ALAIN JOHAN

Gérard Streiff
Rédacteur en chef de l’hebdomadaire CommunisteS
Intervention aux obsèques d’Alain Johan
Crématorium du Val-de-Bièvre
6 décembre 2022

Toutes mes condoléances à Mathilde, à Guillaume, à tous les proches d’Alain, en mon nom personnel, au nom de la section du PCF de Maisons-Alfort.
Alain, j’ai fait sa connaissance en 1993. A l’occasion des élections législatives, on m’avait proposé d’être le candidat du PCF sur la circonscription de Maisons-Alfort, Charenton, Saint Maurice. J’hésitais. Et je croise Georges Marchais qui me dit : « Alors, tu as peur du combat de classe ? » Ainsi défié, je ne pouvais qu’accepter.

Je découvre alors la section de Maisons-Alfort. Il y a là Robert Janssoone, Marie Lonjou, Roland Husson (ils sont là aujourd’hui), José Reyna, j’en oublie, pardon. Et Alain Johan. Celui-ci va m’encourager, m’épauler, me soutenir, me conforter. Son aide sera essentielle dans la campagne où on va mettre, parfois (un peu), en difficulté le sortant de droite. Notamment sur l’épisode de la « Maison Picasso ».

Alain Johan connaissait par cœur Maisons-Alfort, lui qui, quelques années plus tôt, avait failli être élu maire, jeune, à la tête d’une liste d’union. Alain sera essentiel pour soutenir toutes ces années politiquement âpres la section de Maisons-Alfort, une section aujourd’hui qui se renouvelle, se rajeunit ; et c’est en partie grâce à lui.

Alain Johan, j’aimais sa façon de faire de la politique ; il y mettait, comme en tout, intelligence et passion. Et il ne lâchait pas le morceau, comme on dit ; il avait raison. Il avait une voix chaleureuse qui appelait au dialogue, à l’échange. Il avait un visage expressif ; quand il souriait, on avait l’impression que ses rides souriaient en même temps.
C’était un mélange de compétence et d’humanité ; c’était un rouge et je me disais souvent que c’était des gens comme lui qui auraient du conduire les affaires du pays, si la gauche avait été à la hauteur.

Un temps, je l’ai perdu de vue, pour des raisons professionnelles. On a repris contact l’année dernière, on avait l’habitude de se voir, au café de la mairie d’Ivry, une fois chez notre ami Pierre Buraglio.
Il aimait parler de ses origines, de la grande famille des Johan, des gens, du monde populaire dont il était issu et dont il était fier. Il aimait parler de ses enfants. Il me parlait des grands anciens, de Raymond Aubrac par exemple.
Il parlait de son métier avec enthousiasme et générosité.
Il parlait de Cuba ; là aussi il témoignait de son savoir-faire en évoquant l’agriculture, les transports, le tourisme cubain ; c’était le propre d’un grand professionnel.

C’était un communiste, c’est à dire un esprit critique et en même temps un bâtisseur, un constructif. C ‘était un rêveur, un rêveur lucide. Et puis bien avant que ce ne soit à la mode, c’était un écologiste.
Il est de cette génération qui, au cours de l’existence, aura d’abord vu le triomphe des grandes espérances, puis qui sera témoin d’un monde s’affaissant dans la confusion. Il en a souffert. Mais il savait aussi que ses idées premières, le besoin de justice sociale, l’envie de fraternité, de partage, de participation au pouvoir, ses aspirations à la coopération internationale, à la paix, ces idées communistes restent des idées d’avenir. Alain les a portées avec énergie, toute sa vie.
Alors, merci camarade Alain, et au revoir.



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