Jauffret

Régis Jauffret

Asiles de fous

Gallimard

« Familles, je vous hais ! » disait Gide. On peut dire que c’est un
roman gidien que les dames du Femina ont couronné, à l’automne 2005. « 
Asiles de fous » est le portrait d’une famille (versaillaise) au moment
d’une rupture amoureuse. Quatre personnages entrent successivement en
scène : Gisèle, surprise lors d’une véritable crise d’hystérie ; Joseph,
le beau-père, mesquin, prétextant un problème de robinet pour s’inviter
chez elle, lui annoncer que son fils la quitte et déménager en douce les
affaires du rejeton ; Solange, la belle-mère, exemplaire de méchanceté ;
Damien, le trentenaire redevenu célibataire, cadre alcoolique, cynique
et dépravé. Au terme de cette galerie de monstres, on se prend de
sympathie pour la Gisèle du début, on imagine un peu le quotidien
infernal que les trois autres lui ont fait subir, sept années durant.

« Vous avez dû trouver cette famille étrange, mais plus encore que les
histoires d’amour, toutes les familles sont des asiles de fou » dit
Jauffret.

Ce livre est tout à la fois d’une violence et d’une drôlerie rares.
L’auteur n’a pas voulu jouer au sociologue de la vie familiale. Son « 
Asiles de fous » est bien un roman, donc une invention, un mensonge. Il
mélange dans son chaudron les névroses croisées de ces quatre
personnages, il touille avec un talent diabolique et au total, il
provoque le lecteur, le pousse à une sidérante réflexion sur
l’inhumanité ambiante, l’incapacité d’aimer, l’indifférence aux autres.



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