Remarques sur la conversion libérale de la droite

Au terme du premier tour de la présidentielle, les avis étaient partagés sur la manière dont la France s’accommodait ou non du libéralisme. « Aucun des candidats n’a compris que le libéralisme était facteur de progrès social » faisait mine de regretter Laurence Parisot, présidente du Medef [1]. Propos que nuançait Alain Gérard Slama, figure emblématique de cette droite libérale : « La société française est moins hostile à l’idée libérale qu’on veut bien le dire. Elle est prête aux réformes » [2].

Un travail de longue haleine

Un des enseignements de cette campagne reste en effet l’aggiornamento libéral de la droite sarkozyste, sa conversion à un libéralisme à la française. La radicalisation idéologique de la droite est un phénomène qu’on observe depuis un quart de siècle aux quatre coins du monde. Le mouvement est parti des pays anglo-saxons. A l’aube des années 80, il fut initié par le républicain Ronald Reagan aux Etats-Unis et par la conservatrice Margaret Thatcher en Grande Bretagne. Leur programme ? Dereglementations, ultralibéralisme, autoritarisme, démantèlement de l’Etat social, valeurs morales. A cette époque, la droite française est prise à contre-pied : alors que le monde occidental vire à droite, la France passe à gauche (1981). La droite, battue, divisée, est en crise. Une de ses caractéristiques, en effet, est son fractionnement, inscrit dans l’histoire, entre plusieurs courants, plus ou moins structurés. Ainsi, en ce début des années 80, on repère assez bien les néo-gaullistes, les démocrates-chrétiens et les libéraux, lesquels sont alors minoritaires au sein de cette famille Dans la seconde moitié des années 80 [3] (l’offensive dite des « quadras ») puis durant la décennie 90 (avec la tentative Balladur/ Sarkozy en 1995), le courant libéral tente de reprendre l’offensive à droite. Non sans mal. Alain Madelin, en 1997, brandit l’étendard du libéralisme et crée Démocratie libérale ; il se présente en 2002 et ne recueille que 3,9% des voix, un million d ’électeurs. Il fait son score chez les commerçants, les artisans indépendants, les cadres supérieurs mais ne mord pas dans les classes moyennes et populaires. Il faut dire que les résistances diverses du « modèle français » et singulièrement les mouvements sociaux de l’automne 1995, contrarient ces efforts de conversion au libéralisme. Mais après la présidentielle de 2002, on assiste à une accélération de ce travail de radicalisation. La droite doit gérer les impératifs nouveaux nés de la mondialisation, de ses échecs répétés (régionales, européennes, référendum), du poids persistant de l’ultra-droite ainsi que de ses tensions internes. Nicolas Sarkozy, dans le même temps où, au gouvernement, il donne des gages aux ultras de droite, entreprend, dans le cadre de l’UMP, un important travail de rénovation idéologique. L’effort, net dès 2004, s’accentue encore après le référendum européen, qui sonne pour elle comme un signal d’alarme. A-G Slama [4], observe alors : « L’attachement de l’opinion au modèle français, qui n’est pas seulement social mais plus encore culturel, dans sa conception des institutions, de la laïcité, de l’école et du droit, vient encore d’être rappelé à l’occasion du référendum ». Au sein de la droite, le rapport des forces bouge. Le courant sarkoziste prétend à l’hégémonie et formule le plus clairement une volonté de refondation libérale. On se cherche ouvertement une nouvelle doctrine. On vise non pas une adaptation ponctuelle du programme mais une remise en cause globale du « modèle français », tel qu’il est issu de la Libération. On en appelle à la « rupture » et à une sorte d’alternance au sein même de la droite.

POIDS DU MEDEF

On notera ici le rôle singulier, précurseur, du patronat. Rappelons que le syndicat patronal, notamment alerté par la relance des mouvements dès 1995, puis l’arrivée de la gauche au gouvernement, chamboule complètement son organisation en créant le MEDEF en 1998. Les objectifs de refondation idéologique, de « reconquête de l’opinion publique » sont clairement revendiqués. Il s’agit de « faire aimer le libéralisme » dira Mme Parisot. Les « universités d’été » du MEDEF seront de ce point de vue un formidable laboratoire d’idées. Elles sont régulièrement organisées depuis 1999 sur le campus d’HEC (tout un symbole) et, sous des intitulés souvent décalés, elles s’affrontent directement aux nouveaux défis de la société et de la mondialisation. Rappel des intitulés : 1999 : l’entreprise et la société 2000 : Nouvelle économie, nouvelle société 2001 : la création des valeurs, le respect des valeurs 2002 : entreprendre dans un monde d’incertitude ? (sur le risque) 2003 : la grande transformation (sur la haute technologie) 2004 : ça tourne ? (il y est beaucoup question de la Chine) 2005 : réenchanter le monde (cette manière de singer Max Weber est aussi une façon de s’en prendre au rationalisme, d’évoquer la croyance aux valeurs de l’argent et de la finance, de plaider pour un capitalisme qui n’est pas seulement une organisation économique mais un nouvel ordre social) 2006 : concilier l’inconciliable.

Ces universités sont une grosse machinerie mobilisant chaque fois des milliers de patrons, des centaines d’intervenants, des dizaines d’ateliers. Gros attrait sur le monde intellectuel (universitaire, penseurs). Gros écho médiatique. Sarkozy est un « fidèle » (dixit Parisot) de ces forums. Il y réserve souvent ses scoops ( contre les 35h ou le droit syndical). C’est dans ce lieu que sont travaillés les thèmes de la « réforme » (concept retourné comme un gant), de la valeur travail, de la réussite et de l’effort, des quartiers, des jeunes à l’école, de nouveau modèle français, d’énergie à libérer, de faire marcher ce qui ne marche plus, du libéralisme, bref toute une terminologie qu’on retrouvera dans la prose sarkozyste. C’est là que sont formulées avec vigueur des idées tendant à naturaliser en quelque sorte la domination (patronale), à l’essentialiser, à installer les inégalités (notamment de revenus), derrière la rhétorique du « mérite », du « risque », de l’efficacité, du coût. C’est un discours qui infuse d’ailleurs la plupart des manuels de management et de coaching, et qui s’impose dans les centres universitaires spécialisés. En matière de refondation idéologique, le MEDEF a été à l’avant garde, l’UMP a suivi. Sous l’impulsion de de Seillère [5] puis de Parisot, le syndicat patronal est sorti du cadre étroit de l’entreprise pour proposer une lecture « entrepreneuriale » de la politique, du pays et du monde.

RESISTANCES FRANCAISES

Installer un libéralisme à la française : la droite mesure l’ampleur de la tâche. Le libéralisme en effet n’est pas populaire en France. La composante « morale » de son offensive, son côté gendarme, son propos sécuritaire peuvent, par moments, rassembler ; mais ses propositions sociales, qui sentent le jargon des gagneurs, des managers, des propriétaires et autres actionnaires heurtent trop directement les intérêts populaires pour séduire. Cette idéologie du chacun pour soi charrie trop d’insécurité sociale pour convaincre aisément. Toutes les enquêtes, tous les sondages répétés montrent que cette droite n’emporterait pas la majorité sur ses fondamentaux libéraux en matière économique et sociale sans un imposant travail de conviction. Casser l’Etat social ? L’opinion est contre et réclame aide, protection, solidarité. Discréditer les syndicats ? ils apparaissent pourtant nécessaires aux yeux des salariés. A l’automne 2005, l’hebdomadaire « Le Figaro Magazine » se heurte très directement à ces contradictions. Le journal veut faire son grand numéro de rentrée avec une enquête choc sur « la fin des tabous », entendez les tabous sociaux genre droit du travail, service public, protection sociale, aide aux chômeurs, 35 heures, etc, toutes ces vieilleries qui nous entravent, le refrain est connu. La rédaction commande à la Sofres une grosse enquête destinée à appuyer son argumentation sur « le désir d’ouverture sur la modernité ». Patatras ! Les sondés ne jouent pas le jeu ; ils se montrent très attachés aux acquis sociaux (SMIC, emploi, code du travail...) et très allergiques aux délocalisations, aux privatisations, aux inégalités salariales, aux licenciements arbitraires, bref au libéralisme. « Dans la majorité comme dans l’opposition se manifestent d’importantes résistances à tout ce qui pourrait modifier le modèle social français » regrette la journaliste de service [6]. Qui dit encore : « La protection du secteur public et de l’emploi reste une exigence pour beaucoup de Français. L’idée selon laquelle plus l’Etat se désengage, plus la situation économique et sociale s’améliore, n’est pas encore dans toutes les têtes, loin de là ». Le journal doit même constater que d’une année sur l’autre, des positions antilibérales se renforcent sur certains sujets : ainsi les partisans des fonds de pension ou de la sélection à l’université chutent respectivement de 15 et de 7 points. D’où ce soupir : « Au total la société n’avance pas assez vite dans la prise en compte des contraintes de la logique du profit ». A la même époque, un autre sondage international remarqué montre que l’opinion française est incomparablement plus allergique au libéralisme ( un tiers de partisans de l’économie de marché seulement) que celle de tous les pays voisins. Alors, comment faire ? Dominique Reynié, prof à Sciences Po Paris [7], à la question : « Comment la droite peut-elle penser une émancipation de la tutelle de l’Etat qui ne serait pas reçue comme une menace par l’opinion ? », répond : « Le faire sans le dire. Il est vraisemblable que nous y serons contraints. » On remarquera que Sarkozy s’est autorisé bien des audaces rhétoriques dans cette campagne mais il ne s’est jamais [8] ouvertement revendiqué du libéralisme.

