Syrie

Syrie
Une rencontre – événement

Il y avait du monde, l’autre soir, sous la coupole de Fabien, pour la soirée sur la Syrie ; et le débat fut chaud. Normal avec un tel sujet. Le PCF invitait, sous le sigle de la « Solidarité avec le peuple syrien », les représentants des forces d’opposition démocratiques syriennes. Etaient présents Samir Aïta, du Forum démocratique, Basma Kodmani, politologue, de l’ « Initiative pour une nouvelle Syrie » et Haytham Manna, du Comité de coordination nationale pour le changement démocratique. Monzer Makhous, ambassadeur, représentant de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui avait annoncé sa venue, était retenu à Istanboul et excusé. En soi, cette rencontre était déjà un événement dans la mesure où ces dirigeants, qui partagent un même combat, n’avaient jusque là pas ( ou peu) eu l’occasion de dialoguer entre eux. Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international, donna la parole aux trois intervenants sur le thème : « Une solution politique est-elle possible en Syrie ? » On sentit d’emblée la communauté d’approches ( opposition au régime de Bachar el-Assad, poids des souffrances provoquées par cette guerre civile, choix d’une Syrie démocratique) mais aussi les nuances, voire les divergences. Samir Aïta, toujours très argumenté, et Haytham Manna, chacun avec ses mots, se disaient favorables, malgré (ou à cause du) un contexte de violence incroyable, à une solution politique. « Même s’il n’y a que 10% de chance, voire 1% de chance de réussite, il faut chercher l’issue politique. Le peuple est fatigué de la guerre » dit Haytham Manna. Il faut d’abord faire bouger le rapport de forces sur le terrain, estimait pour sa part Basma Kodmani, autrement dit il faut d’abord renforcer la pression militaire (et accepter la fourniture d’armes) avant d’envisager une issue politique. Le débat rebondit sur lutte armée/lutte politique. Oui à la lutte armée si elle reste sous le contrôle des politiques, dit Samir Aïta, ce qui n’est plus le cas ( atomisation des groupes, poids des radicaux religieux). Haytham Manna tenait des propos rudes sur chaque camp : « Il y a le même appétit de pouvoir dans les deux camps. Je ne me suis pas battu pour remplacer un âne par un autre âne ». Le débat avec la salle fut vif ; il y avait là, à l’évidence, quelques partisans non déclarés du régime, qui agitaient la menace djihadiste pour justifier la répression féroce du pouvoir. Ce qu’on retiendra aussi de cette soirée, c’est qu’à plusieurs reprises, à la tribune et dans la salle, on remercia le PCF d’avoir pris cette initiative, d’avoir permis ce dialogue. Jacques Fath rappela que dans la crise syrienne, le PCF dit d’emblée son rejet du régime et son soutien à l’opposition démocratique. Pierre Laurent, concluant la réunion, redit la volonté du PCF de « travailler à des solutions pour la démocratie en Syrie. Nous cherchons à le faire dans le cadre d’un dialogue respectueux. Notre soutien aux démocrates syriens est fondé sur le principe du droit de chaque peuple à se lever contre l’oppression. La Syrie démocratique ne s’écrira pas avec le régime actuel. » Il s’est dit inquiet de la militarisation de la crise, de l’escalade militaire que ne peut que renfocer l’annonce par François Hollande de la fin de l’embargo sur les armes, décision qu’il condamne. « Cette soirée est pleine d’enseignements. Nous voulons être utiles. Nous sommes attentifs à ce que disent toutes les forces d’opposition syrienne dans leur diversité. C’est aux Syriens de construire leur histoire ».

Gérard Streiff



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