Roze

Itsik

Pascale Roze

Stock

Ce roman est inspiré d’une histoire vraie. Itsik, diminutif d’Yitzhok
Gersztenfeld (grain d’orge), était fils de cordonnier, né à Varsovie en
1904, dans une famille de neuf enfants ; de tous, c’était le plus doux,
le plus solitaire, le plus rêveur. Un silencieux : « parler pour lui,
c’était exagérer », une formule délicate à l’image du livre. Ce court
récit est organisé en grandes séquences : la vie dans les faubourgs de
Varsovie, peu après la première guerre ; Itsik aime sa vie, il est
amoureux de Maryem mais doit partir ; les siens sont trop pauvres pour
que tous survivent sur place. Deuxième séquence : l’émigration. Il ira à
Berlin chez son frère aîné, dans la confection, mais ça ne marche pas
entre eux et Itsik part en France, travailler dans les mines du Pas de
Calais. Il y reste 6 mois, pris en charge par un instituteur des mineurs
qui lui donne le goût de la presse et de Léon Blum. Puis Paris, le
Sentier ; il fait venir Maryem, fonde une famille, se met à son compte.
Ce sont les jours bénis de l’avant guerre. Troisième séquence : Itsik
choisit la France, se sent français, veut se sentir français ; mais on
lui fait comprendre qu’il est hors sujet. Arrive en effet la guerre.
Itsik est déterminé à rejoindre l’armée française, lui le polonais
errant ; il en est empêché ; on lui conseille d’incorporer l’armée
polonaise en France, laquelle fuit en Grande Bretagne et ne veut pas de
lui. Et le 13 mai 41, il est convoqué au commissariat de son
arrondissement et expédié, comme 3700 autres juifs, à Pithiviers, un
camp d’internement. Il y obtiendra deux fois des permissions pour
visiter sa famille et deux fois il reviendra au camp !

Voici un thème où on peut tomber dans la grandiloquence « victimaire »,
ou le mensonge ( voir la supercherie de « Survivre avec les loups ») ou
la complaisance pour le bourreau ( voir « Les bienveillantes »).
L’auteur ici a le ton juste pour revenir sur ce passé qui ne passe pas,
pour évoquer la tragédie d’un déraciné, doux et silencieux, « au coeur
infantile et maladroit ».

Pascal Roze a eu le Goncourt pour « Chasseur zero », vertigineuse
plongée dans le monde des kamikazes japonais durant la dernière guerre.



Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire