Belle-Ile/Avril2016/2

PREFACE

“Tout doit disparaître”, un bien beau titre pour ce recueil réalisé par les élèves de l’école Notre Dame de la Brière de Missilac et qui donne bien le ton des récits que l’on va lire plus loin. C’est vrai que ces ateliers d’écriture avaient un peu à voir avec des ateliers de prestidigitation. On a fait apparaître, puis disparaître, et puis réapparaître encore des mots, des maux, des personnages, des histoires, comme le magicien manipule ses objets. Vous voulez une boule, un pigeon –ou plutôt un faisan-, un lapin, une île, la voici, la voilà ! Regardez bien, elle n’est déjà plus là ! Les enfants ont pris un réel plaisir à jouer avec les mots, pour planter les décors, inventer des scènes drôlatiques, capter l’attention, viser juste, faire peur ou faire sourire. Ils ont construit, effacé, recomposé, escamoté. Ils ont tout simplement redécouvert ensemble le pouvoir des mots.
Bravo aux petits artistes pour leur envie si manifeste. Merci aux professeurs pour leur cordialité. Et chapeau à toute l’équipe d’Oval !

Mano Gentil
Gérard Streiff

GROUPE 2

LA MYSTERIEUSE MAÎTRESSE

Chapitre un
Le secret de la grotte

“ Personne n’a vu la professeure de français ? dit Kevin.
 Non, pourquoi ? demanda Sarah.”
Les deux jeunes gens étaient partis chercher des coquillages sur la plage.
“ Apparemment, elle a disparu, reprit la fille.
 Ah bon, je ne savais pas.
 Tu crois qu’elle a été kidnappée ?
 Ou alors elle est montée dans les arbres ?”

En fait tout le monde disait que la professeure était partie vers une grotte. Une grotte hantée.
“ Mais il n’y a pas de grotte ici, dit Kevin.
 Mais si, là-bas, regarde.
 Tu as raison mais elle n’est pas hantée.”

Toute la classe s’était mise à chercher l’enseignante, pendant deux heures et demi. Puis, comme elle ne trouva rien, elle arrêta les recherches.
“ Que faire ? se demandait Sarah. En parler à la police ?
 Non, répondit Kevin.
 Je propose alors qu’on cherche la prof tous les deux. Marché conclu ?
 Marché conclu.”

ILLUSTRATION N°1
Le couple Sarah/Kevin

Kevin était un grand blond aux yeux bleus, bridés, il portait un polo bleu, un pantalon marron et des chaussures noires. Sarah, les yeux verts, les cheveux roux, était petite, maigre et sa tenue était composée d’un tee-shirt bleu marine, d’un short en jean et de ballerines noires.

Sur le chemin, Sarah, qui aimait bien se moquer de Kevin, dit :
“ S’il fallait nous décrire, je dirais que tu n’es pas très intelligent, pas très beau, que tu as un sale caractère. Et moi, c’est tout le contraire !
 Alors comme ça, tu me cherches ? Mais tu vas voir la douleur…”

Puis Sarah raconta à Kevin son dernier rêve. “ On était sur un bateau, tous les deux. Un moment, on va voir le poste de commandement. Personne ! Il n’y avait personne aux commandes du bateau. T’imagine ? On cherche les canots de sauvetage. Il n’y a plus qu’un canot sur deux. La panique !”
Quel cauchemar ! Affreux !
“ Et moi, reprend Kevin, j’ai rêvé que je tombais dans un trou, qui conduisait à un sous-sol ; dans le sous-sol, un ascenseur, qui allait jusqu’à une base sous-marine. Tout ça ressemblait à une prison !”

Ils croisèrent un pêcheur, qui avait l’air louche ; ce pêcheur leur dit qu’il avait vu passer “ deux messieurs et une dame”.
Un moment après, ils crurent voir quelque chose.
“ Hé, ho, hé, ho !” S’écrièrent-ils. Ils s’approchèrent mais ce n’était qu’une souris. Quelle déception.
Finalement, les enfants arrivèrent devant la grotte. Là, ils trouvèrent un sac, le sac de la maîtresse. Ils le fouillèrent. A l’intérieur, un foulard et un portable qui se mit à sonner.
Kévin prit l’appel.
On entendit une voix grave qui impressionnait et qui disait :
“ Je t’attends depuis une heure ! Rentre ! Qu’on en finisse ! ”

Sarah pensa reconnaître la voix du directeur.
“ Pourquoi tu dis ça ?
 J’en sais rien.
 Qu’allons nous faire ?
 Entrer dans la grotte ? “

Mais ça leur faisait très peur à tous les deux.
“ Heu, Kévin, je ne sais pas toi mais moi, j’entrerai pas là-dedans. En plus, toi, je sais que tu as peur des araignées !
 Mais comment tu sais ça ?
 Tout le monde le sait à l’école.
 Bon, ça suffit ! Le plus important, c’est de retrouver la maîtresse.
 Oui, t’as raison, soyons sérieux.”

