Montreuil/Automne 2023

Atelier d’écriture/Montreuil
Collège Politzer
Septembre/Novembre 2023
TITRE ??
Chapitre 1

Yougo et Malika sortent d’un entrainement de football.
Les deux amis - ils ont chacun douze ans- prennent une glace dans un restaurant rapide ; ils réalisent qu’ils sont sur le même réseau. Ils traversent un parc et tout en marchant, Malika raconte son dernier voyage au Sahara. Elle a rendu visite à son cousin Nasser qu’elle n’avait pas vu depuis des années, dans un village perdu, Ika-Boqjid ( ?).
Malika a des yeux bleus, des cheveux afros, un sweat bleu, des baskets basses.
Yougo, lui, a les yeux verts, les cheveux locksés, il porte un pantalon noir, un t-shirt blanc et des chaussures de sport.
A la sortie du parc, ils découvrent une maison qui semble abandonnée. Est-elle hantée, voire maudite ?
La maison les intrigue mais ces enfants aiment s’aventurer dans des histoires compliquées. Et puis Malika est curieuse, elle veut savoir.
Ils poussent la porte de la maison, elle grince.
 Aaah ! dit le garçon.
La fille aussi a peur mais elle ne dit rien.
La porte claque derrière eux.
 Oh, non, c’est pas possible, déclare Malika.
Il y a là des toiles d’araignées, et au sol des assiettes sales ou cassées.
Puis la lumière s’éteint.
 Tu sens pas un truc bizarre ? demande Yougo
 Arrête, tu commences à me faire peur, répond Malika
 Moi, je sens une présence, ajoute Yougo.

Chapitre 2

Que faire ?
« Tu vas à droite, moi je vais à gauche » dit Yougo.
 Non, moi je vais à l’étage, répond Malika.
Les deux amis n’arrivent pas à se mettre d’accord. Ils décident de se séparer.
Yougo, lui, est très attiré par une trappe. Il veut l’ouvrir. Qu’est-ce qu’il va découvrir dans ce passage ? des squelettes ? Il lui faudrait une échelle pour descendre dans la cave. Et s’il tombait nez à nez avec un sorcier ! Un bonhomme avec des cheveux longs, des yeux noirs, portant un chapeau et puis une paire de bottes couvertes de terre ! Il s’appellerait Ajax. Franchement, Yougo a peur.
Une fois dans la cave, le trappe se referme sur lui. Il n’arrive pas à la relever. Il récupère une corde mais elle se casse. Il pourrait crier à l’aide mais il sait bien que personne ne s’approche de cette maison hantée.
« Malika, où es-tu ? Malika, à l’aide ! »
Malika de son côté est montée à l’étage. Où elle entend des pas, il y a quelqu’un qui marche tout près. Un fantôme ? un méchant ou un gentil fantôme ? Elle a tellement peur qu’elle pense se cacher sous un meuble.
Puis elle se dit qu’il faudrait s’équiper contre les fantômes. Il paraît qu’il existe des aspirateurs à fantômes. Mais où trouver ces armes ?
Plus tard, elle croise un homme, un SDF.
« Bonjour, je m’appelle Enzo, dit celui-ci. Si vous cherchez la sortie, il vous faudra répondre à une énigme. La voici : depuis 2017, je suis là ; on est en 2023. Depuis combien de temps, je suis ici ?
Malika se dit que le problème n’est pas très difficile. Elle répond :
« Cinq ans !
 Mauvaise réponse, réplique le SDF.
Malika s’étonne, s’inquiète. Elle se met à courir à travers les pièces. Comment sortir de cette maison ? Et puis quelle était la bonne réponse ?
« Yougo, où es-tu ? Yougo, à l’aide ! »

