9 septembre 2013

Les fichés et les autres

« L’ennemi-de-la-finance » vient de tenir un de ses engagements : les patrons qui ont fait faillite ne sont plus fichés par la Banque de France ; cette nouvelle réglementation s’applique depuis le 9 septembre dernier. On compte près de 150 000 patrons à avoir fait faillite ces trois dernières années ; leurs noms ne seront donc plus répertoriés dans le « fichier bancaire des entreprises », dit code 040. François Hollande avait fait cette promesse en avril dernier, lors des Assises de l’entrepreneuriat, afin, disait-il, de « lutter contre la stigmatisation de l’échec. » Fleur Pellerin, la représentante des patrons au gouvernement -ce n’est pas le titre exact de son ministère mais l’esprit y est - a fortement milité en faveur de cette mesure ; elle tient aujourd’hui ce curieux raisonnement : « L’échec est mal accepté en France ; notre pays n’a pas la culture de l’échec utile ; aux Etats-Unis, au contraire, les financeurs considèrent que, quand on s’est planté une fois, on peut être meilleur ensuite. » On a un peu le sentiment que les patrons, dès qu’ils l’ouvrent, ils obtiennent. C’est le règne du deux-poids-deux-mesures car enfin un quidam, soit un non-patron, si la banque vient à rejeter un de ses chèques faute de provisions, ce quidam peut se retrouver sur le fichier central des chèques (FCC) et se voir en situation d’interdit bancaire ( privation de chéquier pour cinq ans, carte de retrait plafonnée, aucun découvert autorisé). Lot de consolation : il pourra toujours contacter dame Pellerin, lui parler d’échec utile et l’assurer qu’il sera meilleur la prochaine fois.

Gérard Streiff


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