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Sarkozy, le come-back

Nicolas Sarkozy rode son retour dans la vie politique... et surfe sur l’impopularité de la politique gouvernementale, mais il proposera des économies bien supérieures.
POURQUOI MAINTENANT ? La présidentielle n’aura lieu que dans deux ans et demi. La campagne ne battra son plein que dans deux ans. Pourquoi l’ex-président de la République Sarkozy prend-il le risque de s’exposer aux coups de ses adversaires si tôt ? La réponse réside dans le climat politique délétère qui règne sur le pays et l’impopularité record de François Hollande. La mauvaise posture du gouvernement socialiste s’est encore dégradée à la fin août, avec le départ des ministres de l’aile gauche du PS, et un nouveau gouvernement Valls qui s’enfonce lui aussi dans les sondages d’opinion. Les derniers chiffres sur la croissance et les déficits publics noircissent davantage le tableau pour la gauche. À droite également, Nicolas Sarkozy a dû se sentir pressé. Juppé, qui fait figure de sage issu d’une droite plus modérée, s’est déclaré candidat. L’UMP, malgré l’impopularité du gouvernement, traverse une grave crise liée à la guerre des chefs. Et 12 ténors de droite viennent de publier un livre faisant part de leurs « projets pour redresser la France ».
COMMENT COMPTE-T-IL REPRENDRE LE POUVOIR ? Après sa déconvenue face à Jean- François Copé, François Fillon avait renoncé à prendre la présidence de l’UMP, pensant se placer au-dessus de la mêlée dans la perspective de la présidentielle de 2017. Alain Juppé adopte la même attitude en visant une possible primaire. Nicolas Sarkozy va, lui, tenter ce qu’il a déjà fait par le passé : prendre le parti et son appareil pour se mettre dans la position d’être le chef de toute la droite d’ici à la campagne présidentielle. Il envisagerait même, une fois réélu président de l’UMP, de proposer la fusion entre son parti et les centristes de l’UDI. Le retour du parti unique de la droite...
QUI LE SOUTIENT ? Ses fidèles tout d’abord, qui n’avaient de cesse d’appeler à son retour. Mais, face à la déconfiture du gouvernement et aux divisions de la droite, il arrive à rallier aussi ses adversaires. Jean-François Copé, débarqué de la tête du parti après l’affai re Bygmalion, et même... Dominique de Villepin, qui a déclaré que l’ex-président avait changé et était prêt à revenir au pouvoir. La situation de l’UDI, fragilisée depuis le départ prématuré, le 6 avril, de Jean-Louis Borloo, pourrait lui valoir des soutiens centristes. Il lui faudra pourtant faire ses preuves. Selon un sondage Harris Interactive, Nicolas Sarkozy fait jeu égal avec Alain Juppé en cas de primaire (37 %) au sein des sympathisants de droite. Les Français, selon ce sondage, sont 65 % à percevoir son retour comme une mauvaise chose.
POUR QUELLE POLITIQUE ? Qu’il s’agisse d’Alain Juppé ou de Nicolas Sarkozy, la politique économique sera à peu près la même. À en juger par les applaudissements de la droite à certaines mesures et déclarations de l’actuel gouvernement Valls, comme sur la remise en cause des 35 heures, il s’agira d’une politique d’austérité à plein régime. Là où l’actuel gouvernement réalise des économies de 50 milliards, la droite en exige trois fois plus... Pour reconquérir les électeurs et les convaincre d’accepter cette potion amère, Nicolas Sarkozy saura communiquer, comme il a su le faire en 2007 en se présentant comme le « candidat de la France qui se lève tôt » ou celui du « pouvoir d’achat »... Il n’oubliera pas non plus l’électorat du FN, qui, à l’heure actuelle, menace la droite.
QU’EST-CE QUI POURRAIT L’EN EMPÊCHER ? Le pouvoir actuel n’est pas parti pour réorienter sa politique et répondre à la colère qui gronde dans le pays. Pour mieux enfoncer le clou, Nicolas Sarkozy laisse fuiter des confidences : « Ça va se finir dans la rue », « François Hollande ne contrôle plus rien ». À moins d’un changement de politique, l’actuelle majorité est mal placée pour lui barrer la route. Il reste les affaires... L’ancien président est mis en examen pour « corruption » et « trafic d’influence » dans l’affaire du juge Azibert, soupçonné d’avoir donné des informations à l’ancien locataire de l’Élysée concernant le dossier Bettencourt. Ses avocats se sont déjà mis au travail en demandant l’annulation de la procédure judiciaire.

