Ancrage populaire et citoyen

Franchir un cap
Pour un ancrage citoyen et populaire de la campagne

On annonçait une réunion de travail courte mais dense, la rencontre des Docks d’Aubervilliers le fut. Une initiative de belle tenue, six ou sept heures de rapport, interventions, discours, ruches/ateliers, avec une salle studieuse, attentive, réactive et un fil rouge : comment ancrer une campagne populaire et citoyenne.

La réunion nationale des animateurs et animatrices de section et des candidat-e-s présentées aux élections législatives par le PCF pour le Front de gauche, soit un bon millier de responsables communistes, a eu lieu samedi 28 janvier. Il s’agissait d’échanger les arguments, les expériences sur trois thèmes : la crise et les propositions alternatives, l’utilité du vote Front de Gauche, l’élargissement de l’investissement militant.
Le rapport introductif était présenté par Jacques Chabalier. Il s’est félicité d’une campagne « en phase avec les attentes et les aspirations d’un très grand nombre de nos concitoyens ». On y rencontre du monde, « il faut remonter très loin pour retrouver un tel niveau de participation et de mobilisation » et les sondages donnent aujourd’hui le candidat du Front de gauche à près de 10%. Beau début de campagne, donc ; en même temps « nous avons besoin de franchir un cap dans le déploiement militant et dans le travail de proximité, de dialogues démultipliés, de constitutions et d’animations de réseaux militants. » Le rapporteur évoque la crise et ses dimensions sociales : « Nous avons fait des discussions avec les salariés des entreprises, les syndicalistes, un axe structurant de notre campagne. Le Front des luttes animé par Marie George Buffet a pris des initiatives nombreuses et appréciées. » Une campagne qui met en avant les questions de l’emploi, de la ré-industrialisation, des droits des salariés . Jacques Chabalier revient sur une thématique qui sera plusieurs fois déclinée à cette rencontre ; pourquoi et comment combattre le Front National ? La confrontation Gauche / Droite est à nouveau à l’ordre du jour, souligne lencore e rapporteur : « Mesurons bien les espaces que l’évolution du débat nous ouvre ». A condition de mener une campagne efficace, offensive pour populariser les propositions sur les salaires, la réorientation des moyens financiers, du crédit, pour une réorientation des politiques européennes .
« Rassembler pour battre la droite sera donc jusqu’au bout l’objectif premier de notre campagne » insiste Jacques Chabalier. « D’autant qu’à gauche , les cartes ont été redistribuées ». Il dit « apprécier le fait que le candidat socialiste a orienté son discours à gauche » et pense que la campagne du Front de gauche, en partie, a contribué à faire bouger les lignes. Les questions posées sont plus incisives : quelle est la responsabilité des marchés dans la crise ? par exemple. « Nous souhaitions le débat à gauche, il est désormais ouvert : menons le, non dans une différenciation stérile avec le PS mais avec l’objectif de contribuer à une nouvelle majorité de gauche la plus efficace possible. »
Place à l’intervention populaire, au grand débat citoyen, dit-il encore, avec le double objectif : rassemblement de la gauche et exigence de contenus transformateurs : « c’est ce qui peut le mieux nous aider à élargir encore l’assise de notre candidat. C’est cela qui marche, et qui a fait de Jean Luc Mélenchon le seul candidat crédible à Gauche avec François Hollande. »
La réussite d’une nouvelle expérience de gauche passe par la constitution d’une majorité politique à l’Assemblée nationale pour mettre en œuvre une autre politique, et qui comptera en son sein un groupe communiste et Front de gauche renforcé. D’où l’importance de mener la double campagne présidentielle et législative. Jacques Chabalier met l’accent sur un déploiement plus important de notre campagne de proximité en veillant à l’engagement d’un plus grand nombre de camarades. En entretenant aussi des liens plus étroits avec tous ceux qui manifestent de l’intérêt pour la campagne, lors des assemblées citoyennes, dans les quartiers, les entreprises : récolter leurs coordonnées, les informer, leur rendre visite, « leur donner un double des clefs de notre campagne. » Le rapporteur conclut : « Nous avons besoin de cet ancrage citoyen et populaire de notre campagne ».

