-Cola ; Douglas est un garçon protégé, intégré, obéissant. Pourtant, son dossier est rejeté par les (…)


Del Amo

jean baptiste del amo
une éducation libertine
gallimard
Nous sommes en 1760, à Paris ; la ville est un personnage omniprésent dans ce roman, le Paris du siècle des lumières et le Paris de la cour des miracles, ville de misère et d’opulence, ville labyrinthe que l’on visite au fil des pages dans ses quatre saisons, hiver mortifère, printemps glorieux, été caniculaire, automne pluvieux. La Seine est aussi un personnage terrible, souvent évoquée. L¹auteur, sans vouloir faire oeuvre (…)


Gavron

Boy Dakar
Laurence Gavron
Masque
Mayekoor est manipulé par une secte ; il s¹aperçoit un peu tard que son gourou est surtout un politicien sans scrupule. Telle est l’intrigue de ce roman noir avec de beaux meurtres, un suspense tenace, des personnages attachants comme le le flic Souleymane Faye, brigadier libidineux et méthodique, la belle mendiante aveugle Ken Bugul, Libaas Ndoye, musicien de folk, avec des méchants particulièrement retors, etc. Ce livre est aussi un guide (…)


Levi

Les insoumises
Celia Levi
Tristram
Renée et Louise sont deux amies, étudiantes, très proches ; au début du livre, on voit par exemple qu¹elles rêvent d¹élever ensemble leurs enfants plus tard. Or la vie les sépare : Renée part en Italie pour travailler la langue, la peinture, les arts plastiques. Louise reste à Paris, pour finir sa thèse sur 1789. Pour combler l¹éloignement elles s¹écrivent ; le livre est donc fait de bout en bout de leur échange de lettres ; déjà cette forme de (…)


Schmitt

Eric-Emmanuel Schmitt
Ulysse from Bagdad
Albin Michel
Un livre généreux, d’un auteur fameux : le périple du jeune Saad (nom ambivalent puisqu’il signifie joie en arabe et triste en anglais), le périple donc de ce jeune homme qui fuit l’Irak de l’après guerre (où sa famille est durement touchée), obsédé par un seul et unique but : Londres, sa Mecque à lui ; il passe en Egpte, déguisé en trafiquant d’art (et d’opium), séjourne au Caire où il survit dans un rôle de gigolo (enfin (…)


Roger

Marie-Sabine Roger
La tête en friche
Rouergue
Un livre épatant, généreux, confiant, drôle, presque une fable. C’est l’histoire de Margueritte et de Germain. Elle est une dame âgée, cultivée, attentive, usée ; lui un quadra très brut de décoffrage, un type simple, voire sommaire, voire rudimentaire, voire limité. Un moment, il dit de lui qu’il est « un pauvre gland qui lit à peine mieux qu’un gosse de sept ans ». Ils se croisent assez régulièrement dans un parc de la ville sans se voir (…)


Kerangal

Corniche Kennedy
Maylis de Kerangal
Verticales
Ce livre est une véritable éclaboussure de rires, un coup de soleil aussi:on est Corniche Kennedy , à Marseille ; cette ville étonnante s¹étire à n¹en plus finir ; dans sa partie sud, avant de finir en calanques, il y a tout un bord de mer qui ressemble à un balcon sur la Méditerranée, la corniche Kennedy. On est au plus chaud de l¹été et des bandes de mômes, des ados viennent là se pavaner, s¹amuser, draguer, frimer et plonger ; près de (…)


Audeguy

Stéphane Audeguy
Nous autres
Gallimard
Un grand roman ! Pierre est photographe à succès ; un jour, on lui apprend que son père, Michel, est décédé au fin fond de l’Afrique, il faut qu’il assure (les obsèques, la succession, etc). Le fils n’a jamais connu le père ou presque, pur géniteur d’une femme, sa mère, qui vers 1968, ne voulait pas s’encombrer d’un mari. Pierre part au Kenya, découvre ce nouveau monde, rencontre les amis de son père, l’étrange destin de ce dernier devenu « (…)


