17 mars 2011

Par la joue

La scène se passe lors d’une récente conférence européenne interministérielle. Un représentant allemand fait la leçon à tous ces « Pigs » (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne), ces mauvais élèves, toujours en dehors des clous ; il récite son catéchisme « austérité – compétitivité » et tout le toutim. Un délégué grec a le malheur d’émettre une réserve. L’Allemand se lève, traverse la salle de conférence, fait mine de prendre le Grec par la joue. Pour le ridiculiser, le punir, l’humilier comme un gosse. L’anecdote est racontée par « Irish Independent » du 13 février, elle est reprise par le site « Eurointelligence » ainsi que par l’éditorialiste économique du journal « Le Monde ». Elle nous fait penser à ce que rapportait Francis Wurtz dans ces colonnes dernièrement : quand le socialiste Zapatero a infligé à son peuple une super cure d’austérité, avec l’aval des syndicats, il a eu droit, le jour même, à une visite express de Mme Merckel venue le féliciter pour avoir bien fait son « devoir ». Leur Europe en est là, à cet étalage d’arrogance des puissants, à cette morgue de prêteurs, à cette posture sans vergogne de colons, à cette infantilisation de peuples jugés hors-normes, à ce défilé de vaincus, condamnés comme d’affreux ignares à tendre la main dans l’attente du coup de règle d’un instituteur méprisant. Mais qui va dire au « maître » que la pédagogie a changé, que le temps de la baguette, c’est fini.

Gérard Streiff


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