Adiga

Les ombres de Kittur

L’auteur invente une ville, Kittur, en bord de mer, et cette ville imaginaire est un concentré de l’Inde, avec son quartier commerçant, le coin des chrétiens, celui des musulmans, des hindous, la gare routière, le marché central, la citadelle, les locaux du journal local, la cathédrale, le temple, la mosquée et même le proche village. Un roman daté : on est entre 1984 et 1991, soit entre l’assassinat d’Indira Gandhi et celui de son fils, histoire aussi de montrer que cette fameuse démocratie indienne est d’une violence terrible.
Au fil des chapitres, on va se promener pendant une semaine dans Kittur, de quartier en quartier. Chaque séquence s’ouvre par quelques lignes pour caractériser le lieu, puis on entre dans la peau d’un personnage typiquement indien : le gosse de riche devenu apprenti terroriste ; l’enfant des rues condamné au système D ;
le petit patron sous la pression de la corruption ; le vendeur de (photocopies) de livres interdits ; le vieux prof catho rétro ; l’apparatchik obsédé par Maupassant ; le bonimenteur compassionnel, etc.
Chaque récit est remarquable d’intelligence, de sensibilité. Un tableau implacable du monde indien. Un style dépouillé. Adiga, dont le roman précédent, Le tigre blanc, fut un triomphe, est le chef de file de la jeune littérature indienne.

Buchet Chastel



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