TROIS OBSTACLES

La droite se met au travail et croit identifier trois obstacles majeurs contrariant l’ardeur libérale des Français : la question de l’Etat, le rapport à l’argent et le rapport entre l’intérêt général et l’intérêt particulier. Les historiens rapellent que le libéralisme n’a jamais eu en France une existence politique, une visibilité à la différence de tous ses voisins. Il n’y a eu, regrette Pascal Perrineau du Cevipof, que des courants intellectuels avec Benjamin Constant, Alexis de Tocqueville, Frédéric Bastiat, mais sans débouchés politiques. Même sous Louis-Philippe, dit-on, lorsque Guizot est au pouvoir, on croit plus dans les vertus de l’Etat que dans celles des individus pour mettre en oeuvre une économie libérale. Cette conception, ajoute Perrineau, prédomine sous les IVe et Ve République même, avec Giscard d’Estaing et Raymond Barrre dont les références néo-libérales rompent pourtant avec l’étatisme gaulliste ; ils mènent cependant, selon lui, des politiques « dirigistes ». Pour expliquer pourquoi le libéralisme n’a jamais pu occuper de façon durable et crédible un espace politique en France, on insiste sur le rôle traditionnel de l’Etat. On répète sur tous les tons qu’il y a un attachement historique des Français, de gauche et de droite, au pouvoir de l’Etat, de Colbert à de Gaulle en passant par Napoléon, situation qui n’existe pas en Allemagne, au Royaume Uni, en Espagne, en Italie, pour des raisons historiques variées. On met ensuite l’accent sur la question culturelle : la droite se serait développée autour des valeurs catholiques et la gauche autour des concepts marxistes. Les unes et les autres sont hostiles à l’argent, à l’entreprise [9]. Enfin, il y a une approche politique et juridique très française selon laquelle la puissance publique incarne l’intérêt général ; les interêts particuliers qui menacent l’intérêt général sont donc illégitimes. Alors que pour nos voisins, dit-on, l’intérêt général découlerait de l’addition et de la coordination d’intérêts particulier librement développés. Un conte de fées, en somme, mais qui est l’exacte définition du libéralisme.

AGGIORNAMENTO PROGRAMMATIQUE

Prenant en compte ces resistances, Sarkozy et les siens cherchent à opérer avec méthode un véritable renouvellement doctrinaire. Ils mettent dans leur entreprise toute l’énergie d’une classe habituée à dominer et bien décidée à durer. Ils se cherchent, non sans tatonner, des références théoriques, ce que depuis des décennies la droite avait négligé de faire. Il y a bien sûr Raymond Aron, requalifié de « penseur pour le XXIe siècle ». En même temps, Aron ne suffit pas à la tache. Pas assez pugnace, peut-être. Sarkozy et les siens piochent volontiers, outre Aron donc, dans Tocqueville, Schumpeter, Mounier et John Rawls ; ce dernier est très apprécié pour sa théorie des inégalités efficaces. On parle encore de Benjamin Constant, de Pierre-Paul Royer-Collard, d’Adam Smith, de JB Say, de David Ricardo, de B. de Jouvenel, de Jacques Rueff et, last but not least, de Fridriech von Hayek. Revient aussi volontiers le nom de Mme Canto-Sperber, théoricienne du libéralisme social (et nouvelle responsable de l’ENS de la rue d’Ulm) [10]. En même temps qu’on essaie (timidement) de revisiter la doctrine, on réécrit le programme. De 2004 à 2006, l’UMP se dote, pan par pan, de nouvelles références sur les terrains de l’école, du travail, de l’immigration, de la fonction publique, de la politique économique, des valeurs, etc, au cours de « Conventions pour la France d’après ». Il s’agit de conventions thématiques, presque une Convention par mois pendant deux ans, où planchent ses experts, ses élus, la nomenclature de l’appareil d’Etat, un nombre impressionnant de personnalités de la société civile, universitaires français et étrangers, sondeurs, patrons mais aussi penseurs « de gauche ». Toutes ces conventions sont pilotées par François Fillon et systématiquement supervisées par Nicolas Sarkozy. On y procède à la mise à plat de toutes les propositions traditionnelles de la droite et à l’élaboration d’un nouveau projet dans tous les domaines. Citons notamment la convention « Société de connaissance : la nouvelle frontière », qui aborde les questions de l’université (autonome), de la recherche (notamment privée), de la vie étudiante (chère), de l’innovation, des technologies de l’information et de la communication ; la convention « Culture : l’heure du renouveau » ; la convention « Ecologie : penser loin, agir vite » avec Hulot ; la convention « Economie : le nouveau modèle français : un travail pour chacun, du pouvoir d’achat pour tous », sur la fiscalité, la maîtrise des dépenses publiques, la croissance ( Laurence Parisot est là) ; la convention « Education, le devoir de réussir » ( sur l’école, la discipline, les savoirs, la famile, l’égalité ; Bébéar, patron d’AXA, y trône pour l’Institut Montaigne) ; la convention « Une vision, de l’action, des frontières : notre projet pour l’Europe » ; la convention « Femmes, libres et égales » sur les droits des femmes, l’égalité professionnelle, en présence de « féministes » reconnues ; la convention « Une immigration choisie, une intégration réussie » sur le marché du travail, le droit d’asile ; la convention « Injustices : un avenir pour tous, une société plus juste », sur l’emploi, l’égalité des chances, le rôle des territoires ; la convention « Cinquième République : réconcilier efficacité et responsabilité » ; la convention « Justice : le droit de confiance », notamment sur la délinquence des mineurs ; la convention « Logement : contre la précarité, permettre à chacun d’être propriétaire » ( et comment réconcilier la ville avec la diversité sociale...) ; la convention « Outre mer : libérons les énergies » ; la convention « Terres à vivre, terres d’avenir, donner des perspectives à nos campagnes, à l’agriculture et à la pêche » ; la convention « Santé : prendre soin de l’avenir », qui se place surtout du côté des médecins libéraux ; la convention « Les services publics : une nouvelle ambition au service du logement » (« En France, la réflexion sur les services publics ne part jamais des besoins de l’usager mais du périmètree des institutions publiques » dit le rapporteur) ; la convention « Social : pour une politique de justice et de responsabilité » ; la convention « Sport : oser le sport ».

Fils rouges

On n’hésite pas à se colletiner les questions qui font débat à droite, à avancer de nouvelles orientations. On distingue assez bien les fils rouges de cette radicalisation libérale de l’UMP. Quelques axes méritent d’être mentionnés.

1) L’Etat. « Moins d’Etat » est un slogan massif. Assez de contrôles, de tutelles, de pesanteurs, de taxes : le projet libéral, sa visée anthropologique, c’est un monde où l’intérêt collectif est la résultante positive des intérêts privés s’exerçant librement [11]. Pourtant les libéraux use d’un subterfurge. Non seulement parce que l’Etat-flic se renforce mais surtout parce que l’Etat régulateur économique reste bel et bien en place mais autrement, reconfiguré, mis au service des dominants. Ce que François Fillon a appelé « l’Etat stratège ». (Le Nobel américain Stieglitz a dit des choses fortes sur cette persistance du rôle de l’Etat aux USA.) La droite part en guerre contre l’Etat social, l’Etat protecteur, et pousse au désengagement de la puissance publique. Dans le même ordre d’idées, au nom de principes d’efficacité, de dépenses limitées, elle pilonne cette partie du salariat liée à l’Etat, tente d’enfoncer un coin entre le privé et le public, joue de la défiance et du discrédit à l’égard des fonctionnaires. L’Etat social, c’est l’assistance, mot honni, source de tous les maux ; il faut au contraire « réhabiliter le travail ». Ce mot d’ordre vient de loin. Le MEDEF l’a expérimenté. Raffarin s’y est essayé. Les mots volent : mérite, réussite, performance, récompense, initiative. Ils ont été au coeur de la campagne sarkoziste.

2) La chasse est donnée à la notion d’égalité, remplacée depuis longtemps par celle d’équité. « L’objectif de la France, ce n’est pas le partage des richesses » ou « On n’a pas à s’excuser d’avoir un patrimoine » dit Sarkozy au congrès Ump de la fin 2004. L’inégalité comme mode normal de fonctionnement social est suggérée. L’idée pour la droite est difficile à manier mais il s’agit de gagner l’opinion aux inégalités « naturelles ». On peut penser que la mise en scène de la richesse ( laquelle préférait vivre caché jusqu’ici), sa « peopolisation » participent, paradoxalement, de cette entreprise. Les revenus exorbitants, les vies de prince, les comptes en Suisse, les escapades sur des yachts à Malte, tout cela devrait contribuer à l’installation, à la banalisation de ces inégalités « ordinaires ». De la même manière, mais sur un tout autre régistre, la mobilisation des neurosciences, des fatalités génétiques creuse le même sillon des inégalités héréditaires. Ces théories génétiques s’invitent d’ailleurs régulièrement aux Universités d’été du Medef. Lors de l’université de 2004, Henri de Castries, président du directoire d’Axa [12] et par ailleurs très proche soutien de Sarkozy, fustige « un système d’enseignement mandarinal qui repose trop sur le QI et pas sur le caractère ni, plus grave encore, sur le charisme ». A la même session, un « psychothérapeute », expert en coaching, mobilise le parterre de patrons en ces termes : « Connaissez-vous l’intelligence émotionnelle ? Elle loge dans la partie la plus développée du cerveau, le cortex préfontal. C’est la création, l’invention, la capacité de penser la nouveauté, de faire face à la gazéification d’un monde en phase de déstructuration. Quand on la détruit, c’est la lobotomie. Mais quand on a percuté, quand on est capable de recruter le préfontal, on s’aperçoit que la vie humaine n’est pas scindée entre le coeur et l’esprit, entre vie professionnelle et vie privée. C’est dans le cortex préfontal qu’on trouve le charisme, donc l’intelligence émotionnelle, les ressources pour affronter le changement. » Cette neuroscience de pacotille au service des surhommes [13] n’est pas sans parenté avec les saillies réactionnaires de Sarkozy sur le déterminisme génétique des suicides ou de la pédophilie et le contrôle des enfants. En fait, elle les annonce.

3) Restauration des valeurs Autoritaire, cette droite a dans le collimateur 1968, date symbole, date butoir assimilé au laxisme, à l’irresponsabilité, au laisser faire. Elle entretient une sorte de nostalgie sur l’avant-68. La lutte contre « l’héritage 68 » est devenu au fil des ans un refrain très prisé dans ces cercles. Cela vaut par exemple pour l’école. Le discours sarkozien est réactionnaire au sens propre, celui de retour au bon vieux temps : « Il n’y a pas si longtemps, on évoquait avec respect le nom de son maître. Aujourd’hui le mot même n’est plus utilisé » regrette le patron de l’UMP (fin 2004). Et il martèle les mots de règle, discipline, travail, effort. Ce discours rétrograde ( ce qui ne veut pas dire inefficace) sur les valeurs est bien rodé, ces « valeurs oubliées par habitude, par démission, par faiblesse, que nous allons incarner, leur donner une nouvelle force » (Sarkozy). 1968 a changé la société, l’entreprise, le capitalisme. On ne gère plus, on ne manage plus, on ne lutte plus de la même manière en 1969 qu’en 1967 ! Le patronat s’est alors assez vite adapté, d’ou l’idée d’un capitalisme libertarien défendu par des gens comme Boltanski ; Sarkozy pousse à la caricature cette analyse déjà outrée en assurant que les parachutes dorés et autres stock-options étaient en somme des enfants naturels de 1968 ! En même temps il se garde bien d’envisager un retour en arrière en matière de liberté des moeurs. Sur cet enjeu, on lira avec profit le dernier ouvrage du philosophe Didier Eribon [14], lequel considère que l’obsession d’en finir avec l’héritage de mai 68 et des années 70 est partagée aujourd’hui par la droite et par la gauche socialiste alors que celle-ci aurait du, tout au contraire, se donner pour tâche de faire vivre cet héritage. Le même auteur montre parfaitement comment l’argumentaire national a progressivement écarté le discours social. Les libéraux sarkozystes rêvent d’une société éclatée, communautarisée, délaïcisée, obscurantiste : dans « La République, les religions, l’espérance » [15], le patron de l’UMP ne plaide-t-il pas pour une « adaptation » de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat ! Il s’y livre - il l’a redit devant l’Académie des sciences morales- à une distinction byzantine entre « intégrisme » (les méchants) et « fondamentalisme » (les bons), car, dit-il, « un croyant croit fondamentalement » ! S’inspirant peu ou prou de l’exemple bushien, cette droite rêve d’églises s’ingèrant plus directement dans la vie de la cité. La société de la droite radicalisée exalte la compétition tous azimuts : la concurrence est devenue la valeur de référence, des jeux de la téléréalité à la vie boursière, de l’école au travail. C’est une société fliquée, chargée de traquer l’étranger, le jeune, le pauvre, le marginal, l’autre. Le poids de cette police, sa primauté sur la justice, sont proprement inquiétants. C’est enfin une société amnésique avec l’installation d’un nouvel ordre moral et culturel qui mise surtout sur une « culture de masse » entretenant un imaginaire appauvri. Et une véritable dépolitisation au sens où, dans la campagne, l’émotionnel l’a emporté sur la raison, ou le débat politique entre projets a été finalement évacué. La rhétorique de la droite pour justifier sa radicalisation a été travaillée ; on biffe les mots qui fâchent, on positive. Certes on ne s’exclut pas le recours à des mots-tocsin comme le fameux « Karcher » pour plaire aux plus durs ; on aime les rodomontades, jouer des mécaniques : « Si nos lois ne plaisent pas, nul n’est obligé de les subir en demeurant en France » (Sarkozy). Mais de manière générale, la phraséologie est moderniste, ciblée, propre. On ne dira pas qu’il faut casser le droit du travail mais qu’il faut libérer, innover, ouvrir, réussir, créer, inventer, inciter. Ce souci du mot « juste » n’est pas anecdotique ; il permet parfois à la droite d’obtenir de réels gains politiques. Elle a ainsi remporté une indéniable victoire idéologique en récupérant le terme de « réforme », longtemps entendu avec un contenu progressiste évident, et mis à présent au service du glissement ultra-libéral. De la même manière, on tente d’accoler à la droite l’idée de mouvement et à la gauche celui d’immobilisme, de statu-quo, de conservatisme. On fustige « la pensée unique » qui, bien sûr, serait à gauche. Ces jeux de mots ne sont pas vains ; ils peuvent provoquer dans des consciences de réelles confusions.

