Appel des cent

Faire bouger le rapport de forces
L’appel des 100, intitulé « Ensemble favoriser une irruption citoyenne pour construire une alternative », a été publié dans L’Humanité et sur les sites de Médiapart et de Politis. Commentaires avec Marie Pierre Vieu, membre de l’Executif du PCF.
Comment est venue cette initiative ?
Dès le début janvier, on avait décidé, en coordination du Front de gauche, d’établir les bases d’un débat, avec des rencontres qui ne se bornent pas aux forces du Front de gauche mais qui puissent se poursuivre avec des acteurs sociaux, avec des acteurs politiques qui étaient plutôt partisans d’une alternative politique à gauche, des frondeurs, des gens d’Europe Ecologie les Verts, des gens du domaine intellectuel, culturel, etc. Cette discussion a vraiment débuté dans le refus du 13 novembre. Dans le paysage politique, alors, est venue la proposition de primaires puis est arrivée la déclaration de candidature de Jean-Luc Mélenchon, et plus tard les prémisses du mouvement El Khomri qui se poursuit aujourd’hui. Pendant tout ce temps, on a continué à se voir autour de l’idée qu’on avait, me semble-t-il, au moins deux choses en commun autour de la table. Premièrement, on était partisans d’une gauche mais au contenu clarifié, c’est à dire d’une gauche qui, pour pouvoir prendre pied, soit en contradiction avec les politiques menées depuis cinq ans, on peut dire de rupture, d’alternative, en tout cas une gauche de projet qui rompe avec ce qui crée la situation favorisant la droite et l’extrême droite. Et la seconde chose, et c’est que ce qui nous alliait vraiment, c’est que pour nous l’alternative, elle prenait racine à la fois sur le terrain social, les luttes, dans le débat politique, et puis dans l’affirmation d’une citoyenneté nouvelle, et avec tous les acteurs de la transformation sociale qui compte dans le pays.J’ajoute que la dimension intellectuelle et culturelle était très forte pour nous.
Et justement était relancé le mouvement social ?
Tout à fait, est parti le mouvement contre la loi El Khomri, puis il y a eu le début de Nuit debout. On s’est dit que, finalement, l’histoire continuait... et qu’il était besoin de donner de la force à ce travail qui était le nôtre, en tout cas de le rendre public et de montrer aux gens qu’il y avait des passerelles qui pouvaient se créer .
Qui a pris l’initiative de l’appel ?
Ce sont des syndicalistes qui, au départ, nous ont proposé un appel, ce sont eux, les premiers, qui ont dit : maintenant il faut sortir du débat d’appareils et de tactiques et qu’on en revienne aux fondements de la démarche, de la dynamique politique, c’est à dire qu’on converge ensemble pour définir des propositions d’urgence pour sortir de cette situation de crise, qu’on donne de la force aux mobilisations en cours – car il y a une bataille d’idées- , bref donner du punch à ce courant qui est celui d’une vraie gauche. C’est comme ça qu’est venu l’appel. Il a été entendu de laisser passer le congrès de la CGT pour qu’il n’y ait pas l’idée d’une instrumentalisation par les uns ou les autres. Et puis on s’est dit : cet appel, on va le mettre en circulation parce qu’il a trait à 2017 et aussi à ce qu’on fera demain, après 2017. Toutes choses qui ne se résumennt pas à une candidature.
Comment vous avez procédé ?
On est parti avec une petite équipe d’animateurs dans laquelle il y a toutes les composantes dont je parlais. Voilà une douzaine de jours qu’on y travaille ; on s’est rendu compte qu’on était une bouffée d’oygène pour beaucoup. Il y a beaucoup d’aspirations au changement, à l’envie d’une reprise du débat et du rassemblement politique ; tout cela s’était un peu perdu dans les méandres cambadéliciens des primaires, dans les déclarations de Hollande, dans les initiatives d’autoproclamation. Certes cette initiative est à construire. On commence aux balbutiements, aux contenus, on part avec des gens qui se sont engagés parfois dans des démarches diverses, mais on fait le pari qu’à partir de ce pot commun, on va reconstruire un chemin. Cet appel vise à être signé un peu partout en France, à être relayé partout. Il s’inscrit vraiment d’ans l’actualité sociale ; on ne demande pas aux gens de rentrer dans une case ; c’est une démarche qui peut être élargie de manière citoyenne. On échappe au dispositif cartel et c’est un des partis-pris du début ; ça permet à tout le monde de cheminer et nous, on pense qu’en cheminant, on va faire aussi bouger les rapports de forces. Le tableau de 2017 n’est pas arrêté, pas plus d’ailleurs que la bataille sur la loi El Khomri et tout le reste.
Propos recueillis par Gérard Streiff



Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire