6 avril 2012

Il se couche

« The Economist » est l’hebdomadaire des marchés, le loufiat de la City. C’est « Ici Londres » version trader. Ce porte-voix des boursicoteurs aime faire la leçon, départager les bons des mauvais, dire le bien. Il vient de se pencher sur la campagne électorale française qu’il compare au Déjeuner sur l’herbe de Manet, aimables fêtards, jolies filles et bonnes bouteilles ; et son jugement est sans appel : « La France en déni. L’élection la plus frivole d’Occident » titre, en Une, l’organe du Veau d’or. Il oppose les choses sérieuses, la « rafale de réformes » qui marque l’Italie, l’Espagne ou la Grèce par exemple - et ce qui ne l’est pas, « une France léthargique et non réformée (qui) pourrait bien se retrouver au centre de la prochaine crise de l’euro ». « Frivole », « léthargique », ces clichés que « The Economist » trimbale sur la France sont tout simplement idiots. Pourtant, au Figaro, on aime ça. Jean-Pierre Robin, son chroniqueur économique, reste tout ébaubi devant « notre confrère, fort du magistère qu’il exerce auprès des décideurs et des marchés financiers ». Et sans vergogne, le Robin en question trouve l’analyse de la finance british « sévère mais juste ». En somme, quand la banque parle, Le Figaro se couche.

Gérard Streiff


Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire