Belezi

C’était notre terre

Mathieu Belezi

Albin michel

Un très grand roman, sur la guerre d’Algérie, la colonisation, la douceur de vivre pour les possédants, les colons, de l’humiliation imposée à un peuple, l’impasse où conduit une domination bornée, la montée des violences, la guerre qui ne dit pas son nom, le déchaînement de sang (un million de morts !).
Mathieu Belezi est tour à tour, dans la famille colon, la mère, fière, obstinée, raciste, aveugle, la dernière à rester dans l’orgueilleuse résidence de 653 ha « de bonne terre africaine » ; le père, despotique, jouisseur, violent ; le fils qui passera de l’autre côté, du FLN ; la fille aînée, mal dans sa peau, qui déteste ce pays et finira nonne ; la cadette, fille soumise à ses parents, qui traînera en France son exil et sa nostalgie pied noire jusqu’à côtoyer comme sa mère l’OAS, Fatima, enfin, la bonne, l’esclave qui finit par se confondre avec les meubles.

Texte superbement écrit, sur le ton d’une longue confidence ; chaque personnage parle sur deux niveaux : il prend à témoin le lecteur ; et puis il interpelle aussi (en caractères gras) les autres membres de la famille.

Beau travail romanesque où il ne s’agit pas de trier les bons et les méchants mais d’entrer dans la peau de chacun, d’en faire vibrer la pâte humaine ;c’est réussi, l’humanité et l’inhumanité de tous ces gens sont totalement crédibles. Dans une sorte de panthéisme, notre auteur sait faire vivre également faune et flore, le paon de la ferme, les vignes, les blés, les arbres.



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