4) La tentative de mise au pas des forces de résistance se précise. On cible particulièrement les syndicats. Ce n’est pas un hasard si la première mesure prise par Margaret Thatcher, au début des années 80, fut de casser la grève des mineurs, humilier leur puissant syndicat et sa figure emblématique Arthur Scargill. La répression fut violente : 5987 personnes arrêtées, 1039 condamnées, parfois jusqu’à neuf mois d’emprisonnement. Pour fait de grève. A peu près au même moment, le 3 août 1981, Ronald Reagan est confronté au mouvement de 13 000 contrôleurs aériens ; ils revendiquent pour le salaire, le temps de travail, la retraite anticipée. Reagan déclare la grève illégale, refuse de négocier et licencie tout le monde ! Cette détestation des syndicats est très présente dans la rhétorique sarkoziste, elle n’a cessé d’enfler au fil de la campagne et la presse de droite entretient en permanence le discrédit du monde syndical. La chasse aux militants semble recherchée. Dans Les Echos [16], le directeur de l’Institut Hayek donne en exemple les précédents de Reagan et de Thatcher pour pousser le pouvoir français à « ne pas céder » aux syndicats et à leur « marxisme de cuisine » (sic), à résister à leurs « vociférations » : « Voilà ce à quoi les politiques européens doivent se préparer. »

ESSAIS ET RAPPORTS

Cet aggiornamento libéral s’opère dans le même temps où s’exerce sur la société une très forte pression idéologique. Sont mobilisés tout à la fois la machinerie d’Etat, de multiples clubs de réflexion, des médias (la presse de droite depuis des années a relancé ses pages « Débats » et « Idées »), les maisons d’édition. Les productions proprement politiques des éditeurs ont battu tous les records. Plus de 2,2 millions d’ouvrages politiques ont été vendus depuis mars 2006, un véritable phénomène. L’ouvrage de Bayrou s’est vendu à 370 000 exemplaires, celui de Sarkozy à 245 000 (« Maintenant » de S. Royal : 11 000). Quantité d’essais aux allures pédagogiques, largement commentés dans le circuit médiatique, sont diffusés. L’ouvrage qui marque la période est celui de Nicolas Baverez, « La France qui tombe » en 2003. Biographe d’Aron, chroniqueur au Point, Baverez dresse un tableau très sombre du « décrochage » français par rapport à ses concurrents, en raison de son modèle social. Le thème du déclin suscite une vive polémique au sein même de la droite, les « chiraquiens » pour dire vite refusant cette idée. Elle finit par s’imposer cependant assez largement, déclinée sur tous les tons notamment par les économistes libéraux. L’universitaire Jacques Marseille publie coup sur coup « Le grand gaspillage », « La guerre des deux France », « Du bon usage de la guerre civile en France » et « Les bons chiffres pour ne pas voter nul en 2007 » et se flatte d’avoir plus de 200 000 lecteurs. Calman-Lévy offre une batterie de pamphlets, tels « Mondialisation. La France à contre-emploi » de Jean Arthus, « Le grand divorce. Pourquoi les Français haïssent leur économie » de Michel Turin ou « La France en faillite. La vérité sur l’explosion de la dette publique » de Rémi Godeau. Des ouvrages comme « Politique économique de droite, politique économique de gauche » chez Perrin, concocté par le Cercle des économistes, ou « Besoin d’air » de Laurence Parisot, au nom du MEDEF, font un tabac en librairie. On brode abondamment sur le thème de l’incompétence économique des Français. « Si l’élite politique accrédite malgré elle l’idée de l’impuissance du pouvoir politique face au pouvoir économique, c’est le plus souvent qu’elle ne comprend pas les règles de l’économie de marché. En matière économique, notre élite est le plus souvent incompétente » remarque Jean-Michel Fourgous dans « L’élite incompétente » (L’Archipel). Pascal Salin, autre économiste en vogue, écrit dans « Français, n’ayez pas peur du libéralisme » (Odile Jacob) : « Le véritable problème français est un problème intellectuel car non seulement toute la nomenklatura est nourrie d’idées fausses mais en outre elle peut facilement convaincre une opinion publique à laquelle on n’a jamais fourni d’autres idées ». De son côté, l’Etat participe de cette mise en conditions avec la diffusion d’un nombre impressionnant de rapports officiels, dont le plus fameux est le rapport Pébereau sur la dette, production très orientée, à la limite de la propagande libérale ouverte [17].