Il y avait au sol des traces de pas.
“ Tu as vus ces pas, Sarah ?
 Allez, viens on y va.
 Non, j’ai peur.
 On y va, on y va !
 Non, et puis j’ai peur de me salir.
 Allez, viens, t’es trouillarde ou quoi ?
 Non, je ne suis pas trouillarde, je vais te le montrer.”

ILLUSTRATION N°2
La maîtresse

Et ils entrèrent dans la grotte. Là, tout au fond de la caverne, ils virent une lumière.
“ C’est quoi, cette lumière ? demanda la jeune fille.
 Une torche ?
 Un fantôme ?
 Pff, ça n’existe pas les fantômes, reprit Kévin.”
Mystère, mystère.

Chapitre deux
La peur monte

Sarah et Kevin se demandaient ce que pouvait bien être cette lumière. Ils avançaient avec précaution. Sarah espérait que ce soit une lampe-torche. Kevin pensa que ce pouvait être aussi l’alarme d’une bombe. Heureusement, ce n’était pas ça. Il prit son courage à deux mains. Sarah suivit parce qu’elle ne voulait pas rester seule. Pour une fois, ils se tenaient par la main et ne se traitaient pas de bébé.

Le lieu était en fait une ancienne mine de charbon, mais il restait là encore un vieux mineur, qui s’appelait Théo. Il avait la voix grave, les yeux bleus dans un visage tout noir, un pantalon et des chaussures usagés.
“ Oui, bon, je dois reprendre mon travail, disait le drôle de bonhomme qui leur demanda de circuler. Il allait, dit-il, récupérer du charbon. Mais eux ne voulaient pas repartir sans la maîtresse.

“ Ce qu’il fait chaud ! dit Kévin.
 Pour une fois, tu as raison, répliqua la fille.
 C’est peut-être une coulée de lave ?
 Prenons ce chemin sur la droite.”

Sarah craignait qu’ils tombent sur un de ces vieux chariots de mine, dans lequel il y aurait un squelette dont le doigt leur indiquerait la sortie…Un moment, ils virent un bijou, par terre. Est-ce que c’était ce bijou qui scintillait comme une lumière ? Ils le ramassèrent et continuèrent leur chemin. Au bout d’un moment, la fille demanda :
“ Mais on est où ?
 Je sais pas, répondit le garcon.
 On est perdu ?
 Je crois bien que oui.
 Faisons demi-tour !”

ILLUSTRATION 3
La grotte

Mais quand ils se retournèrent, il y avait trois pistes. Laquelle prendre ? Sarah craignait de passer la nuit dans le coin et elle faisait déjà, dans sa tête, une liste de tout ce qu’elle devrait faire le lendemain matin.
Finalement ils prirent la piste du milieu et retrouvèrent à nouveau une lumière. Au mur, un bouton. Qui oserait appuyer dessus ?
“ Toi ?
 Non toi !
 Trouillarde !
 Et toi alors ? ”
C’est Sarah qui appuya, et un bout du mur bougea. Alors ils découvrirent un vrai trésor. Dans cette cachette, il y avait des pièces, des diamants, des lingots, des dollars, des rubis, des couronnes, des bagues, des caisses d’or, et miracle, le bracelet que la classe de CM2 avait offert à la maîtresse !
“ C’est pas possible, on rêve ou quoi ? ” dit Kevin.
Ils virent aussi un portefeuille.
“ Mais comment tout ça est arrivé là ? “ s’étonna Sarah.

Au loin, ils virent un homme s’enfuir. Ils crurent le reconnaître. Ils le suivirent, arrivèrent face à une porte à demi camouflée dans le mur. Ils accédèrent à un salon ; sur une chaise, une cravate ; plus loin, un bureau. Mais où étaient-ils donc ?

Chapitre trois
SOS maîtresse en danger

C’est alors qu’ils comprirent. Ils étaient dans l’appartement du directeur. C’était très spacieux, très luxueux.
“ Oh, oh, tu vois ce que je vois ? “ dit Sarah.
 Oui, c’est bien la cravate du directeur.
 Et là, regarde, une photo du directeur avec la maîtresse à ses côtés. C’est louche. On raconte pourtant que le directeur n’aimait pas trop la prof de français !
 Moi, je suis sûr, dit le garcon, que c’est le directeur qui a emprisonné la maîtresse.
 Oui, c’est possible ; mais où est la prof ?
 Je propose qu’on la cherche tous les deux, déclara Kevin.
 OK.”

