Solidifier le vote

Réunion des secrétaires départementaux

C’est devant une assistance fournie de premiers responsables des fédérations que Jacques Chabalier, animateur du secteur vie militante, vie du parti, a présenté son rapport, le 6 mars dernier. À sept semaines du premier tour, il s’agissait d’évaluer les premiers acquis de la campagne et de prendre les mesures pour conforter la dynamique en cours. La nouvelle période de la campagne est marquée, dit-il, par « une bipolarisation médiatique renforcée ». Sarkozy se droitise, gomme son bilan, fait dans le poujadisme. Il s’en prend avec méthode à tous les droits sociaux et, pour rassembler sa famille de droite, considère que « tous les coups sont permis. (…) Cela nous confirme dans l’orientation très anti droite et anti extrême droite que nous devons continuer à donner à notre campagne ». Le 6 mai prochain, Sarkozy doit être battu. Pour Jacques Chabalier, la bipolarisation médiatique peut réactiver le réflexe d’un vote utile. Dans une partie de l’électorat progressiste existe la crainte d’une réélection de Sarkozy. « Ce qui pourrait amener des électeurs de gauche à vouloir donner à Hollande le meilleur score possible dès le premier tour. » Il faut être à ce propos « très vigilant » mais « ce risque ne doit pas nous inhiber, au contraire : notre candidat est aujourd’hui très clairement installé dans les candidats de référence de cette élection : ses qualités d’orateur, les séquences télévisées auxquelles il a participé, y ont contribué et suscité un intérêt et une curiosité légitimes. »
En même temps, Jacques Chabalier observe que l’importante mobilisation des militants, les contenus qu’ils portent, tout cela contribue aussi à « élargir l’espace politique qui est devant nous ». Des questions essentielles sont au cœur du débat ; on assiste à « un affrontement de classe inédit sur les issues à la crise , une réactivation du débat gauche / droite et une politisation plus importante des enjeux de la campagne. »
D’où certaines des postures de François Hollande (sur les marchés financiers ou la proposition d’imposer à 75% les plus riches).
Le rapporteur note que « le climat social s’en ressent positivement ». Les luttes ouvrières font l’actualité et « nous avons su tisser dans ces premiers mois de campagne un rapport privilégié avec les salariés et les syndicalistes. »
Ce retour de la confrontation de classe oblige les candidats à se démasquer et le débat sur les grands axes économiques et politiques est plus difficile à évacuer.
A gauche, la confrontation sur les choix à faire face à la crise est réactivée. Sur le dossier européen par exemple et notamment sur « le Mécanisme Européen de Stabilité. La question que pose ce dispositif est lourd d’enjeux : une politique de gauche est elle possible si nous nous laissons imposer une telle camisole de force ? »
Dans les premiers acquis de la campagne, Jacques Chabalier évoque « l’intérêt grandissant de la candidature de Jean-Luc Mélenchon parmi les jeunes en particulier des quartiers populaires ». Il insiste sur les points marqués contre Le Pen. « Il y a dans la dynamique de notre campagne des raisons profondes qu’il nous faut désormais entretenir et assurer les sympathies, l’intérêt qui se manifestent en intention et promesses de votes. »
Toutes les initiatives de la campagne, des grands meetings aux assemblées citoyennes, connaissent le succès, traduisent une forte dynamique.
Se demandant « comment aborder les jours qui viennent ? », le rapporteur estime : « Il nous faut continuer à prendre ou à participer aux grandes initiatives nationales qui marquent notre présence, notamment dans les médias, et ancrer cette campagne sur le terrain, l’enraciner, l’élargir en permanence à des milliers de personnes qui sont disponibles pour en être et à qui il faut donner les moyens de le faire. C’est cette orientation que nous nous sommes donnés lors de la réunion des animateurs et animatrices de sections. »
Il détaille l’initiative du 18 mars ( voir l’entretien avec Francis Parny), insiste sur la question du renforcement ( voir page 4), revient sur la place qu’il convient d’accorder dans la campagne aux candidats aux législatives et conclut sur la question d’une participation éventuelle à un gouvernement de gauche. « Patrice Bessac disait dans Communistes « moins croire à la bonne volonté des individus qu’aux rapports de force politiques et sociaux ». C’est exactement ces rapports de force qu’il nous faudra évaluer pour prendre la décision qui sera la plus conforme et la plus utile à notre ambition : la réussite d’un vrai changement pour notre peuple. Sachant que ce sont les adhérents du PCF qui, avec toutes les données d’appréciation en main, en décideront après les législatives. »

Il se passe quelque chose

Dans le débat qui suit, les secrétaires départementaux constatent, à peu près tous, qu’une forte dynamique est en cours. « Il se passe quelque chose », « on marque des points », « on est à l’offensive » : ces formules sont plusieurs fois employées. Les premiers dirigeants se félicitent des liens nouveaux qui s’installent avec les syndicalistes, « des relations plus intenses avec le mouvement social », une sorte de retrouvailles avec les quartiers populaires, les milieux ouvriers. « On parle du Front de gauche dans les entreprises ».
Beaucoup font part « d’optimisme », « d’enthousiasme », certains évoquent même la possibilité « d’un score à deux chiffres ». Il s’agit « d’une campagne inédite par son ampleur, son contenu, le poids des questions sociales posées », une campagne au cours de laquelle on découvre nombre de visages nouveaux, des bonnes volontés inconnues jusque là, qui non seulement participent aux initiatives mais veulent agir, s’impliquer. On est aujourd’hui présent dans « tous les villages du département »se réjouit une responsable. L’importance et l’efficacité du combat contre le Front national sont souvent mentionnées. « On a pris ce débat par le bon bout, le social » et les gens nous sont reconnaissants d’affronter ainsi l’extrême droite. Les grands meetings, réussis, donnent en général « un coup de fouet ». Le candidat est très globalement apprécié, « il parle aux gens, il accroche ». Les initiatives militantes sont la plupart du temps « un vrai bonheur ». La qualité de cette campagne tient à la rencontre de la colère populaire avec la pertinence des actes du Front de gauche. Certains secrétaires, hier encore sceptiques sur l’orientation choisie, reconnaissent que le panorama a bougé : « J’imaginais pas en en janvier que la dynamique Front de gauche bénéficierait à toute la gauche » dit l’un d’entre eux. On parle de ré-unification des communistes dans des fédérations où d’anciens débats avaient pu diviser les militants.
Toutes et tous posent la question : comment entretenir la dynamique, comment « solidifier le vote, défi majeur de la période ». Et ils répondent : en multipliant les rencontres, jusqu’au bout, en organisant un travail militant ciblé. L’enjeu du renforcement revient régulièrement dans les interventions ; beaucoup s’accordent à dire que les gens sont disponibles pour adhérer : « Ils adhèreront au premier (parti) qui le leur proposera », dit l’un, « Ils iront chez ceux qui leur apparaitront les plus rassembleurs » ajoute un autre.
Pierre Laurent estime qu’ « on entre dans la dernière ligne droite avec des marges de progression réelles ». Il considère que le Front de gauche est en train d’entraîner un mouvement qu’on pourrait comparer à la campagne du non lors du référendum européen. « C’est ce que nous voulions, un front de gauche pour changer le rapport de forces à gauche, pour faire avancer des contenus larges ». Et demain si la gauche l’emporte, si la France veut renégocier ses traités par exemple, « il y aura besoin d’un mouvement populaire très fort ». Le secrétaire national souligne encore l’importance du débat, à poursuivre, sur les contenus ( loi contre les licenciements, Europe, retraites, politique du crédit,etc), qui montre la perspective.

Gérard Streiff



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