La pomme d’amour, Angres, Pas-de-Calais, 2007

La pomme d’amour

(version non définitive)

Le soleil venait de disparaître à l’horizon, de gros nuages noirs était
apparus dans le ciel. On entendait au loin le tonnerre qui grondait. Des
éclairs illuminaient la foule agitée. L’air était étouffant, très
étouffant. La nuit tombait sur la fête du 14 juillet au val de Souchez.

Les lumières clignotaient sur les stands, on pouvait sentir les odeurs
de barbe à papa, de caramel fondant sur les pop-corn, les relents des
merguez venaient se mélanger aux effluves des pommes d’amour.

Beaucoup de gens étaient là, devant la scène, éblouis par les
projecteurs, les jeux de lumière qui donnaient des effets
spectaculaires. Les emplis tremblaient, les chanteurs faisaient leur
entrée sur le plateau. Des cris hystériques de filles, devant la scène,
perçaient la mélodie qui venait de débuter. L’une d’entre elles était
prête à se jetter sur la scène quand son idole apparut. Ces deux autres
copines le bombardaient de flash en gloussant son nom.

Un danseur chercha à faire monter sur l’estrade une fille mais cette
dernière, trop timide, refusa. La foule reprit en chœur la chanson, même
les vigiles dansaient et ne faisaient plus trop attention aux gens qui
se rendaient dans les loges.

Les habituels alcooliques étaient toujours au rendez-vous, près de la
friterie. Ils avaient l’air heureux, ils braillaient les paroles mais
avec un train de retard.

De nombreux fans essayaient de franchir les barrières VIP mais en vain.

/« Il y a beaucoup de monde, beaucoup trop de monde, trop de bruit. Il
fait sombre mais j’aime le noir. Il y a une musique qui vient d’un
chapiteau, une musique joyeuse comme je l’aimais dans le temps. Je suis
seule, assise à l’écart de la fête, je regarde l’agitation. Je déteste
le 14 juillet ! Trop de souvenirs me viennent en tête quand je pense à
cette date. De mauvais souvenirs. Ça s’était passé voilà sept ans, ici
même, en cet endroit. Trop de larmes ont coulé depuis, trop de secrets,
trop de tout, trop de rien. Je me force à rester, je me dois de rester,
c’est important. Je dois faire une croix sur mon passé, retrouver ma
gaîté »/

Près du stand de bonbons se tenait Steeve, un jeune homme imposant ;
derrière son costard taché de vin et qui n’avait pas du être souvent
lavé, se cachait une masse musculaire très importante, à croire qu’il
pourrait déchirer sa veste rien qu’en inspirant un grand coup. Malgré
cette énorme masse, sa tête était petite, barbue et légèrement ridée. Il
avait un fort accent Ch’ti et gardait dans son vocabulaire plusieurs
vulgarités comme « baterd » ou « brinleur » . Soudain arriva Kim, une
mignonne jeune demoiselle qui, avec ses cheveux blonds, faisait tourner
toutes les têtes. Elle était dans une somptueuse robe de soie rouge avec
une belle rose blanche. Elle s’écria :

« - Hey Steeve ! Chui là !

*

Ah ba enfin ! Ca fait un quart d’heure que chui là !

*

Normal que t’es à l’heure, toi, tu fous rien de tes journées à
part bouffer et dormir !

*

C’est sûr que tout le monde ne peut pas faire médecine comme
madame, chère Kim ! »

Ils furent interrompus par l’arrivée de trois autres jeunes dont
Guillaume, un étudiant en kiné, assez grand et maigre, qui tapa sur
l’épaule de Steeve :

« - Mais qu’est ce que vous avez à encore à vous disputer, vous deux ?

*

C’est elle qui me cherche !

*

Calme toi… On est venu pour s’amuser, pas pour s’engueuler…

*

Ok, ok Guillaume… S’cuse moi, Kim. »

Les deux autres se prénommaient Marion et Claire.

/« Avant… avant je ne me rendais pas comte que je tenais à mes parents.
J’adorais, le soir, me blottir contre ma mère et sentir l’odeur
rassurante de son peignoir, vert foncé. La chatte grise, Marie, au
pelage si doux, ronronnant, qui gardait jalousement les genoux de ma
mère. Elle me manque tellement. A chaque fois que je pense à elle, je
verse une larme. Je ne m’en remettrais jamais. Petite, mon père avait
quitté la maison. Puis ma mère est morte dans un accident. Depuis je vis
chez mon père. Il ne me parle jamais. Il ne s’intéresse pas à moi. Il
n’a pas beaucoup d’amis. Il conduit la même voiture que depuis 15 ans.
On dirait qu’il l’aime plus que moi. /

/Il y a du monde, la musique m’envahit les oreilles. Elle me rappelle
des souvenirs, cette musique. Je la sens monter en moi. Je revois ma
mère il y a de cela de nombreuses années, j’étais assise sur les épaules
de mon père. On venait chaque année à cette fête. Comme d’habitude, je
regardais ma mère avec le sourire. J’ai l’impression que tous les bruits
environnants ont cessé. Il n’y a plus pour moi que cette chanson, ce
morceau de Polnareff, qui tourne en boucle dans ma tête :/

Depuis que je suis loin de toi

Je suis comme loin de moi

Et je pense à toi là-bas.

/Ces paroles raisonnaient,cognaient dans mon crâne. « ça fait mal, ça
fait mal ». La musique s’amplifie sans cesse. Arrêtez ça ! Arrêtez ! Je
sens les battements de mon cœur frapper sur ma poitrine, j’ai mal, la
tête tourne. Mais qu’est ce qui m’arrive…/

Le feu d’artifice allait être lancé quand un cri retentit. Tout le monde
accourut vers l’endroit d’où il provenait ; une jeune femme paniquée
bégaya aux premiers arrivants :

« Il … y ...a… un…. Il y a un.. corps, du sang, partout, c’est horrible ».

C’était une grande fille brune, plutôt mince, les yeux gris bleu
souligné d’un trait. Elle avait le teint pâle, portait un long pull trop
grand pour elle, et tombant sur un jean. Elle tenait un médaillon dans
sa main qu’elle ouvrait et refermait machinalement, ce qui faisait un
tic-tac stressant. Elle se trouvait devant le stand de confiserie où
l’on vendait entre autres des pommes d’amour, des barbes à papa. La
baraque, qui s’appelait « sweet shop », était tenue par une femme brune
qui avait la trentaine.

Une famille s’approchait du stand pour acheter un paquet de nougat,
espérant calmer la faim du petit. La mère blêmit et tira brusquement son
enfant vers elle. Le père découvrit avec dégoût le corps d’une femme, la
gorge transperçée par un bâton de pomme d’amour.

Tout le monde regarda par dessus le comptoir, là où tout le stock était
renversé. La caisse n’avait pas été touchée. Derrière le comptoir,
comble d’horreur, un…

/« En 2002 ; à la fête de Souchez, un homme d’une trentaine d’année
m’emmena derrière les manèges et essaya d’abuser de moi. /

/Il tenta de m’embrasser, je l’ai repoussé mais il était plus fort que
moi. Alors, j’ai crié, crié ! A m’égosiller ! Mais juste à ce moment, le
feu d’artifice commença. J’ai crié mais personne ne m’entendait. On
n’entendait que les explosions des fusées. On se serait cru à la guerre.
Ça pétaradait. Ça faisait mal aux tympans ! Tout le monde fixait le ciel,
applaudissait les bouquets d’étoiles qui apparaissaient soudain puis
s’évaporaient. Des bouquets bleus, puis rouges, puis verts, des
multicolores. A chaque fois, les gens poussaient des « Hoooo ! », des « 
Haaaa » d’admiration. Mais moi, toujours aux prises avec le garçon, je
me débattais comme une folle ; le garçon est tombé, il s’est heurté la
tête contre le manège. Il perdit connaissance mais je continuais à le
frapper, comme une furie ; j’avais eu tellement peur ! Le feu d’artifice
cessa, la musique de la fête reprit. Je me suis sauvée. Je ne me
souviens plus de rien, je me suis retrouvée chez moi, les mains
ensanglantés. //J’ai peur de deviner ce qui s’est passé. »/

« Enfin les vacances ! » Brochart avait passé une très dure journée.
Hier, le colonel de la gendarmerie de Vimy lui avait fait taper le
rapport de l’une des grandes affaires de drogue ; lui n’avait pas
travaillé sur l’affaire mais il avait dû la résumer. Il en avait assez,
ses débuts dans cette gendarmerie l’exaspéraient. Il devait partir
demain en vacances, ses bagages étaient prêts, sa maison rangée. Il
avait regardé sur internet. Le temps s’annonçait superbe, ce qui est
rare en Bretagne. Il devait partir avec sa femme et sa fille. Et là-bas
faire de la planche à voile, du jet-ski, bref toutes les activités lui
permettant de se détendre.

Le 14, pour se mettre dans l’ambiance, il partit au val de Souchez,
faire la fête.

Dans la soirée, son portable sonna :

« - Adjudant Brochart ?

*

Oui ? C’est qui ?

*

C’est votre colonel !

*

Ah, pardon colonel. Qu’est-ce qui se passe ?

*

Il y a eu une grosse affaire au val de Souchez.

*

Au val de Souchez ? Mais j’y suis .

*

Ah, ça tombe bien. L’affaire est pour vous. Rendez-vous chez
Germaine Bonbon.

*

Mais chef, je commençais juste mes vacances.

*

Oui, mais vous avez voulu être gendarme ?

*

Oui.

*

Alors, c’est 24 heures sur 24. Allez, vous y allez, on vous envoie
une camionnette ».

Le colonel raccrocha.

« J’aurais dû laisser mon portable éteint », pesta Brochart. Et il se
rendit sur les lieux.

/J’ai crié. Mais pourquoi déjà ? Ha oui, je me rappelle. Ce corps étendu
devant moi ! Qui était-ce ? Et quest-ce que je faisais là ? Je voulais
bouger, je n’y arrivais pas. Quelque chose m’en emêchait. Mais je ne
savais pas quoi. Et pourquoi suis-je si seule ? Pourquoi personne ne
vient ? On ne m’a pas entendu. Mon dieu, ce que j’ai peur. /

Brochart décida d’interroger sans attendre tous les témoins. Sans doute
se disait-il que plus vite serait terminée son enquête, si possible
cette nuit, pourquoi pas, plus vite il pourrait, enfin, partir en
vacances comme il l’avait bien mérité, pensait-il. Il fit libérer deux
loges d’artiste pour en faire des bureaux. Dans le couloir, des
policiers faisaient attendre un petit attroupement de gens. Il y avait
là notamment le groupe d’amis qui se trouvaient près du stand de
confiserie, Steeve, Marion, Kim, Guillaume et Claire.

Puis on remarquait un homme, une caméra à la main, qui semblait avoir
des révélations à faire.

Enfin il y avait la famille qui, la première, découvrit le corps.

Apprenant que le groupe d’amis connaissait la jeune femme qu’on avait
trouvé près du corps, celle qui avait alerté par son cri et qui disait
s’appeler Olivia, Olivia Mallet, Brochart décida de s’occuper
personnellement de l’interrogatoire des jeunes gens. Il demanda à sa
collaboratrice, Brigitte Lavenir, de s’occuper du cameraman et de la
famille en les recevant dans le bureau d’à côté.

Il les entrer le groupe d’amis dans sa loge - bureau.

« Nom, prénom, âge ? Demanda l’adjudant.

*

Kim Rose, 22 ans

*

Vos relations avec Olivia ?

*

Nous étions au collège ensemble ; on était de très bonnes amies. Un
jour son comportement a changé. Elle me racontait que sa mère
l’avait abandonnée à 14 ans, se renfermait sur elle-même, devenait
même agressive par moment. Elle finit par se mettre tout le monde
à dos. Un jour qu’un garçon de la classe la bousculait, elle se
mit à le frapper, l’accusant de l’avoir abandonnée.

Le policier la remercia et s’adressa à son voisin, Steeve, lui posant
les mêmes questions mais le garçon n’était pas très clair, sans doute en
raison de sa soirée arrosée. Il précisa cependant :

*

Alors que tout le monde délaissait Olivia, moi, j’ai toujours été
à ses côtés ; Elle était affectée par le départ de sa mère ; c’est à
ce moment là qu’on a commencé à bien sympathiser. Elle avait
parfois d’étranges attitudes, comme des hallucinations. Difficile
à ces moments là de la comprendre.

*

C’est tout ?

*

Oui.

*

Suivant !

*

Claire, Deprès, 22 ans. Je suis en fac de droit à Lille.

*

Alors, olivia, vous la connaissiez ?