Gracia

Sylvie Gracia
Une parenthèse espagnole
Verticales
Un prof, quinqua, divorcé, deux filles, très à gauche et plutôt désabusé, des tranches de sa vie d’aujourd’hui, entrecoupées d’évocations de son premier amour (il était étudiant) et de la vie de son père ; le roman tricote avec élégance ces trois moments, la vie quotidienne, l’amante d’autrefois ( à laquelle il dresse dit il « un tombeau de mots ») et le père. On passe de façon un peu arbitraire, comme le fait notre mémoire quand elle (…)


Delaume

Dans ma maison sous terre
Chloé Delaume
Seuil
Chloé Delaume ? au début il y a une jeune femme qui s’appelle Nathalie Dalain ; à 26 ans, en 1999, celle ci change de nom, décide de s’appeler Chloé Delaume, histoire de liquider sa vie d’avant. Chloé Delaume est désormais non seulement le nouveau nom de l’auteure, c’est aussi le nom de l’héroïne de tous les romans de cette auteure. Delaume parle de Delaume, invente un personnage de papier et, se faisant, se reconstruit elle même : « Je me (…)


Ardid

Var Claude Ardid
Toucan noir
Il y a dans le roman policier une infinie diversité de genres, le néo-polar né dans l’après 68 qui flirte avec la critique sociale ; le roman noir qui est son cousin en un peu plus désespéré ; le polar fantaisiste, drôlatique ; le polar psychologique ; le polar SF ou d’anticipation ; le thriller à l’américaine, très hémoglobine, pas très loin du fantastique ; le polar historique qui nous promène dans les siècles passés ; et puis le polar des voyous, (…)


Combescot

Pierre Combescot
Pour mon plaisir et ma délectation charnelle
Grasset
Ce petit livre très dense est une biographie romancée de Gilles de Rais. Les cent premières pages évoquent sa montée en gloire ; c¹est l¹ascension d¹un homme de guerre courageux, apprécié, remercié puisqu¹il deviendra maréchal de France, un des plus hauts titres du système féodal. Dans cette histoire d¹hommes, de loups, une séquence de légende : Jeanne d¹Arc, cette très jeune femme qui s¹impose comme chef de meute. (…)


Riboulet

Mathieu Riboulet
L’amant des morts
Verdier
Jérôme, enfant, est obligé de subir les assauts sexuels de son père. Comment survivre à ça ? Se soumettre ? Consentir ? S’abandonner ? Le garçon, écrasé par son bourreau incestueux, partagé entre peur et pulsion de vie, va faire son chemin, des forêts du fond de la Creuse à Paris (en plein ravage du Sida, 1991/92)via Toulouse.
Il y a une petite phrase qu’on retrouve tout au long du récit : « On en était là ». A la fois observation résignée (…)


Lemaitre

Pètage de plombs
Les romans de Pierre Lemaître sont des petits bijoux de suspense. Son premier livre « Travail soigné » avait eu le prix Cognac. Puis « Robe de marié » avait connu un gros succès, tout à fait mérité. « Cadres noirs » à présent est un total régal. Alain Delambre, un ancien DRH au chômage depuis des années se voit, enfin, proposer un job de qualité. Le temps de s’apercevoir que la proposition est un leurre, notre homme pète les plombs et fait chèrement payer l’arnaque à sa (…)


Belletto

René Belletto a commencé sa carrière, en 1974, avec un livre de littérature « fantastique », « Le temps mort ». Ce premier roman a d’ailleurs eu le prix Jean Ray. Il a poursuivi sur le mode du polar avec, par exemple, « Sur la terre comme au ciel ». Au fil des années, il a collectionné les prix et s’est constitué un public d’inconditionnels. On se souvient du roman terrifiant « La machine » (1990) où il était question d’échanges d’identités. Ce livre sera porté à l’écran, comme on dit, par (…)


