Etteth

La couleur du deuil

Le titre original de ce roman policier, « Le village des veuves », était sans doute meilleur. Samorin, le héros, qui se comporte en aristocrate déchu, est un esthète qui pratique le kung fu comme un moine. Il traîne une histoire familiale tragique, un père, brillant pilote de chasse, pendu pour avoir tué sa mère. Enfant, il semble suivi comme une ombre par un compagnon féroce,
incarnation du mal, Dhiren Das. Les deux se retrouvent des années plus tard, Samorin devenu un dandy inquiet et Dhiren un peintre-sculpteur manipulateur.
Le livre narre une double enquête ; la première évoque un meurtre à l’ambassade de Madagascar à Dehli – meurtre en chambre close ; la seconde tourne autour de l’étrange clinique du docteur Dubey, où l’on meurt beaucoup de leucémie.
Dans ces deux histoires, Samorin fait tandem avec Anna Kahn, femme flic très rude, ayant fait ses classes dans l’antiterrorisme au Cachemire.
La fin est surprenante et ce n’est pas forcément la meilleure séquence. Mais on aimera le dépaysement, le rapport à la nature , le sens du décor, le rapport à la mythologie, l’évocation du Kerala, terre indienne du sud et marxiste.
On découvre ici la découvre place des veuves, qui est tout simplement épouvantable ; être veuve, c’est porter malheur (au mari mort), c’est donc mériter la mise au ban.

Liana Levi



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