Dreyfus

Le Déjeuner des barricades

Mai 68 au palace

La rentrée littéraire sera bien fournie, comme d’habitude : près de 600 romans dont 400 français. Vaste choix, et parions déjà qu’un des livres les plus cocasses sera certainement « Le déjeuner des barricades » de Pauline Dreyfus. Elle y romance la journée du 22 mai 1968 vue de l’hôtel Meurice, un des grands palaces parisiens. Comme ses concurrents George-V ou Plaza, la résidence de luxe n’échappe pas à l’air du temps ; le personnel, gagné par la contestation ambiante, se met en mouvement et « occupe » l’hôtel. Déjà cette grève pas comme les autres constitue un excellent sujet ; mais il y a mieux, ou pire : ce 22 mai est prévu au Meurice la remise du prix Nimier, à l’issue d’un déjeuner, prix à un tout jeune homme, un certain Patrick Modiano, pour son premier opus, La place de l’étoile. Dans un Paris libertaire, bloqué par les manifestations, et dans un hôtel de prestige « autogéré » par ses employés, la tenue de ce déjeuner, qui est aussi la réunion d’un jury plutôt réac, est une sorte de prouesse qui ravira le lecteur.

Gerard Streiff

Grasset



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