Bourgeade

PIERRE BOURGEADE, écrivain impeccable et minoré, est mort au printemps dernier. Peu après sa disparition, Tristram, « petite » maison d’édition en belle ascension, dirigée par Sylvie Martigny et Jean-Hubert Gailliot, où Bourgeade publiait régulièrement depuis
une dizaine d’années après avoir été longtemps un auteur Gallimard, vient de proposer
deux oeuvres posthumes de ce romancier si attachant : Le diable nous emmène dans l’Italie
des années 1980, celle des Brigades rouges, des prêtres (…)


Masselot

Requiem à Saint-Eloi
Philippe Masselot
L’écailler
Un polar bien rythmé d’un nouvel auteur du Nord, Philippe Masselot. L’histoire tourne autour du Mont St Eloi, une colline surplombant Arras et qui joua un rôle clé durant la première guerre ; cette hauteur, stratégique pour observer et pilonner, fut bombardée plus qu’à son tour. Restent les vestiges d’une imposante abbaye qui dresse encore deux tours déchiquetées. La guerre poussa des habitants à cacher leurs biens dans des caves pour (…)


Bullot

Jacques Bullot
Le gène du perce neige
Ed du bout de la rue
Polar "vert" qui s’inspire en partie de l’affaire Arpad Pusztai : à la fin des années 90, un chercheur expérimenté, en Ecosse, critique à la télévision une expérience sur des rats nourris avec des pommes de terre modifiées ; les animaux, affaiblis, en pâtissent ; le scientifique dénonce les faits ; il est suspendu, réprimé...
Le chercheur Charles Germont travaille dans une firme qui, sous les pressions des actionnaires (…)


Vasseur

Flore Vasseur
Comment j’ai liquidé le siècle
Equateurs
Un jour de 2009, Pierre, le meilleur trader du Crédit Général, est convoqué à New York par Mme Krudson, richissime patronne (et gourou) du groupe Bilderberg. Elle le charge de pirater les marchés financiers en faisant circuler un message à priori euphorisant mais destiné à faire exploser le système de l’intérieur.
Un voyage dans le monde des traders, de la haute finance, un roman jubilatoire, un vrai suspense, une chute sublime (…)


Haenel

Jan Karski
Yannick Haenel
Gallimard
C’est en regardant le film « La Shoah » de J. Lanzman que l’auteur trouve le témoignage de Jan Karski, résistant polonais, catholique ; il a vu le ghetto, il a vu un camp. Il va dire aux Alliés – car il est le « coursier » entre Varsovie et l’Ouest du gouvernement polonais clandestin- que l’extermination des juifs est en cours, qu’il leur faut intervenir. On ne l’écoute pas.
De ce drame, Haenel fait oeuvre d’historien et de romancier. Un livre en (…)


Gaudy

Hélène Gaudy
Si rien ne bouge
Rouergue
Court roman sur le rituel des vacances d’une famille « convenable », père – mère – fille, dans leur traditionnelle maison d’été de bord de mer, sa pinède, sa plage, son train-train. Un hymne à la répétition, au recommencement. Il en a toujours été ainsi et il n’y a pas de raison que cela change. Or, cette année-là, est invitée une autre jeune fille pour que les deux adolescentes passent ensemble l’été. L’autre est assurée, solide, elle agace, (…)


Oberlé

Mémoires de Marc-Antoine Muret
Gérard Oberlé
Grasset
Muret, poète, pédagogue, a été l’ami de Ronsard, de du Bellay. Cet humaniste du 16e siècle figurait dans les manuels scolaires jusqu’au 19è siècle puis on l’oublia...sauf Gérard Oberlé. Ce dernier romance ici sa vie dans un livre érudit, où l’on côtoie les poètes néo-latins de la Renaissance, un livre gourmet où la « bonne bouffe » tient une belle place, un livre paillard où l’homosexuel Muret est un jouisseur et sa vie (…)


