Retraites (suite)

Ensemble, on ne lâche rien

Comment les communistes analysent la dernière proposition gouvernementale ? Comment se prépare la journée du 10 septembre ? Entretien avec Jean-Luc Gibelin, membre de l’Exécutif, responsable du secteur Santé/Protection sociale.

Comment apprécies-tu la position du gouvernement ?
Tout d’abord, la position du gouvernement est de poursuivre les choix régressifs des réformes de la droite avec un nouvel allongement de la durée de cotisation. Ce n’est pas un bon choix. Le gouvernement tourne le dos à un engagement du candidat président et du premier ministre lorsqu’il était député de revenir à l’âge ouvrant droit à 60 ans. Au delà, il n’y a pas de remise en cause des différents aspects des réformes de la droite. Il y a bien quelques annonces sur des sujets qui pourraient être positives mais elles sont limitées et insuffisantes. Le compte pénibilité reste à préciser dans son contenu et son champ d’intervention (public / privé) et est renvoyé en 2015 ; les périodes d’apprentissage validées, c’est bien mais ce n’est que justice et qu’en est-il de toutes les périodes de stages en entreprises ? Le rachat des années d’études, c’est hors de possibilité pour l’essentiel de la population, ce n’est pas la validation exigée par le mouvement social et toutes les organisations de jeunesse et ce serait un scandale que le monde bancaire se fasse du profit avec le dispositif d’aide pour ce rachat tel qu’annoncé dans le dossier de presse du gouvernement. Enfin, sur le financement, certes la CSG est abandonnée pour cette réforme mais un « deal » a été passé avec le Medef pour lui rendre l’augmentation de cotisation et même bien au delà avec la diminution des cotisations employeur pour la politique familiale. C’est encore un cadeau au patronat qui a été confirmé par le ministre lors de l’université d’été du Medef... Au total, ce n’est pas une réforme progressiste, il n’y a pas une volonté de gauche dans ce positionnement gouvernemental.

N’est-ce pas une remise en cause du droit à la retraite des jeunes ?
Il est indéniable que l’allongement de la durée de cotisation rend encore un peu plus inatteignable la possibilité d’avoir un taux plein de retraite pour les jeunes générations. Et pourtant la jeunesse était présentée comme une priorité du président de la République !
Il faut en finir avec cet allongement de la durée de cotisation qui ne permet pas d’avoir confiance dans le système par répartition pour une partie de la jeunesse. D’autant que le problème démographique ne se pose pas dans notre pays. Le taux de fécondité des femmes en France est de 2,1 nettement supérieur au reste de l’Europe par exemple. Nous savons actuellement qu’il y a assez de naissances pour garantir les actifs de demain, au moins pour les retraites des jeunes d’aujourd’hui. Il faut donc tordre le cou à l’idée que le régime par répartition serait voué mécaniquement à disparaître. Au contraire, la crise économique à montrer que les système par capitalisation ne sont pas sécurisés ni la solution. Alors, oui, les jeunes d’aujourd’hui ont droit à la retraite, c’est juste et possible. La validation des années d’études doit être faite, les années de stages, de formation en entreprise doivent aussi ouvrir droit à cotisation et être validées. Il ne faut pas opposer l’apprentissage et la formation universitaire ou d’enseignement supérieur.

Comment se prépare la manifestation du 10 septembre ?
En effet, face à l’attitude gouvernementale, il faut envisager une mobilisation sociale forte, le 10 septembre et après si besoin. C’est indispensable pour que ce ne soit pas le Medef qui soit entendu mais le peuple, la jeunesse, les salarié-e-s, les retraité-e-s. Les quatre organisations syndicales ont maintenu avec raison leur appel à la grève et aux manifestations partout dans le pays. Il faut utiliser les jours qui nous restent pour mobiliser, pour expliquer, pour sensibiliser, pour rassembler largement les salarié-e-s, les jeunes, les retraité-e-s. Il y a aussi l’appel unitaire pour les retraites qui lance un série de meeting au plan national après la conférence de presse unitaire de ce mercredi 4 septembre. Nous apprécions aussi le positionnement de plus de 3000 socialistes avec leur texte « pas une trimestre de plus, pas un euros de moins », il ont toute leur place dans les mobilisations du 10 septembre. Enfin, les 14 organisations de jeunesse vont continuer à prendre des initiatives montrant que la retraite, c’est une affaire de jeunes... Alors, ensemble, ne lâchons rien !

Propos recueillis par Gérard Streiff



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