Chiche

Saturne

Le roman s’ouvre par un long prologue sur l’agonie du père : la narratrice n’a pas deux ans quand celui-ci décède de leucémie. Une sorte d’avertissement sur le ton qui sera donné au livre. Puis l’histoire commence dans l’Algérie de l’après (seconde) guerre. Une famille de riches médecins va bientôt perdre ses positions avec l’indépendance. Mais le clan a tôt fait de se reconstruire en France, et mener une vie de château (au sens propre). Dans cette tribu, on fait médecine de père en fils. Hors de cette norme, point de salut. Aussi le père de la narratrice, Harry, avec ses désirs d’artiste, sort du cadre, choque. De plus il tombe amoureux d’une Eve aussi somptueuse que déglinguée, « une folle », tout à fait le genre de femme à ne pas marier dans ce milieu. (L’autrice avait évoqué le portrait de cette mère dans un précédent roman, Les enténébrés). Le récit retrace ensuite l’intégration (contrariée) de la narratrice dans la famille, son éloignement, le choc du retour provoqué tout à la fois par la culpabilité de n’avoir pas répondu à des preuves d’amour (de la grand mère), par l’invisibilité du père, la vacuité de la mère. Et l’impitoyable dépression qui s’ensuivra (dont elle n’échappera que par le biais de la psychanalyse). Des chapitres courts, une écriture tranchante, la description minutieuse d’un travail de survie.

Seuil



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