Ils se mirent à chercher la maîtresse en faisant attention aux pièges. Dans la chambre, rien ; la cuisine, rien ; les toilettes, rien. Ils commençaient à désespérer quand, au bout d’une heure, ils trouvèrent la porte de la cave qu’ils crochetèrent. Là il y avait une cage. Et dans la cage, comme un fauve, se trouvait la maîtresse.

ILLUSTRATION N°4
Le trésor

“ Faisons vite, s’exclama Kevin, sinon elle va mourir de faim. Il faut la sauver !
 Oh, on n’est pas dans un film d’action, calme-toi, répondit Sarah.
 Oh la la, moi, je ne te dis rien quand tu fais ta top modèle !” réagit Kevin.

La maîtresse, dans la cage, leur dit :
“ Au secours les enfants ! Détachez-moi !”
Elle avait les mains et les pieds ligotés. Ils la libérèrent.
“ Merci les enfants !
 De rien ! “ dirent en choeur les jeunes gens.

La maîtresse leur dit que le directeur l’avait kidnappée car elle avait vu le trésor, son trésor, et il ne voulait pas qu’elle parle.

Ils allaient sortir de l’appartement quand on entendit des pas d’homme. Le directeur entra. Il avait le visage tout noir, lui qui d’habitude était si propre. Il venait en fait des Aiguilles de Port-Coton , où il y avait un trou qui menait à la mine, puis à son appartement.
“ On a vu votre coffre plein d’or ! lui dit aussitôt Kevin.
 Je ne vois pas de quoi vous parlez !
 Voyons, on parle du trésor que vous avez caché dans une grotte. “
Il ne répondit pas.
Kevin dit tout bas à Sarah : “A trois, on lui saute dessus ! Un, deux, trois !
Et boum, ils firent tomber le directeur. Celui-ci se défendit mais Kevin, qui faisait du kik-boxing avec talent, le calma d’un fameux coup de pied. On le ligota avec la corde qui avait servi pour emprisonner la maîtresse.

La police arriva, arrêta le directeur pour vol et kidnapping. Il prit cinquante ans de prison !
La maîtresse, elle, prit la place du directeur.
Et toute l’école fit la fête pour les retrouvailles de la maîtresse.

Plus tard, on alla chercher le trésor. Mais il avait disparu, tout comme le mineur, d’ailleurs…

FIN

GROUPE 4

KORRIGANG

Chapitre un
La grotte cannibale

“ Moi, je n’y crois pas aux korrigans” dit Jérémie à son amie Léna.
Celle-ci le reprit, essayant de lui prouver que les korrigans existaient bel et bien mais Jérémie ne voulait pas l’écouter.

C’était assez grand, des cheveux bruns, des yeux bleus, une petite bouche, de petites dents, un peu idiot mais rigolo. Il ne supportait pas qu’on l’énerve. Niveau vestimentaire, il était parfois un peu pop. Léna avait des cheveux chatains, les yeux bleus. Elle aimait porter des habits aux couleurs pétillantes. Elle était gentille mais avec un caractère fort.

Ces enfants, qui étaient en colonie de vacances à Belle-Ile en mer, se promenaient avec leur classe sur le sentier côtier et à ce moment-là, ils traversèrent la grotte de l’étoile.

“ Non, moi j’y crois pas aux korrigans, répéta Jérémie ; et toi, RKO, t’en penses quoi ?
 Moi, je pense que… “ commença RKO.
Soudain, un bruit étrange se fit entendre.
Jérémie et Léna se retournèrent. RKO, leur copain de maternelle, venait de disparaître.
“ RKO ? Mais où est passé RKO ? “ s’inquiéta Jérémie.
Il était là puis pouf, il disparut !

Toute la classe s’énerva. La maîtresse voulut calmer les élèves. “ Ce n’est rien, c’est une farce, RKO va revenir bientôt. Il va revenir ” répétait-elle. Mais dix minutes plus tard, elle demanda à tout le monde de se mettre à la recherche du disparu.

ILLUSTRATION N°1
Couple Léna/Jérémie

Léna et Jérémie pensèrent alors à ce qu’un animateur, pendant la promenade, venait de leur raconter sur la grotte de l’étoile. Celle-ci était connue pour son eau turquoise et son sol de quartz blanc mais aussi pour ses korrigans ! Les enfants venaient d’apprendre une légende. On disait en effet qu’un korrigan était un petit nain qui attirait les bateaux vers la grotte de l’étoile. Avec sa lanterne, il imitait le phare. Les bateaux s’écrasaient alors sur les rochers et le méchant korrigan prenait toute la cargaison dont il avait envie ; le reste, il le mettait dans son chaudron magique. A marée haute, un tourbillon se formait dans le chaudron, et à marée basse tout disparaissait. On disait aussi que les korrigans emportaient les enfants dans une mine, et que dans la forêt, ils sautaient d’arbre en arbre.

Tout le monde se mit donc à la recherche de RKO. Au sol, il y avait des empreintes de pas bizarres. Au loin, sur la plage, une personne passa. Les deux enfants coururent vers elle, en l’appelant : “RKO, arrête-toi, RKO arrête-toi !”
Ils finirent par rattraper la personne, mais ce n’était pas RKO. C’était un SDF, un sans-domicile-fixe.
Jérémie lui demanda :
 Monsieur, avez-vous vu passer un enfant ?
 J’ai vu passer un enfant, en effet, avec une petite personne qui était vraiment très laide.”

ILLUSTRATION N°2
SDF

Le soir, ils rentrèrent au domaine de Bruté, où ils prirent leur douche, ils se changèrent dans leurs chambres et allèrent se coucher.
La nuit, ils firent des cauchemars. Léna rêva qu’ils étaient en train de camper au bord de l’eau, les toilettes étaient dans la nature, puis on voyait des vêtements déchirés dans l’eau, on entendait de drôles de cris ; de retour au centre, car il n’y avait plus rien à manger sous la tente, ils remarquèrent que la lumière n’arrêtait pas de s’éteindre et de se rallumer. Jérémie, lui, rêva qu’il était entouré de cinq korrigans, qu’il était avec son grand frère et son petit frère et qu’il tombait d’un rocher car on lui fit un “croche-patte”.
Quelle nuit !
Chapitre deux
A la recherche de RKO

Au réveil, une nouvelle surprise les attendait : toutes les affaires de
RKO avaient disparu.
Est-ce que c’était une farce ? Une blague ? Avait-il été enfermé dans un placard, lui et ses affaires, par ses copains ? Ou est-ce qu’il jouait à cache-cache ?
Les enfants inspectèrent le centre. Jérémie chercha dans toutes les chambres, tous les placards, il demanda l’aide de Léna. Ils se retrouvèrent dans la lingerie. La lingère les vit :
“ Qu’est-ce que vous faites là ? demanda-t-elle.
 On cherche les affaires de RKO.
 Ah, je viens juste de les mettre dans la machine à laver parce qu’elles étaient sales.”

Jérémie dit :
“ On pourrait aller voir la police ?
 Non, répondit Léna, il faut qu’on retrouve l’endroit où RKO a disparu.”
Alors, après le petit déjeuner, ils s’habillèrent rapidement et partirent en vélo du domaine de Bruté à la recherche de RKO. Ils cherchèrent partout, sur le port, au Palais, à Sauzon, à Bangor, à Locmaria.
C’est dans la forêt qu’ils retrouvèrent le doudou de RKO, au pied d’un arbre, à côté d’une fausse barbe. Sur le doudou, un petit mot : “Mon maître n’est pas là !” Sur une branche, on voyait un tee-shirt du disparu qui était accroché.

Plus tard, ils retrouvèrent le SDF, déjà croisé sur la plage. Il avait des cheveux bruns, la peau beige, un monosourcil, les yeux bleus, un gros nez, les dents jaunes et une longue barbe. Il s’appelait Paul. Ils lui demandèrent à quoi ressemblait le nain :
“ Il avait des oreilles pointues, les cheveux rastas, la peau blanche, les yeux rouges et les dents vertes.
 Paul, reprit Jérémie, avez-vous d’autres informations à nous donner sur RKO ?
 Je dois vous dire, avoua Paul, que je ne suis pas un SDF mais un espion. Je suis chargé d’observer les korrigans.
 Alors, Paul, dit Léna, pouvez-vous nous donner des informations sur notre ami RKO ?
 Non, désolé, je ne sais rien sur lui mais quand j’aurai des informations, je vous le dirai, chuchota-t-il.

ILLUSTRATION N°3
Korrigans

Les enfants continuaient leur discussion sur les korrigans.
“ Je te dis que ça n’existe pas !” insista Jérémie.
Mais Léna était sûre d’elle et ne voulait pas le croire.
“ En plus, ajouta le garcon, imagine qu’on trouve une maison de korrigan, ce serait une toute petite maison, avec une toute petite porte. Nous, on serait trop gros, comment veux-tu rentrer là-dedans ?
La fille ne répondit pas.

