Lafon L.

Une fièvre impossible à négocier

L’héroïne, Landra, est une jeune fille sauvage qui est en guerre contre des hommes ; on comprend vite qu’elle a été violée. C’était pourtant une jeune femme heureuse dans le milieu de la chanson ; or elle est violée par un homme propre sur lui, intouchable, un ami sans doute, un « homme
insoupçonnable » comme elle dit, dont on tait le nom en devinant
qu’il s’agit d’une personnalité connue. Lola Lafon nous parle du viol avec une rage extraordinaire, calme, posée, terrible. Cette jeune femme libre et moderne sort cassée de ce drame ; et elle fait la guerre aux hommes, à certains hommes, à la société.
Ce livre est une sorte de long monologue rageur et poétique ; son personnage retrouve un semblant de calme, d’équilibre dans les groupes d’ultra gauche, « autonomes » ou casseurs et vit dans des squats.
L’auteur évite le "pathos" grâce à son style nerveux et une démarche de lutte ; elle n’écrit pas, elle boxe. Le roman est plein d’affection pour les marginaux, les gens des squats, rarement visités par la littérature.
Une phrase énergique, électrique pour parler de la double vie d’une jeune femme cassée, qui a un mal fou à sortir de l’humiliation où l’a plongé le violeur. Un rebondissement final digne d’un polar ; de belles scènes de rencontres avec des flics, les manifs, les opérations commando, sur les parents, enseignants dans des pays de l’Est (Roumanie).

Il y est beaucoup question de chanson ; un chapitre « Le monde merveilleux d’universpropre » montre comment s’effectue l’uniformisation et l’abêtissement des programmes dans le milieu.

Lola lafon a 28 ans ; ce premier roman est, par bien des aspects, autobiographique ; elle est chanteuse et dirige le groupe Leva.

Flammarion



Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire