Gallay

L’or du temps

« Je cherche l’or du temps » est une phrase d’André Breton, inscrite sur
sa tombe, au cimetière des Batignoles.

Comme son titre, ce roman est d’une attirante étrangeté.Etrangeté de
l’intrigue. On voit se former un drôle de couple.

Lui, le narrateur, jeune intello parisien, est en vacance sur la côte
normande avec sa femme et ses deux petites filles, des jumelles. Cet
homme semble atteint de langueur, d’une sorte de passivité, d’une
incapacité au bonheur ; on le sent étranger à lui même, désorienté,
pudique, mélancolique, lucide aussi ; il va assister, impavide, au
detricotage de sa propre famille.

Elle, Alice, est une vieille dame, vivant dans une maison voisine et
isolée, univers figé qui doit sentir la confiture, le bois, le thé et le
chat. Dans l’attrait -platonique- du narrateur pour Alice, il y a un
mélange de soumission et de fascination. Pour l’histoire de cette dame,
le mystère de son enfance dont on a la révélation sur la fin, ce
fabuleux voyage auquel elle participa pendant la guerre, aux Usa, avec
André Breton.

Ici le roman bascule de la Normandie à l’Arizona, terre des tribus
indiennes hopi, gens du désert, aux maisons rouges, aux rites antiques,
aux danses sacrées, créateurs de statuettes, les kachinas, véritables
oeuvres d’art pour Breton et les surréalistes.

L’étrangeté est aussi dans le ton, dans la façon dont l’auteur capte le
temps de son récit, l’or du temps de Breton, s’empare des silences, des
chuchotements.

Née en 1961, Claudie Gallay est l’auteure de « Seule Venise » (2004).

Rouergue



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