Un moment, ils virent un petit enfant qui ressemblait très fortement à RKO. Léna se précipita vers lui mais ce n’était pas RKO. Revenus près de la grotte, les enfants sentirent un léger coup de vent.
“ C’est un korrigan, cria Léna, un korrigan qui vient de passer.
 Mais non, arrête, c’est juste un courant d’air. Fais pas des histories avec ça !
 Oui, et là-bas, cette ombre, c’est quoi alors ?
 Alors là, je sais pas, reconnut le garçon.

De retour au centre, ils récupérèrent des pièges à fantômes, des cameras, des torches, des pièges et des caméras qu’ils installèrent peu après dans la grotte.
Le soir, avant de se coucher, ils organisèrent une soirée Casino, avec des jeux de société et des faux billets de cent dollars, tout en pensant très fort à RKO.
Toute la nuit, Léna rêva de traces de griffes sur le lit, de fenêtres ouvertes, de cordes qui pendaient dans le vide, d’un petit homme qui s’enfuyait très vite du centre vers la forêt, de traces qu’elle suivait derrière la grotte, de la marée qui commençait à monter, l’horreur. Alors, elle se réveilla.

Le lendemain, ils firent l’inspection de leur installation. Tous les pièges avaient sauté. Sur la caméra, on vit une ombre qui disait : “Vous ne m’avez pas eue !”

Chapitre trois
Les retrouvailles

Voici comment ils retrouvèrent RKO. En fait, Léna et Jérémie avaient, chacun, leur explication.

“ A mon avis, dit Léna, les korrigans ont capturé RKO, il est caché dans la grotte de l’étoile ; ce qu’il faut, c’est y aller avec d’autres enfants, beaucoup d’autres, une quarantaine. On le délivre, on attrape les korrigans, on les met dans le chaudron magique et on attend la marée haute.

ILLUSTRATION N°4
La grotte

 Non, non, réagit Jérémie, je crois qu’il y a plus simple. RKO, pendant la promenade du côté de la grotte, a entendu un chien aboyer ; il est allé voir ce qui se passait et depuis il s’occupe de ce chien.

 Pas du tout, reprit Léna. Ce qui a pu se passer, c’est ceci : RKO se baladait dans la grotte, il a fermé les yeux quelques secondes et soudain cinq korrigans étaient autour de lui, ils l’ont ligoté, emmené, torture, c’est-à-dire obligé à faire les tâches ménagères, bref des choses horribles. Heureusement pour lui, comme les korrigans aiment dormir, il devrait pouvoir se libérer et bientôt nous retrouver.

 Autre piste, proposa Jérémie : les korrigans ont besoin de sel pour conserver leur nourriture ; on leur apporte un kilo de sel et ces petits voyous nous donneront en échange RKO !

 Non, ça ne marchera pas, répliqua la fille, ce qu’il faut, ce sont des niniches ! C’est une confiserie qu’on trouve dans un magasin du Palais. Les niniches attirent les korrigans. Avec des niniches au goût vanille ou fraise, on aurait plus de chance de les attraper.”

Jérémie n’était pas convaincu. Finalement, il pensa qu’il fallait aller voir Paul, l’espion qui surveillait les korrigans, et qui était souvent près de la capitainerie de Palais. Paul donnerait des informations et aussi des pièges spécialisés pour korrigans.

Les enfants étaient énervés ; beaucoup d’idées, beaucoup d’allers et retours pour rien. Le long du chemin, Jérémie frappa d’un coup sec sur une pierre. Un rocher glissa, découvrant l’ouverture d’une grotte. Curieux, les deux amis s’y avancèrent : c’était le village des korrigans.
Jérémie n’en croyait pas ses yeux. Il en bégayait :
“ Les ko, les koko, les kokorrigans !” répéta-t-il.
 Tu vois que ça existe, triompha Léna.”

Là, au milieu du village, ils virent RKO. Il était assis sur un fauteuil, un trône. Et on était en train de lui poser sur la tête la couronne du roi des korrigans !

Les enfants s’approchèrent, dirent à RKO de revenir au centre avec eux. Mais RKO ne voulait rien entendre.
“ Non, non, je suis bien ici, je ne veux pas revenir avec vous !

Léna et Jérémie repartirent en se promettant de venir voir de temps en temps le roi RKO dans son drôle de village.
Sur la route du retour, le garçon déclara à son amie :
“ Tu sais quoi, j’avoue que j’y crois maintenant aux korrigans.
 Tu vois, sourit la fille, je te l’avais bien dit mais tu ne veux jamais me croire”.

FIN



Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire