Mauvignier

Laurent Mauvignier

Des hommes

Minuit

La guerre d’Algérie est de retour, le thème s’invite ces derniers mois dans plusieurs romans ( Voir « C’était notre terre » de Mathieu Belezi)

Le roman de Mauvignier est articulé en 4 chapitres : après midi, soir, nuit, matin ; il est en fait construit en deux temps.
Acte 1 : c’est le cousin Rabut qui raconte ; on est dans le Loiret, aujourd’hui, réunis pour l’anniversaire de Solange ; s’invite son frère Bernard, dit « Feu de bois », soixantenaire alcoolique, sdf ou hommme des bois, le méchant pour tout le monde ; ce jour là, il veut être gentil, fait un cadeau à Solange, un bijou ; on lui demande d’où vient l’argent, on le culpabilise, il explose en insultes racistes anti-arabes ; cette partie est écrite à la mode de Natalie Sarraute, avec de longues circonvolutions.
Acte2 : sans transition, on plonge en plein fracas de la guerre d’Algérie, 40 ans plus tôt, avec Rabut et Bernard, soldats ; c’est violent, sec, cruel : la descente dans un village / la garde de nuit d’un camp / la terreur et l’anti-terreur / le désarroi du pacifiste / les fellagas introuvables/ les harkis et la mauvaise conscience/ l’ennui, la routine, la peur au campement/ le docteur charcuté / les rares permissions (à Oran), etc. Les dernières pages sont complètement hallucinées, sublimes – on est en 1962-, où se mêlent la joie algérienne, la panique pied noire, la folie OAS, l’abandon des harkis, la mort et la fête.

Un roman dur sur le temps qui ne guérit rien, sur la frayeur, la culpabilité, la blessure ; un roman où il n’y a pas vraiment de braves types ni de sales types mais des gens dépassés par les événements.

Mauvignier est né en 1967 à Tours ; a écrit notamment « Loin d’eux » sur la difficulté de quitter les siens ou « Dans la foule » sur la catastrophe du stade du Heysel en 1985.



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