Sortir du blocage

Sortir du blocage politique

Marie Pierre Vieu, membre de l’Exécutif, a en charge la préparation des Assises pour une refondation sociale et démocratique, qui se tiendront le 16 juin prochain, en présence de plusieurs dizaines de personnalités de la gauche sociale et politique. Quel est le sens de cette initiative ? Comment évolue le rapport des forces à gauche ? Et où en est la préparation concrète de cet événement ? MP Vieu répond à nos questions.

Peux-tu nous rappeler la philosophie de ces Assises ?
On a face à nous une majorité de gauche gouvernementale qui, depuis un an, mène une politique qui va à l’encontre des exigences de ceux qui l’ont élue. Voir le dossier des retraites ou la réforme de l’acte 3 de décentralisation... On reste sur le prolongement d’une politique libérale qui répond à la crise par l’austérité. Cette voie, qui est celle du renoncement devant la finance, non seulement conduit à une impasse et un retour de la droite mais encourage une droite encore plus dure et prépare donc des régressions terribles. Solutions ? Il y en a deux : soit on renonce et on désespère, soit on cherche un moyen de sortir de cette situation de blocage politique. L’idée des assises, c’est lancer un processus qui remobilise tous les acteurs, toutes les forces du changement, qu’elles militent sur le terrain syndical, social ou politique ; c’est permettre à ces forces de converger ; c’est dessiner les contours de ce que pourrait être un nouveau front populaire contre l’austérité et pour la démocratie. Afin de peser immédiatement, dans le rapport de forces, et obtenir par exemple l’amnistie syndicale ou des nouveaux droits pour les salariés ; mais également afin de faire grandir à gauche l’idée qu’il y a un autre horizon politique, une autre majorité possible que celle qui est représentée par le gouvernement Airault.

Est-ce qu’on sent des choses bouger à gauche ?
L’idée d’assises est née au lendemain de l’affaire Cahuzac qui a révélé l’étendue de la crise ; elle prend appui sur une situation qui, depuis le 1er mai, évolue : on assiste à une remise en mouvement des gens de gauche. Cela a été vrai le 5 mai, on l’a senti encore ce dernier week-end (avec les manifestations en régions). Il y a quelque chose qui se cherche. L’initiative du 16 juin cherche à faire converger ; on a conscience que ce nouveau front se décline bien évidemment avec l’ensemble des forces du Front de gauche mais bien au delà ; c’est pour cela qu’on souhaite ouvrir la porte à la gauche sociale mais également à des socialistes, à des Verts, à des gens de toute la gauche. On sent qu’on a les moyens de tenir une telle initiative. D’ores et déjà, on peut annoncer que le 16, il y aura les forces du Front de gauche, d’Europe Ecologie les Verts, avec la participation de Jean Marc Durand à la dernière plénière sur la perspective politique, des personnalités qui participent d’Attac, de Solidaires, des cégétistes vraisemblablement, des représentants de mouvement antiracistes, du mouvement des chômeurs, d’organisation de jeunes, le vice-président d’Amnisty International, celui des Droits de l’homme.

La mise en place de l’initiative demande du temps...
Le processus de mise en place est long. Dans le cheminement même de l’initiative, on est confronté à des questions qui font débat à gauche, par exemple la question du changement ; est ce qu’on peut changer de politique dans le rapport de forces actuel ou est-ce qu’il faut repasser par les urnes ? Autre question : comment on permet la convergence des forces sociales et des forces politiques, chacune dans leur champ respectif d’intervention ; ce sont des questions récurrentes à gauche. On essaie de trouver le moyen que chacun s’y retrouve sans être instrumentalisé, en étant au contraire complètement libres, complètement mobilisés, acteurs de ces dynamiques sociales et politiques qu’on veut créer.

Que peut-on dire de la journée elle-même ?
A ce jour (4 mai) sont prévus huit ateliers le matin ( voir encadré ci-dessous), qui sont autant d’éléments structurants d’une politique alternative ; tout cela convergera sur deux plénières l’après-midi, l’une sur « quelle politique face à l’austérité en France et en Europe », donc le thème de la perspective en termes de contenu au niveau européen ; l’autre, « quel cap pour le changement ? », portera plus sur les questions stratégiques. L’idée est qu’à chaque moment, dans chaque atelier, il y ait une petite équipe de personnalités représentatives, diverses, autour de 6/8 personnes, qui travaillent les questions, avec un aller-retour avec la salle ; et puis on aura un moment de portée plus générale sur les deux questions de l’après midi, où chacun essaiera de faire avancer les termes du débat. L’idée est que cette journée ne soit qu’un point de départ, qu’on en sorte avec des revendications qui pourront être portées par l’ensemble des acteurs des assises mais également que le processus se poursuive dans les territoires, de nature à faire bouger le rapport de forces à gauche.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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