Vigier

Anne-Constance Vigier

Entre mes mains

Joelle Losfeld

Ne pas se fier à l’image doucereuse de la « Une » : voici un récit court
et bouleversant d’un enfanticide. La narratrice, une matheuse brillante,
surdouée, y raconte sa pauvre histoire d’amour. En dix chapitres
vigoureux, le livre narre sa rencontre ( dans le cadre d’une agence
matrimoniale) avec Sylvain, un jeune musicien, un violoniste, qui voue
un culte à Bartok, leur première expérience sexuelle dont elle parle
avec un certain effroi ; puis successivement on suit leur aménagement
dans un appartement tristounet, le mariage, le voyage de noce, le test
de grossesse, la première échographie et les rapports désormais avec les
collègues de bureau, une séquence après sept mois grossesse et sa mise à
écart de profession, l’accouchement sous péridurale et l’arrivée de sa
fille, Ladna ; sa vie à la maternité avec son « enfant du froid » comme
elle dit , un nid dont elle souhaiterait ne pas sortir ; le désarroi
devant l’idée de retourner dans le monde. Le 10e et dernier chapitre
nous la montre apeurée face aux pleurs incessants de sa fille, à
l’absence père, à la démission de sa soeur, de ses parents alors qu’
apparaissent les premiers hématomes sur le corps de l’enfant....

Un texte impressionnant sur le thème : comment essayer d’exister dans une
vie qui ne vous convient pas ? comment ne pas se sentir à sa place ?
comment ne pas arriver à s’adapter à un mode de vie « normal » ? On passe
ici, progressivement, d’une existence banale, décrite cependant d’une
manière assez inquiétante, à un basculement dans la paranoia, la
frustration, la dépression...

C’est le journal intime d’une jeune femme prisonnière de son propre
destin, une sorte d’intelligence désincarnée qui éprouve la plus grande
défiance à égard du corps, un dégoût pour l’odeur, le bruit.

Passion, paradoxale, pour Brassens. Considérations sur la musique en
général et Bartok en particulier.

Un texte doux et violent à la fois, une analyse fine des mécanismes
psychologiques de l’héroine, sorte de Mme Bovary 2007.

Un récit inspiré par un récent et retentissant fait divers.

Née en 1970, l’auteure est matheuse, parisienne. Son premier roman
(2001) s’intitulait « Le secret du peintre Ostende ».



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