6 octobre 2010

Les parrains

« Et le Financier se plaignit / Que les soins de la Providence /
N’eussent pas au marché fait vendre le dormir/ Comme le manger et le
boire » : du temps de Jean de la Fontaine, déjà, la finance, pourtant
rapace, rageait de ne pouvoir faire marché de tout. Depuis, on a fait
des progrès, tout se vend et tout s’achète, même les pays. La preuve par
la Grèce. Dans les pages saumon du Figaro Economie, on apprend que la
BNP Paribas a pris la main dans ce pays, on pourrait même écrire qu’elle
fait main basse sur cet Etat. MM. Sarkozy, Strauss-Kahn et Trichet, nous
rappelle la gazette, ayant été très actifs dans l’élaboration du « plan
de sauvegarde » de ce pays, « la Grèce sait se montrer reconnaissante
avec ses parrains ». Ce qui signifie que nos banquiers français sont
devenus « incontournables » à Athènes, ce seraient « les nouveaux
gourous des autorités grecques ». Mieux : le ministre grec des Finances
vient de faire à Paris une tournée des prêteurs. Qui l’invitait ? La BNP
Paribas. Qui pilotait le séjour ? Baudoin Prot, directeur général de BNP
Paribas, bien sûr. C’est « la BNP qui a pris en charge la tournée
parisienne du ministre et sa mise en relation avec des investisseurs »,
écrit sans vergogne le journal. Dernière précision, attendue,
avouons-le : « Par la suite, la BNP devrait être mandatée par les Grecs
dans les projets de privatisation ». On imagine, demain, l’acropole
transformé en open space de la finance, avec distributeurs devant chaque
colonne. Estampillés BNP bien sûr.

Gérard Streiff.


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