Chapitre 3

Malika, qui s’est un moment cachée sous lit, de peur, se demande si elle rêve, si elle vit un cauchemar, si elle va bientôt se réveiller.
Mais non, elle entend toujours des appels à l’aide. Elle sort de sa cachette, elle prend son courage à deux mains et elle descend l’escalier du premier étage. Elle a trouvé dans un placard une lampe torche. Elle se dirige vers le bruit, vers la voix : « A l’aide ! »
« Yougo, où es tu ?
Elle se demande si son ami est dans un passage secret ou un labyrinthe. Puis elle comprend que le cri vient de la trappe. Elle s’en approche et réussit à l’ouvrir.
« Comment est il tombé là dedans ? se demande-t-elle. A-t-il été poussé par un fantôme ? Il faut le sortir de ce piège. »
Elle trouve une corde, le jette à Yougo, elle tire de toutes ses forces ; elle réussit à le sortir.
Les deux enfants se retrouvent.
« Je suis désolé, dit Yougo
 C’est pas grave, répond-elle. Allez, faisons équipe. »
Ils repèrent la sortie, s’y précipitent ensemble, bien décidés à quitter cette maison,
mais le SDF leur barre la route.
Il porte un chapeau :
« Vous ne sortirez d’ici que si vous répondez (juste) mes questions !
 Pourquoi ?c’est stupide !
 Non c’est la tradition. Je répète la question déjà posée car vous n’avez pas bien répondu : depuis 2017, je suis là ; on est en 2023. Depuis combien de temps, je suis ici ?
 6 ans, dit Malika.
 Bravo.
 Nouvelle question : il y a combien d’heures dans une année ?
Malika, encore elle, savait car elle l’avait appris en classe ; elle répond :
 Dans une année de 365 jours, il y a 8760 heures.
 Bonne réponse. Autre question : j’ai quel âge, 30, 40 ou 51 ans ?
Yougo a vu le tatouage sur l’épaule du SDF, 1983 ; il pense qu’il s’agit de la date de naissance ; il affirme :
 40 ans !
 Bonne réponse. Enfin, dernière question, la plus facile : comment je m’appelle ?
 Enzo, disent en chœur les deux jeunes gens .
 Très bonne réponse.
Et le SDF retire son masque ; en fait c’est le boulanger du quartier ; il fait construire sa maison et ne veut pas que les gens y pénètrent ; alors il leur fait peur.
Les enfants s’enfuient en se promettant que « plus jamais, on ira dans une maison hantée. »
FIN

Texte proposé avant l’atelier

BOXE

Aline voit le garçon entrer dans le garage qui est tout à côté de sa maison. Le jeune homme pousse la porte du local puis disparaît à l’intérieur. C’est un vieux hangar à l’abandon où son père entasse un peu n’importe quoi. En fait il s’en sert comme débarras. On voit encore sur la façade, au dessus de l’entrée, l’inscription « Chez Mario » mais Mario, il est parti depuis longtemps. Aline devrait prévenir ses parents de cette étrange visite mais elle ne le fait pas. Pourquoi ? Elle n’en sait même rien. Elle ne dit rien, c’est tout.

Elle fait mieux. Dans la matinée – ses parents étant partis chacun vers son travail, Aline (elle termine ses vacances) se dirige vers l’entrepôt. A l’intérieur du bâtiment, ça sent le renfermé et une vague odeur d’huile de moteur.
« Je sais que tu es là ! » lance-t-elle d’emblée.
Pas de réponse.
« J’ai pas peur, je sais que t’es là ! t’es qui ? »

Elle attend. Rien, il ne se passe rien. Alors elle repose sa question :
« T’es qui ? Je suis seule, mes parents sont partis. Je peux t’aider ? »
Au fond du local, ça finit par bouger, des cartons sont déplacés, un garçon apparaît, l’air grognon, portant un t-shirt blanc, un jean et des baskettes. Il doit avoir le même âge qu’Aline, dix ans ? onze ans ?
« T’es qui ? répète la fille. Moi c’est Aline !

Le visiteur reste sur ses gardes. Elle lui sourit. Il finit par lui tendre la main :
« Moi, c’est Rino »
 Tu fais quoi, là ?
Nouveau silence.
 Tu veux pas me dire ?
 J’ai fugué !
 T’as fait quoi ?
 Fugué ! tu comprends pas le français ? tu sais pas ce que ça veut dire ? Fuguer, s’échapper, s’enfuir ?
 Oh, tu te calmes, je te veux pas de mal.
 Bon,je me suis tiré de chez mes parents.
 Pourquoi ?
 Ils veulent déménager.
 C’est leur droit, non ?
 En fait ils déménagent pas vraiment, ils louent leur appart le temps des JO.
 Et eux ?
 Eux, ils partent camper, au fin fond d’un trou perdu.
 Ils ont peut-être besoin d’argent ?
 Même pas. Ils supportent pas le sport, enfin surtout lui, mon beau-père.
 Vraiment ?
 Le beau-père, il répète toujours « No Sport ! » Il paraît que c’était la devise d’un Anglais célèbre. « No sport, no sport ! », c’est tout ce qu’il sait dire.
 Et ta mère ?
 Elle dit rien.
 Alors ?
 Ben, ils se réfugient un mois à la campagne ; et moi je suis pas d’accord
 Alors ?
 T’aimes bien dire alors, non ?Je te redis : je veux pas de leur camping, je veux les JO. Donc je suis parti de la maison.
 Et tu comptes faire quoi ?
 J’en sais trop rien. En fait si, ce que je veux, c’est voir la boxe.

