Larnaudie

Acharnement

Muller est une plume, la plume d¹un homme politique ; il était payé pour écrire ses discours ; quand le ministre a chuté, Muller a été viré. Il a quitté la ville et s¹est installé à la campagne, une maison dans un coin perdu à retaper ; depuis, il rêve d¹écrire LE discours politique modèle (dans la filiation d’un Cicéron, d’un Aristote), un discours qui le vengera, qui sera sa gloire.
Au fond de son jardin, il y a un aqueduc romain, un monument de haute taille, vestige d’une civilisation passée, du haut duquel un désespéré un jour de jette pour se planter, c¹est le cas de le dire, dans son pré ; ce suicide est le premier d’une longue série ; les sauts de la mort vont se répéter et la chute des corps itou.
Telle est l¹intrigue : un homme qui n¹en finit plus de travailler la parole, la tchatche, l¹argumentaire, les mots avec talent, panache, excès, au service du politique idéal et des désespérés enfermés dans leur
silence qui tombent régulièrement dans son jardin.
« Acharnement » est une fable surréaliste ; sur la politique, son fonctionnement, ses trucs, ses illusions, son impuissance aussi, le trop plein de paroles des uns, l’incapacité de parler et le mutisme des autres.

Le style correspond à ce qu’on attend d’une « plume », de longues phrases brillantes, excessives, désuètes (il use et abuse de l’imparfait du subjonctif !).

Actes Sud



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