Blas de Roblès

L’île du point Nemo

Un récit où alterne, d’un chapitre sur l’autre :
*une saga, sous forme de poursuite où l’on fait un véritable tour du monde à la recherche d’un bijou volé et de son voleur, des côtes bretonnes, à l’Angleterre, à Moscou, puis sur le transsibérien vers Pékin, et de là dans une montgolfière jusqu’en Australie, puis un bateau vers un lieu improbable, le point némo et son île qui n’existe probablement pas...
*la vie d’une usine de montage de liseuses numériques, ici et maintenant, usine du Péigord dirigée par un habile Chinois, M Wang, patron indélicat qui se livre au voyeurisme sur ses ouvrières ; dans ce second récit, on suit de près les tracas sexuels de certaines d’entre elles, l’impuissance persistante d’un mari aimé et les différentes manières de dépasser ce handicap...

La premère partie est écrite au passé, la seconde est au présent. Le lien entre ces deux propos ? La lecture. En effet, comme cela se pratiquait dans certains manufactures jadis, comme cela se pratique encore aujourd’hui dans des usines de cigares à Cuba, il existe des ateliers où des lecteurs publics lisent à haute et forte voix, les vies romancées d’Edmond Dantes, de Robinson Crusoe, d’Ulysse.
La saga mentionnée plus haut est donc lue devant les employés de M Wang ; pourquoi ? Une histoire de management. De la même manière que les vaches produisent du meilleur lait si on leur fait écouter de la musique, les ouvriers se montreraient plus compétitifs pendant les lectures, pense Wang.

L’argument est totalement extravagant. On peut ne pas aimer mais on peut aussi se laisser emporter par ce flot d’histoires formidables, ce chapelet de fictions qui n’en finissent pas de s’enchaîner, qui toutes peu ou prou nous rappellent de grandes épopées (entre Maurice Leblanc et Conan Doyle, Victor Hugo et Jules Verne, et Dumas bien sûr. Faussement potache, le récit s’adosse sur une formidable culture, c’est du boniment de génie.

L’auteur a pris manifestement un plaisir fou à écrire ça et le lecteur pourra partager cette euphorie de près de 500 pages, 62 chapitres ! Le tout à la gloire du roman, de la litterature, éveilleur de conscience.
Le précédent récit de l’auteur, « Là où les tigres sont chez eux », fut couvert de prix.

Zulma



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