14 décembre 2011

1929

Dans son essai, « Le descenseur social », en 2006, le sociologue
Philippe Guibert faisait part d’un sentiment alors très partagé parmi
ces sondés, celui d’une société à deux vitesses, l’une profitant plus
que l’autre. Dans une récente enquête du journal « Le Monde », le même
sociologue, cinq ans plus tard, estime que le sentiment qui domine
désormais est celui de « deux France qui suivent des chemins opposés ».
L’une contre l’autre, en somme, l’une profitant de l’autre. Peut-être
que P. Guibert pointe là un fait nouveau, disons comme un début de
reconstitution de conscience de classe ? La même semaine, on pouvait
lire ce titre dans le « New York Times » : « Depuis 1945, les profits
n’ont jamais été si hauts, ni les salaires si bas ». Cela vaut, dit
l’article, pour toutes les « nations occidentales » qui voient « leurs
grandes entreprises afficher des résultats insolents et en même temps
des salaires en berne ». Par rapport au trimestre précédant la récession
de 2007/2009, dit le papier, la progression des bénéfices avant impôts
(aux USA) est de 35% et celui des salaires de 1%. On y lit encore :
« Les salaires représentent désormais moins de 43% de l’économie
américaine alors que pendant les 60 années précédant la récession, ils
ne sont jamais tombés en deça de 45% ». L’article, qui s’inquiète de ce
déséquilibre, parle d’une flambée des bénéfices des sociétés américaines
(plus de 10% sur l’année) et rappelle que le précédent record, qui était
de 9%, « a été atteint en 1929 ». Tout un programme.

Gérard Streiff


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