Flihol

La centrale
Elisabeth Filhol
POL
« Fulgurant », « implacable », « étonnant », « impressionnant » : le premier
roman d¹Elisabeth Filhol, « La centrale », début 2010, a été chaleureusement
salué par la critique. Ce livre court (140 pages) et remarquable fait du
nucléaire de la littérature ! Il raconte la vie des ouvriers intérimaires,
chargés de missions ponctuelles, pour des travaux d¹entretien des centrales,
en l¹occurrence à Chinon ( Indre et Loire) et Le Blayais ( Gironde). (…)


Leroy (Gilles)

Gilles Leroy
Zola Jackson
Mercure
Août 2005, La Nouvelle Orléans. La narratrice, Zola Jackson, institutrice à la retraite, refuse de quitter sa maison, face à la menace de l’ouragan. Elle ne veut pas partir. Pour aller où ? Elle reste donc avec sa chienne Lady, une labrador blanche. Un récit sur l’isolement au milieu du déluge. Un désastre durant lequel la mère chérit le souvenir du fils disparu, Caryl, un garçon éblouissant d’intelligence, promu à une belle carrière et mort du sida ! (…)


Baqué

Françoise Baqué
Celle qui détricotait la vie
Jacqueline Chambon
Ce livre pourrait se résumer trivialement : comment relancer après 40 ans une vie jusque là plutôt ratée... Sujet grave, prose grave mais à l’arrivée, une certaine légèreté, comme une renaissance. Florence, quadra, l’héroïne, est prof de maths. Cette femme de rigueur, mère d’emma, est fille de parents (très, trop ?) rationalistes. Elle aime vivre dans l’ombre de fortes personnalités, comme son amie d’enfance Nicole, sans (…)


Clemençon

Frédérique Clémençon
Traques
L’olivier
Quatre voix pour dire la vie sous contrôle, sous toutes ses formes, quatre naufrages mais aussi quatre tentatives de sauvetage. Elisabeth est octogénaire, ex épouse d’un notaire, mère de deux garçons, l’un qui lui est tout dévoué et qu’elle n’aime pas, l’autre, voyou, parti, qu’elle regrette. Elisabeth est dans un hôpital et en partance pour une maison de retraite, perspective qu’elle refuse ; sa rage intérieure repousse le moment de sa mort. (…)


Marguerite

« La vieille dame qui ne voulait pas mourir avant de l¹avoir fait »
Margot D. Marguerite
La manufacture de livres
Un polar inventif, rebondissant. Princesse est une jeune droguée tombée dans la prostitution ; elle échappe à son réseau, ultraviolent, retourne dans sa famille ; mais son mac, un jeune fauve, lui fera payer cher cette « désertion ». La commissaire en charge de l’enquête étant inefficace, la grand mère décide de venger la petite fille ! La « mamie » en question a fait de (…)


Belezi

C’était notre terre
Mathieu Belezi
Albin michel
Un très grand roman, sur la guerre d’Algérie, la colonisation, la douceur de vivre pour les possédants, les colons, de l’humiliation imposée à un peuple, l’impasse où conduit une domination bornée, la montée des violences, la guerre qui ne dit pas son nom, le déchaînement de sang (un million de morts !). Mathieu Belezi est tour à tour, dans la famille colon, la mère, fière, obstinée, raciste, aveugle, la dernière à rester dans (…)


Fontanel

L¹homme barbelé
Béatrice Fontanel
Grasset
L’auteure enquête sur la vie et le destin de Ferdinand, son aieul, une parfaite peau de vache en famille mais un type cordial avec ses copains, au bistrot. Puis, à mesure que l¹enquête progresse, on découvre son terrible destin. Il part jeune à la « Grande guerre », s¹avère être un combattant redoutable, débrouillard, solidaire ; il y connaît l¹enfer mais semble devenu « accro » à la barbarie. Il en redemande d’ailleurs, part dans l’armée (…)