Quand il dit le mot « boxe », le visage de Rino change. Il sourit. Aline le trouve beau quand il sourit. Puis, sans transition, il raconte sa passion pour ce sport ; il connaît tout, sur la boxe, il sait quand est né ce sport (« ça fait des millénaires que ça existe »), comment on y jouait au début (« fallait mettre des bandes de cuir pour se protéger les mains »), quand ont eu lieu les premiers combats amateurs (« au 19e siècle »), quels sont les catégories de poids ( « les poids coqs, ce sont les plus petits, les poids plumes, les poids légers, les poids moyens et… ? »)
Il fait mine d’interroger Aline, elle cale.

 Et les poids lourds ! Mais tu ne connais rien, toi !
En effet, elle n’est pas très douée dans cette discipline mais elle veut bien apprendre, avec lui.

Aline l’écoute énumèrer les grands noms de la discipline, Myke Tison, Mohamed Ali, Joe Frazier, Sugar Ray Robinson…
 En boxe, les professionnels peuvent jouer aux JO, tu le savais ?
Non, elle ne le savait pas.
 Et puis, le combat se fait en trois rounds, de trois minutes chacun. Au fait t’aimes la boxe, toi ?
 Ben…
 Les femmes, c’est quatre rounds de deux minutes et elles, elles portent un casque de protection.
 Ma parole, t’es une véritable encyclopédie.
 Attends, tu dois savoir que les juges notent chaque round et ils additionnent les points à la fin.

Les enfants s’installent finalement devant le garage, sur deux vieilles chaises, pour poursuivre leur conversation.
Rino collectionne les photos de ses champions, il en a accroché quelques unes aux murs de sa chambre.
Puis le garçon se tait, comme s’il avait déjà trop parlé. On le sent apaisé.

Aline le regarde, ouvre de grands yeux ; elle a en effet une drôle de surprise à lui faire !
Le hasard, se dit-elle, fait parfois bien les choses : car son père est le gardien du centre sportif voisin. Et qui s’entraîne dans le centre sportif voisin ? L’équipe française de boxe ! Parfaitement. Mais Aline hésite un peu à le dire tout de suite à Rino. Il faudrait peut-être qu’elle parle d’abord à son père de ce jeune fana de boxe. Il pourrait sans doute lui faire une petite place dans le gymnase pour assister aux entrainements. Et puis il dispose d’un petit contingent d’invitations (les épreuves se passent dans un grand centre parisien de tennis, les préliminaires sont prévus dans une salle de spectacle) . Qui sait ? Il pourrait en donner une ou deux à Rino... Mais elle ne veut pas aller trop vite, et lui donner de faux espoirs.

Elle regarde le garçon qui lui est de plus en plus sympathique ; c’est décidé, ils vont faire équipe. Elle lui trouvera des places, et lui, il lui expliquera toutes les ficelles du jeu ; ensemble ils vont se faire des super JO. Il faudra trouver un arrangement avec les parents de Rino. Là ça risque d’être plus compliqué mais ce n’est tout de même pas mission impossible.

Une voiture passe dans la rue, une limousine noire, silencieuse ; elle roule lentement comme si le chauffeur voulait scruter chacune des maisons de la rue
 C’est lui ! crie soudain Rino.
Il se lève si vite qu’il fait tomber sa chaise.
 Mon beau-père !
Electrisé, le garçon contourne le hangar et disparaît alors que le chauffeur du véhicule l’a repéré ; ce dernier klaxonne comme un dément, comme si ce son pouvait arrêter Rino dans son élan.

Aline n’a plus jamais revu le garçon ; elle n’a même pas eu le temps de lui demander où il habitait. Elle n’a rien dit de cette rencontre à ses parents. Elle ne sait pas encore si elle va aller voir les matches de boxe.

Gérard Streiff



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