Groupuscules fachos

Sur la manière de riposter

Les fachos s’y croient. Revoilà qu’ils sortent, ici ou là, leur attirail, parlent fort, font de grands gestes, provoquent, cassent, matraquent et s’en prennent aux rouges de préférence. Ça s’est vu ces derniers temps à Lyon, à Auxerre (où ont resurgi les symboles du GUD), en Isère, à Tours encore le 9 novembre ( deux militants Front de Gauche castagnés, un PC, un PG). Des locaux du parti sont dégradés, des militants malmenés, la liste commence à faire. Que veulent ces groupuscules d’agités ? créer un climat de peur, faire parler d’eux, certes. Ces coups de chauffe méritent la plus grande vigilance ; une mobilisation large pour clouer le bec à ces activistes est la bienvenue et il se fait de belles choses dans des fédérations, le Vaucluse, le Rhône, d’autres. Ces groupuscules délirent. A les entendre, à les lire, voilà en effet qu’ils s’imaginent vivre un grand retour aux années trente. Leur fantasme ? c’est la Crise, l’heure du Grand Affrontement a sonné, celui des bruns contre les rouges, comme toujours. Taillo, taillo ! Brasillach, reviens ! Au congrès des Identitaires, à Orange, on pouvait entendre « Communistes, collabos ! » ou encore « Il faut bastonner quand notre identité est attaquée ! ». Propos absurdes, irresponsables s’ils ne s’adossaient pas sur un air du temps déplorable, catastrophiste, sur une rumeur médiatique complice.
On nous dit que l’horizon est bouché et que c’est partout ainsi ; on nous dit qu’il n’y a qu’une ligne d’économie possible, celle de l’austérité pour le pauvre, tous les experts en conviennent, non ? on nous dit que la France, au fond, est de droite, et on n’y peut rien ; on nous dit que le FN, en embuscade, va emporter le morceau, au train où c’est parti, c’est inéluctable...
C’est menterie et compagnie. Cette noirceur généralisée est pure propagande. Certes il y a de la confusion dans des esprits et l’extrême droite surfe sur la misère sociale et morale, en France, en Europe, mais nous ne sommes pas en 1933. Hitler n’est pas à Berlin ni Mussolini à Rome. A Athènes, il y a les nazis d’Aube dorée mais il y a surtout les militants de Siryza. Dans l’opinion une tendance au repli est réelle, « normale » oserait-on écrire mais elle va de pair avec une formidable envie d’inventer, de chercher des solutions alternatives. Ce pays a des réserves de combattivité, d’imagination, il l’a montré en 2005 lors du référendum et il y a quelques mois encore en chassant Sarkozy. Les mêmes qui apparaissent résignés peuvent être des citoyens impliqués, exigeants.
Alors, faire front aujourd’hui, c’est mener une énergique lutte d’idées, défendre les valeurs d’égalité, de parité, de liberté, de partage, opposer aux fanatiques de l’identité la force de l’ouverture aux autres. Faire front, c’est montrer que la gauche n’est pas morte, puisque ça se dit, que ça s’écrit, c’est relancer en grand le débat à gauche sur les issues à la crise. C’est pointer la responsabilité des Copé/Fillon/Buisson qui, dans leur bataille pour l’hégémonie à droite, banalisent, légitimisent le pire. C’est dénoncer ces bâtards de Vichy et de l’OAS, ces populistes du FN propres sur eux mais noirs dedans. Obama disait de Sarah Palin : « Vous pouvez mettre du rouge à lèvre à un porc, ça reste un porc ». C’est parler des liens que le FN entretient en loucedé avec les casseurs de tout poil. Dégonfler la baudruche lepeniste, avant tout nourrie à la désespérance, c’est ranimer la dynamique de l’espoir à gauche, travailler concrètement à l’alternative politique, utiliser l’argent autrement, riposter aux financiers, montrer que l’ennemi n’est pas à la mosquée mais sur les marchés, valoriser le bien commun, redéfinir l’intérêt général, récompenser le travail, magnifier la culture. Comme disait Pierre Laurent dans L’Humanité du 12 novembre, « le FN surfe sur la désespérance populaire et n’attend qu’une chose : pouvoir dire que la gauche a échoué comme la droite. C’est ce défi que nous voulons relever. ».
Gérard Streiff



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