MEME LA BD EST MOBILISEE

Accusée d’être un repaire de marxistes et d’affidés d’ATTAC [18], l’Education nationale est dans le collimateur, singulièrement après le référendum européen. Le Ministère de l’Economie met sur pied (en 2007) un « conseil pour la culture économique », chargé de vendre l’économie de marché dans les écoles. Piloté par le patron du Nouvel Observateur, Claude Perdriel, il comprend une quinzaine de personnalités libérales des deux bords [19]. La reprise en main est aussi d’actualité au journal Le Monde, avec le retour de Minc en première ligne. Cette offensive idéologique cible fortement la jeunesse, et par un biais apparemment inattendue, la bande dessinée. Est apparu en effet un genre inédit d’albums, baptisés « thrillers financiers », phénomène désormais incontournable dans le monde de la BD. Cette tendance s’inscrit dans le sillage de la fameuse série de Largo Winch, le « milliardaire en blue-jean », vendue à 4,5 millions d’exemplaires [20], dont une adaptation télévisée passe sur M6. Sa dernière aventure caracole en tête des ventes, 177 000 exemplaires vendus en dix jours au printemps 2007 ; la Pan Européenne va l’adapter sur grand écran. Toute une série d’albums mettent désormais en scène des personnages et des univers étroitement liés à l’économie, la grande finance, la haute technologie, la fiscalité ! C’est le cas de Trust ou Secrets bancaires (Glénat), de Section financière (Vents d’Ouest), d’IRS ou Alpha (Le Lombard), tous plus ou moins conçus sous forme de polar économique. Toutes ces productions se vendent très bien. Le Figaro s’en réjouit : « A l’heure de la mondialisation, des OPA agressives, des stock-options, des fusions-acquisitions et autres joint-ventures, l’évolution économique internationale, mêlée aux enjeux géostratégiques, fournit chaque jour de sidérants scénarios » [21]. Le message libéral de ces bandes est évident, explicite. Pour l’éditeur Didier Pasamonik, par ailleurs historien de la bande dessinée, « à partir du moment où cette culture a été intégrée dans les ménages, il est logique qu’on la retrouve dans des produits culturels de masse tels que la BD ». Mieux, il ajoute : « Dans Largo Winch, on peut sentir une véritable réflexion sur l’argent. Le scenariste Jean Van Hamme est un disciple du grand théoricien du libéralisme Joseph Alois Schumpeter (1883-1950). Au fil des albums, je me suis amusé à retrouver les préceptes et théories de Schumpeter, éditées en 1942 dans son ouvrage visionnaire Capitalisme, socialisme et démocratie. Schumpeter met, par exemple, en avant le rôle majeur des innovations dans l’impulsion, la mise en mouvement de l’économie. Largo Winch incarne parfaitement cet entrepreneur innovateur... » [22] . Du réalisme libéral sans vergogne. Dont on trouve aussi des traces dans la littérature : voir le roman très médiatisé de Marc Weitzmann, « Fraternité », véritable déclaration de guerre (romanesque) aux valeurs progressistes. Tous ces écrits martèlent l’idée que nous sommes en guerre ( avec la mondialisation), et que les réponses de droite sont les plus appropriées en ces temps impitoyables.

A CONTRE - TEMPS ?

La droite sarkozyste a réussi à proposer le libéralisme comme la solution au déclassement social qui taraude la société, alors qu’il en est la cause. Elle se doute en même temps que le passage à l’acte sera malaisé. Le chacun pour soi libéral a paru répondre à un nouvel air du temps dans les années 80 ; il semblait incarner la modernité ; il a rebondi, dans les années 90, aux lendemains de la chute du mur et de « la fin de l’Histoire ». Mais garde-t-il toujours la même « force propulsive » ? L’actualité internationale marque plutôt les difficultés que rencontre l’offensive libérale. Ses partisans, Bush ou Blair, sans parler de Berlusconi ou Aznar, déchantent. Aux Etats Unis même, le désastre qu’a connu le Sud de ce pays n’a pas été sans conséquences sur le débat d’idées. Le monde entier a pu voir, au cœur même de la superpuissance, La Nouvelle Orléans abandonnée à son sort. Les ravages de l’ouragan Katrina ont mis brutalement à nu les ressorts d’une société ensauvagée et disloquée par overdose libérale. Un prof de Sciences Po à l’Université de Stanford, Terry Lynn Karl [23], écrivait : « Les idéologies de privatisation, qui empêchent de gouverner efficacement et permettent aux privilégiés de sauver leur peau alors que les pauvres doivent grimper sur les toits, doivent être remises en question ». Même un homme comme Bernard Guetta notait dans l’Express [24] : « Trente ans après les révoltes californiennes contre le fisc qui ont donné leur envol aux dogmes libéraux qui ont défait Keynes, le paradoxe est qu’ils viennent d’être mis en question ». Et ce commentateur ajoute : « Ce sont les trois dogmes libéraux selon lesquels l’impôt est un poison, chacun doit se débrouiller par lui-même et « l’Etat n’est pas la solution mais le problème » qui viennent d’être cruellement démentis. Sur tous les écrans du monde, c’est le moins d’Etat et non plus le trop d’Etat qui est au banc des accusés. Trente ans après la Californie, la Louisiane renverse les termes du débat ». Alors, l’élection de Sarkozyste serait-elle le chant du cygne d’un modèle du tout marché qui s’épuise ailleurs ou le second souffle d’un tsunami libéral ?

D’autre part, les libéraux ne s’illusionnent-ils pas en confondant déplacement (et recomposition) politique à droite et glissement idéologique radical de l’opinion. Depuis des années, toutes les enquêtes traduisent la parfaite ambivalence de cette opinion, libérale et antilibérale à la fois. Elle est acquise à un certain discours patronal, sur les charges, la dette, la fiscalité par exemple mais très attentive à sa propre protection sociale de l’autre, aux inégalités, au besoin d’Etat. Le fait d’avoir plutôt écouter la musique libérale n’a pas effacé cette forte envie de sécurité sociale. D’autre part, comme le montre Michel Simon [25], si dans le courant de la campagne, des notions ont dû bouger ( aversion pour l’assistanat ?, moindre solidarité avec les plus démunis ?), des valeurs fortes comme l’hostilité au profit, à la mondialisation, aux formes exacerbées du libéralisme demeurent majoritaires. Cet anticapitalisme diffus, traversant à peu près toutes les couches sociales n’a évidemment pas échappé à la droite ; elle a veillé à éviter que ce mécontentement ne fédère l’opinion, en travaillant séparément chaque catégorie sociale, en lui adressant un message spécifique, en les opposant les unes aux autres, en les divisant mais en unifiant le débat politique sur ces thèmes à elle ( la nation notamment). Et en participant à un renforcement de la conscience de classe des dominants, laquelle semble n’avoir jamais été aussi vive [26].

Travailler

On reconnaîtra à la droite au moins un mérite. Ces dernières années, elle a travaillé. Le directeur du Figaro, Nicolas Beytout, triomphait au lendemain du second tour : « Qui innove aujourd’hui sur le pouvoir d’achat ? Qui défriche le terrain des idées sur les droits opposables ? Qui propose de repenser l’accès au logement ? Qui préempte la belle idée d’efficacité de l’Etat ? Qui se préoccupe de la place de la fonction publique ? Qui essaie de refonder l’école ? Qui rétablit la valeur travail ? Qui redessine la vision du social et réfléchit au rapport entre droits et devoirs sociaux ? Qui redéfinit la place des syndicats ? Qui propose de moderniser leur rôle ? Qui repense les fondements de l’assistanat ? Et puis qui a dépouillé l’autre camp de quelques unes de ses plus belles icônes intellectuelles ? Qui a capté les sujets les plus populaires ( je veux dire, ceux qui parlent aux classes populaires), y compris bien sûr ceux de la sécurité, de l’immigration et plus généralement de l’autorité ? » Il conclut : « Tout cela n’est pas venu par hasard. Depuis cinq ans, la majorité sortante travaille, sous l’impulsion de quelques uns, à la refondation idéologique de la droite. »

On remarquera enfin que cette campagne électorale, le nouveau corpus d’idées qui se met en place, marquent le retour en gloire de l’idéologie. Sarkozy revendique cet état lorsqu’il se réfère à Gramcsi : « Le pouvoir se gagne par les idées ». Il y a chez Sarkozy ( tout comme chez Blair d’ailleurs) une conception très intrumentalisée de l’idéologie. Son crédo ? Moins la politique peut, plus l’idée est importante ; moins le pays a des marges, plus on parlera de nation, etc... Le chroniqueur du Figaro déjà cité, Slama, résume l’enjeu ainsi : « Plus les contraintes économiques sont fortes, plus le choix des valeurs est décisif ».

Gérard Streiff - 19 octobre 2007

[1Le Monde, 19 avril 2007

[2Le Figaro, 16 avril 2007

[3Alors même que la chute du mur en 1989 marque aux yeux des libéraux non seulement l’effondrement communiste mais la disqualification des pratiques keynesiennes au moment même où Reagan et Thatcher prospèrent.

[4Le Figaro, 6 juin 2005

[5Lequel a fortement investi dans l’édition

[6Figaro Magazine, 10 septembre 2005

[7Le Figaro, 2 septembre 2005

[8A vérifier

[9On notera à ce propos la reparution en supplément hebdomadaire du Monde d’un cahier intitulé « Argent ! », au printemps 2007, qui, par le biais de conseils pratique, réhabilite le Veau d’Or.

[10La droite pourrait aussi utilement piocher dans François Furet. Le créateur de l’Institut Raymond Aron fut un des premiers à amorder une réhabilitation du libéralisme.

[11Lire « L’homme économique. Essai sur les racines du néolibéralisme » (Gallimard) de Christian Laval.

[12Exemples rappelés par Thomas Lemahieu dans L’Humanité du 25 avril 2007

[13Et de leurs salaires pharamineux, et autres parachutes dorés.

[14Didier Eribon, D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, éditions Léo Scheer

[15Octobre 2004, éditions du Cerf

[16Les Echos, 5 septembre 2005

[17Thème spectaculairement mis en scène par la télé (cadran géant...)

[18Organisme moins présent dans le débat d’idées après la crise qu’elle a traversée.

[19On y trouve notamment Claude Bébéar, François de Closets, daniel Cohen, Richard Descoings, Jacques Julliard, Michel-Edouard Leclerc, Nicole Notat, Erik Orsenna.

[20A titre de comparaison, une « bonne » BD adulte et critique se vend à 5000 exemplaires.

[21Le Figaro Economie, 14 avril 2007

[22Le Figaro Economie, 14 avril 2007

[23Le Figaro, 9 septembre 2005

[24L’Express, 15 septembre 2005

[25« Où en sont les fondamentaux idéologiques ? », L’Humanité du 5 mai

[26Voir les travaux remarquables des sociologies Pinçon-Charlot sur la haute bourgeoisie.



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