Diversité des expériences

Pierre Dharréville, secrétaire départemental des Bouches du Rhône, qui anima la journée, sollicita des interventions de la salle, en veillant à la diversité des expériences et des territoires. Il fut question de la crise, du débat à gauche sur une nouvelle politique du crédit ; du meeting de Metz, région sinistrée, et de gens humiliés qui relèvent la tête ; du pouvoir d’achat et du triptyque argent / pouvoirs / sécurisation. ; de l’impératif de l’humain d’abord dans le secteur de la santé ; de la casse de l’école et des mobilisations en cours ; de l’enjeu européen et des atouts français ; du besoin d’une nouvelle politique internationale. On débattit de la double question : pourquoi et comment combattre le Front national ? avec les expériences de camarades du Vaucluse, du Pas-de-Calais, des Bouches-du-Rhône.
11h45. On passa aux ruches. Spectacle impressionnant de 1000 participants se repositionnant, promptement, autour de cent tables dans la même salle, des abeilles rouges qui allaient plancher sur la question suivante : « (comment) construire ensemble la nouvelle étape de notre campagne ». L’argumentaire distribué aux participants précisait : « Il s’agit à partir des acquis, des réussites mais aussi des questionnements survenus lors des premières semaines de campagne, de définir les axes et les actes militants qui nous permettront d’être les plus efficaces pour gagner au Front de gauche ». Un peu moins d’une heure d’échanges démultipliés ; à chaque table, un-e « écrivant-e » faisait l’inventaire des questions, des initiatives proposées, et ces notes devraient permettre, à l’arrivée, d’élaborer une synthèse globale, après la rencontre, envoyée aux fédérations et disponible sur le site.
Après un déjeuner avalé tambour battant, la rencontre eut le plaisir d’accueillir Jean Luc Mélenchon. C’était la première fois, dit-il, qu’il s’adressait ainsi aux cadres communistes lors d’une de leurs réunions de travail ; il évoqua le cadre européen, la crise du capitalisme, celle de la social démocratie, l’importance qu’aurait pour « toute l’Europe de combat » le résultat du Front de gauche ; il parla du retour de l’ouvrier dans le débat politique, du besoin d’une force progressiste comme « le Front de gauche », de révolution citoyenne, de contenu programmatique, de partage des richesses et de pouvoirs à l’entreprise, de combat contre le Front national. La salle, chaleureuse, apprécia.
Puis les débats reprirent.
Sur le débat à gauche et l’importance, au soir du 22 avril, du score du Front de gauche ; sur le travail unitaire ; le regard (souvent désespéré) des jeunes ; a parité (obtenue dans les candidatures communistes aux législatives !) et la lutte contre le sexisme et le patriarcat ; les rapports nouveaux qui s’installent avec les salariés et les syndicalistes ; le besoin d’être concret dans notre travail politique ; le travail remarqué des élus communistes au Sénat ; le rôle de la presse et de la singularité de l’Humanité ; l’effort à faire pour passer de la sympathie au vote ; les sondages et la dynamique de campagne du Front de gauche qu’ils traduisent ; le besoin de marcher sur les deux pieds, la singularité communiste et la force du Front de gauche. Derrière la plupart de ces interventions revenait l’idée : il se passe quelque chose de profond dans le pays, dans la gauche…
Puis un débat s’amorça sur la question « quelle mobilisation militante ? » On parla assemblée citoyenne, nécessité de sortir des routines, besoin de rompre l’isolement , utilisation des divers modes de militantisme, du porte-à-porte à Internet ; du réflexe militant à recréer ; des propositions du secteur Communication (voir notamment le guide militant).
Pierre Laurent devait conclure (Voir page 4) en appelant les participants à « passer à la vitesse supérieure ».

Gérard Streiff



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