*

Je l’ai connu dès l’âge de 12 ans, d’abord au Collège Descartes de
Liévin. On s’est tout de suite beaucoup parlé. On était proche
l’une de l’autre. Je la considèrais comme ma meilleure amie. Par
de simples regards, on se comprenait puis au fil des années elle a
changé, c’était plus difficile de la suivre. Je l’ai retrouvé au
lycée. Elle ne travaillait plus en cours, elle venait de moins en
moins en classe, d’ailleurs ;

*

Vous vous voyez toujours ?

*

A peine. Avec les études et notre orientation différente, nos
chemins se sont séparés. Je la croisais de loin en loin, elle
était devenue bizarre, renfermée. Je crois qu’elle avait perdu peu
à peu tous ses amis. Mais on prenait toujours un peu de temps pour
discuter de tout, de rien, autour d’un soda, même si nos centres
d’intérêt à l’une et à l’autre avaient bin changé.

*

Vous saviez qu’elle serait à cette fête ?

*

Pas du tout.

*

C’est tout ?

*

C’est tout.

*

Merci ; Au suivant.

Ce fut le tour de Marion, une jeune fille plutôt petite, des cheveux
blonds avec une mèche de côté qui lui tombait sur l’oeil . Elle avait
les yeux verts, limpides, un visage fin. Elle portait un jean et des
converses avec un T-shirt rose à rayures. Le rituel reprit :

*

Nom, prénom, etc ?

*

Rollière Marion, 22 ans.

*

Alors, Olivia ?

*

C’est Guillaume qui m’a dit qu’Olivia venait d’être trouvée près
du corps. Je me suis alors souvenu d’elle, une fille très
reservée. Difficile à fréquenter. J’aurais bien aîmé, pourtant ;
Mais elle était devenue trop désagréable, carrément méchante. Un
jour, un garçon, Max je crois, lui a joué un mauvais tour.

*

C’est à dire ?

*

A la cantine, il avait renversé des spaghettis, des pates, vous
savez..

*

Oui, je sais tout de même ce que sont des spaghettis ! A mon âge,
il serait temps. Mais continuez je vous prie.

*

Bref, ce garçon avait mis les pates sur la chaise où Olivia
s’asseyait d’habitude ; résultat : son jean fut tout tâchée de sauce
tomate. En plus, Max lui a jeté un verre d’eau.

*

En voilà un comportement imbécile ! Olivia était devenue votre
souffre-douleur ?

*

Un peu, c’est vrai. Mais pas moi, je vous l’assure. A ce moment
là, je l’ai même suivi au WC pour la consoler.

*

C’est tout ?

*

Oui.

*

Merci. Suivant ?

Arriva Guillaume ; ce jeune homme habitait Ablain St Nazaire, un charmant
village des environs. Ce garçon avait une passion, le football, et un
penchant très fort pour l’équipe d’Italie.

*

Nom, prénom, etc ?

*

Guillaume Kwuzosky, 24 ans.

*

Profession ?

*

Etudiant en kiné.

*

Alors, qu’avez vous vu ?

*

Rien.

*

Comment rien ?

*

Non, j’ai rien vu, c’est tout.

L’adjudant trouva étrange ce comportement du jeune homme, plutôt
agressif. Une attitude de suspect ? En tout cas, il avait de drôles de
réactions, suant à grosses gouttes, les mains moites qu’il essuyait sans
cesse sur son pantalon et surtout, une tache de pomme d’amour sur sa
chemise.

*

Ecoutez, si vous savez quelque chose, vous avesz plutôt intérêt de
me le dire...

*

Je comprends mais je vous répète, je sais rien.

*

Aucune piste à me donner ?

*

Peut-être...

*

Peut-être quoi ?

*

Non, rien !

*

Mais vous m’énervez, jeune homme ! Une dernière fois, si vous savez
quelque chose, parlez !