Pagano

Les mains gamines
Emmanuelle Pagano
POL
Un titre plaisant, presque poétique, pour parler de l’enfance, dira t on ; oui certes mais c’est d’une histoire terrible dont il est question ici. Dans une petite ville d’Ardèche, quatre femmes parlent : la maîtresse de maison, souffrante, où l’on va donner une réception ; une employée, âgée, qui rumine des douleurs de petite fille et tient un carnet de poésie très sexuée ; une institutrice à la retraite, partiellement sourde, qui se souvient de (…)


Lethielleux

Maud Lethielleux
Dis oui, Ninon
Stock
Le narrateur est une petite fille de 9 ans qui parle à la
première personne et raconte sa vie avec un père baba, genre éleveur de
chèvres, doux rêveur, bricolant une maison-cabane au fond des bois, avec une
camionnette qui démarre quand elle a envie, un chien Foufou et un chat qui a
la teigne... Et c’est drôle.
Au début il y a des parents très jeunes, Fred et Zélie, qui divorcent ;
Ninon et sa jeune soeur Agathe se partagent entre père et (…)


del Pappas

Gilles del Pappas
Les quatre sueurs du juge
Jigal
Ce polar s’inscrit dans un cycle de Del Pappas où l’on retrouve le héros récurrent, Constantin le grec. Il est ici de retour à Marseille, impliqué dans une affaire de sans papier qui le conduit au tribunal où il est kidnappé dans les sous sol du bâtiment ; là, il se passe de drôles de choses. Un roman un peu exotique ( il se termine par un glossaire sur les mots marseillais), un peu culinaire ( une manie du polar méditerranéen de nous (…)


Manteau

Bernard Manteau
Les théorèmes du port de la lune
Mollat
C’est l’histoire du petit Léonard, Léonard Chapeau, son enfance et sa jeunesse, où il dut affronter un père violent, buté, avant de fuir la maison, à 17 ans. Par le miracle de la plume, de l’écriture, ici, on rit du malheur à force de tourner en dérision la violence et l’injustice. Le père, « Capitaine Henri », est un ancien de la marine, devenu après guerre directeur d’usine à Bordeaux ; sa femme, que l’auteur appelle « Mammaire (…)


Mauvignier

Laurent Mauvignier
Des hommes
Minuit
La guerre d’Algérie est de retour, le thème s’invite ces derniers mois dans plusieurs romans ( Voir « C’était notre terre » de Mathieu Belezi)
Le roman de Mauvignier est articulé en 4 chapitres : après midi, soir, nuit, matin ; il est en fait construit en deux temps. Acte 1 : c’est le cousin Rabut qui raconte ; on est dans le Loiret, aujourd’hui, réunis pour l’anniversaire de Solange ; s’invite son frère Bernard, dit « Feu de bois », (…)


Ndiaye

Marie Ndiaye
Trois femmes puissantes
Gallimard
Trois récits mettant en scène chaque fois une femme, Norah, Fanta, Demba, sans lien entre elles si ce n’est un rapport à l’Afrique ( on y retourne dans le premier récit ; on en vient dans le second ; on tente de s’en échapper dans dernier). Trois mini romans donc. Ces trois femmes souffrent (du rapport au père, au mari, à la famille) et se révoltent, à leur manière. Trois femmes habitées par un feu intérieur formidable. Trois histoires (…)


Giraud

Brigitte Giraud
Une année étrangère
Stock
Laura, 17 ans, part en Allemagne comme jeune fille au pair, chez les Bergen, les parents, deux enfants. On est dans les années soixante. Voici le lent déroulement de cette année étrangère, un récit qui s’accélère dans les toutes dernières pages. Un texte dense, d’un seul tenant, une lenteur voulue. On aime les mots justes de Brigitte Giraud pour dire le total dépaysement de qui est hors de sa langue, désarmé ; des mots justes pour représenter (…)


