Fellous

Aujourd’hui

Colette Fellous

Gallimard

L’écriture de Colette Fellous est pleine de lumières, d’odeurs, de sons.
On retrouve dans « Aujourd’hui » cette nostalgie d’une Tunisie perdue,
pays de l’enfance. La Tunisie oecuménique de l’avant 1967, quand la « 
Guerre des six jours » va briser l’harmonie, réelle ou rêvée, et allumer
la haine entre juifs et arabes.

La force de l’écriture de Colette Fellous est dans la qualité de ses
motifs. Il y a par exemple l’opposition de la chambre et de la ville,
l’intérieur (sombre) de la maison et la luminosité de la rue ; il y a
l’importance des lieux ; une tendance aussi à mélanger les lieux, les
temps, sans tomber dans une littérature fantastique ou purement
poétique, plutôt une manière de fusionner passé et présent ; et puis une
sensibilité électrique, une sorte d’éblouissement devant la vie.

On retiendra un beau portrait du père. L’auteur dit se sentir coupable
de sa mort, rien que ça. Ce thème avait déjà été développé dans une
nouvelle, « Ce matin d’Octobre » dans un recueil intitulé « Lettres
d’aveux ». Fellous en effet a le sentiment d’avoir tué son père car
celui-ci est mort d’une crise cardiaque, le lendemain de la lecture du
premier roman de sa fille, Roma. Un roman violent, dit-elle, où elle se
met en scène en prostituée, affublée de son second prénom, Fortuna.
Certes il s’agissait d’un roman, donc d’un mensonge, mais allez savoir
ce qui peut se passer dans un cœur de père ?

Née en Tunisie en 1950, Colette Fellous arrive à Paris à l’âge de 17
ans. Elle a déjà beaucoup publié de romans et d’essais. Notamment « 
Avenue de France ». L’auteure a été productrice à France Culture de « 
Nuits magnétiques » dans les années 90 ; elle y signe à présent « Carnet
nomade ».



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