/(POURSUIVRE)/

/Et je n’ai aucun souvenir d’avant ? Que s’est-il passé avant ? Je n’en
sais rien. Je vois le girophare d’une camionnette de policiers qui
tourne tout près de moi mais je n’entends aucun son. Je regarde une mère
consoler son enfant. A-t-il vu le corps, lui aussi ? Je sens des bras me
saisir. Pourquoi ? Pour m’aider ? Me contrôler ? Où suis-je ?/

Pendant que Brochart interrogeait le groupe d’amis, dans la loge- bureau
d’à côté, sa collaboratrice, Brigitte Lavenir, recevait la famille de
Champigny qui avait, la première, découvert le corps. Mme de Champigny
était une grande dame, mince, le style parfait de l’aristocrate. Ses
cheveux blonds étaient noués en chignon, ses yeux noirs, légèrement
bridés. Elle était très maquillée, portait un deux pièces strict,
couleur bleu marine, un collier de perles, bref elle était très « 
bourgeoise » d’allure. Elle était avec son fils Hugo, gros jeune homme
aux cheveux en brosse, et son mari, petit homme effacé.

« C’était effroyable, Mme la commissaire, dit Mme de Champigny.

*

Je ne suis pas commissaire, Madame, juste l’adjointe de M. Brochart.

*

Ha bon, tant pis ! Donc, ma chère, c’était effroyable ! Je n’avais
jamais rien vu de tel.

Lavenir voulut questionner Hugo. Mme de Champigny alors fit un scandale :

*

Je ne vous permets pas d’importuner mon petit Hugo.

Pendant ce temps là, le père, au fond de la salle se taisait ; il avait
l’air très mal à l’aise.

Lavenir se dit qu’il n’y avait rien à tirer de ces gens là. Elle les
libéra, leur demandant de rester à la disposition de la police. Puis
elle fit entrer le caméraman. Il titubait tellement il était imbibé.
L’homme demanda à l’adjointe de Brochart :

*

Allez ! Encore un chti ! Ed printemps min gâ !

*

Non mais dites donc, protesta Lavenir, pour qui me prenez vous ?
Z’êtes pas au bar ici ! C’est un interrogatoire... de police ! Compris.

*

Faites excuses, m’dame. Savez, je bois pour oublier !

*

Oublier quoi ?

*

Que mon meilleur ami a séduit ma femme !

*

Vous ête cameraman ?

*

Non je suis médecin et j’ausculte avec une caméra, patate !

*

Ha ça suffit, maintenant, votre vulgarité. Encore un mot de
travers et je vous mets au trou, pour la nuit. Injure à policier
dans l’exercice de ses fonctions. Compris ?

*

Faites excuses, m’dame, faites excuses ! C’est le malheur, vous
comprenez, qui me pousse à dire des bêtises...

*

Alors, racontez votre histoire.

*

Avec ma femme ?

*

Non pas avec votre femme mais avec votre caméra, tout à l’heure,
sur la fête.

*

Exact, oui, exact. Donc je picolais au bar quand j’ai entendu un
cri ; Alors, tel un cormoran prenant son premier envol...

*

L’expression est jolie. Elle est de vous ?

*

Pour sûr ! Bref, j’arrive sur les lieux, la caméra à l’épaule.
Remarquez, elle tournait déjà. Je sais pas depuis quand. Je vais
plus avoir de batterie que je me dis.

*

Au fait, au fait !

*

Comment ?

*

Venez en au fait.

*

J’arrive au stand de confiserie, le sheet swop..

*

Sweet shop, rectifia Lavenir.

*

Yes, le tee shirt, enfin bref, je suis sur le stand, je film tout,
la victime, la fille par terre, la tribu Champigny. Moi, j’ai rien
vu mais ma caméra, elle a tout vu ;

*

Très bien, on va donc regarder le film.

*

Alors là il y a un problème...

*

C’est à dire ?

*

Quand j’ai voulu regarder, le film s’est détérioré, on voit que la
moitié.

*

Ha c’est vraiment regrettable...

(POUrSUIVRE)

Conclusion

Rapport de l’adjudant Brochart

Aujourd’hui, 15 juillet, je me suis rendu avec un collaborateur au
domicile d’Olivia Mallet. Quand la jeune fille nous a vus, elle a
soudainement paniqué. Prise sans doute d’un vertige, elle est tombée à
la renverse de sa chaise de bureau, sa nuque a heurté un gros clou et
s’est empalée dessus. Pensait-elle qu’on allait l’arrêter ? Se
croyait-elle coupable ? Je voulais juste lui conseiller de suivre un
traitement médical et lui dire par la même occasion qu’on avait trouvé
le VRAI coupable. Il s’agit de...

(POURSUIVRE)



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