Arfel

Tatiana Arfel
L’attente du soir
José Corti
Il y a dans ce roman trois histoires qui, peu à peu, se tissent, s’entremêlent pour – sans doute- ne plus en faire qu’une quand on referme le livre, sans doute, car la fin reste ouverte. D’ailleurs les trois parties s’intitulent significativement:1+1+1 ; 2+1 ; trois.
Les trois histoires permettent successivement à trois narrateurs, d’un chapitre sur l’autre, de se raconter. Il y a Giacomo, directeur de cirque, dont nous suivrons l’enfance, (…)


Guenassia

Jean-Michel Guenassia
Le club des incorrigibles optimistes
Albin Michel
Sorte de chronique des années 1959-1964 à travers un personnage récurrent, Michel Martini, 12 ans au début de l’histoire, 17 quand elle se termine et un lieu, l’arrière salle d’une brasserie auvergnate de Denfert-Rochereau, où se retrouvent des gens de l’Est, dissidents de la première heure, mais aussi des intellectuels comme Sartre et Kessel. Une double histoire donc que l’auteur tricote avec bonheur. Celle du (…)


Aubry

Gwenaelle Aubry
Personne
Mercure de France
Un livre court et éblouissant, un hommage bouleversant d’une fille à son père – fou. Issu d’une famille bourgeoise, le père est très jeune un universitaire brillant, juriste, jeune haut fonctionnaire, avocat, enseignant de grandes écoles(ENA). Or tout se passe comme si ce père, un jour, aspirait à n’être rien, « personne » comme dit le titre. Comment vivre avec « ça » ? comment y survivre ? Comment ne pas vouloir oublier ? Ou comment (…)


Fargues

Nicolas Fargues
Le roman de l’été
POL
John, 55 ans s’isole dans sa maison de Basse Normandie pour écrire enfin son roman. Mais sa vie est perturbée par l’arrivée de sa fille et ses amis, par un voisin encombrant, le passage d’impromptus comme le député-maire UMP de la ville, très bling bling ; un journaliste en vue de la télé venu vendre son dernier livre ; un DRH qui n’arrête pas de dire »pasdesouci » ; un couple de bobos très content de lui, des jeunes-de-banlieue très typés, des (…)


Daeninckx

Missak
Didier Daeninckx
Perrin, 2009 Il y a la légende Manouchian, et il y a la réalité, plus complexe mais non sans panache elle aussi. C’est cette dernière qu’explore l¹enquête-roman de Didier Daeninckx. « Missak » nous replonge dans l¹année 1955 : un journaliste de L¹Humanité, Louis Dragère, à la demande de la direction du PCF, revisite la vie du chef des détachements FTP-MOI parisiens alors qu¹on va inaugurer à Paris une rue dédiée à son « groupe ». Ses investigations serrées vont (…)


Séverac

Toulouse, ville noire
Toulouse et sa région nous ont offert de beaux auteurs de polar ces dernières années, des gens comme Pascal Dessaint, Mouloud Akkouche (un ancien de Montreuil...), Francis Pornon, Maxime Vivas, sans oublier Claude Mesplède, le pape du polar ( son encyclopédie est un « must »). Le petit dernier de la bande s’appelle Benoît Séverac. Son premier roman (2007, chez TME), "Les chevelues" est un polar gallo-romain aussi savant que talentueux, trois fois primé.
Son second, (…)


Arpino

Giovanni Arpino
Une âme perdue
Belfond
Le jeune Tino, 17 ans, orphelin, quitte son orphelinat pour venir une semaine à Turin passer son bac ; il s¹installe chez la tante Galla et l’oncle Serafino. A première vue, rien d¹extraordinaire. Une tante replète, riche, un peu insignifiante, un oncle dit « l¹ingénieur », cadre à la compagnie du gaz, austérité et rigueur faite homme, une employée de maison bougonne, une villa biscornue ; et puis dans une pièce à l¹étage est retenu le frère (…)


