Jenni

L’art français de la guerre

Un premier roman, gros volume de 630 pages, qui vient de remporter le Goncourt ! Une sorte d’histoire de France à travers ses guerres coloniales racontée par une plume admirable. Le livre est construit sur deux plans. On suit la vie de Victorien Salagnon, jeune homme pendant l’occupation, qui part dans les chantiers de jeunesse, passe à la Résistance, continue sa guerre (de vingt ans) en Indochine puis en Algérie. Cette histoire est entrecoupée de « commentaires » où le narrateur, biographe de Salagnon, évoque la vie française d’aujourd’hui, ses débats, sur les banlieues, les races, la sécurité, l’espèce de guerre civile larvée...

Des pages splendides sur la jeunesse française, sur de Gaulle, sur la colonisation ; une égale aisance pour décrire des personnages, des décors, pour mettre en scène des situations tragiques, les maquis des Alpes, les pièges de la forêt tropicale, la bataille d’Alger. Une réflexion sur « la pourriture coloniale » et sa manière d’infecter la société française...
Ce roman participe d’une tendance littéraire où le sujet « France » est de retour, un certain retour aussi au réalisme. Ici, on creuse le passé, on se cherche une filiation ; c’est quoi être français au temps de la mondialisation ? Être français, est-ce que ça durera toujours ?
Jenni ne veut pas « se contenter de décrire le monde mais (entend) le réinventer afin de le rendre vivable ; après tout, la littérature permet de raconter une histoire commune. »

Gallimard



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