9 mars 2014

Le gendarme et le voleur

L’Autorité des Marchés Financiers, l’AMF, est, en principe, le gendarme de la Bourse. Elle se compose de douze membres dont huit nommés par Bercy. Or cet hiver le ministre Moscovici a eu la bonne idée d’y caser Francoise Bonfante, cadre dirigeante de la banque suisse UBS. Cette banque, pour qui l’ignorerait encore, est poursuivie pour démarchage illicite, fraude fiscale, avoirs dissimulés, laxisme (sanctionné en 2013 par une amende de 10 millions d’euros !), bref la totale. Il a fallu les interventions du député Alain Bocquet et du sénateur Eric Bocquet, tous deux parlementaires communistes, pour que le gouvernement « démissionne » l’helvète incongrue. Moscovici fait celui qui tombe des nues, qui n’était pas au courant. Classique. Mais la question dépasse de loin l’irresponsabilité d’un ministre ou même le destin de tel ou tel banquier. Cet épisode ne nous dit-il pas plutôt que c’est le capitalisme, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, qui devient frauduleux DE MANIERE SYSTEMIQUE. A ce propos, il faut lire, toutes affaires cessantes, le dernier opus de Jean-François Gayraud, « Le nouveau capitalisme criminel » chez Odile Jacob. Pour le coup, voici un vrai gendarme pour qui « l’approche criminologique de la crise financière de 2008 est tout aussi éclairante que l’analyse économique. Parler de capitalisme criminel est un constat technique, pas une métaphore ».

Gérard Streiff


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