Conférence de presse de F.Hollande

Quel laborieux plaidoyer ! Quel exercice ennuyeux ! A entendre la défense pâlotte de son bilan par François Hollande, on pensait à Chamfort* : « Il est plus facile de légaliser certaines choses que de les légitimer ». Alors que son quinquennat fait entendre des craquements sinistres, le président a annoncé que son cap resterait inchangé et a confessé que son grand homme, son modèle était Gerhard Schröder, d’abord social-démocrate, puis libéral et enfin stipendié par la multinationale Gazprom. Ca fait rêver. Pour le reste, n’attendez pas la vie en rose, a-t-il martelé. Il a pour azimut le Pacte de responsabilité, c’est à dire des cadeaux pour le grand patronat et 50 milliards d’austérité pour les autres. Celui qui s’est révélé avec Manuel Valls le plus grand commun diviseur de la gauche, a prétendu qu’il voulait rassembler... mais pour ne tendre de perche qu’à la droite.
Allez, concédons une seconde de suspense quand il s’est lancé dans l’exercice périlleux d’identifier la politique qu’il pratique et ses engagements de campagne. Et patatras, il chuta. Sa conférence rituelle, organisée en sollicitant toujours les mêmes journalistes dans un défilé de questions programmées, n’aura convaincu personne et n’aura pas réhabilité son parcours. Un homme élu par la gauche qui fait et pense à droite, ça ne se digère pas dans un pays aussi politique que la France. "A l’instant où le gouvernement usurpe la souveraineté, le pacte social est rompu », écrivait Jean-Jacques Rousseau. Nous y sommes.
Sa seule annonce était funeste, l’ordre donné aux avions français de frapper en Irak, sous les ordres des Etats-Unis qui ont mis le feu à la région, sans accord de l’ONU, dans une coalition hétéroclite où les amis des jihadistes sont légions, avec des buts de guerre imprécis ou masqués. A la remorque, toujours, de Barak Obama, d’Angela Merckel, de l’OTAN... Pas un souffle, pas un zéphyr même pour animer la politique internationale de la France. Il lui restait les digressions sur la pluie et le beau temps à l’Ile de Sein. Pendant ce temps-là, la France populaire souffre.

EDITO
Valls, une majorité peau de chagrin

269 députés sur 577 ont voté la confiance à un Manuel Valls « droit dans ses bottes », totalement sourd à la défiance populaire qui ne cesse de grandir. Confirmant une politique qui mène à l’échec, le Premier ministre a tenté de l’habiller d’un vernis prétendument de gauche. En réalité, le cap de l’austérité est totalement maintenu. Résultat : le Premier ministre ne dispose plus que d’une majorité peau de chagrin, ce vote de confiance n’est qu’une victoire à la Pyrrhus sans aucune perspective.
65 voix de gauche venant des bancs communistes et Front de gauche, socialistes, écologistes, MRC, manquent à l’appel, soit 31 de plus qu’en avril pour le gouvernement Valls I. Minoritaire dans le pays et dans la gauche, le Premier ministre n’a plus qu’une majorité rétrécie à l’Assemblée.
Les députés Front de gauche ont eu raison de voter contre, car cette politique conduit à coup sûr à l’échec. Le PCF renouvelle son appel, à tous ceux qui n’ont pas voté la confiance et à tous ceux qui l’ont encore voté la peur au ventre, pour que nous travaillions ensemble à d’autres choix politiques pour la justice sociale, l’emploi et la solidarité. Le Parti communiste français s’emploiera dans les semaines à venir à à renforcer ce rassemblement pour une autre politique.



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