Jacques

Rachel Rose et l’officier arabe

Le Caire, 1957. Nasser livre un bras de fer avec l’Occident. Les juifs
égyptiens, assimilés aux Occidentaux, quittent le pays. Telle est la
toile de fond du dernier roman de Paula Jacques, Rachel Rose et
l’officier arabe. Salomon (Schlomo) Cohen, commerçant en meubles, n’a
pas très envie de partir ; et puis il pense éviter les problèmes en
demandant à sa fille aînée, Rose, de calmer Fouad Barkhouk, l’officier
arabe. Ce dernier est un homme déroutant, plein de morgue mais aussi de
prévenance. Ambigü, le personnage, loin de vouloir arrêter notre
marchand, se propose d’être son protecteur ! Mais cette bonté apparente
cache un désir de vengeance. Fouad, fils de paysan pauvre, n’a connu,
depuis sa jeunesse, que misère, mépris, violence ; sa mère est morte
d’épuisement et de solitude alors qu’elle servait... chez Salomon Cohen.
Et Fouad est bien décidé à faire payer à Schlomo cette souffrance. Il va
trouver dans la jeune et naïve Rachel l’instrument de sa vengeance. Mal
aimée des siens, Rachel est une proie facile pour cet officier qui n’a
de cesse de souffler le chaud et le froid sur ces gens dans l’angoisse
de l’expulsion. Ce roman est une sorte de thriller psychologique où,
dans un monde finissant, on balance entre amour et haine. Un livre
lumineux, savoureux, drôle, humain, sensuel, complexe. « Qui a bu l’eau
du Nil revient toujours à sa source » dit le proverbe. C’est le cas de
Paula Jacques dont l’oeuvre revisite l’enfance volée du côté du Caire.

Mercure de France



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