Garlaschelli

Barbara Garlaschelli
Alice dans l¹ombre
Rivages
Alice, fille puis femme soumise, épouse du très fortuné Maxi, hante cette nuit-là, le temps du roman, l¹immense demeure de son époux, dans le noir, une hache à la main, bien décidée à frapper pour survivre. Comment en est-elle arrivée là ? Un thriller efficace, avec des personnages formidables : Alice l¹indécise, Maxi, l¹amoureux fou, Elena, terrible mère d¹Alice, Sofia, celle de Maxi, entre autres...
Une écriture forte, avec des (…)


Benni

Stefano Benni
Margherita Dolcevita
Actes Sud
Margherita est la narratrice ; cette ado un peu rondelette raconte l¹histoire de sa famille, un brin fantaisiste, et vivant dans une maison à l¹écart de la ville. Un jour, cette (relative) douceur de vivre (dolcevita) est perturbée ; se construit en une nuit ou presque ­ l¹apparition a une dimension quasi fantastique- dans le pré voisin un immeuble futuriste, un grand cube noir, une structure aux vitres impénétrables ; le lieu est occupé par (…)


Loy

Rosetta Loy
Noir est l¹arbre des souvenirs, bleu l¹air
Albin Michel
Grande fresque romanesque sur l¹histoire de l¹Italie des années 1940/1950, quand le pays progressivement bascule de la guerre, du fascisme à la libération, la relance, la gauche, le communisme, à travers la vie d¹une demi douzaine de personnages, la famille d’un industriel ruiné, entre Venise et Rome. Un très beau chapitre sur la guerre de Lybie ; idem sur la débâcle du régime fasciste, la guerre de libération de (…)


Rasy

Elisabetta Rasy
L’obscure ennemie
Seuil
Court et beau roman dont le titre est tiré des « Fleurs du mal » de Baudelaire. Une fille, la narratrice, raconte la maladie et la mort de sa mère. Exploration du corps, découverte de la maladie, monde médical, lexique particulier (tumeur, biopsie, pneumothorax), refus de la maladie, vieillissement accéléré, ces thèmes occupent une première partie. Puis voici la sortie de la vie, la résistance, la révolte, l’abandon, le silence, les aides, (…)


Macchiavelli

Loriano Macchiavelli
Bologne ville à vendre
Métailié
Voilà un roman qui sent bon son parfum des années 70, années chaudes en Italie comme dans toute l’Europe ouest. Une traduction tardive (2006). On est à Bologne, comme toujours chez Macchiavelli, la ville rouge par excellence, avec Antonio Sarti, le sergent incertain, flic par hasard, mal vu par sa profession, trimballant un éternel mal de ventre, ulcère de toutes ses frustrations ; l’aide dans ses recherches, plus ou moins (…)


Fonds

Jérôme Leroy Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine 1001 nuits et La minute prescrite pour l’assaut même éditeur
Jérôme Leroy est un adepte de l’anticipation sociale. « Comme un fauteuil Voltaire » est un recueil de 25 nouvelles où l’on retrouve la même « morale » : le monde futur est gangrené par une consommation à outrance, des techniques ultra envahissantes qui cassent toute poésie et toute humanité. Ses héros sont des gens cultivés, jouisseurs ou plutôt hédonistes, (…)


Quelques romans italiens

Paolo Giordano
La solitude des nombre premiers
Seuil
Les nombres premiers étant ces ados orgueilleux et solitaires dont l’auteur raconte la romance ; succès phénoménal de ce premier roman, couvert de prix, d¹un jeune auteur (né 1982).
Nanni Balestrini
Nous voulons tout
Entremonde
Roman sur l¹épopée révolutionnaire des années 1970 en Italie, écrit par un ancien gauchiste, à partir du témoignage d¹un ouvrier de Fiat.
Rosa Matteucci
Un amour de mère
Christian Bourgeois (…)


Liste des cafés



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